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L’activité enzymatique de l’ASAT (Aspartate amino-transferase)

MOND= MO-MOD MOD: matière organique digestible (g/kg MS)

III RESULTATS ET DISCUSSION

III.3 Paramètres sanguins hormonaux et biochimiques

III.3.2.9 L’activité enzymatique de l’ASAT (Aspartate amino-transferase)

Les données statistiques concernant les concentrations sériques de l’activité enzymatique de l’ASAT dans les deux sites expérimentaux sont présentées dans le tableau 26 et la figure 18.

A l’observation du tableau 26, il en ressort que les concentrations sériques des ASAT enregistrées dans cette étude au niveau des deux régions pour les différents groupes d’animaux sont globalement comprises dans l’intervalle des normes décrites par Kaneko et al., 2008 (60- 280 UI/l). Cependant les taux observés en zone semi-aride en milieu, fin de gestation et en lactation sont au-dessous des limites inférieures décrites par Dimauro et al., 2008 (87-222 UI/l). Certains résultats (surtout en période de lutte chez toutes les brebis et au deuxième prélèvement en zone semi-aride) restent supérieurs aux normes citées par Brugère-Picoux (2002) (35-99 UI/l)) et par Dubreuil et al. (2005) (72–101 UI/l).

Tableau 26 : Variations des concentrations sériques en ASAT (UI/l) (Moyenne ± SEM), en

fonction de la gestation, la taille de la portée en régions aride et semi-aride

ASAT Prd1 Prd2 Prd3 Prd4 Prd5 Semi – aride simple n = 8 115 ± 13,7 119 ± 10,8 80,6 ± 6,19 A* 81,9 ± 6,37 A* 78,1 ±5,54 double n = 7 99,7 ± 4,47 B* 104 ± 9,96 78,9 ± 6,8 61,3 ± 4,64 B*** 79,3±3,54 vides n = 5 102 ± 11,2 116 ± 8,85 C** 76,2 ± 7,4 94,6 ± 5,27 c* 92,4±7,41 Aride simple n = 14 112 ± 6,22 98,4 ± 6,0 102 ± 4,67 99 ± 4,65, a* 92,2±5,48 double n = 10 120 ± 6,24 97,6 ± 7,44, 101 ± 8,77 121 ± 9,07 92,7±8,96 vides n = 6 111 ± 7,72 77,3 ± 7,27 78,7 ± 5,18 96,8 ± 7,68 91,2±2,54

Prd1 : période avant la lutte, Prd2 : début de gestation, Prd3 : milieu de gestation, Prd4 : fin de gestation, Prd5 : début de lactation.

* p < 0,05 ; ** p < 0,01 ; *** p < 0,001.

a : Portée simple vs Double ; b : portée simple vs brebis vides ; c : portée double vs brebis vides A : P. simple semi-aride vs P. simple aride ; B : P. double semi-aride vs P. double aride ; C : Brebis vides semi-aride vs. Vides aride.

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Figure 18 : Evolution des concentrations sériques en ASAT chez les brebis OD en fonction du

stade physiologique et de la taille de portée en régions aride et semi-aride.

En région aride chez les portées doubles, on note une augmentation de l’activité enzymatique de l’ASAT du début jusqu’à la fin de gestation confirmant les résultats d’El Sherif et Assad (2001) et de Haffaf (2017). En effet, El Sherif et Assad (2001) ont remarqué cette augmentation à partir de la deuxième semaine de gestation. De sa part, Iriadam (2007) chez la chèvre kilis a rapporté une élévation significative (p < 0,01) avec l’avancement de la gestation et à 3 semaines post-partum. En général, l’augmentation significative des enzymes hépatiques ALAT et ASAT dans le sang, pourrait être attribuée aux dommages des hépatocytes qui augmentent leur perméabilité membranaire et conduisent à la libération des enzymes cellulaires dans la circulation (Kaneko et al., 1997). Ceci reflèterait la fonction de désintoxication intense du foie chez la brebis surtout en fin de gestation (Antunovic et al., 2004). Cependant cette évolution est en désaccord avec nos résultats au niveau de la même région concernant les portées simples où une légère augmentation est remarquée au milieu de la gestation, et également en zone semi-aride où il y une diminution de l’activité de l’ASAT en fin de gestation comparativement aux périodes avant la lutte, début et milieu de gestation.

