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CHAPITRE II. FACTEURS INFLUENÇANT LA REPRODUCTION

II.2. Effet de la température

Les animaux subissent différents types de stress ; stress physique, nutritionnel, chimique, psychologique et thermique. Parmi ces facteurs, le stress thermique est le plus préoccupant actuellement avec le changement climatique en constante évolution (Al-Dawood, 2017). Il entraine une diminution des performances de production (croissance, lactation) et de la reproduction et augmentation de la mortalité(Sejian, 2013). C’est un facteur majeur de stress incriminé dans la réduction de la productivité des animaux dans les zones tropicales, subtropicales et arides (Silanikove et al., 1997 ;Ribeiro et al., 2018a), causant de grandes pertes économiques (Sejian, 2013 ;Al-Dawood, 2017). Soulignons toutefois que les ovins nourris à l’entretien seraient moins sensibles au stress thermique que les bovins (Silanikove, 2000). Ainsi, la demande croissante des produits animaux parallèlement au réchauffement climatique constituent une menace sérieuse pour le secteur agricole (Al-Dawood, 2017).

II.2.1. Effet sur les hormones stéroïdiennes (Progestérone- Œstradiol 17-β)

Des études font état de concentrations de progestérone plus élevées en été ou inférieures ou similaires à celles mesurées en hiver (Wolfenson et al., 1997). Ces variations des résultats de la progestéronémie peuvent être attribuées à plusieurs facteurs associés à un faible flux sanguin aux cellules lutéales, au métabolisme hépatique de P4, aux variations du volume sanguin, à la libération surrénalienne de progestérone, aux niveaux ou degrés d'hyperthermie, à l'étendue et à la durée de l'exposition à la chaleur, au niveau nutritionnel , au stade de lactation et d'autres facteurs qui affectent la progestérone plasmatique (Wolfenson et al., 2000; De Rensis et Scaramuzzi, 2003).

Emesih et al. (1995) ont signalé que les chèvres gravides exposées au stress thermique présentaient des concentrations plasmatiques en progestérone plus élevées que celles maintenues à une température ambiante modérée. Cependant, El‐Darawany et al. (2005) ont constaté que l'effet de la saison de l'année sur la progestérone plasmatique chez les chèvres gestantes n'était pas significatif. Par ailleurs, Marai (2004) a indiqué que le niveau de la progestérone dans l'urine chez les brebis 21 jours après accouplement était significativement plus élevé (P <0,05) en été qu'en hiver et en automne.

Comme la progestérone, les résultats sur l'effet du stress thermique sur l'œstradiolémie sont controverses : l'œstradiolémie n’est pas affectée (Roman-Ponce et al., 1981), augmente (Rosenberg et al., 1982) ou décline (Gwazdauskas et al., 1981). En effet, Wolfenson et al.

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(1997) ont signalé que les concentrations d'œstradiol dans le liquide folliculaire étaient basses en automne et en été mais élevées en hiver. En revanche, Badinga et al. (1994) ont rapporté des concentrations d'œstradiol plus élevées aux mois les plus chauds par rapport aux mois les plus froids. Chez les chèvres, le stress thermique réduit les concentrations plasmatiques d'estradiol et la concentration d'estradiol folliculaire, l'activité de l'aromatase et le niveau des récepteurs de la LH, retardant ainsi l’ovulation (Ozawa et al., 2005).

II.2.2. Effet sur certains paramètres biochimiques

La connaissance des variables sanguines biochimiques est nécessaire pour définir le profil biochimique, le métabolisme énergétique, la fonction hépatique, les troubles du métabolisme hépatique, les anomalies osseuses et de là comprendre le niveau d'adaptation des animaux au adversités du climat (Ribeiro et al., 2018a). Toutefois, l'étude du profil biochimique nécessite une interprétation correcte des variables sanguines.

