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CHAPITRE 2 – MAL-ÊTRE AU TRAVAIL ET DÉGRADATION DE L’ACTION COLLECTIVE

1. L’ACTUALITE DE LA QUESTION DE LA SANTE AU TRAVAIL

Il serait vain de prétendre, en quelques pages, à une exposition exhaustive de la situation concernant la problématique de la santé au travail. Bien des auteurs s’accordent à dire que les mesures sont en ce domaine bien délicates et les approches possibles multiples. Nous ne pouvons cependant avancer sur la question sans donner en introduction un premier aperçu des enjeux actuels, qui dépassent désormais largement le cercle des recherches académiques. Les quelques chiffres que nous livrons ici n’ont pas la prétention de faire une évaluation de la dégradation de la santé au travail en France, mais de donner une idée de l’ampleur du phénomène et de la manière dont la problématique s’exprime dans les médias et l’opinion publique. A aucun moment dans cette recherche, nous n’aurons l’ambition de « mesurer » la santé au travail, mais bien plutôt d’appréhender ce qui peut conduire à sa dégradation ou, au contraire, à sa construction.

Précisons tout de suite que nous nous intéresserons particulièrement ici à la question de la santé mentale au travail, et non pas d’abord aux pénibilités physiques ou aux risques liés à la toxicité ou aux conditions dangereuses du travail dans certains environnements. En réalité, peut-on affirmer une telle distinction de manière aussi tranchée ? Il est bien évident que non. Plusieurs études ont ainsi démontré qu’un découpage entre santé physique et santé mentale ou sociale serait très réducteur (GOLLAC et VOLKOFF, 2000) et que les mêmes causes organisationnelles pouvaient être associées aussi bien à des souffrances mentales qu’à des troubles physiques (GOLLAC, 2005 ; LORIOL, 2006). Ce qui va nous intéresser dans cette recherche, ce sont les déterminants de nature organisationnelle ou managériale de la santé mentale au travail, quelque soit la forme de leurs effets sur la santé, y compris lorsque les conséquences sont d’ordre physique.

Après un rapide état des lieux et quelques clarifications sur les termes employés, nous approfondirons ensuite plusieurs approches théoriques permettant de mieux comprendre les déterminants organisationnels et managériaux de la santé au travail.

1.1. État des lieux de la question

1.1.1. Quelques chiffres

En Europe, selon une étude européenne sur les risques psychosociaux, 28 % des travailleurs seraient « exposés à au moins un facteur susceptible d’affecter de manière défavorable

[leur] bien-être mental » (EUROGIP, 2010), un chiffre correspondant à la moyenne française

des salariés jugeant leur travail mauvais pour leur santé (GUIGNON et al., 2008, p. 7). La dernière grande étude disponible en France sur le sujet est celle sur les conditions de travail réalisée par la DARES en 2005, après celles de 1984, 1991 et 1998, dans le cadre de l’enquête Emploi de l’Insee. Les résultats ont mis en évidence une pause dans le phénomène jusque-là croissant d’intensification du travail, avec une pression stabilisée même si les marges de manœuvre continuent de se réduire (BUÉ et al., 2007). Il n’en demeure pas moins que le tableau général qu’elle dresse révèle l’ampleur de la dégradation des conditions de travail depuis deux décennies dans toutes les catégories socioprofessionnelles27.

Ainsi, 48 % des salariés déclarent devoir se dépêcher toujours ou souvent dans leur travail, selon un rythme imposé pour 53 % des répondants par une demande externe à satisfaire immédiatement. 60 % doivent fréquemment abandonner une tâche pour une autre plus urgente, un aspect jugé comme négatif pour 40 % d’entre eux. 42 % des salariés en contact avec le public signalent vivre régulièrement des situations de tension perturbant leur travail et autant déclarent qu’ils reçoivent des ordres ou indications contradictoires. Ces quelques chiffres de l’enquête Conditions de travail de 2005 (BUÉ et al., 2007) sont confirmés par ceux de l’enquête SUMER 2003 qui constate que 23 % des salariés sont en situation de travail « tendu »28, associés aux risques les plus élevés pour la santé, subissant une forte demande dans leur travail avec des marges de manœuvre réduites pour y faire face (GUIGNON et al., 2008). Certains métiers sont plus exposés que d’autres à cette situation : c’est le cas de 40 % des infirmières. Si les salariés « tendus » ne sont pas les seuls à se dire stressés (48 % mais aussi 53 % des « actifs », ayant une forte charge mais plus de latitude pour y faire face), ils sont en général peu nombreux à être satisfaits de leur travail et se disent en moins bonne santé que les autres répondants. Une situation encore aggravée lorsque les salariés ne bénéficient pas du soutien de leurs collègues ou de leur hiérarchie, ainsi que l’explique le modèle de R. KARASEK et T. THEORELL (1990), sur lequel nous reviendrons un peu plus loin.

