• Aucun résultat trouvé

L’œil du géographe

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 45-55)

A l’image du géographe qui, avant de parcourir son terrain, cherche à l’appréhender d’un point haut, à le saisir dans son ensemble, prenons du recul. Avant d’adopter la posture du marcheur, prenons celle du voyeur (De Certeau, 1990) et tâchons de dégager les grandes masses qui se détachent devant nous et les grandes lignes que nous pourrons suivre une fois nos archives ouvertes. Commençons donc par faire un panorama de la diversité des usages du regard par les géographes contemporains : si les géographes ont fait de la vue leur organe privilégié37, quels usages font-ils de leur « œil du géographe » et quel sens donnent-ils à cette formule ? Pour ce faire, mobilisons le corpus des entretiens et tâchons d’y déceler les grands traits d’utilisation du regard géographique ainsi que ses spécificités.

Regarder le monde est une première manière de le mettre en ordre, c’est-à-dire d’effectuer l’une des tâches principales de la science : catégoriser le monde. Confronté à un monde étranger, le regard est souvent le premier outil pour appréhender la diversité et la réduire à du connu. C’est un outil d’analyse à part entière. C’est l’usage qu’en fait par exemple Karine Emsellem qui a étudié les petites villes de Roumanie. L’approche visuelle est un préalable indispensable pour elle à l’étude statistique qu’elle a ménée :

« Pour moi, une ville doit avoir une certaine réalité urbaine, un fonctionnement urbain, en termes d’équipements, d’architectures, etc. Et l’une des premières fois où je me suis confrontée aux villes roumaines, il a bien fallu que je visualise que c’était

de mise à distance sont plus complexes et ce n’est pas tant les méthodes que les objets (la géographie classique faisant de la géographie régionale le parangon de toute étude géographique) qui en sont à l’origine (Arrault, 2005).

37 Lors de l’entretien qu’il m’a accordé, Alain Reynaud a rappelé une formule d’André Meynier selon laquelle « on peut imaginer un sociologue aveugle, mais pas un géographe aveugle ». Ni Alain Reynaud ni moi n’avons réussi à retrouver cette citation qui n’est donc pas attestée. Il n’empêche : même apocryphe, elle n’en révèle pas moins l’importance que revêt le regard dans les pratiques scientifiques.

de plus faibles densités, parfois des formes de paysage rural dans la ville, forcément la présence de sous-équipement non pas en termes de chiffre mais en termes de fonctionnement. Ce sont des choses que je n’aurais pas visualisées si je n’avais pas été sur le terrain. » (Karine Emsellem ; je souligne)

Le regard permet ici bien plus qu’une simple appropriation symbolique qui serait de l’ordre de la familiarisation : il permet surtout de comprendre les données à traiter et leur réalité. La démarche est la même pour Jean-François Troin qui distingue – dans l’apparent désordre – les éléments constitutifs des souks marocains :

« Et c’est par ce biais que j’ai découvert que les souks étaient extrêmement organisés contrairement à l’expression française ‘c’est le souk’. C’étaient des structures très structurées, très hiérarchisées, très bien conçues finalement. Mais l’arbre cachant la forêt, les gens n’y voyaient rien. L’Européen de base considérait ça comme le foutoir, si on peut dire. Donc, j’ai essayé de mettre de l’ordre en montrant que ce foutoir était en réalité organisé, structuré : les catégories commerciales, les regroupements, la façon dont ils s’installaient sur le marché, la façon dont ils desservaient l’espace dans la semaine, leurs rapports avec les grossistes... J’ai mis tout ça en place. » (Jean-François Troin)

Son travail s’apparente donc à une mise en ordre de ces souks : son regard classe, catégorise, hiérarchise. C’est une forme de mise en ordre du monde qui repose sur certaines facultés qu’ont développées les géographes et qui sont contenue dans la formule d’œil du géographe et dans les représentations qu’elle contient.

Il est difficile de proposer une archéologie convaincante de cette expression qui semble faire partie d’un héritage et d’un fonds disciplinaire commun largement diffusé au sein de la communauté.