II.2.2.1. Glycémie et cholestérolémie

Les concentrations sanguines en glucose et cholestérol total sont des mécanismes d'adaptation physiologiques pouvant être affectés par les températures ambiantes élevées. En effet, ces métabolites montrent des différences de concentrations plus importantes par temps chaud. Certains auteurs ont signalé que les conditions climatiques chaudes réduisaient la glycémie et la cholestérolémie (Marai et al., 1995, Ocak et al., 2009, Rathwa et al., 2017 ; Ribeiro et al., 2018b), alors que d’autres rapports les contredisent. Ainsi, Da Silva et al. (1992), Al-Haidary et al. (2012) et Banerjee et al. (2015) ont rapporté des glycémies significativement plus élevées en été qu'en hiver chez les brebis et les chèvres. Selon Banerjee et al. (2015), l'augmentation du glucose plasmatique par temps chaud pourrait être due à l’augmentation des glucocorticoïdes notamment le cortisol en réponse au stress relatif à la température élevée. En effet, une corrélation positive entre la cortisolémie et la glycémie a été observée en été (Banerjee et al., 2015). Toutefois, Yokus et al. (2006) et Hamzaoui et al. (2013) ont indiqué que la glycémie ne parait pas trop affectée par la saison, ou par la température élevée(Lassoued et al. 2017). Alors que Antunovic et al. (2002) ont rapporté des glycémies plus basses en été chez les brebis en fin de gestation. La baisse de glycémie faisant suite à l’exposition aux températures élevées serait due à la diminution des concentrations de l’insuline et de la thyroxine directement liée au métabolisme énergétique ou éventuellement à la dilution importante du sang (Sejian, 2013), ou encore à l'utilisation accrue du glucose plasmatique pour fournir l'énergie nécessaire

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à l’ activité musculaire accrue associée à l’augmentation du rythme respiratoire (Sejian et Srivastava, 2010).

D’autre part, la cholestérolémie décroit nettement avec l'augmentation de la température ambiante (Marai et al., 1995). Cette diminution marquée de la concentration en cholestérol peut être due à la dilution résultant de l'augmentation de l'eau corporelle totale ou de la diminution de la concentration en acétate, principal précurseur de la synthèse du cholestérol (Gupta et al., 2011). L'augmentation marquée du taux des glucocorticoïdes chez les animaux stressés par la chaleur peut être un autre facteur responsable de la baisse du taux de cholestérol sanguin (Marai et al., 2008). A l’inverse, Baumgartner et Pernthaner (1994) et Antunovic et al. (2002), ont enregistrés des cholestérolémies plus élevées (p<0,05) en été. Alors que Yokus et al. (2006) n’ont décrit aucune influence significative de la saison sur les taux sériques du cholestérol.

II.2.2.2. Protéines totales, albumine et globuline :

S’agissant des protéines sanguines, la majorité des études en rapporte une augmentation. Ainsi, Baumgartner et Parnthaner (1994), Antunovic et al. (2002), Deghnouche (2011), Ribeiro et al., (2018b) ont confirmé que la saison affecte significativement la protéinémie et les valeurs obtenues en saison sèche sont supérieures (p<0,01) à celles de la saison humide. Toutefois, Yokus et al. (2006) et Haffaf (2017) n’ont décelé aucun effet significatif de la saison sur les taux sériques en protéines totales.

La baisse significative des protéines sériques avec l'élévation de la température enregistrée par certains auteurs (Helal et al., 2010, Attia, 2016) semble être due à la dilution des protéines plasmatiques résultant de l'augmentation de la teneur en eau corporelle, à une diminution de la protéosynthèse par baisse de la sécrétion des hormones anaboliques et augmentation des hormones cataboliques telles que les glucocorticoïdes et les catécholamines (Marai et al., 2008). La diminution des protéines sériques peut également être due à la baisse de l'apport alimentaire en azote et en minéraux, qui survient dans des conditions de stress thermique (Sejian, 2013). Par ailleurs, Baumgartner et Parnthaner (1994) ont signalé que le taux sérique d'Albumine était significativement plus bas (p <0,05) en été qu'en hiver chez les ovins Karakul et Ossimi x Suffolk. La diminution de l'Albuminémie était estimée à environ 10% (Marai et al., 1996). Cependant, Salem et al. (1998) ont noté des taux sériques d'albumine plus élevés en été qu'en hiver en Egypte. Quant à la globuline, Al-Eissa et al. (2012) ont rapporté des taux plus élevés en saison humide résultant d’un faible ratio Albumine/globuline,

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contrairement à Ribeiro et al. (2018b) qui ont relevé des taux sériques significativement plus élevés (p<0,05) en saison sèche.

