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Chapitre 2 : De la perception du changement climatique par les banques à la définition du

2 L’analyse économique des conséquences du changement climatique

2.1

Les coûts des dommages du changement climatique

La lutte contre le changement climatique est aujourd’hui un objet consensuel. L’estimation des coûts économiques associés au changement climatique (aussi bien les coûts de l’action que ceux de l’inaction) est une étape préliminaire indispensable à la mise en place de politiques publiques de lutte contre le changement climatique. L’estimation du coût des dommages permet d’en mesurer la gravité et donc les bénéfices d’une action de lutte contre le changement climatique. Ensuite le coût de l’action

4 Traduction de l’anglais : “It is extremely likely that human influence has been the dominant cause of the observed warming since the mid-20th century” (GIEC, 2013; p 17).

5 Traduction de l’anglais : “the scientific evidence points to increasing risks for serious, irreversible impacts from climate change associated with business-as-usual paths for emissions” (Stern, 2006).

6 Traduction de l’anglais : “Climate change will affect the basic elements of life for people around the world – access to water, food production, health and the environment. Hundreds of millions of people could suffer hunger, water shortages and coastal flooding as the world warms” (Stern, 2006; p vi).

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nourrit l’analyse coûts/bénéfices qui permet de déterminer le niveau de réponse socialement optimale face au changement climatique.

L’estimation des dommages du changement climatique (conséquences des événements météorologiques extrêmes, modification de la productivité des sols agricoles, déplacements des populations…) dépend évidemment des scénarii qui décrivent l’évolution des émissions mondiales de GES, le dynamisme de l’innovation technologique, etc. et des hypothèses faites sur la sensibilité climatique (augmentation de la température à long terme attendue suite à un doublement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère), la forme de la fonction de dommages, le taux d’actualisation (préférence pour le présent, taux de croissance de la consommation et élasticité de l’utilité marginale à la consommation). Ce montant global peut être ramené à chaque tonne de GES émise dans l’atmosphère. On parle de coût marginal ou de « coût social du carbone » (CSC). Il représente le coût actualisé des dommages futurs causés par une tonne de GES supplémentaire émise. La sous-section A.4 (Le Coût Social du Carbone) du chapitre 3 aborde les détails méthodologiques de l’estimation du coût total du changement climatique et du coût social du carbone. Cette sous-section se concentre ici sur les chiffres qui participent à créer la perception du changement climatique et de ses conséquences pour le secteur bancaire et financier.

Le coût des dommages représente le coût global pour nos économies de l’inaction contre le changement climatique. Il doit intégrer les dommages présents et futurs comme la baisse des rendements agricoles, les inondations, la hausse du niveau de la mer, etc. Le rapport Stern estime que « si aucune action n’est entreprise, les coûts et les risques globaux du changement climatique sont équivalents à une perte d’au moins 5% du PIB mondial par an, maintenant et pour toujours »7 (Stern, 2006 ; p vi). Cette estimation peut même atteindre 20% du PIB mondial en fonction des impacts et des risques considérés lors du calcul (Stern, 2006).

Les estimations du coût social du carbone sont plus nombreuses dans la littérature et varient d’un facteur mille entre les estimations les plus basses (de l’ordre de quelques euros à quelques dizaines d’euros (Boiteux, 2001 ; Quinet, 2009 ; Interagency Working Group, 2010; Stern, 2006) et les estimations les plus hautes (de l’ordre de plusieurs centaines d’euros (Bramley et al., 2009 ; Lee et Ellis, 2013 ; Ackerman et Stanton, 2012)) (Tol, 2008).

A partir de la valeur du coût social du carbone du rapport Stern (2006) (85 $/tCO2, i.e. 25-30 £/tCO2 pour un scénario de stabilisation de la concentration à 450-550 ppm), le cabinet de conseil spécialisé, Trucost, estime que le coût global annuel des émissions de GES est de 4 530 milliards de dollars en

7 Traduction de l’anglais : “if we don’t act, the overall costs and risks of climate change will be equivalent to losing at least 5% of global GDP each year, now and forever” (Stern, 2006; p vi).

