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L’ÉGLISE MÉTHODISTE UNIE

Dans le document Haut-Katanga, tome 1 (pdf - 21 MB) (Page 189-196)

IMPLANTATION DES MISSIONS EUROPÉENNES

2. L’ÉGLISE MÉTHODISTE UNIE

Le méthodisme uni africain s’inscrit dans la continuité historique de l’œuvre pionnière d’esclaves libérés rattachés à l’Église méthodiste  épiscopale africaine et à l’entreprise missionnaire de l’Église méthodiste épiscopale d’Amérique du Nord. Les esclaves affranchis, avant même de débarquer en terre africaine au Libéria en 1822, avaient organisé

École du révérend Lant à Bunkeya en 1917.

(AP.0.2.5173, collection MRAC Tervuren ; photo A. Van Iseghem, 1917.)

une société méthodiste dirigée par Daniel Coke, un pasteur africain rattaché à l’Église méthodiste épis-copale africaine. Lorsqu’en 1833, Melville Beveridge Coke fut envoyé au Libéria pour fonder la première mission de l’Église méthodiste épiscopale, celui-ci n’y eut pas beaucoup de difficultés à stabiliser l’œuvre amorcée par Daniel Coke.

Une nouvelle phase de l’expansion de l’Église méthodiste épiscopale s’ouvrit avec l’élection du pre-mier évêque de la Conférence centrale de l’Afrique.

William Taylor fut désigné évêque résident au Libéria en 1884, non seulement pour surveiller la mission du Libéria, mais, aussi, pour ouvrir et déve-lopper des Églises méthodistes en Afrique centrale (Hoover 1998-1999). Ce, parce que les récits de l’ex-plorateur et missionnaire David Livingstone en 1773 sur les exactions faites aux Noirs par les négriers arabes et leur persistance dans la traite en Afrique centrale avaient attiré l’émotion dans les milieux religieux protestants premièrement, et catholiques ensuite.

La découverte d’une nouvelle route de pénétra-tion au centre de l’Afrique par H. M. Stanley amena

W. Taylor à se lancer dans la découverte de la région de Pools.

Les origines de l’Église méthodiste unie au Congo remontent à l’époque de l’évêque W. Taylor. Après avoir établi des missionnaires à Vivi et à Kimpoko pour former «  le district du Haut-Congo  », après avoir été en contact avec l’explorateur Wissman qui lui avait expliqué l’état de navigabilité de la rivière Kasaï à partir de Kwamouth jusqu’au confluent de la Lulua, non loin de Malandji, il s’y rendit pour fonder la station qui, quelques années plus tard, fut concé-dée aux autres missions protestantes. Les raisons de cet abandon sont multiples : les stations du district du Haut-Congo furent cédées aux missions bap-tistes à cause de la mortalité élevée et la station de Malandji fut cédée aux presbytériens américains en raison du manque du financement (Hoover, Kabwita Kayombo et Nkonge : 7).

Lorsque la Conférence générale mit Taylor, âgé de 75 ans, à la retraite, son remplaçant Hartzelle ne trouva que deux stations dans le Bas-Congo.

Si la mission de Taylor échoua au Congo à la fin du xixe  siècle, elle eut cependant à s’implanter en

1910 : le révérend et Mme Springer dans leur école en plein air à Kansanshi. Jacob Mawene est ici l’enseignant.

(HP.1961.74.351, collection MRAC Tervuren ; 1910.)

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Angola, au Mozambique et en Rhodésie du Sud (Zimbabwe).

La reprise des activités pastorales au Congo, plus précisément au Katanga, fut l’œuvre du pasteur John Springer recruté par l’évêque Hartzelle pour l’aider dans sa mission en Afrique. John Springer, grand pionnier de l’histoire de l’Église méthodiste unie au Katanga, avait un intérêt particulier pour le Congo depuis l’école supérieure où il avait étudié la littérature de Livingstone et des explorateurs ayant séjourné sur le territoire des Rund (Hoover, Kabwita Kayombo et Nkonge 2010 : 11). Il fut nommé évêque en 1936, en remplacement d’Eben Samuel Johnson.

John Springer contribua à l’africanisation des cadres épiscopaux méthodistes et, cela, dans un contexte de maturité et de liberté d’expression pour l’Église en Afrique, en la libérant de la direction étrangère. Il le fit partout où il passa pour fonder des stations ; pour ne citer que quelques-unes : Kapanga, Kazembe, Kambove, Élisabethville, Mulungwishi, Kanane… Il était accompagné de collaborateurs africains, en l’occurrence, Kyek Changand, Jacob Mawene, Lubona, etc. Son objectif était de voir

une Église méthodiste autopropagée, autogérée et autofinancée.

