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Une relation dose-effet de la morbidité aiguë ORL et respiratoire avec des polluants tels que SO2 et poussières fines a été mise en évidence dans de récentes études épidémiologiques. Une synthèse des études épidémiologiques a confirmé cette relation et a permis de mettre en évidence un excès de risque, exprimé sous forme de risque relatif (RR) de troubles irritatifs respiratoires en fonction des niveaux de pollution. Ces données sont ensuite transformées en fraction attribuable qui estime la part de la morbidité attribuable à un niveau de pollution.

La fraction étiologique est estimée de la façon suivante :

RR RR FER ou RR p RR p FER 1 ) 1 ( 1 ) 1 ( −−−− ==== −−−− ++++ −−−− ====

Quand on fait l’hypothèse comme ici que toute la population est exposée à l’air ambiant.

P = prévalence de l’exposition=100%. Les valeurs RR et FER utilisées sont issues d’une méta-analyse (Zmirou, 1995).

4. Méthode de calcul des coûts médico-sociaux

Ils se divisent en deux catégories : les coûts directs ou soins et les coûts indirects ou pertes de production.

- Les coûts directs : Ils sont faciles à évaluer car ils représentent une valeur monétaire connue. Il s’agit des coûts des consultations, des hospitalisations, … En médecine libérale, les tarifs conventionnés de la sécurité sociale ont été utilisés pour les généralistes et les spécialistes ainsi que pour les actes paramédicaux et examens complémentaires. Pour les hospitalisations, c’est le prix de la journée en vigueur au 1er janvier 1995 dans les services concernés qui a été utilisé. Ce prix varie selon les hôpitaux : aux hospices civils de Lyon (3252 F en décembre 1994 et 3229 F en février 1995), au centre hospitalier régional et universitaire de Grenoble 2874 F), à l’hôpital de Chambéry (1931 F). - Les coûts indirects :

Pour les salariés : ils correspondent à la perte de production occasionnée par l’arrêt de travail ou l’absentéisme scolaire. La mesure est la perte de salaire. Elle équivaut à la différence entre les indemnités journalières de la sécurité sociale (à partir du 3ème jour) et le salaire avant la maladie. Si

30 Le coût médico-légal à court terme de la pollution atmosphérique en milieu urbain les entreprises prennent en charge les 3 premiers jours et complètent ensuite le salaire, il y a alors perte de production équivalente aux salaires versés. La valeur des salaires moyens a été fixée en référence aux données INSEE et au delà des 3 jours c’est le plafond de la sécurité sociale pour chaque catégorie professionnelle qui a été utilisé. Les calculs sont basés sur les salaires bruts annuels moyens pour l’année 1994 (données INSEE) :

- pour le secteur public : 134 295 F soit un coût moyen journalier de 460 F ((134295*1,25))/365). 1,25 est le coefficient à appliquer au salaire net pour tenir compte des charges patronales.

- Pour le secteur privé : revenu mensuel brut : 16 419 F et le coût moyen d’arrêt d’une journée est donc de (16419/30) 547,3F. Ceci est la perte de production pour un salarié payé sans diminution de salaire par son employeur durant les 3 premiers jours d’absence (hypothèse H1).

- Si le salarié n’est pas indemnisé par son entreprise les 3 premiers jours (hypothèse H2), il y a alors perte de salaire net journalier de : (10262/30)=342,1F. Les indemnités journalières versées par la sécurité sociale au delà des 3 jours sont calculées sur le salaire net mensuel divisé par 2 : ((10262/30)/2)=171 F.

- Dans l’étude, la moyenne des résultats issus des deux hypothèses est retenue comme estimation moyenne des coûts.