Au mieux peut-on attester son ancienneté et ses usages. Une recherche38 dans les Annales de géographie permet d’attester un usage de l’expression (avec le sens qui nous intéresse ici) dès 1904, sous la plume de Bertrand Auerbach alors qu’il rend compte d’une publication sur l’Allemagne dans la bibliographie géographique internationale :

« Le coin méridional de la Lusace offre une articulation complexe, où se croisent les ridements montagneux et les dépressions ou zones d’architecture tabulaire ; le cours supérieur de la Neisse donne quelque unité à ce petit pays, dont l’importance comme lieu de transit a diminué (Bibl. de 1896, n° 277). Tous les éléments orométriques sont mesurés avec la précision et la méthode habituelle dans les essais de ce genre (IXe Bibl. 1899, n° 306), et illustrés par une série de profils. Mr Popio montre comment les vallées ont commandé la circulation ; il ne s’attarde pas à définir ou classer les cols (X8 Bibl. 1900, n° 297), mais il signale dans les vallées le rôle des paliers et terrasses (p. 218). Les résultats des calculs sont présentés dans des tableaux et résumés dans des conclusions où apparaît l’individualité des deux principaux piliers, le massif propre de Lusace et le Jeschkengebirge, appartenant au système sudétien. Le paysage issu de ces motifs tectoniques est décrit avec la sûreté d’œil du géographe. » (Auerbach, 1904 : 116 et 117 ; je souligne)

38 Cette recherche a été menée grâce au moteur de recherche du portail Persée (http://www.persee.fr) qui permet de faire des recherches en texte plein dans toute la collection des Annales de géographie de 1892 à 2006.

Ou sous celle d’Emmanuel de Martonne en 1921 dans une Note sur la géographie physique algérienne publiée dans les Annales dans laquelle il affirme – selon l’orthodoxie réaliste – que le réel se donne sans médiation à l’œil du géographe :

« Une excursion d’un jour suffit pour se convaincre que le Djebel Bechar est bien formé de strates inclinées vers l’Ouest, découpées en crêts parallèles se haussant jusqu’au sommet. Dans la nudité farouche du sol noir étincelant sous la lumière crue, la montagne apparaît à l’œil du géographe qui gravit les pentes rocailleuses comme un véritable schéma. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas lire au premier coup d’œil les traits de la topographie. Pas de doute que les festons décrits par la crête principale ne correspondent à des ondulations transversales Est-Ouest, que le cirque de Guelmouna et le col de Mouizib el Atchan ne correspondent à un anticlinal, le plateau de Tatekhsia avec l’éperon de Mizab à un synclinal, comme le note Gautier » (De Martonne, 1921 : 228 ; je souligne)

Cette expression – qui ancre la science dans l’horizon du travail artisanal et des « tours de main » qu’il réclame – ainsi employée renvoie à une conception positiviste de science selon laquelle la vue directe et l’observation jouent un rôle central dans les pratiques scientifiques : le chercheur est réduit à son rôle d’observateur de phénomènes qui existent indépendamment de lui (Corboz, 1990). Cette expression renvoie aussi à un découpage disciplinaire qui s’instaure à la fin du XIXe siècle à l’Université39 : ce n’est pas tant le regard que les géographes cherchent à imposer mais la spécificité de celui qu’ils portent sur le monde. C’est d’ailleurs une contradiction dans les termes : si l’on admet la spécificité des approches disciplinaires, c’est une manière de nier l’évidence des phénomènes et leur immédiateté. Il n’empêche : on admet que des scientifiques développent des aptitudes et des pratiques spécifiques, en fonction des objets étudiés et des méthodes adoptées. Cette idée fait long feu, si l’on en juge par l’intérêt pour les approches interdisciplinaires qui visent justement à croiser, sur des mêmes objets, des regards différents. Ainsi Pierre Gentelle affirme-t-il la spécificité du regard des géographes par rapport à celui des archéologues avec lesquels il a mené de nombreuses recherches au Moyen-Orient et en Asie centrale :

