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Sur la mortalité :

Les estimations de CAP pour de petits changements dans le risque de décès sont passés en revue pour la qualité d’application en politique environnementale. La plupart des études empiriques portant sur de tels arbitrages ont examiné les suppléments de salaire associés à différents niveaux de risque de mortalité au travail. Les estimations qui ont découlé des études de préférences révélées aboutissent aux résultats suivants : pour une réduction du risque de mortalité de 10-4 par personne, le CAP varie entre 250$ et 900$ par an. A partir des études de préférences déclarées, la fourchette est de 200$ à 500$ pour une réduction du risque annuel de 10-4 par personne. Bien que ces estimations soient basées sur le CAP pour réduire un risque d’accidents au travail ou en voiture, Fisher et al. concluent qu’ils sont appropriés pour évaluer les risques de mortalité dus à la pollution de l’air. Une forte incertitude apparaît alors sur la pertinence d’utiliser ces estimations du fait que les populations concernées diffèrent, étant notamment plus âgée dans le second cas, avec une santé plus fragile alors que de l’autre côté se sont des personnes en âge de travailler. Les personnes âgées pourraient avoir un CAP plus faible de 25% par rapport à une personne en âge de travailler (Jones-Lee et al.).

Le CAP pour le risque de mortalité a été calculé en deux temps. D’abord des estimations basse (260$/an), centrale (460$/an) et haute (930$/an) ont été sélectionnées dans la littérature pour la population en âge de travailler et un changement de 10-4 dans le risque annuel. Ces estimations ont été ajustées en supposant que 85% de la mortalité liée à la pollution concerne la classe d’âge des 65 ans et plus et que le CAP des personnes âgées pour réduire leur risque de mortalité est 25% plus faible que celui des personnes en âge de travailler : les résultats sont, alors respectivement de 210$, 360$ et 730$/an. Les poids de probabilité (reflétant l’incertitude des estimations en CAP pour de petits changements dans le risque de décès accidentel) sont : 50% pour la valeur centrale, 33% pour la valeur basse et 17% pour la valeur haute.

Sur la morbidité :

Le risque porte sur le développement d’une bronchite chronique. Les résultats proviennent d’une sélection d’études sur le CAP pour de nouveaux cas de bronchite attribués aux PM10 (Viscusi et al., Krupnick et al.). Plusieurs études de préférences déclarées incluent aussi d’autres effets comme les symptômes respiratoires aigus. Pour les effets pour lesquels un CAP n’était pas disponible, comme les admissions à l’hôpital et les visites aux urgences, les valeurs du coût de la maladie ont été utilisées et ajustées à la hausse, toujours en raison du fait que le coût de la maladie est supposé ne pas refléter normalement la valeur globale de l’évitement d’un effet sur la santé. Le ratio CDM sur CAP est particulier à chaque effet, un ajustement basé sur des études existantes ne peut donc être qu’une approximation considérée comme améliorant l’évaluation. Rowe et al ont passé en revue trois études qui estimaient à la fois le CAP et le CDM pour les mêmes effets sur la santé. Ils ont rapporté que les ratios totaux sociaux de CAP/CDM variaient entre 1,3 et 2,4. Un ratio de 2 a été retenu sur la base de ces résultats. Ainsi quand le CAP n’est pas disponible, les auteurs ont recours au coût de la maladie ajusté.

56 Assessing the health benefits of reducing particulate matter air pollution in the USA

Estimation monétaire selon les effets sur la santé

effets Estimation par occurrence (en dollars 1995)

Basse centrale haute Méthode

Mortalité prématuré 2 100 000 3 600 000 7 300 000 CAP

Bronchite chronique chez

des adultes 150 000 220 000 390 000 CAP

Hospitalisation pour

problèmes respiratoires 7 000 14 000 21 000 CDM ajusté

Hosp. pour problèmes

cardiaques 7 500 15 000 22 500 CDM ajusté

Visite aux urgences 260 520 780 CDM ajusté

Bronchite aiguës chez les

enfants 165 330 495 CDM ajusté

Jour avec restriction

d’activité 31 62 93 CAP et CDMajusté

Jour avec symptômes

asthmatiques 13 37 60 CAP

Jour avec symptômes

respiratoires aigus 6 12 17 CAP

Pondération de probabilité

pour les effets de morbidité 33,3% 33,4% 33,3%

CDM ajusté = CDM*2 pour être proche du CAP Sources diverses

Des jours peuvent être inclus dans différents effets sur la santé. Pour éviter les doubles-comptes, il est nécessaire de soustraire certaines des catégories qui se recoupent potentiellement. Les coûts fournis ci- après sont nets des soustractions effectuées.

4. Résultats

Les tableaux suivants donnent les bénéfices annuels sur la santé estimés si les concentrations de PM10 (ou équivalent PM2,5) étaient réduites sur la période 1994-1996 de 12, 15, ou 20 µg/m3.

Le nombre de cas évités et les valeurs monétaires associées sont nets après soustraction :

- Les visites aux urgences nettes sont le total des visites moins le total des admissions à l’hôpital. - les jours d’activité réduite (nets) sont le total de ces jours moins les jours passés à l’hôpital, les visites aux urgences nettes et les jours avec des symptômes asthmatiques chez les adultes.

