• Aucun résultat trouvé

Dans cette approche ne sont considérés que les coûts matériels. La Suisse fait exception toutefois en intégrant des coûts immatériels comme la peine ou la souffrance mais à un niveau beaucoup plus faible que celui de l’approche par les consentements à payer. Comme seuls les pertes de ressources économiques sont monétarisées, les valeurs obtenues sont nettement inférieures de celles issues des consentements à payer, d’un facteur 3,9 pour la Suisse, 9,2 pour la France et 6,6 pour l’Autriche.

Tableau 3. Evaluation par l’approche des pertes de ressources économiques (millions d’euros) Evaluation pour l’ensemble des

PM10 Evaluation pour la part due auxtransports Autriche France Suisse Autriche France Suisse

Mortalité de long terme 987 3916 1 095 427 2 216 582

Hospitalisation pour causes

respiratoires et cardio-vasculaires 83,1 157,6 39,3 36 88 20,8

Bronchites chroniques 20,3 121,2 14 8,8 67,4 7,4

Bronchites aiguës 1,2 17,6 1,5 0,5 9,8 0,8

Attaques d’asthme 0 0,45 0 0 0,25 0

Jours d’activité restreinte - - - -

Total morbidité 104,6 296,8 54,8 45,3 165,1 29

TOTAL (MEuros) 1 091,6 4 213 1 149,8 472,3 2 381 611

Les écarts entre les évaluations par les CAP et celles par les pertes de ressources économiques s’expliquent pour une bonne partie par les différentes évaluations d’une année de vie perdue selon les pays dans le cas de l’approche par des pertes de ressources économiques. Les différentes estimations sont : 18 230 euros par année de vie perdue en Autriche, 12 600 euros en France et 34 800 euros en Suisse. Des différences dans les coûts des traitement médicaux entre les pays expliquent également en partie les écarts dans les coûts totaux.

En francs français, les coûts de la pollution de l’air pour la mortalité à long terme atteignent 190,2 milliards de francs dont 105,8 attribuables au trafic routier, selon l’approche des pertes de bien-être (valeur d’évitement d’un décès égale à 6 millions de francs, estimation basse dans la fourchette des

études européennes). Avec l’approche par les pertes matérielles, le coût global s’établit à 26 milliards de francs dont 14,5 attribuables aux transports (valeur d’une année de vie perdue égale à 825 000 F, estimation basse à nouveau).

Pour la morbidité, les coûts s’élèvent à 67,8 milliards de francs (37,7 attribuables au trafic routier) toujours selon la même approche. La part relevant d’effets à long terme est dominante puisque qu’elle représente 93% des coûts évalués par la méthode des pertes de bien-être (72% des coûts évalués par les pertes de consommation). La mortalité représente également une part importante de l’ensemble des coûts sanitaires, plus de 70% du total des pertes (73% pour la France selon l’approche par les pertes de bien-être et 93% selon l’approche par les pertes matérielles).

Même si la comparaison est délicate en raison du caractère comptable et marchand des indicateurs de la richesse nationale produite, les pertes de bien-être ainsi estimées représentent 3,4% du PNB et1,7% pour la part liée au trafic. Les coûts matériels représentent quant à eux 0,5% du PNB et 0,3% pour la part liée au trafic.

5. Conclusion

Cette recherche a débouché sur un certain nombre de recommandations pour des travaux ultérieurs, en particulier :

- améliorer les connaissances et la qualité des données : le développement des réseaux de mesure de la qualité de l’air est indispensable à de telles études. L’amélioration du recueil et de la qualité des données sur la santé est également primordiale pour élargir l’étude sur les effets de la pollution notamment à long terme.

- promouvoir la recherche interdisciplinaire au niveau européen. Le développement d’un réseau de surveillance à l’échelle européen constitue une base incontournable pour assurer une comparabilité des données d’exposition aux polluants.

- articuler connaissance, décision et information. L’enrichissement des évaluations d’impact sanitaire (EIS) d’une évaluation monétaire des impacts peut contribuer à faciliter l’interface entre la production des données d’impact et des estimations monétaires d’un côté et la prise de décision dans le domaine politique de l’autre côté.

- dans le champ économique, un effort particulier reste à mener dans l’approche du consentement à payer pour la détermination des coûts sanitaires au sein des différents pays européens. Des études empiriques sur les risques liés à la pollution de l’air doivent être menées indépendamment des risques accidentels liés au trafic. Les différences de contexte socioculturel et d’appréciation du risque doivent également être approfondies. Enfin, de telles études sont à mener pour les différents types d’impacts sanitaires, à court terme et à long terme, et les différents polluants.

6. Références

Chesnut L.G. (1995), Human health benefits from sulfate reduction under Title IV of the Clean Air Act Amendments, prepared for U.S. Environmental Protection Agency, Washington.

Departement of Health UK (1999), Economic appraisal of the health effects of air pollution, London. ExternE (1995), Externalities of energie, vol 1 : summary/externalities of energie, vol 2 : Methodology.

84 Monétarisation des coûts externes de la santé imputables aux transports Jones-Lee M.W. et al. (1998), On the contingent valuation of safety and the safety of contingent valuation : Part 2 – The CVG/SG « Chained » Approach.

Maddison D. (1997), Valuing morbidity effects of air pollution, mimeographed, Centre for Social and Economic Research on the Global Environment, University College London and University of East Anglia.

7. Commentaires

Eléments positifs :

+ La différence de niveaux dans les coûts sanitaires dus à la pollution atmosphérique peut être importante selon les pays. L’étude met en évidence les écarts de monétarisation imputable à certaines hypothèses déterminantes dans la monétarisation comme celle de l’évaluation de la valeur d’évitement d’un décès ou plus précisément d’une année de vie perdue.

+ La prise en compte des effets de long terme apporte une vision différente des coûts sanitaires qui nécessite encore d’être approfondie tant dans de nouvelles études épidémiologiques au sein de différents pays (en Europe, Asie, …) que dans les évaluations monétaires des impacts notamment immatériels.

Eléments négatifs :

- Une estimation haute des évaluations monétaires des impacts de la pollution aurait pu constituer une base de réflexion intéressante sur le choix des hypothèses de quantification et de monétarisation par rapport aux valeurs produites. Une hypothèse haute aurait également pu constituer un signal d’alarme face à l’approche minimaliste. Les facteurs de coûts considérés restent en effet prudents dans cette recherche.

- Les effets additionnels d’autres polluants n’ont pas été considérés. Ceci tend à renforcer le côté minimaliste des estimations produites.

MONETARISATION DES COUTS EXTERNES DE LA SANTE