« Et c’est là qu’en 1974, j’ai rencontré un jour à Kaboul des archéologues qui (…) m’ont raconté leur problème : ‘Écoute, tu ne voudrais pas venir voir ? On fouille une ville, tout à fait au nord de l’Afghanistan, une des fondations héritées de l’expédition d’Alexandre (…). Elle est dans une zone désertique. Et c’est une grande ville quand même où il y avait un théâtre avec plusieurs centaines de places, si ce n’est pas un millier’. Ils n’avaient pas fini de fouiller. (…) Je suis parti avec eux. Au débouché de la montagne, sur un beau cône d’alluvions, bien lisse, bien sec, sans végétation, il y avait des sortes de levées de terre. L’œil du géographe (…) a dit : ‘Mais tout ça, c’est pas naturel’. » (Pierre Gentelle ; je souligne)

La vue, dans cet exemple, suscite l’étonnement et renvoie donc à l’importance du regard dans le dispositif heuristique : c’est de l’observation que doit en effet surgir l’hypothèse. Ici, l’étonnement

provient de formes dans lesquelles le géographe voit la main de l’homme là où un autre scientifique voit uniquement une montagne. Cette expression d’œil du géographe, même si elle semble désuète dans la mesure où elle renvoie à l’héritage classique de la discipline, n’en continue pas moins d’avoir du sens pour les géographes interrogés. Tous la connaissent et ont réagi à sa signification, qu’il s’agisse de la revendiquer comme Sylvie Brunel :

« J’adore cette formule parce que je trouve qu’elle est profondément juste. J’ai déjà noté à plusieurs reprises dans tous les milieux que j’ai pratiqués (humanitaire, tourisme, voyages…) la grande différence entre les géographes et les autres : le géographe ne voit pas, il regarde et quand il regarde, il analyse. Et en analysant il décrypte. Gilles Sautter disait que les géographes mettent en accusation les paysages. Une chose m’a souvent marquée : je voyage avec des gens (je ne parle pas de ma famille : mes enfants je les ai formés à cela) qui traversent des villes, des paysages sans s’interroger sur la signification de ce qu’ils voient, qu’ils prennent pour acquis, comme une vérité révélée. Et le géographe essaie de comprendre l’architecture des paysages, l’organisation des champs, la distribution des activités dans l’espace, le mode d’activité des sociétés, ce qui nourrit les hommes. » (Sylvie Brunel)

Ou de s’en démarquer, comme Thérèse Saint-Julien :

« Je ne croyais pas que j’allais encore devoir m’exprimer là-dessus. On m’a aussi beaucoup parlé de l’esprit voire, de l’âme du géographe ! » (Thérèse Saint-Julien) ou Marc Dumont :

« [L’expression] m’inspire deux choses, en fait. D’abord, un sourire. Et par ailleurs, quand même, un regard sérieux. Premier aspect : le sourire. C’est bien sûr parce que tout ce qui se donne comme d’autorité, a priori, moi, me fait sourire et même grincer. C’est à dire avoir un rire grinçant. Je suis tout à fait la question de Michel Foucault, tout ce qui se donne à voir comme autorité a priori est quelque chose qui appelle le regard caustique, donc qui appelle à être déconstruit et être sapé dans ses fondements d’autorité, dans ses effets de pouvoir en particulier. » (Marc Dumont)

Ces trois témoignages sont complémentaires dans la mesure où ils renvoient tous à des époques différentes de la discipline. Sylvie Brunel revendique ici l’héritage de Gilles Sautter – et plus largement de l’école française de géographie tropicale (Chaléard et al., 2010) – qui a accordé une place importante au paysage, l’outil privilégié pour appréhender des sociétés rurales encore largement traditionnelles. Rien de tel pour Thérèse Saint-Julien qui commence sa carrière dans les années 1960 au moment où les méthodes sont en plein renouvellement ou pour Marc Dumont qui est un héritier du

« tournant géographique » (Lévy, 1999) – et plus largement du spatial turn – des années 2000 (Chivallon et al., 1999). Le rapport à l’œil du géographe n’est donc pas une question de génération,

39 Cette question sera approfondie au moment de l’étude de la controverse qui a opposé les sociologues, les géographes et les historiens de 1902 à 1922.

mais plutôt de formation et de méthode : les différentes branches de la discipline ont ainsi diversement instrumenté le regard.

