Un contexte difficile
L’agriculture littorale doit se maintenir dans un contexte urbain et périurbain de plus en plus marqué. Elle doit faire face à des pans de l’économie tertiaire dynamiques et gourmands en espace. La surface agricole utilisée des exploitations agricoles des communes littorales métropolitaines a diminué d’un quart entre 1970 et 2010. Cela représente une perte de plus de 200 000 ha, soit 10 % de la superficie totale des communes littorales. En pourcentage, c’est 2,5 fois plus que la moyenne métropolitaine.
De 2000 à 2010, les départements ultramarins ont perdu près de 11 % de leurs surfaces agricoles utilisées. C’est près de deux fois plus que la moyenne des communes littorales métropolitaines (-6 %) et trois à quatre fois plus que la moyenne métropolitaine (-3 %). La régression a été très forte dans les Antilles, -22 %. A l’inverse, les terres agricoles s’étendent en Guyane (+9 %) et diminuent modérément à la Réunion (-2 %).
Évolution de la surface agricole utilisée de 1970 à 2010 en métropole
Source : Agreste, RA. Traitements : SOeS (Observatoire national de la mer et du littoral).
Des réalités différentes suivant les façades littorales
On note une nette opposition entre les agricultures littorales du nord de la Gironde et celles plus méridionales. Au nord, domine l’agriculture intensive, cultures et/ou élevage, excepté dans le Cotentin et sur la côte fleurie marqués par l’élevage bovin et la forte proportion de prairies naturelles. La Bretagne est marquée par la part importante des communes littorales orientées vers l’élevage intensif : porcs, volailles et élevage laitier. En Aquitaine et sur le pourtour méditerranéen, les grandes cultures et les élevages intensifs sont moins importants. En Méditerranée continentale, dominent les cultures entretenues. Le littoral de Corse est marqué par l’élevage extensif, excepté sur sa côte orientale. L’outre-mer est, quant à elle, marquée par la dualité entre cultures permanentes/maraîchage et élevage.
Des travaux ont été menés pour caractériser les exploitations agricoles des communes littorales sur un plan socio-économique. Ces analyses montrent que l’agriculture est en difficulté (très peu de grandes exploitations, faible niveau de formation et âge élevé des exploitants n’ayant pas de repreneur) dans de nombreuses communes de bord de mer. Elles sont principalement localisées en Aquitaine, sur le pourtour méditerranéen et dans les Outre-mer. Elles sont aussi assez importantes en Basse-Normandie et en Poitou-Charentes. Beaucoup de ces communes sont par ailleurs urbaines et/ou touristiques. L’avenir des exploitations agricoles y est donc difficile.
Pour plus d’informations :
> Fiche thématique de l’Observatoire national de la mer et du littoral sur l’évolution des surfaces agricoles dans les communes littorales : http://goo.gl/AjH95w
Chapitre 2 – Une économie globalement dynamique et des tissus économiques diversifiés
Typologie des types d’agriculture dans les communes des cantons littoraux
Source : Agreste, RA 2010. Traitements : SOeS (Observatoire national de la mer et du littoral).
Caractérisation socio-économique des exploitations agricoles
Source : Agreste, RA 2010. Traitements : SOeS (Observatoire national de la mer et du littoral).
2.6 – De la sylviculture
■ La forêt littorale atlantique : un milieu dunaire riche aux enjeux multiples
Face aux nombreuses doléances des populations locales, l'État a engagé au début du XIXème siècle une action d'envergure pour contrôler "la marche envahissante des sables". Initiée en Aquitaine, puis étendue en 1810 à l’ensemble des départements maritimes français, cette politique de fixation des dunes littorales pour protéger les populations va avoir comme effet la création de massifs forestiers (dont 73 000 ha de forêts domaniales), qui jouent un rôle de production de bois très important d'un point de vue économique.
Le milieu des forêts littorales atlantiques dunaires est écologiquement riche et original. Le complexe dunaire est composé d’habitats qui s’organisent plutôt parallèlement au rivage, car ils sont conditionnés par les modifications progressives de la salinité et du vent.
Du haut de plage à la dune boisée en passant par la dune vive, la dune grise et les fourrés pré-forestiers, c’est un continuum écologique et paysager en perpétuelle évolution qui doit être appréhendé dans sa globalité. Les écosystèmes (en particulier les écosystèmes forestiers) sont soumis à une dynamique naturelle, maturation accélérée par l’action de l’homme, et perceptible à l’échelle d’une ou deux décennies dans les forêts dunaires.
La gestion de la forêt littorale est éminemment complexe, car non seulement elle s’applique à des milieux en évolution constante, mais aussi parce que elle doit répondre aux demandes sociales fortes et croissantes, que ce soit pour la production de bois dans une région où la filière est très dynamique, pour l’accueil du public et le maintien de paysages en harmonie avec le relief des dunes, pour la protection contre l’érosion dunaire (éolienne et maritime) et la préservation de la biodiversité.
Les forêts littorales atlantiques dunaires sont à très grande majorité domaniale (cf. figure page suivante), et gérées par l’Office national des forêts. Toute la surface classée en forêt publique n’est pas boisée, 8% est composé par les dunes littorales non boisées.
Les surfaces forestières sont composées à très large majorité par des peuplements de pin maritime prépondérant. La proportion des peuplements feuillus augmente vers le nord : ils ne représentent qu’environ 1% dans le département des Landes pour atteindre 8% en Vendée.
L’utilisation du bois de pin maritime est à 60% en bois d’œuvre et 40% en bois d’industrie. Le sciage, qui constitue la très grande part du bois d’œuvre, est écoulé en deuxième transformation à (données Aquitaine ONF ) :
• 45% en emballage (dont les ¾ en palettes),
• 37% en parquet, lambris et moulures,
• 9% en charpente et menuiseries,
• 6% en ameublement,
• 3% en divers.
Le bois d’industrie est, par ordre décroissant d’importance, utilisé en papeterie (trois entreprises de taille internationale sont installées en Aquitaine), en fabrication de panneaux de particules et en fabrication de panneaux de fibres MDF (Medium Density Fiberboard).
Répartition de la surface des forêts littorales atlantiques dunaires entre forêts domaniales et autres forêts publiques par département
Source : IFN
Partie I – Évolutions structurelles des espaces et activités maritimes et littorales