C’est à partir de 1944 que des autochtones assu-ment de façon formelle les tâches dans les rouages de l’Église méthodiste unie. On peut noter Moïse Tshombe, élu premier conducteur laïc de la confé-rence du Sud-Congo en 1948 ; les pasteurs André Mundele et Samuel Mpanga, Madame Leah Munyangwe1 tous élus comme délégués à la confé-rence centrale d’Afrique qui eut lieu à Old Mutare (Hoover, Kabwita Kayombo et Nkonge 2010 : 82).

1. L’épouse du pasteur Springer avait effectué un voyage en Zambie en compagnie de son époux. Dès leur retour au Congo, elle créa, en 1942, un mouvement de femmes semblable à celui du Copperbelt zambien et l’appela

« Mamans Kipendano ». Lors de leur séjour en Zambie, la femme du pasteur avait été impressionnée par un groupe de cinq femmes méthodistes qui se réunissaient pour apprendre la Bible et organiser des visites auprès des gens, surtout les femmes et les filles, pour leur apporter la bonne nouvelle.

Kipendamo signifie amour. Lire Ngandu Mutombo 2008 :17.

Tshibumba Kanda Matulu, Stanley retrouve Livingstone à Mulungwishi.

(HO.2013.57.340, collection MRAC Tervuren. Droits réservés.)

Pour ce qui est de ministre ordonné, c’est en 1954 que fut consacré le pasteur Miji comme pre-mier surintendant du district. En 1956, un autre pasteur nommé Jean fut désigné représentant à la conférence générale annuelle du Sud-Congo tenue à Minneapolis aux États-Unis.

À la conférence centrale de l’Afrique qui se tint à Mulungwishi en 1964, le pasteur John Wesley Shungu, un Otetela, fut élu évêque en remplacement de Newells Booth, non encore à l’âge de la retraite

en ce qui concerne la prise de responsabilité par l’évangélisé. Katwebe et Hoover montrèrent que cette transition avait aussi commencé depuis longtemps, John Shungu exerçait déjà la fonction de représen-tant légal de l’Église méthodiste unie. L’élection du premier évêque congolais symbolisait donc son achèvement (Ndua Solol Kanampumb 2010 : 78).

À noter que le territoire méthodiste-uni débor-dait l’espace de la République du Congo, s’étendant aussi en Rhodésie du Nord (Zambie). Sous Booth, le siège de la région épiscopale était Élisabethville ; ce chef-lieu devint Luluabourg sous son succes-seur. L’évêque John Shungu exerça deux mandats de quatre ans chacun. Il fut remplacé à la conférence centrale de 1972 tenue en Zambie par un nouvel évêque, encore un Otetela, Joseph Onema Fama.

Mais, à la fin du premier mandat de l’évêque Joseph Onema, le Katanga (Shaba) devint une région épiscopale séparée avec pour évêque Ngoy Kimba wa Kadilo. Une scission se produisit de nou-veau au Katanga divisé en deux régions épiscopales,

John Shungu, encore jeune pasteur.

(Photo archives familiales ; droits réservés.)

L’évêque Joseph Onema Fama consacra le pasteur Luhaka Omana lors de la conférence annuelle

qui se tint à Wembo-Nyama.

(Photo archives familiales ; droits réservés.)

John Shungu devenu évêque et son prédécesseur Newells Booth.

(Photo archives familiales ; droits réservés.)

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le Sud-Katanga et le Nord-Katanga. L’évêque Ngoy garda la partie Nord-Katanga tandis que le Sud-Katanga se choisit comme évêque Katembo Kainda.

Un point spécifique, la genèse de la Paroisse Jérusalem construite au centre-ville de Lubumbashi qui devint le miroir de l’Église méthodiste unie au Haut-Katanga. C’était à la demande de la petite assemblée de « 24 anciens » presbytériens écossais formés au Malawi venus s’installer à Élisabethville pour travailler à l’UMHK que le pasteur John Springer ouvrit cette petite église locale. Dès lors, la mission méthodiste sentit le besoin de posséder un grand temple à Élisabethville parce qu’une grande communauté anglo-saxonne s’y était établie dans cette ville avant les années vingt.