Il faut donc questionner l’héritage de la géographie classique et élucider le rôle qu’elle a dévolu à cette pratique. Comme beaucoup de ces acteurs sont morts, c’est par le biais du témoignage que l’on peut saisir les usages du regard des prédécesseurs de la discipline, comme Georges Chabot :

« C’était un rêve ! On faisait de la géographie du matin au soir. (…) [Georges Chabot] nous montrait, on regardait, on posait des questions, on discutait toute la journée. » (Jacqueline Bonnamour ; je souligne)

Ou encore André Cholley qui accompagne sur leur terrain les étudiants dont il encadre les Diplômes d’Etudes Supérieures :

« C’était déjà assez exceptionnel d’avoir son patron avec vous pendant une ou deux journées. Je l’ai emmené sur mon terrain de mémoire qui était déjà la Picardie. Est-ce qu’il apportait une méthode ? Il posait des questions, on voyait des formes de relief, des carrières, des dépôts. » (Philippe Pinchemel ; je souligne)

Ou Paul Pélissier qui revient sur ses propres méthodes qu’il a mises en œuvre dans ses travaux sur le Sénégal :

« On n’a pas les mêmes méthodes et la même approche quand on est au stade de la découverte ou quand on est au stade de l’explications finale. Je ne peux pas dire que j’ai une méthode unifiée. Mais pour moi, l’essentiel, ça a très vite été l’importance du paysage. (…) Ce n’est pas l’œil qui explique. ‘L’œil du géographe’, c’est effectivement son sens de l’observation, ses méthodes d’observation, la rigueur de ses observations mais à partir de là, il est tout à fait clair que les explications, elles, viennent d’ailleurs ». (Paul Pélissier)

Ce regard, qui est mis en œuvre et qui constitue, comme le révèlent ces témoignages, l’essentiel du travail des géographes, est lié à l’importance des formes, à toutes les échelles, pour les géographes : la morphologie constitue toujours une méthode privilégiée de la discipline. Philippe Pinchemel en a fait le cœur du paradigme qu’il a formulé (Pinchemel et Pinchemel, 2005) :

« Ce qui a exaspéré les gens dans La face de la terre, c’est qu’il n’y a pas de géographie urbaine ou de géographie rurale : les urbanistes l’ont mal pris. Pour moi, le parcellaire est partout. (…) La face de la terre devrait donner aux gens l’unité de l’interface terrestre. Je chemine : je passe de l’urbain au péricentral puis au périurbain, au rural. Il y a des fronts d’urbanisation. » (Philippe Pinchemel)

A une autre échelle – celle d’un archipel – l’élucidation des formes occupe toujours un géographe comme Hervé Régnauld alors qu’il est en mission aux Malouines :

« C’est les îles Malouines (c’est au large de l’Argentine). (…) J’avais la disponibilité d’un avion. J’ai demandé au pilote de voler à des tas d’endroit. Et j’ai regardé avec des vues aériennes qui donnent une information qui n’est pas exactement la même que celle des photos aériennes. (…) Et après, pour comprendre

ce que je voyais, j’ai tout de suite fait des coupes géologiques à l’échelle de l’archipel, de la morphostructure. Et ça, c’est un bloc diagramme que j’ai fait sur le terrain. (…) Je bossais sur les tsunamis. (…) Je regardais les formes du littoral qui étaient originales, qui étaient susceptibles de m’amener des informations. » (Hervé Régnauld).

A une échelle plus fine, les formes occupent toujours les géomorphologues comme Raphaël Paris :

« En géomorphologie, il se peut qu’on travaille aussi sur le couvert végétal mais un petit moins quand même. On travaille surtout sur les formes de relief, sur le contexte géologique. Donc, on va avoir beaucoup de travail de topographie parce que maintenant on a quand même des appareils qui nous permettent de restituer le relief de façon relativement précise. Toutes ces méthodes laser, GPS, etc... Donc ça, ça va être une grosse partie du terrain. » (Raphaël Paris)