Plusieurs études ont rapporté des concentrations sériques plus élevées en ASAT chez les brebis gestantes ayant une acétonémie subclinique ou clinique comparativement aux brebis gestantes des lots témoins (Balikci et al., 2009 ; Marutsova, 2015). Cette élévation de l’ASAT reflèterait une lipomobilisation associée à un apport alimentaire insuffisant, une lipidose hépatique (Anoushepour et al., 2014, Vasava et al., 2016), ou des atteintes du parenchyme hépatique (Balikci et al., 2009 ;Marutsova, 2015 ; Marutsova et Binev, 2018). Généralement, un déficit alimentaire à court terme en fin de gestation peut provoquer une dégénérescence micro vésiculaire réversible du foie, affectant parfois la totalité du parenchyme. Les lésions

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sévères du tissu hépatique sont associées à des concentrations élevées en ASAT chez les animaux atteints (Vasava et al., 2016).

Tabatabaei (2011) a signalé une diminution significative de l’ASAT avec l’avancement de la gestation chez la chèvre, ce qui concorde avec nos résultats au site semi-aride en période de gestation. Au contraire, El-Tarabany (2012) a indiqué que les concentrations en ASAT augmentent avec l’avancement de la gestation simultanément chez brebis portant un ou deux fœtus, avec des valeurs nettement plus élevées chez ces dernières. Une évolution pareille est observée en zone aride chez les brebis à portée double avec un effet significatif de la taille de portée en fin de gestation. L’effet non significatif du nombre de fœtus observé dans les autres périodes de l’étude dans les 2 zones a été également signalé par Boudebza (2015) et Haffaf (2017) malgré une évolution différente de cette enzyme hépatique. Pour Khan et al. (2002), aucune différence significative entre les brebis au pré et post-partum n’a été mise en évidence. Alors que dans d’autres études, on a observé une élévation de l’activité d’ASAT sous l’effet des glucocorticoïdes qui sont secrétés pendant la gestation (Bell et al., 1989). Par ailleurs, Antunovic et al., (2011), Deghnouche et al. (2013b), Boudebza (2015) et Djaalab (2017) ont constaté que l’activité enzymatique de l’ASAT est plus élevée chez les brebis allaitantes comparativement aux brebis gestantes et vides ce qui contredit nos résultats au niveau des deux sites pour les deux groupes de femelles. Ramos et al. (1994) ont expliqué l’augmentation de l’activité de l’ASAT chez les brebis en lactation comparée à la fin de gestation par l’augmentation de la taille du foie. Antunovic et al. (2004) ont suggéré que l’activité élevée de l’ASAT pourrait correspondre à un déficit protéique et à une supplémentation énergétique de la ration en relation avec une grande activité métabolique du foie, et un exercice physique important des brebis aux pâturages. Ainsi, les modifications de l'activité des enzymes hépatiques dans le sang liées au statut physiologique, en particulier en lactation, pourraient entraîner une altération du métabolisme hépatique, et seraient liées à consommation réduite de matière sèche autour de la parturition (Greenfield et al., 2000 ; Soliman, 2014 ). De leur part, Gurgoze et al., (2009) et Soliman (2014) n’ont observé aucune variation significative de l’ASAT en relation avec le stade physiologique de la femelle, ce qui confirme majoritairement nos résultats dans les 2 zones durant les différentes périodes à l’exception de la fin de gestation où on a décelé une différence significative (p<0, 05) entre les brebis à portée double et les femelles vides en région semi-aride.

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