II.2.2.3. Urée et créatinine

Chez les ruminants, le taux de l'urée sanguine varie en fonction de la dégradation des protéines pour la néoglucogenèse, du catabolisme normal des acides aminés et de l'ammoniac dans le rumen. Dixon et al. (1999) ont rapporté que l’exposition à une température ambiante élevée réduirait le bilan azoté des ovins Merino x Border Leicester, probablement en relation avec la diminution de l'ingestion de matière sèche et l'augmentation de la respiration. De même, Yokus et al. (2006) ont décrit des valeurs très basses de ce paramètre pendant la saison chaude. Ainsi, la chute de l'urémie associée à l'exposition des animaux au stress thermique peut être due à une plus grande résorption de l'urée sanguine dans le rumen pour compenser le déficit en ammoniac résultant de la baisse des apports alimentaires et / ou l'augmentation de l'excrétion urinaire d'azote dans des conditions de stress thermique sévère, comme indiqué par un bilan azoté négatif (Marai et al., 2008). Cependant, Antunović et al. (2002) Rathwa et al., 2017 ont rapporté des concentrations sériques élevées en urée pendant la saison d’été comparé à l’hiver (P < 0,01 et p<0,05 respectivement). Alors que Hamzaoui et al. (2013) n’ont signalé aucun effet du stress thermique sur l’urémie.

Par ailleurs, Rathwa et al., (2017) ont rapporté des concentrations sériques de créatinine significativement plus élevées en été qu’en l’hiver. Ces auteurs ont associé l’élévation significative (p<0,05) des taux sanguins de l’urée, de l’acide urique et de la créatinine à la diminution du flux sanguin vers les reins durant la période de stress thermique. A l’opposé, Ribeiro et al. (2018b) ont noté une créatininémie significativement plus basse (p<0, 05) en saison sèche dans leur étude réalisée en région tropicale du Brésil (5ᵒ45'36" latitude et 35ᵒ59'52" longitude). En effet, la température élevée augmente la respiration et diminue la créatinine musculaire suite au ralentissement du catabolisme. La créatininémie était positivement corrélée au rythme respiratoire (0,38 ; p<0,05) et négativement à la température ambiante (0,36 ; p<0,05) (Ribeiro et al., 2018b).

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II.2.2.4. Activité de l’Alanine transaminase (ALAT) et l’Aspartate transaminase (ASAT) :

Les taux sanguins en enzymes reflètent l’activité métabolique en période de stress. Les activités des transaminases sériques sont utiles dans le diagnostic du bien-êtredes animaux (Al- Dawood, 2017). Nombreuses études montrent qu’elles varient avec la température ambiante. Certaines ont relevé des valeurs sériques moyennes de l'activité ASAT (Banerjee et al., 2015 ; Rathwa et al., 2017) et de l’activité ALAT (Salem et al., 1998) globalement plus élevées en été qu'en hiver. Toutefois, Baumgartner et Parnthaner, 1994 avancent que l’activité des ASAT diminue de manière significative en été chez les ovins Karakul. Alors que l'ALAT sérique semble peu influencée par la saison de l'année chez les brebis Barki et Rahmani (Okab et al., 1993), et chez les chèvres de diverses races (Banerjee et al., 2015). De leur part, Marai et al. (2004) ont constaté que les activités sériques d'ASAT et d'ALAT étaient peu influencées par la saison de l'année (été, automne et hiver) chez les ovins Ossimi x Suffolk, dans des conditions égyptiennes. L'augmentation des activités de l’ASAT et de l'ALAT sériques chez les animaux stressés par la chaleur peut être due à une stimulation accrue de la néoglucogenèse par les corticoïdes (Marai et al., 1995). Récemment, Ribeiro et al. (2018b) ont rapporté une baisse de l’activité ASAT chez les chèvres en saison sèche liée à la diminution de l’activité thyroïdienne, alors que l’ALAT augmentait significativement durant la même saison.

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CHAPITRE III. EFFET DU STATUT PHYSIOLOGIQUE SUR LES PARAMETRES