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Il s’agit d’estimer les effets de long terme soit sur la mortalité soit sur la morbidité. Les études épidémiologiques sur les effets de long terme considérées ont été menées aux USA et en Europe (NRDC, 1996 ; Dockery et al. 1993 ; Chesnut 1995 ; Markandya 1996). Ces études portent surtout sur les effets associés aux particules en suspension, sur l’ozone ou encore sur le SO2 et le NO2. Les résultats sont extrapolés à l’Ile de France à partir de l’indicateur fumées noires. Le coût total estimé est de l’ordre de 21,7 milliards de francs.

En raison de différences méthodologiques, la comparaison des études est complexe et le transfert à la région Ile-de-France peu pertinent. Sur la base de cette comparaison d’études sur la mortalité chronique, le nombre de décès attribuables à la pollution a été fixé à 49 pour 100 000 habitants (risque relatif de 1,065). La mortalité chronique associée est alors de 3000 décès.

Concernant la morbidité chronique, deux études se sont intéressées aux bronchites chroniques attribuables à la pollution atmosphérique (Abbey et al, 1995 aux USA; Markandya, 1996 au Royaume- Uni). La calcul s’applique à la population de plus de 25 ans comme dans le cas de l’étude de Markandya. Le nombre de cas attribuables est la moyenne des résultats des deux études, extrapolée à l’Ile de France, soit 4230 cas.

Pour les arrêts de travail, l’évaluation repose sur quatre études, synthétisées par Markandya (1996), qui attribuent entre 1048 et 2199 jours / 1000 adultes / an. La moyenne arithmétique des quatre études a été retenue comme valeur centrale (soit 1480 jours/1000 adultes/an). Le nombre total d’arrêts de maladie sur l’Ile de France s’élève alors à 5 226 400.

Coûts des effets chroniques et aigus associés aux fumées noires

Cas attribuables à

FN Coûts / effets aigus(106 FF) Coût total(106 FF)

mortalité aiguë non accidentelle 1124 6182 ---

mortalité chronique non accidentelle 3000 -- 16500

Hosp. pour cause respiratoire 228,3 228,3

Hosp. pour cause cardio-vasculaire 63,4 63,4

Coût des BPCO 4230 --- 2115

Coût total morbidité 291,7 2506,7

Coût des arrêts de travail aigus 223311 89,3 ---

Coût des arrêts de travail chroniques 6954825 --- 2782

Coût total 6563,6 21688,7

BPCO : Broncho-Pneumopathies Chroniques Obstructives

4. Conclusion

Les calculs ont fait apparaître que la majeure partie du coût est liée à des expositions à des niveaux moyens de pollution et non aux pics de pollution.

Les effets de mortalité et de morbidité chronique sont rarement pris en compte dans les études épidémiologiques, or ils représenteraient les deux tiers du coût total, d’après cette étude.

5. Résumé (des auteurs)

Ce rapport s’intéresse au coût économique de la pollution atmosphérique sur la santé en Ile de France. Il s’appuie sur une étude épidémiologique antérieure (ERPURS) qui estime des relations dose-réponse à court terme entre le niveau de cinq indicateurs de pollution et de plusieurs indicateurs sanitaires. Le nombre d’occurrences attribuables et son intervalle de confiance sont calculés pour chaque indicateur de pollution, à partir des fonctions dose-réponse significatives. Après avoir choisi une valeur économique moyenne pour chaque occurrence (décès, hospitalisation, consultation, …), un coût économique annuel associé aux effets aigus est calculé par indicateur de pollution. Il représente les bénéfices attendus pour la région Ile de France, si le niveau de pollution annuel de chacun de ces indicateurs était ramené à un niveau considéré comme nul. Le bénéfice total varie entre 2,84 et 8,6 milliards de francs selon les indicateurs.

Cette estimation donne un ordre de grandeur sur la réalité économique de l’impact de la pollution sur la santé, mais n’est pas suffisamment riche pour guider des décisions devant arbitrer entre les bénéfices retirés et les coûts engendrés par des mesures de réduction de la pollution. Dans cette perspective, deux scénarios d’action sont proposés.

Le premier, plutôt de moyen terme, évalue les bénéfices attendus d’une diminution par pas de 5% du niveau moyen annuel de chaque indicateur de pollution, consécutivement à des mesures visant à réduire durablement les émissions polluantes. Le deuxième se fonde sur la récente loi sur l’air et évalue les bénéfices espérés d’une mesure ponctuelle de limitation des émissions qui permettrait de réduire les périodes de pollution extrême.