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2008 (soit 7,5% du PIB mondial) et pourrait représenter 20 809 milliards de dollars à horizon 2050 (soit 13% du PIB mondial) (UNEP-FI et PRI, 2011).

Dans la perspective de la mise en place d’une politique de lutte contre le changement climatique, le coût des dommages est à apprécier au regard du coût de réduction (ou coup d’abattement) des émissions de GES. Après avoir quantifié les dommages futurs liés au changement climatique, le rapport Stern propose une estimation du coût de l’action : « A l’inverse, les coûts de l’action (réduire les émissions de GES afin d’éviter les pires conséquences du changement climatique) peuvent être limités autour d’environ 1% du PIB mondial par an »8 (Stern, 2006).

De même que pour le coût des dommages, l’estimation des coûts marginaux d’abattement varie entre 90 et 500 $/tCO2 suivant les scénarii d’émissions de GES, les horizons temporels considérés (IEA, 2010 ; McKinsey & Company, 2009 ; DECC, 2009).

Bien entendu, « ces coûts pourraient être réduits si des gains importants en termes d’efficacité sont obtenus, ou si des forts co-bénéfices, comme par exemple une pollution de l’air réduite, sont mesurés. Les coûts seront plus élevés si l’innovation dans les technologies bas-carbones est plus lente que prévue, ou si les décideurs politiques ne mettent pas en place les instruments politiques qui permettent de réduire les émissions le plus efficacement possible »9 (Stern, 2006).

Ainsi des estimations réalisées pour l’Europe évaluent à 1,5% du PIB européen par an, soit 270 milliards d’euros par an, les investissements nécessaires dans les technologies « propres » et d’efficacité énergétique (Roadmap 2050). En revanche les économies de carburant pour la même zone géographique s’élèveraient de 175 à 320 milliards d’euros en moyenne d’ici 2050 (Roadmap 2050), soit une économie d’environ 1000 euros par ménage. De plus une économie plus économe en carbone permettrait d’augmenter la qualité de l’air et de réduire de 88 milliards d’euros par an d’ici 2050 les coûts associés au contrôle des pollutions atmosphériques et aux systèmes de santé (Roadmap 2050). Le bilan comptable semble nettement positif pour l’Europe, surtout à long terme (horizon 2050) ; ce qui explique que l’efficacité énergétique ait été placée au cœur de la stratégie « Europe 2020 » (Plan 2011). Enfin, d’autres effets économiques et sociaux positifs sont attendus de telles politiques de lutte

8 Traduction de l’anglais : “In contrast, the costs of action – reducing greenhouse gas emissions to avoid the worst impacts of climate change – can be limited to around 1% of global GDP each year” (Stern, 2006).

9 Traduction de l’anglais : “Cost could be even lower than that if there are major gains in efficiency, or if the strong co-benefits, for example from reduced air pollution, are measured. Costs will be higher if innovation in low-carbon technologies is slower than expected, or if policy-makers fail to make the most of economic instruments that allow emissions to be reduced whenever, wherever and however it is cheaper to do so” (Stern, 2006).

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contre le changement climatique, notamment en termes de compétitivité industrielle ou de création d’emplois (de l’ordre de 2 millions) en Europe (Plan 2011).

Ces analyses quantitatives (Stern, 2006 ; Roadmap 2050) concluent l’analyse coûts/bénéfices en faveur de l’action contre le changement climatique : « les bénéfices d’une action forte et précoce dépassent de loin les coûts économiques de l’inaction »10 (Stern, 2006). « Il est encore temps d’éviter les pires conséquences du changement climatique, si nous adoptons tout de suite une action forte »11 (Stern, 2006 ; p VI). Cependant, les conclusions « pessimistes » du rapport Stern ont été depuis nuancées et des auteurs comme Gollier (2006) et Tol (2006) mettent en question le traitement du risque et du temps dans ce modèle d’évaluation (taux d’actualisation très faible). Pourtant Sir Nicholas Stern (2013) a affirmé depuis que la situation climatique s’est encore dégradée et que les valeurs des coûts doivent être revues à la hausse : « A posteriori, j’ai sous-estimé les risques. La planète et l’atmosphère semblent absorber moins de carbone que ce que nous attendions, et les émissions ont progressé fortement. Certains effets [du changement climatique] se font ressentir bien plus vite que ce que nous pensions alors »12 (Stern, 2013, The Observer du 26/01/2013).