M. GOLLAC, auteur de nombreuses études sur l’intensification du travail, estime qu’on ne peut plus aujourd’hui nier qu’il existe « des causes réelles et sérieuses de souffrance » (LALLEMENT et al., 2011, p. 21) et qu’il est probable que depuis la dernière enquête nationale de 2005, la situation actuelle ne soit guère meilleure, les causes ayant perduré et la durée étant un facteur aggravant.

27

Y compris les « encadrants », ainsi que le démontre C. DESMARAIS (2006).

28

Voir plus bas (p. 73-75) la présentation du modèle théorique de R. KARASEK mobilisé pour l’analyse.

Il est difficile d’estimer le coût global des atteintes à la santé au travail, celui-ci ne se réduisant pas aux coûts directs des soins, ni même à celui de l’absentéisme. Il faudrait y ajouter par exemple, ainsi que l’indiquent R. KARASEK et T. THEORELL, le coût de la baisse de productivité et de la sous-utilisation des compétences résultant du stress (1990)29. Un rapport de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail30 estime qu’entre 50 et 60 % des journées de travail perdues ont un lien avec le stress au travail. En 2002, le coût annuel du stress au travail dans l’Europe des quinze était évalué par la Commission européenne à 20 milliards d’euros.31 Il se chiffrerait en France en 2007 à près de 2 à 3 milliards d’euros (TRONTIN et al., 2007).

Les troubles musculo-squelettiques (TMS), dont le lien avec les facteurs psychosociaux a été démontré (HOUTMAN et al., 1994), représentent près des deux tiers des maladies professionnelles indemnisées en France, dont ils sont la première cause. Avec les lombalgies, les TMS ont coûté à l’assurance maladie en France 689 millions d’euros en 2003. Ils suivent une croissance de 20 % par an (LECLERC et al., 2005).

1.1.2. La visibilité de la problématique dans l’espace public

Si la problématique de la santé au travail était déjà dans l’actualité lorsque cette thèse a débuté, elle l’a été plus encore depuis la « vague de suicides » chez France Telecom32 et dans plusieurs grandes organisations françaises. Certains avancent aujourd’hui qu’on compterait en France plus d’un suicide au travail par jour (LALLEMENT et al., 2011, p. 4). Alors que le phénomène remonte aux années 1970 dans les pays anglo-saxons et scandinaves (CHANLAT, 1990b, p. 709), les médias en France se sont quant à eux saisis de la problématique à partir des années 1990, le nombre des articles sur le sujet du stress ou, tel qu’on le définit aujourd’hui, des risques psychosociaux, ayant explosé surtout depuis le

29

Dans leur ouvrage de 1990, R. KARASEK et T. THEORELL tentent une estimation du coût que représente le « travail sous tension ». Ils y incluent notamment les coûts en termes de soins de santé, de productivité, ainsi que la sous-utilisation des compétences qu’ils démontrent comme étant un des effets du stress, soulignant le coût à long terme de stratégies court-termistes (p. 237).

30

EU-OSHA (http://osha.europa.eu)

31

Chiffres extraits du rapport EUROGIP n° 47 de janvier 2010 intitulé « Risques psychosociaux au travail, une problématique européenne ».

