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L’éducation et la pédagogie interculturelle :

Les outils méthodologiques

Projet 4 : Lire et écrire un texte prescriptif

3- L’éducation et la pédagogie interculturelle :

L’école est l’endroit où l’enfant va côtoyerl’Autre. Il va rencontrer des différences, de nouvelles visions des choses, de nouvelles opinions, des cultures autres que la sienne. La notion d’altérité est dans ce cas indispensable, et c’est à

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partir d’une éducation interculturelle que cette caractéristique va être installée. La pédagogie ou l’éducation interculturelle va non seulement veiller à limiter voir supprimer les préjugés, les confusions, les incompréhensions et les effets négatifs que certaines personnes ont sur d’autres, mais elle va également valoriser ces différences pour que chacun puissent apprendre et s’enrichir de l’autre. La classe est le lieu où l’enfant pourra s’exprimer, échanger ses opinions et affirmer sa différence, en partageant et en acceptant celle des autres. L’exemple des contes d’animaux portant sur la culture occidentale enseignée en classe de 5eme année primaire en est un parmi tant d’autres. L’intégration du conte comme support pédagogique dans la classe constitue un sujet d’actualité en didactique des langues-cultures notamment en FLE.

Dans la présente recherche, nous débutons du principe que le conte en langue étrangère est un moyen d’apprentissage des savoirs linguistiques et culturels. Sa forme esthétique, son contenu imprégné généralement du fantastique et du merveilleux favorise non seulement la lecture, l’écriture et les échanges d’idées en langue étrangère mais il propose également d’assoir de nouvelles visions et des représentations différentes quant à des problématiques universelles mais qui sont singulières pour chaque culture. Des valeurs comme : l’entraide, le courage, l’amitié, la citoyenneté, etc. Le conte est un genre littéraire très riche et instructif autant par ses caractéristiques que par la matière qu’il véhicule ; c’est la diversité culturelle qui fait, paraît-il, son originalité, sa force et ses pouvoirs d’attirance, cela expliquerait également son succès auprès des enfants en milieu scolaire. Notre but, à travers ce chapitre, contribue à développer une réflexion sur la dimension culturelle véhiculée par le conte en classe de langue de français. Suite à l’analyse que nous avons faite sur la place du conte dans le manuel scolaire de la 5eme année de primaire, nous observons que les concepteurs de ce support ont accordé plus d’importance à ce genre littéraire vue le nombre de textes et d’activités qui lui sont assignés134. Les contes proposés sont tous accompagnés de plusieurs questions liées

134 Suite à l’analyse que nous avons faite du manuel scolaire de français de la 5eme année de primaire, et plus particulièrement le projet n°2 intitulé « Lire et écrire un conte », il en ressort que ce dernier occupe une très grande place. Car le nombre de textes exploitables est bien plus supérieur que le nombre de texte des autres

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à la diégèse, aux personnages ou à la morale en présence. Cela dit, nous avons sélectionné une brochure de contes d’origines culturelles différentes, à savoir : française, allemande, russe et enfin d’Afrique berbère (d’Algérie). Cette diversité semble favoriser le regard comparatif des enfants-apprenants sur les différentes cultures qui leur sont proposées par le biais du conte.

Le conte est, nous semble-t-il, le meilleur intermédiaire entre toute langue et la culture qu’elle véhicule, en sachant que ces deux facteurs restent primordiaux dans l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère. Louis Porcher met l’accent sur le principe épistémologique «...rappelons que culture et langue sont

une construction sociale permanente indissociablement lié.135 ». L’enseignement

d’une langue étrangère passe, inéluctablement, par l’enseignement de sa culture. L’apprenant, avant même de connaitre le système graphique et linguistique d’une langue, doit découvrir le patrimoine et les valeurs culturelles qu’elle véhicule. Louis Porcher résume cette condition comme suit :

« Percevoir les systèmes de classement à l’aide desquelles fonctionne une communauté sociale et, par conséquent, d’anticiper, dans une situation donnée, ce qui va se passer (c'est-à-dire quels comportements il convient d’avoir pour entretenir une relation adéquate avec les protagonistes de la situation) 136»

De cette manière, l’apprentissage d’une langue et la découverte d’une culture différente de la sienne, permet à l’enfant-apprenant de réfléchir, de remettre en question et de découvrir davantage son propre patrimoine culturel afin de s’adapter à la diversité et à la complexité du monde. La langue représente le moyen, l’outil grâce auquel l’enfant peut s’exprimer à l’aide des mots. Des mots qui, selon Catherine Rondeau, sont « une charge culturelle partagée 137» appelées

projets, effectivement, nous avons 14 contes soumis à l’étude face à 10 texte documentaire, 7 textes prescriptif et 10 autres textes différents relatif au premier projet « Faire connaitre des métiers ».

135 Cité par Abdellah Preceille, Martine, Vers une pédagogie interculturelle, Paris : PUF, 1996, p.170.

136 Louis Porcher, In Etudes de linguistique appliquée N°69, 1988, cité par A. Preceille, Martine, l’éducation interculturelle, Paris : PUF, collection « Que sais-je », 2013, p.97.

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également « des culturèmes138 ». C’est donc par la charge sociale véhiculée par ces mots que l’apprenant peut découvrir les valeurs d’une société. Prenons le cas du conte « Le chêne de l’ogre », de Taos Amrouche, le conte qui à première vue renvoie à l’histoire d’une jeune fille, s’occupant de son grand père malade et impuissant, s’attire des ennuis. L’histoire est une simple narration d’effets fictifs et imaginaires, mais elle véhicule d’emblée une charge culturelle qui se manifeste à travers l’utilisation de prénoms berbère « vavainoubba », de tenue vestimentaire de la région « bijoux et fantaisie » et enfin de chants berbères « la célèbre chanson d’Idir (à vavainoubba) ». Les apprenants découvrent donc, par le biais de la langue, des mots, « des culturèmes », un héritage culturel nouveau ainsi que les valeurs de la société berbère.