2.2

Outils économiques d’internalisation des externalités climatiques

« L’économie décrit le changement climatique causé par l’homme comme une « externalité » et le climat terrestre comme un « bien public ». Les acteurs, qui émettent des gaz à effet de serre comme ceux qui produisent de l’électricité, font tourner leurs usines, brûlent des gaz, coupent des forêts, volent en avion, chauffent leurs maisons ou conduisent leurs voitures, ne paient pas pour les coûts du changement climatique qui résulte de leurs contributions à l’accumulation de ces gaz dans l’atmosphère »13 (Stern, 2006).

10

Traduction de l’anglais : “the benefits of strong and early action far outweigh the economic costs of not acting” (Stern, 2006).

11

Traduction de l’anglais : “there is still time to avoid the worst impacts of climate change, if we take strong action now” (Stern, 2006; summary of conclusions, p VI).

12 Traduction de l’anglais : “Looking back, I underestimated the risks. The planet and the atmosphere seem to be absorbing less carbon than we expected, and emissions are rising pretty strongly. Some of the effects are coming through more quickly than we thought then” (Stern, 2013, The Observer 01/26/14).

13 Traduction de l’anglais : “Economics describe human-induced climate change as an ‘externality’ and the global climate as a ‘public good’. Those who create greenhouse gas emissions as they generate electricity, power their factories, flare off gases, cut down forests, fly in planes, heat their homes or drive their cars do not have to pay for the costs of the climate change that results from their contribution to the accumulation of those gases in the atmosphere” (Stern, 2006).

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« Mais le changement climatique possède des caractéristiques qui le distinguent des autres externalités. Il est global dans ses causes et ses conséquences ; ses impacts sont persistants et se développent au fils du temps ; des incertitudes empêchent la quantification précise des impacts économiques ; et il existe un risque de bouleversement irréversible avec des effets économiques non marginaux »14 (Stern, 2006 ; introduction, p V).

Selon l’économie de l’environnement, il convient « d’internaliser cette externalité » pour placer les acteurs économiques devant le coût social complet de leurs activités. De par ses caractéristiques, le changement climatique nécessite une réponse internationale commune, alliant les politiques de taxation des émissions de GES, celles de coopération technologique et financement de l’adaptation au changement climatique des pays les plus vulnérables qui sont souvent les plus pauvres (Stern, 2006). Trois éléments sont nécessaires à une politique climatique efficace : i) mettre un prix sur les émissions de carbone, via une taxe, un marché de quotas ou une régulation par normes techniques ; ii) soutenir l’innovation et le déploiement des technologies propres (« bas carbone ») ; iii) supprimer les barrières aux travaux d’efficacité énergétique, et sensibiliser et éduquer les individus sur les actions qu’ils peuvent entreprendre pour lutter contre le changement climatique (Stern, 2006 ; Summary of conclusions, p VIII).

Le marché de permis d’émissions (ou quotas) de GES, comme le marché européen (EU-ETS, directive 2003/87/EC), est un instrument plus adapté à la régulation des émissions concentrées des grandes installations industrielles (Elbeze et de Perthuis, 2011). Mais la mise en place de tels marchés est critiquée car menaçant la compétitivité de l’industrie européenne et générant des fuites de carbone (i.e. augmentation des émissions à l’étranger) (Monjon et Quirion, 2010). Des systèmes de distribution de quotas sont à l’étude pour réduire ces effets négatifs sur l’économie européenne : les ajustements aux frontières (i.e. taxation des importations européennes) ou l’allocation basée sur la production (i.e. allocation gratuite des permis proportionnelle à la production courante) (Monjon et Quirion, 2010).