32

D’après les données de l’Observatoire du stress de France Telecom, l’organisation aurait connu 12 suicides et 2 tentatives en 2008, 19 suicides et 15 tentatives en 2009, 27 suicides et 16 tentatives en 2010 et recense 5 suicides et 5 tentatives au 24/06/2011 (www.observatoiredustressft.org).

début des années 200033. On ne compte plus ces dernières années les parutions sur le « malaise au travail »34, sur le stress, les risques psychosociaux ou les suicides au travail. Ainsi que l’observe M. GOLLAC (LALLEMENT et al., 2010, p. 21), on observe également une multiplication des commissions ou collèges d’expertise mandatés par les pouvoirs publics et le monde politique sur le thème de la santé au travail35.

La question de la responsabilité des organisations dans le champ des risques psychosociaux a aujourd’hui gagné le registre juridique, avec notamment le procès intenté contre Renault par la veuve de l’un des ingénieurs de l’entreprise qui s’était suicidé en 2006. Le tribunal36 a établi la faute inexcusable de l’employeur pour n’avoir pas pris les mesures de protection de la sécurité individuelle et collective de ses salariés, qui sont pour lui une obligation de résultat. Cette décision, confirmant celle de la Caisse primaire d’assurance maladie qui avait qualifié le suicide d’accident à caractère professionnel, crée un précédent sur le plan juridique en reconnaissant le lien direct entre d’une part les modes de management de l’entreprise et l’excessive pression qu’elle impose à ses salariés, et d’autre part les conséquences possibles sur leur santé et leur équilibre psychique.

1.2. Une multitude de mots pour parler des maux du travail

Avec le temps, les formes des atteintes à la santé au travail ont évolué et les mots utilisés pour en parler en sont l’expression : à côté des pénibilités physiques, on retrouvera souvent dans le domaine de la santé morale le terme, très générique et employé parfois à tous vents, de stress ou, de plus en plus souvent aujourd’hui, de mal-être ou souffrance au travail. Afin de rendre compte à la fois des dimensions individuelles et collectives du

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M. LORIOL réfère ainsi d’une étude de N. ROBATEL constatant que le nombre d’articles dans la presse en France consacrés au « stress au travail » serait passé de 13 en 2000 à 326 en 2008 (LALLEMENT et al., 2011, p. 9).

34

Ainsi titrait le magazine « Les Grands Dossiers des Sciences Humaines » de septembre 2008.

35

Rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail à la demande du ministre du Travail (NASSE et LÉGERON, 2008) ; rapport de la commission de réflexion UMP et Nouveau Centre sur la souffrance au travail (COPÉ et al., 2010) ; rapport sur Bien-être et efficacité au travail destiné à améliorer la santé psychologique au travail à la demande du Premier ministre (LACHMANN et al., 2010) ; rapport d’information au Sénat sur le mal-être au travail (DERIOT, 2010) ; rapport d’information à l’Assemblée nationale sur les risques psychosociaux au travail (LEFRAND, 2011) ; rapport sur la mesure des facteurs psychosociaux de risque au travail, à la demande du ministre du Travail (GOLLAC, 2011) sans compter, au-delà du champ spécifique du travail, le rapport sur la santé mentale réalisé par le Centre d’analyse stratégique à la demande de la secrétaire d’État en charge de la Prospective et du Développement de l’Économie numérique (KOVESS-MASFÉT, 2010) ; sans compter les études réalisées par les services du ministère du Travail, celles réalisées à la demande des organisations syndicales et les divers baromètres provenant de cabinets d’expertise privés.

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Décision du tribunal des affaires de sécurité sociale du 17/12/2009, confirmée par la cour d’appel de Versailles le 19/05/2011.

phénomène, de plus en plus d’auteurs utilisent l’expression « risques psychosociaux » pour désigner les différentes formes que peuvent prendre actuellement les troubles les plus couramment rencontrés : stress, violences, harcèlement, addictions, souffrance au travail. Dans leur rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail remis en 2008 au Ministre du Travail, des Relations Sociales et de la Solidarité, P. NASSE et P. LÉGERON soulignent la nécessité de bâtir un consensus sur la définition des concepts et la qualification précise de leur contenu, d’autant plus nécessaire que ces termes sont le reflet d’approches qui trouvent leur source dans des disciplines et donc des logiques très différentes. Bien souvent, les mêmes termes – et c’est typiquement le cas pour le stress - recouvrent à la fois les causes des risques, les risques eux-mêmes et leurs effets (NASSE et LÉGERON, 2008).