- les jours avec symptômes respiratoires aigus (nets) sont le total de ces jours moins le total des jours avec activité réduite.

Bénéfices annuels sur la santé estimés pour une réduction des concentrations de PM10 à 15 µµµµg/m3 (équivalent PM2,5)

Cas annuels évités (milliers) Valeur annuelle (mio. dollars 95) Effets sur la santé

bas central haut 10ème centile moyenne 90ème centile

Décès prématuré 3,2 7,2 11,2 11 477,9 26 365,3 52 367,9

Bronchite chronique chez adultes 7,7 15,6 23,8 1 690,0 3 978,8 6 091,7

Hosp. pour problèmes

respiratoires 1,9 3,3 4,8 13,1 46,8 100,4

Hosp. pour problèmes cardiaques 1,0 1,2 1,4 7,2 17,8 31,3

Visite aux urgences 43,1 91,1 135,2 21,9 46,8 72,2

Jour avec symptômes

asthmatiques 618,1 1 086,4 3 690,1 8,0 51,6 136,5

Jour avec restriction d’activité

(nets) 7 585,1 16 089,3 26 060,5 238,4 975,0 2 142,3

Jour avec symptômes

respiratoires aigus 14 901,5 49 972,9 85 044,3 89,4 575,0 1 122,4

Bronchite aiguës chez les enfants 84,7 169,3 254,0 27,1 54,0 81,3

Total bénéfices annuels 14 395,5 32 111,1 55 468,7

Bénéfices annuels sur la santé estimés pour une réduction des concentrations de PM10 à 20 µµµµg/m3

(équivalent PM2,5)

Cas annuels évités (milliers) Valeur annuelle (mio. dollars 95) Effets sur la santé

bas central haut 10ème centile moyenne 90ème centile

Décès prématuré 0,5 1,1 1,7 991,7 3 974,7 7 756,1

Bronchite chronique chez adultes 1,2 2,4 3,6 256,8 605,8 925,8

Hosp. pour problèmes

respiratoires 0,3 0,5 0,7 1,9 6,9 14,9

Hosp. pour problèmes cardiaques 0,1 0,2 0,2 1,0 2,6 4,6

Visite aux urgences 6,4 13,5 20,0 3,2 6,9 10,7

Jour avec symptômes

asthmatiques 91,6 160,9 546,5 1,2 7,6 20,2

Jour avec restriction d’activité

(nets) 1 137,8 2 413,2 3 910,2 35,7 147,7 321,5

Jour avec symptômes

respiratoires aigus 2 173,9 7 368,3 12 562,7 13,0 86,1 166,0

Bronchite aiguës enfants 12,1 24,1 36,2 3,9 7,7 11,6

Total bénéfices annuels 2 125,9 4 846,2 8 312,6

Les estimations indiquent qu’en 1994-1996, 34% des comtés pour lesquels les données étaient disponibles avaient des concentrations de PM10 au-dessus de 15 µg/m3 (30 µg/m3 en Californie et 25 µg/m3 ailleurs). 5% avaient des concentrations de PM2,5 de l’ordre de 20 µg/m3 et environ 70% au- dessus de 12 µg/m3. Le plus grand nombre de cas réduits concerne les jours avec des symptômes respiratoires aigus, puis les jours avec activité réduite. En valeur monétaire, les bénéfices relèvent principalement des gains sur les décès prématurés et en second lieu des bronchites aiguës en raison d’un valeur par cas élevée. La mortalité prématurée compte ainsi pour 82% du total de la valeur monétaire totale des bénéfices réalisés et les bronchites chroniques pour 12%.

En termes de distribution, le 10ème centile représente la moitié de l’estimation centrale et le 90ème centile deux fois la valeur centrale.

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5. Conclusion

Les résultats obtenus à partir d’une synthèse des études épidémiologiques et économiques considérées comme les meilleures suggèrent des bénéfices substantiels d’une baisse des concentrations de PM2,5. Cela constitue une information non négligeable pour les politiques publiques chargées du contrôle de la pollution de l’air. De plus, ces estimations ne reposent que sur 57% de la population et ne font pas de projections pour les années futures, et donc sur une croissance de la population estimée à 7% entre 1995 et 2010 aux Etats-Unis.

6. Commentaires

Eléments positifs :

+ La revue de littérature est importante, renforçant la qualité du travail. + la discussion porte surtout sur le choix des fonctions dose-réponse.

Eléments négatifs :

- Les raisons scientifiques et méthodologiques de la préférence donnée à la méthode du consentement à payer sur celle du coût de la maladie ne sont pas très approfondies ni convaincantes. Il en est de même de l’estimation du coefficient d’ajustement de la méthode du CDM par rapport au CAP (coefficient de 2).

7. Références

Viscusi et al. (1991), Journal of Environmental Economic Management, 21, 32. Krupnick A.J. et Cropper M.L. (1992), Journal Risk Incertainty, 5, 29.

Jones-Lee et al. (1985), Econ. J., 95, 49.

Fisher et al (1989), J. Policy Anal. Manage., 8, 88.

Rowe et al (1995), « The New York State Environmental Externalities Cost Study », Oceana Pub., Dobbs Derry, NY.

EVALUATION MONETAIRE DES EFFETS A COURT TERME DE LA