Le premier bâtiment de culte fut un magasin appartenant à un « frère » méthodiste. Il était situé au croisement des avenues Kasavubu et Kapenda, en face de l’actuel bâtiment de l’OCC. Deux ans durant, les réunions se tinrent dans ce bâtiment ; le pasteur missionnaire R.S. Guptill fut le pasteur de cette assemblée d’Élisabethville.

Une nouvelle église en brique fut construite sur l’avenue Limite-Sud, l’actuelle avenue Likasi. Des missionnaires habitaient dans les annexes. En 1918, Gupill offrit cette église comme hôpital pour Blancs et Noirs lors de l’épidémie de grippe espagnole (Mwenyas.d. : 19).

Le besoin d’une église plus large et digne de la capacité de la ville du cuivre se fit sentir, comme en

Église protestante de Kilwa. (Photo équipe locale, 2009.)

Abris temporaires élevés sur l’avenue Likasi en juillet 1925 par R.S. Guptill.

(HP.1957.53.417, collection MRAC Tervuren ; 1925.)

témoignent les procès-verbaux de la conférence et du comité des finances qui parlèrent d’une Église institutionnelle à partir de 1920. La chance de réali-ser ce projet arriva sous la forme d’une promesse de cent mille dollars faite à la mission par F.B. Wallace.

Le missionnaire Victor Long Field dirigea les tra-vaux qui prirent fin le 11 août 1930. On plaça une grosse pierre à l’entrée avec l’inscription «  Wallace Memorial Church  ». Le missionnaire Victor L.

Field en fut le premier pasteur et en fit la dédicace le 14 décembre 1930 en présence de l’évêque Eben Johnson et du pasteur John C. Wengtz.

Le pentecôtisme est incarné par la 30e commu-nauté pentecôtiste du Congo dont la majorité des adeptes est d’origine lubakat. Dans le Haut-Katanga, cette communauté chrétienne est d’ailleurs asso-ciée à la communauté socioculturelle lubakat. Par ironie, on la désigne comme « Église des Baluba ».

Les Églises dites de réveil foisonnent non seulement dans les villes, mais, aussi, dans les villages. Elles adoptent une forme de culte qui attire les personnes

marginalisées ou qui connaissent des difficultés d’existence. Elles prêchent l’évangile de la prospérité.

La prolifération de ces Églises est peut-être due au fait que le protestantisme et le pentecôtisme ne sont pas arrivés à se constituer une hiérarchie bien définie. La ville de Lubumbashi compte à peu près 873 Églises recensées par l’Administration publique en 2007. Les plus influentes possèdent de grands moyens de com-munication et organisent régulièrement de grandes croisades dans les lieux publics, comme les stades de la commune Kenya ou de Lupopo, ou le Bâtiment du Trente  juin. Les communautés «  Inter Viens et Vois  » du pasteur Matebwe Lambalamba, dont le siège est situé au croisement de la route Munama et la route Kafubu, concurrencent la « Cité évangélique Viens et Vois » située sur l’avenue Maniema dans la commune de Lubumbashi de feu pasteur Lukusa.

Chacune d’elles a sa propre chaîne de radio et de télévision, la première, la RTIV, et la seconde, Canal de vie. Aujourd’hui on assiste à la montée en flèche du pasteur Paulin Mwewa par le biais de sa chaîne de télévision Wantanshi.

1910 : Madame Wallace en villégiature à Élisabethville.

(HP.1955.54.459, collection MRAC Tervuren ; photo E. Wangermée, 1910.)

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À Kanzenze (Muilo), vue de la chapelle et sortie de la messe.

(AP.0.0.35522, collection MRAC Tervuren ; photo G.F. de Witte, 1931, © MRAC Tervuren.)

À Kanzenze, le chef Muilo et autres principaux chefs beena-Mitendo venus prendre livraison du cuivre remis par l’Union minière.

(AP.0.0.35555, collection MRAC Tervuren ; photo G.F. de Witte, 1931, © MRAC Tervuren.) 1913 : devant la mission de Kanzenze, frères mineurs récollets.

(AP.0.2.13034, collection MRAC Tervuren ; photo A. Van Iseghem, 1913.)

Les premiers baptisés à Kanzenze.

(AP.0.2.13196, collection MRAC Tervuren ; 1928.)

Dans le document Haut-Katanga, tome 1 (pdf - 21 MB) (Page 189-196)