1.2.1. Le stress

Parmi les principaux risques psychosociaux, P. NASSE et P. LÉGERON (2008) identifient le stress comme le premier et le plus important, de par la place qu’il occupe et son lien étroit et complexe avec les autres, dont il est à un moment ou à un autre l’expression, la cause ou la conséquence. Une enquête récente de la Fondation de Dublin fait ainsi apparaître qu’au sein de l’Union Européenne, 22 % des salariés souffrent de stress au travail, proportion très significative si on la compare au taux de 5 % de salariés victimes d’autres types de risques psychosociaux tels que le harcèlement ou la violence physique au travail37.

Le terme de « stress », mot anglais à la racine latine signifiant « contrainte, tension », trouve son origine dans les travaux biologiques d’H. SELYE en 1936 sur les mécanismes d’adaptation de l’organisme aux agressions extérieures38. De très nombreux travaux ont ensuite tenté de préciser cette notion. On retiendra généralement la définition proposée par l’Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail :

« Le stress est ressenti lorsqu'un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigé de la personne et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences. Bien que le stress soit perçu psychologiquement, il peut également porter atteinte à la santé physique. 39 »

37

Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Dublin), 4e enquête européenne, Luxembourg, Office for Official Publications of the European Comunities, 2007, in P. NASSE et P.LÉGERON, 2008.

38

Le terme de stress a été introduit dans le langage médical suite aux recherches de l’endocrinologue H. SELYE qui le décrit à travers le modèle du « syndrome général d’adaptation » comme « la réponse non spécifique de l’organisme à toute demande qui lui est faite » (SAHLER

et al., 2007). Il identifie trois phases de réaction à l’agression : la phase d’alarme, où se

mobilisent les défenses ; la phase de résistance où l’organisme s’adapte ; et enfin la phase d’épuisement, lorsque le stress perdure trop longtemps.

39

Un accord cadre signé par les partenaires sociaux européens le 8 octobre 2004 donne la définition suivante :

« Le stress est un état accompagné de plaintes ou dysfonctionnements physiques, psychologiques ou sociaux, et qui résulte du fait que les individus se sentent inaptes à combler un écart avec les exigences ou les attentes les concernant. L’individu est capable de gérer la pression à court terme qui peut être considérée comme positive mais il éprouve de grandes difficultés face à une exposition prolongée à des pressions intenses. En outre, différents individus peuvent réagir de manière différente à des situations similaires et un même individu peut, à différents moments de sa vie, réagir différemment à des situations similaires. Le stress n’est pas une maladie mais une exposition prolongée au stress peut réduire l’efficacité au travail et peut causer des problèmes de santé. » 40

Ces définitions ont le mérite de préciser que le stress peut avoir une dimension organisationnelle et n’est pas uniquement de nature individuelle. Elles prennent également position quant au débat entre bon et mauvais stress, identifiant la problématique du stress comme un phénomène révélateur de dysfonctionnements et portant atteinte à la santé.

1.2.2. Les risques psychosociaux

Le terme désormais largement utilisé de « risques psychosociaux » (couramment désignés par le signe RPS) fait cependant débat, par l’association qu’il induit entre la dimension psychosociale et la notion de risque. Y. CLOT dénonce un « modèle "toxicologique" du

psychosocial comme risque » (2010, p. 105). On devrait d’ailleurs plus justement parler de

risques de survenue de troubles psychosociaux (SAHLER et al., 2007, p. 16).

Parmi les risques psychosociaux, le harcèlement a d’abord pris une grande place dans les débats depuis sa médiatisation à l’occasion de la publication du premier ouvrage de M-F. HIRIGOYEN sur le sujet en 1998 et fait désormais l’objet d’une inscription dans la loi française (HIRIGOYEN, 1998 ; 2004). Il peut prendre la forme d’un harcèlement moral individuel, stratégique, institutionnel ou horizontal (SAHLER et al., 2007), à distinguer du harcèlement sexuel relevant d’un encadrement juridique propre.

