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De l’analyse des propriétés ayant une influence sur la sécurité routière aux liens

Chapitre 3 Démarche générale pour l’étude des liens entre formes

3.3 De l’analyse des propriétés ayant une influence sur la sécurité routière aux liens

insécurité routière

Les liens entre formes urbaines et insécurité routière ne peuvent pas être étudiés de façon directe. Leur relation est en effet complexe. Il faut tenir compte du caractère dynamique des espaces urbains ainsi que de nombreux aspects comme le réseau mais aussi la configuration du bâti. Pour cela le recours aux méthodes employées en analyse urbaine est apparu nécessaire. Il faut procéder à une décomposition des formes urbaines en propriétés ayant une influence sur la sécurité, puis analyser l’effet de ces propriétés sur l’accidentologie. Enfin, la recomposition des propriétés et des problèmes de sécurité qu’elles supposent permet d’identifier les liens entre formes urbaines et insécurité routière en tenant compte du caractère dynamique des formes.

Le recours à une analyse monographique de formes urbaines typiques est apparu nécessaire pour identifier les propriétés des formes ayant une influence sur la sécurité routière (voir 3.2.1). Mais cette approche permet également d’étudier les effets de ces propriétés sur l’accidentologie au travers de leurs modalités. En effet, l’étude de l’insécurité routière des formes urbaines typiques est faite en s’appuyant sur des analyses de cas d’accidents, réalisées selon la méthode d’analyse séquentielle de l’accident présentée notamment par Brenac (1997). Et cette méthode permet d’une part de déceler les facteurs accidentogènes liés aux caractéristiques des sites étudiés et d’autre part d’analyser l’effet de ces facteurs.

Cette méthode d’analyse séquentielle de l’accident se fait à partir de documents détaillés d’accidents de la circulation, par exemple les procès verbaux d’accidents. Elle consiste à établir et comprendre l’enchaînement des processus qui ont conduit à l’accident, de façon à entrevoir les moyens qui auraient pu éviter qu’il se produise. Cela peut permettre ensuite de rechercher les facteurs ayant trait aux conducteurs, aux véhicules ou à l’environnement et à l’aménagement de la voirie et surtout de comprendre les interactions entre ces trois composants du système et les dysfonctionnements de ces interactions.

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Ainsi, cette démarche permet d’expliciter les effets des modalités sur les problèmes de sécurité en tenant compte notamment des effets des interactions entre modalités. Toutes les modalités n’ont pas forcément d’influence sur les effets des autres modalités sur les types d’accidents. Mais certaines peuvent en avoir et au cours de la recomposition des formes urbaines, il faut tenir compte des effets des modalités ainsi que de ceux des interactions entre elles.

Figure 6 : Traduction de l’évolution d’une forme urbaine en termes de modalités et de problèmes de sécurité routière

Propriété ayant une influence sur la sécurité routière n°1

Propriété ayant une influence sur la sécurité routière n°2 Forme urbaine Modalité 1a Modalité 2b Problèmes de sécurité routière Problèmes de sécurité routière

Evolution de la forme urbaine

Propriété ayant une influence sur la sécurité routière n°1

Propriété ayant une influence sur la sécurité routière n°2 Forme urbaine Modalité 1a Modalité 2c Problèmes de sécurité routière

Evolution des problèmes de sécurité routière

ou

Propriété ayant une influence sur la sécurité routière n°1

Propriété ayant une influence sur la sécurité routière n°2 Forme urbaine Modalité 1a Modalité 2c

Evolution des problèmes de sécurité routière

Evolution des problèmes de sécurité routière

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Les analyses monographiques de formes urbaines caricaturales permettent donc d’identifier les propriétés des formes ayant une influence sur la sécurité et leurs modalités ainsi que leurs influences sur l’accidentologie. Cependant l’étude des liens entre formes urbaines et insécurité routière ne se limite pas à l’analyse de ces propriétés. Il faut ensuite recomposer les formes urbaines à partir de ces propriétés et des relations entre elles. Pour cela, il faut identifier les modalités prises par ces formes pour chaque propriété ayant une influence sur la sécurité. L’insécurité produite par ces modalités et leurs interactions étant connue, il est alors possible d’expliciter les problèmes de sécurité des formes urbaines étudiées. C’est à ce stade que leur caractère dynamique peut être pris en compte. En effet leur évolution se transcrit par des modifications dans les définitions de modalités et dans celles des interactions entre ces modalités et donc dans les problèmes de sécurité. Selon l’influence des interactions, la modification d’une modalité pourra avoir des effets non seulement sur l’insécurité produite par cette modalité mais aussi par celle d’une autre modalité (voir Figure 6).

La recomposition permet d’expliciter les problèmes de sécurité engendrés par les formes urbaines. Pour identifier les liens spécifiques entre formes urbaines et insécurité routière, il faut poser la question de la gestion possible de ces problèmes. Cette gestion peut se traduire par des modifications des modalités prises par les formes pour les différentes propriétés étudiées. Par exemple, le principe de déviation du trafic de transit utilisé pour améliorer la sécurité routière à l’intérieur de quartiers résidentiels peut se traduire par une modalité “réseau hiérarchisé” pour une propriété qui serait relative à l’organisation des réseaux. De cette analyse, ressortent les problèmes directement liés aux formes urbaines, qui ne sont donc pas gérables.

Cette démarche présente l’intérêt d’être applicable à tous types de formes urbaines. Et une fois les propriétés ayant une influence sur la sécurité routière identifiées, tout type de forme urbaine peut être étudié du point de vue de la sécurité routière.