Pour les non-salariés, la perte de production est estimée à partir des données du CERC (Centre d’Etudes des Revenus et des Coûts) pour l’année 1992, qui fournit les excédents bruts d’exploitation. L’excédent en 1994 a été estimé à 352 046 F pour l’année soit : 352 046/365 = 964,5 F par jour. - Le coût de l’absentéisme

Dans le cas d’une hospitalisation, l’enquête médicale a conduit à estimer que la durée d’arrêt de travail pour un malade hospitalisé est au moins égal à sa durée d’hospitalisation.

Dans le domaine scolaire, le coût de l’absentéisme a été calculé à partir du prix d’une journée d’enseignement par enfant déterminé par l’Education Nationale pour l’année 1993 et actualisé pour 1994 (dépense journalière 1994 : en cycle élémentaire 122,5F, pour le collège 207,3F, pour le lycée 246,3 F et pour l'université : 267,4 F).

- Les coûts attribuables à la pollution

Le coût affecté à la pollution est égal à : C = C*FER C : coût total en population générale

FER : fraction étiologique du risque attribuable au taux de pollution. Des intervalles de confiance sont considérés pour ces différents coûts.

5. Les résultats

Sur la pollution : Valeurs moyennes journalières :

Poussières (sur 3 jours : 11-12-13 décembre 1994 - hors alerte de pollution) : Lyon : 39 µg/m3 - Grenoble : 41 µg/m3 - Chambéry : 10,3 µg/m3

SO2 ( pour le 11 décembre 94 par exemple - hors alerte de pollution) : Lyon : 25 µg/m3 (température : 6,8°C ; Pression : 997 h Pa)

Grenoble : 17 µg/m3 (température : 5,5°C ; Pression : 983 h Pa) Chambéry : 13 µg/m3 (température : 5°C ; Pression : 998 h Pa) SO2 et poussières à Lyon par exemple (alerte de pollution : 7/02/95)

SO2 moyen : 66 µg/m3 – SO2 max : 189µg/m3 PS moyen : 76µg/m3 – PS max : 117µg/m3 (température : 8 °C – pression : 992 h Pa)

Sur les données de la population générale : 1265 personnes sondées (686 sur Lyon ; 456 sur

Grenoble ;123 sur Chambéry. Les enfants sont légèrement sureprésentés (1,64 pour mille contre 1,25 pour mille pour les personnes de plus de 10 ans). Ceci est important à noter car les poussières ont des effets plus marqués chez les enfants. 31% des personnes présentaient une atteinte respiratoire ou ORL la veille de l’étude. 38% des malades enfants ont eu recours à une consultation et 22,2% des adultes. 24,9% des personnes ont recouru à l’automédication (un peu moins important chez les enfants que chez les adultes).

Coût de l’autoconsommation attribuable à la pollution (en francs) :

(Cette estimation donne de très grandes variations en raison de la faiblesse des échantillons. ) Nombre d’individus

(échantillon)

Coût moy/individu Coût total Enfants – 12 ans

Grenoble 66 2,36 156

Chambéry 25 12,76 319

Adultes et grands enfants

Grenoble 388 1,01 391

Lyon 578 1,26 730

Chambéry 98 2,37 232

Coût de l’automédication pour affections respiratoires et ORL de moins de 5 jours attribuable à la pollution (généralisation à la population totale de chaque ville)

En francs Coût min* Coût moyen Coût max *

GRENOBLE

Auto-médic enfant 0 14716 43298

Auto-médic adulte 5501 29179 70795

Coût journalier total 5501 43895 114093

Lyon

Auto-médic enfant 0 0 0

Auto-médic adulte 16654 55678 117167

Coût journalier total 16654 55678 117167

Chambéry

Auto-médic enfant 0 5166 14393

Auto-médic adulte 0 4936 13928

Coût journalier total 0 10102 28321

* : intervalle de confiance du coût moyen (coût min et coût max)

A Lyon, lors de la phase d’alerte en février 1995

En francs Coût moyen

Auto-médic enfant 19244 (4757-212032)

Auto-médic adulte 37534 (23175-152087)

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