De manière plus générale, on recense parmi les risques psychosociaux de nombreuses formes de violences, tant physiques que psychologiques, dont l’origine peut tout aussi bien être externe (agressions de clients, patients, usagers…) qu’interne, de la part de collègues, de supérieurs hiérarchiques ou de groupes. Ces violences peuvent être brutales

40

L’« accord-cadre sur le stress au travail » est consultable en ligne sur le site de la Confédération européenne des syndicats : http://www.etuc.org/IMG/pdf/Brochure_stress_FR-3.pdf

et traumatisantes ou encore souterraines, répétées et usantes, et parfois difficiles à objectiver (SAHLER et al., 2007).

Sont également à associer aux risques psychosociaux les conduites addictives au travail : alcool, tabac, drogues mais aussi médicaments psychotropes. Ces comportements posent le problème de la difficile détermination de ce qui relève du travail ou de la vie privée, souvent indissociables.

1.2.3. Les processus de construction sociale des termes du malaise M. LORIOL souligne les processus de construction sociale dont font l’objet les enjeux de santé au travail et la manière dont ils déterminent « l’étiquetage » du malaise (2006, p. 239-244). Ainsi, selon les catégories sociales, les professions, la position hiérarchique, les acteurs ne mobiliseront pas les mêmes termes pour définir leurs maux. Tandis que les employeurs préféreront des termes faisant apparaître plutôt la dimension psychologique, donc individuelle, du malaise, les syndicats ou les médecins du travail n’hésiteront pas à dénoncer les facteurs organisationnels et les conditions de travail à l’origine des maux. Les infirmières, plus familières de la dimension psychique, utiliseront plus facilement le terme stress ou « burn-out »41 que les milieux ouvriers plus sensible à l’usure physique.

De plus en plus invoqué pour exprimer un « mal-être » profond au travail, le terme de « souffrance au travail » est directement issu des travaux de C. DEJOURS (1998 ; 2008) et de la psychodynamique du travail, largement diffusés par les médias ces dernières années. Après l’usage un temps de l’expression « bien-être au travail » comme l’alternative à celle de « mal-être », plus récemment42 se répand le vocable, plus positif certainement, de « qualité de vie du travail »43, promu notamment par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) qui organise chaque année depuis 2004 une « Semaine

pour la qualité de vie au travail »44. C’est le terme qu’a retenu dernièrement la Haute

41

M. LORIOL (2003) étudie la manière dont la catégorie du « burn-out » dans la profession infirmière s’est construite, répondant à l’intérêt des différents acteurs (infirmières et instituts de formation en soins infirmiers en recherche de légitimation de leur profession, directions d’établissement dont les politiques ne sont que peu remises en cause par cette appellation).

42

Du moins en France, puisqu’il existe un « Mouvement pour la qualité de vie au travail » (« Quality of Work Life Movement ») aux États-Unis et en Suède depuis les années 1970 (KARASEK et THEORELL, 1990, p. 4).

43

La qualité de vie au travail se définit par la qualité des relations sociales et de travail, du contenu du travail, de l’environnement physique, de l’organisation du travail, les possibilités de réalisation et de développement professionnel et la conciliation entre vie professionnelle et vie privée (d’après le numéro spécial de la revue Travail et changement de mai juin 2007).

44

autorité de santé pour traiter des problématiques de santé et sécurité au travail dans les prochaines versions de la certification des établissements de santé45.

1.2.4. La définition sous-jacente de la santé

Lorsque l’on aborde la problématique de la santé au travail, il apparaît aussitôt que l’approche et la méthodologie choisies dépendront d’abord fortement de la définition que l’on se donne en amont de la santé. La manière la plus fréquente d’appréhender la santé, dans la vie courante, est en effet de la considérer comme un état de bien-être physique et psychique caractérisé par l’absence de pathologies avérées. C’est, de fait, souvent à partir des pathologies déclarées que nombre d’études mesurent l’état de santé d’une population. L’OMS propose pourtant depuis 1946 de définir la santé comme « un état de complet bien-

être physique, mental et social, et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »46. Une définition très large qui intègre de nombreuses dimensions.