Quels que soient les objets, les méthodes ou les échelles retenus, l’étude des formes constitue toujours l’essentiel du travail du chercheur (Orain, 2004). Cet intérêt pour les formes renvoie plus largement à un concept largement débattu au sein de la discipline de la discipline, le paysage, qui peut être mobilisé à la fois comme une méthodologie, à la manière de Myriam Houssay-Holzschuch qui mobilise cette entrée pour étudier les évolutions rapides des villes sud-africaines :

« Je travaille sur des villes qui évoluent extrêmement vite, donc l’entrée paysagère est une très bonne entrée pour identifier le changement. Quand on a des milliers de logements sociaux qui se sont bâtis d’une année sur l’autre, c’est un changement qui se voit. Quand ce premier quartier à Khayelitsha, Harare, où j’ai fait mon premier terrain et où à l’époque l’ensemble de l’habitat était en matériaux de récupération, qu’on y va, et que les 2/3 des maisons sont durcifiées, c’est un changement visible, de même qu’il y a deux fois plus de voitures dans les rues du townships, c’est aussi un changement visible. » (Myriam Houssay-Holzschuch)

Myriam Houssay-Holzschuch pointe ici l’un des questionnements liés à l’importance du regard : la géographie doit-elle se limiter uniquement à la dimension visible des territoires ou bien doit-elle aussi s’intéresser aux dimensions immatérielles qui façonnent les paysages ? Cet aspect est au cœur de la réflexion théorique et des renouvellements de la géographie : ainsi le paysage est-il aussi un objet bien identifié au sein de la discipline, travaillé par de nombreux courants dont trois sont représentés dans le corpus. A la Sorbonne, Jean-Robert Pitte fait ainsi fructifier l’héritage de la géographie culturelle de Xavier de Planhol :

« Vraiment quand j’étais plus jeune, j’avais absolument besoin des trois dimensions, du matériel, du concret, du toucher... D’ailleurs, dans ma thèse sur le châtaignier ou dans ce que j’ai pu écrire sur le paysage, c’était bien clair que c’est ça qui m’intéressait. Il y a plein de gens qui me font encore des compliments sur ce bouquin que j’ai écrit il y a plus de 25 ans sur le paysage. L’histoire du paysage. Je me dis et je leur dis d’ailleurs que si j’avais à le réécrire, je le réécrirais pas comme ça parce qu’il y a pratiquement rien ou très peu de chose dedans sur les représentations du paysage. Or, c’est vraiment intéressant maintenant, surtout après un certain nombre de travaux de collègues comme Berque et d’autres, de voir que les représentations qu’on se fait du paysage, influent sur la manière dont on aménage les paysages. On aménage parce qu’on voudrait créer un paysage idéal, qu’il soit

rural ou urbain. Donc ça ne m’intéressait pas beaucoup. Du moins, ça me paraissait trop compliqué. Il y a des passages si je me relisais, où on voit bien que je laisse en plan ou des points de suspension. Mais, on ne peut plus faire aujourd’hui de l’histoire du paysage sans cet aspect-là. Donc, c’est vrai que pendant très longtemps, je me suis intéressé beaucoup au terrain, au sens le plus banal du terme. C’est-à-dire au terrain en 3 dimensions, au sens paysage matériel et acteurs de ce paysage sur leur terrain. Avec toujours de l’intérêt pour les acteurs quand même. Le paysage, ce n’est pas seulement de la matière, des montagnes, du bocage et des maisons. C’est aussi des gens qui les utilisent, transforment, construisent, aménagent en fonction d’objectifs variables. » (Jean-Robert Pitte)

Alors qu’à Besançon Jean-Claude Wieber et ses élèves décomposent le paysage en sous-systèmes producteurs et utilisateurs, ce qui permet de lui appliquer la matrice structuraliste et d’envisager le rôle des structures dans la formation des paysages :

« Du coup, notre regard et le schéma qu’on a proposé d’analyse du paysage (qui n’est pas complètement exact), il s’est fait un peu par le terrain, bien sûr. Parce qu’ il

« Du coup, notre regard et le schéma qu’on a proposé d’analyse du paysage (qui n’est pas complètement exact), il s’est fait un peu par le terrain, bien sûr. Parce qu’ il

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 45-55)