La taxe est un instrument privilégié pour tarifer les sources diffuses d’émissions au sein d’un espace donné (Elbeze et de Perthuis, 2011). Il est important que son impact économique soit analysé à partir du concept du « double dividende » : i) le bénéfice environnemental lié aux effets incitatifs de la taxe environnementale et ii) le bénéfice en termes d’emploi/activité générés par la baisse de la fiscalité sur les facteurs de production (Elbeze et de Perthuis, 2011).

14 Traduction de l’anglais : “But climate change has a number of features that together distinguish it from other externalities. It is global in its causes and consequences; the impacts of climate change are persistent and develop over the long run; there are uncertainties that prevent precise quantification of the economic impacts; and there is a serious risk of major, irreversible change with non-marginal economic effects” (Stern, 2006; introduction, p V.)

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2.3

La problématique énergétique

La consommation énergétique, puisque très largement basée à l’échelle de l’économie mondiale sur les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), est une source très importante d’émissions de GES. Près de 80% des émissions mondiales sont issues de la combustion d’énergie fossile (hors émissions de GES liées à l’utilisation de sols, son changement et la forêt, sur les données 2011) (WRI, 2014). Ainsi les politiques énergétiques qui cherchent à optimiser la facture énergétique (prix et volume des énergies consommées) rejoignent les politiques climatiques de réduction d’émissions de GES autour d’enjeux comme les économies d’énergie.

Réduire la consommation (améliorer l’efficacité énergétique des activités économiques) permettrait d’atteindre un triple objectif (réduire les émissions de GES, réduire la dépendance énergétique, et réduire le déficit commercial des économies), alors que la demande énergétique devrait continuer à augmenter dans les décennies à venir (CESE, 2012 ; CAS, 2012). Selon le scénario central de l’Agence Internationale de l’Energie (intégrant les politiques actuelles et annoncées par les gouvernements du monde), une augmentation de plus de 30% d’ici 2035 est prévue (60% de la hausse est due à la Chine, l’Inde et le Moyen-Orient) (IEA, 2012a). Dans ce scénario, les énergies fossiles restent dominantes dans le mix énergétique mondial (subventionné pour couvrir l’augmentation des coûts de production) qui conduirait à une hausse de 3.6°C pour la fin de ce siècle (IEA, 2012a).

La tension sur la demande devrait se traduire par une augmentation des prix, en particulier ceux des énergies fossiles, rendant ainsi les économies de carburants (par gain d’efficacité énergétique) plus rentables. « Investir dans les énergies propres fait sens économiquement ; chaque dollar investi peut en générer trois en termes d’économies de carburant d’ici 2050 »15 (IEA, 2012b).

Malgré les incertitudes liées à l’ampleur de la croissance des pays émergents, au déclin plus ou moins rapide de la production des grands gisements pétroliers actuels16, ainsi qu’aux événements d’origine naturelle ou accidentelle, mais aussi et surtout géopolitique, qui peuvent affecter la production, un consensus émerge aujourd’hui sur le maintien des prix du pétrole élevés (> 100 $/baril) et volatils dans les années à venir, permettant à certains pays producteurs de poursuivre leur développement, mais effets négatifs pour la croissance de pays comme la France (CAS, 2012 ; IEA, 2012a).

15 Traduction de l’anglais : “investing in clean energy makes economic sense – every additional dollar invested can generate three dollars in future fuels savings by 2050” (IEA, 2012b).

16 Le déclin des puits de pétrole brut conventionnel, ainsi que le ralentissement des découvertes, conduiraient selon l’IEA à un « plateau ondulant » pour la production de pétrole brut conventionnel. Cependant la production globale de pétrole (tous les pétroles confondus) continuerait à augmenter jusqu’en 2035 passant de 70Mb/j actuellement à 96Mb/j, notamment due au pétrole non conventionnel et au gaz naturel liquifié (AIE, 2011).

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Cependant, l’impact de ces changements de prix et de volume d’énergie disponible sur la croissance de nos économies fait actuellement débat, et ce particulièrement dans un monde énergétique changeant et incertain, marqué par la résurgence de la production de pétrole et de gaz aux Etats-Unis, le retrait du nucléaire dans certains pays, la croissance rapide de l’utilisation des technologies éoliennes et solaires, et la production de gaz non conventionnel (IEA, 2012a).