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Conclusion :

Pourquoi et comment appréhender l’influence du

développement urbain sur l’insécurité routière,

au travers des formes urbaines ?

Les conséquences du développement urbain sur les modes de vie et les pratiques urbaines en général posent clairement la question de l’influence de ce développement sur la sécurité routière. Ces conséquences se reflètent au travers de l’évolution des formes urbaines que ce soit à l’échelle de la configuration de la ville ou à celle de la partie de ville. Et la question peut être appréhendée au travers de l’évolution de ces formes.

Une revue de la littérature sur les liens entre urbanisme et sécurité routière a montré que c’est essentiellement à l’échelle de la partie de ville que la question des liens entre formes urbaines et insécurité se pose. Certes la question des modèles de ville a été peu traitée dans la littérature du point de vue de la sécurité. Elle se révèle délicate. Cependant il semble que certains effets négatifs du développement urbain puissent être contrecarrés par l’aménagement. Notre travail s’intéresse alors à la forme urbaine définie comme celle d’une partie de ville. Elle renvoie à ses aspects morphologiques, structurels et fonctionnels. Elle se place à l’interface entre transport et urbanisme, si souvent dissociés et si complémentaires pour traiter d’un problème comme la sécurité. Cette revue a également montré la complexité du lien existant entre urbanisme et sécurité routière en général. Elle suppose de tenir compte du caractère dynamique des espaces urbains. Cette complexité rend alors impossible l’analyse directe des liens entre formes urbaines et sécurité. Elle nécessite le recours à la décomposition des formes en propriétés ayant une influence sur la sécurité et à l’analyse des effets de ces propriétés sur l’accidentologie au travers de leurs modalités. Et c’est dans la phase de recomposition des problèmes de sécurité à partir des propriétés que le caractère dynamique des espaces urbains peut être pris en compte.

Ainsi, avant de pouvoir établir les liens entre formes urbaines et insécurité routière, il faut analyser les propriétés des formes ayant une influence sur la sécurité. Il n’existe pas

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de travaux ayant traité cette question de façon globale. Les recherches existantes s’intéressent à un aspect particulier des formes sans les considérer dans leur ensemble. C’est pourquoi il faut dans un premier temps identifier ces propriétés. Pour cela, le recours à l’analyse monographique de formes urbaines typiques est apparu nécessaire. Cette approche s’appuie notamment sur la littérature citée dans cette partie. Elle permet d’une part d’identifier les caractéristiques des formes urbaines ayant un effet sur la sécurité routière et d’autre part d’analyser cet effet.

Le travail est mené sur des formes urbaines typiques résidentielles qui présentent un intérêt pour l’analyse des formes urbaines ainsi que pour celle de l’insécurité routière. Quatre formes typiques ont été retenues pour l’analyse. Si cet échantillon est limité, il comporte cependant des formes très contrastées qui représentent les principales formes d’habitat ainsi que les grandes étapes de planification. Dans la majorité des cas, les formes existantes sont des combinaisons de ces principales formes. Et dans l’ensemble les formes retenues sont représentatives des principales caractéristiques des formes urbaines résidentielles.

Une fois les propriétés ayant une influence sur la sécurité identifiées, l’analyse des liens entre les formes urbaines et la sécurité routière peut être menée. Ces liens sont alors établis lors de la recomposition des formes à partir des modalités prises pour chacune des propriétés. Cette dernière étape tient compte du caractère dynamique des espaces urbains que ce soit dans leur évolution ou dans les possibilités d’aménagement et de gestion qu’ils comportent.

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Deuxième partie :

Identification des propriétés des formes urbaines

ayant une influence sur la sécurité routière

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Introduction

La question des liens entre formes urbaines et insécurité routière ne peut pas être traitée directement. Elle nécessite le passage par l’identification des propriétés des formes urbaines ayant une influence sur la sécurité. Cependant il n’existe pas dans la littérature de travaux ayant cherché à les déterminer. Les recherches analytiques existantes ne traitent souvent que d’un aspect de la forme urbaine alors que de nombreux éléments sont à prendre en compte. C’est pourquoi il nous faut faire notre propre analyse pour déterminer ces propriétés. C’est l’objet de cette deuxième partie.

Le chapitre 4 par lequel commence cette partie présente la méthode utilisée pour définir les propriétés des formes urbaines ayant une influence sur la sécurité. Elle consiste en une analyse détaillée de l’insécurité routière de formes urbaines typiques au travers d’analyses monographiques. Elle se décompose en une phase d’analyse urbaine descriptive et une autre d’analyse de l’insécurité routière. C’est au cours de cette dernière que les liens entre problèmes de sécurité et caractéristiques des sites peuvent être décelés. Le travail est mené sur le secteur de la communauté urbaine de Lille qui est également présenté dans ce chapitre.

La méthode est appliquée à douze quartiers de la communauté urbaine de Lille représentatifs de formes urbaines typiques. Le détail des analyses monographiques est présenté dans le chapitre 5 et reprend les deux phases de l’analyse : l’analyse urbaine descriptive et l’analyse de l’insécurité routière. Au cours de cette seconde phase, des liens existant entre les problèmes de sécurité routière et les caractéristiques des quartiers émergent.

C’est à partir de ces liens et de leur comparaison que peuvent être déterminées les propriétés des formes urbaines ayant une influence sur la sécurité routière. C’est l’objet du chapitre 6. Une fois les propriétés identifiées, une analyse de la littérature permet de définir les modalités selon lesquelles elles se déclinent.

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