Pour compléter l’analyse, le coût économique associé aux effets chroniques de la pollution sur la santé est incorporé, utilisant les résultats de différentes études internationales. Le coût global de la pollution en Ile de France, effet aigus et chroniques compris, s’élève alors à 21, 688 milliards de francs pour l’indicateur des fumées noires. Ce travail montre l’importance à accorder dans un avenir proche à des études épidémiologiques (transversales et de cohorte) qui permettraient de quantifier les effets de la pollution atmosphérique sur la santé à plus long terme. Il serait par ailleurs intéressant de disposer d’une évaluation plus générale des coûts économiques indirects incluant la qualité de vie.

6. Commentaires

Eléments intéressants :

+ Estimation différenciée des coûts liés à des effets aigus et à des effets chroniques (distinction court terme/long terme).

+ Les grandes différences de niveau dans les résultats d’évaluation de la mortalité de court terme, selon que l’on considère une valeur moyenne de la vie statistique ou bien une valorisation annuelle tenant compte de la réduction de l’espérance de vie associée au motif du décès, montre combien cette question est déterminante et doit être approfondie.

Problèmes rencontrés :

- Interrogation sur la pertinence d’appliquer des résultats internationaux à une région dans laquelle aucune étude sur les effets chroniques relatifs à la mortalité ou à la morbidité n’a été réalisée. Toutefois, les épidémiologues pensent a priori que, à l’instar des effets de court terme, il n’y aurait pas de grande différence en termes de nombre d’occurrences pour un même indicateur de polluant selon les espaces géographiques.

68 Evaluation monétaire des effets à court terme de la pollution atmosphérique sur la santé - Les effets indirects sur la santé ne sont pas considérés, alors qu’il est possible de fournir une estimation à partir d’évaluation contingente. Une évaluation même approximative ne devrait-elle pas être effectuée afin de ne pas trop sous-estimer les effets de morbidité en comparaison de ceux relatifs à la mortalité ?

7. références

Abbey D.E., Lebowitz M.D., Mills P.K., Peterson F.F., Beeson W.L., Burchette R.J. (1995), « Long term ambient concentrations of particulates and oxidants and development of chronic disease in a cohort of nonsmoking california residents », Inhalation Toxicology 7, 19-34.

CITEPA (1996), Centre Interprofessionnel Technique d’Etudes de la Pollution Atmosphérique, Estimation des émissions de polluants dans l’atmosphère en France, Paris, mars.

Chesnut L.G. (1995), « Human health benefits from sulfate reductions under Title IV of the 1990 clean air act amendments », Final report, EPA Contract, Work Assignment N°.2F-03 and 3F-12. CREDES (1994), « Approche médico-économique de l’asthme », n° 1031, septembre.

Desaigues B. et Rabl A. (1995), « Reference values for human life » in Schwab et Soguel (Eds), Contingent valuation, transport safety and value of life, Kluwer.

Dockery D., Pope III C.A., Xu X. (1993), « An association between air pollution and mortality in six US cities », New England Journal of Medicine, vol. 329, 1753-9.

Geniaux et Rabl (1998), « Les méthodes de quantification économique des coûts sanitaires de la pollution atmosphérique », Etudes et Recherches en Economie publique de l’IDEP.

Jougla et al. (1984), « Morbidité ayant entraîné un recours aux soins – France 1980-81 », Solidarité- Santé-Etudes statistiques, n°1-2.

Lecomte (1989), « Dépenses de soins et morbidité », CREDES, biblio n°804.

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Markandya A. et al. (1996), Green accounting in Europe : The role of damage estimation : Four case studies, European Commission, DGXII, Brussels.

Medina S., Le Tertre A., Quénel P., Le Moullec Y., Momas I., Pirard P., Ferry R., Festy B., Dab W. (1994), ERPURS : Impact de la pollution atmosphérique urbaine en Ile de France 1987-1992, Rapport d’étude de l’Observatoire Régional de la Santé, Ile de France, 104 p..

NRDC ( 1996), Natural Resources Defense Council, « Premature mortality due to particulate air pollution in 239 american cities », breath-taking, may.

Rabl et al. (1995), Environnemental impacts and their costs : the nuclear and the fossil fuel cycles, rapport final pour le programme Joule de la Commission Européenne, JOU2-CT92-0236.

EVALUATION CONTINGENTE DES BENEFICES DE SANTE D’UNE