Il existe par exemple une corrélation nette entre le PIB (intensité des activités économiques d’un territoire) et la consommation d’énergie fossile. Alors que le pétrole représente aujourd’hui 40% de la consommation d’énergie finale mondiale et que l’efficacité économique de l’énergie stagne tout comme la quantité d’énergie disponible par personne, les conséquences sur le PIB d’une raréfaction de l’énergie disponible pourraient donc être très négatives (ralentissement de la croissance par un effet prix) (CESE, 2012).

Le FMI (avril 2011) a évalué l’impact potentiel sur l’économie globale de différents scénarii de ralentissement plus ou moins sévère de la production pétrolière (FMI, 2011). L’étude montre que les effets macro-économiques peuvent être, selon les cas, négligeables ou dramatiques. En effet, dans le scénario de base qui considère un taux de croissance inférieur de 1% par an au taux historique (1,8% par an), les effets sur l’économie globale sont mineurs (augmentation du prix du pétrole de 200% sur 20 ans, baisse modérée du PIB des pays importateurs à long terme, entre 3 et 5% sur 20 ans, soit entre 0,15 et 0,25% par an). En revanche, un déclin plus important que prévu de la production de pétrole (de l’ordre de 2% de déclin absolu par an) conduirait à une augmentation considérable des prix du pétrole et à une perte de PIB chiffrée à 10% sur 20 ans, variables suivant les régions (-10% en Europe, -15% aux Etats-Unis et -20% en Asie), et une augmentation du prix du pétrole de 800% sur 20 ans (FMI, 2011). Cependant, le scénario, intégrant une adaptation progressive de la demande et une meilleure substitution au pétrole face à une augmentation des prix conclut à des effets nettement atténués (perte de 1% du PIB sur 20 ans) (élasticité prix de la demande est 5 fois supérieure au scénario de base (0,3)).

L’impact sur la croissance économique du ralentissement de la production de pétrole conventionnel est actuellement controversé et fait l’objet de débats entre les « pessimistes », partisans de la théorie du « peak oil » (épuisement des ressources énergétiques bon marché) (Campbell et Laherrère, 1998), et les « optimistes » qui soutiennent l’existence de substitutions économiquement rentables du pétrole conventionnel par d’autres énergies fossiles (charbon, gaz, huile de schiste…) (Prévot, 2007).

Enfin l’avenir de nos économies pourrait dépendre d’autres scénarii. Notre modèle actuel de développement, couplant croissance économique et consommation d’énergie, se heurte à la finitude des ressources disponibles et montre des signes d’épuisement (creusement des inégalités, instabilité financière chronique et montée de l’endettement privé comme public) (Crifo et al., 2009). La « croissance verte » correspond à la transition vers un nouvel équilibre entre économie, environnement

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et social, découplant croissance et consommation de ressources. « La croissance verte vise à favoriser la croissance et le développement, tout en assurant que les actifs naturels soient utilisés de façon soutenable, et continuent à fournir les ressources et les services environnementaux sur lesquels notre bien-être repose (OCDE, 2011a). Cette croissance est efficace dans son utilisation des ressources naturelles, propre car elle limite la pollution et les impacts environnementaux, et résiliente en prenant en compte les aléas naturels (World Bank, 2012) »17 (UN et al., 2012). « L’adoption à grande échelle des stratégies de croissance verte et de développement durable a également le potentiel de débloquer de nouveaux moteurs de croissance et de stimuler la croissance économique (améliorant l’efficacité, stimulant l’innovation et augmentant la résilience aux chocs environnementaux et économiques) »18 (UN et al., 2012).

2.4

Impacts économiques du changement climatique

On peut distinguer deux types d’impacts pour la croissance de nos économies : les impacts directs et indirects liés aux phénomènes climatiques et les impacts économiques des politiques d’anticipation (réduction des émissions de GES et/ou adaptation au changement climatique).

i) Les impacts directs et indirects liés aux phénomènes climatiques :

« Les impacts ne sont pas seulement le résultat d’un changement progressif des températures et du