J. P Cuq et Gruca affirment qu’ « une langue ça sert tout autant et peut être

surtout à s’identifier139 ». Ce phénomène d’identification et de reconnaissance des valeurs culturelles sont une véritable occasion à saisir afin d’instaurer une pédagogie interculturelle. A ce sujet, L. Rocher écrit : « La difficulté consiste à

mener à bien cette opération sans abandonner ses propres références culturelles, ses propres valeurs, ses choix spécifiques. Mon ouverture interculturelle sera d'autant encore mieux mon identité patrimoniale que je serais plus fortement moi-même et réciproquement, je maîtrise d'autant encore mieux mon identité patrimoniale que je serais disponible au partage interculturel 140». Le principal objectif de l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère est d’amener l’enfant-apprenant à s’ouvrir sur l’autre tout en prenant conscience de ses propres particularités. De ce fait, l’apprenant peut déceler les traces culturelles présentées dans les contes comme piste d’exploitation en dégageant le culturel. Ensuite, il va combiner et mettre en vigueur des relations entre sa culture de base ou sa culture d’origine et la langue étrangère pour appréhender l’interculturel.

138 Idem.

139 Nous avons trouvé la même idée dans les deux références :

1- Cuq. J. P. Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, Paris : CLE internationale, 2005.

2- Isabelle Gruca, le conte : pour le plaisir de lire, pour le plaisir d’écrire. Université de Nice-Sophia Antipolis, France, 2006, p.75.

140 Louis Porcher, Le français langue étrangère. Emergence et enseignement d’une discipline. Paris : Hachette, 1995, p.60.

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Aujourd’hui il n’est plus besoin de démontrer l’importance et l’efficacité du conte dans les différentes disciplines linguistique, psychologique, thérapeutique, culturelle et interculturelle. Le conte serait une source inépuisable qui favorise le développement des compétences linguistiques, culturelles et interculturelles, en plus les travaux qui lui sont dédié témoignent de sa grandeur et de son importance dans le domaine de l’enseignement/apprentissage du français langue étrangère. Les contes sont une sorte d’issues qui s’évacuent sur de multiples pistes d’exploitations à résonnance interculturelle, selon Nadine Decourt : « Le conte permet de mettre en

cohérence et en synergie de nombreux apports théoriques de la formation initiale (travail sur l’écrit, les concepts de la langue, la production orale et la maîtrise du langage, le développement de l’imaginaire, l’interculturalité,) et de finaliser de manière/ pratique en classe.141».

Le conte fait, toutefois, l’objet d’une étude approfondie en classe de langue. Les enseignants de primaire, que nous avons côtoyé, ont véritablement exploité ce genre littéraire visant le développement de plusieurs compétences orales et écrite. A travers des exercices portant sur la reformulation des phrases, le résumé d’une histoire, la lecture expressive ou dialoguée ou encore à travers le titrage d’un texte, la remise en ordre des évènements d’un récit, la rédaction de la fin d’un conte….Cela dit, ces derniers ont quelques fois négligé sa portée culturelle ainsi que les valeurs interculturelles qu’ils puissent véhiculées. La meilleure méthode de former un enfant à la diversité culturelle, serait de lui présenter différentes versions d’un même conte. En ce qui nous concerne, lors de notre présence en classe de 5eme année de primaire, nous avons eu l’occasion de raconter la véritable histoire de Hansel et Greitel car celle soumise à l’étude dans le manuel scolaire semble très abrégée et totalement dépouillée. Les réactions des enfants-apprenants nous ont, quelque peu, étayé sur l’approche interculturelle du conte en classe de FLE. Car, ces derniers, nous ont semblé tout d’abord très intéressés et réceptifs surtout dans le sens où ils s’entrainaient à comparer les personnages, les événements, les expressions de certains héros, et plus particulièrement les fins de tous les contes

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qu’ils connaissaient. L’analyse comparative de différentes histoires leur a permis en premier lieu de redécouvrir leur culture d’origine et en deuxième lieu de découvrir la culture de l’Autre.

A vrai dire le conte raconte l’histoire de l’homme, à travers des évènements imaginaires et fictifs, il dresse un tableau sur ses expériences, ses sentiments, son vécu, ses problèmes intérieurs et ses conflits extérieurs avec sa société et avec les autres. Les contes produisent entre autres ces effets mais ils « génèrent des récits

de vie quotidienne, questionnements, tentatives d'explicitation de faits culturels. Le conte (en tant qu’œuvre littéraire), tout en divertissant, permet d'aborder les problèmes les plus graves qu'affronte une société, à commencer par celui des rapports entre ses membres, chacune les traitant à sa manière142 ».

Pour conclure ce chapitre, nous dirons que le conte est la mémoire culturelle d’un pays et d’une société. Il véhicule l’histoire d’une tribu en transmettant ses traditions, ses coutumes, ses eusses, ses particularités ainsi que sa culture qui peut être identifiée et admise parmi d’autres cultures. Le conte est le lieu de croisement et de rencontre des cultures. Son utilisation en classe de langue permet non seulement de découvrir un patrimoine culturel ainsi que la rencontre interculturelle mais elle donne également à l’enseignant les moyens et les outils adéquats afin de réaliser ces perspectives.

Nous allons, dans ce qui suit aborder l’aspect pédagogique de ce genre littéraire. Nous allons voir comment à travers le conte l’enfant-apprenant développe des capacités diverses dans la lecture et l’écriture et comment surmontera-t-il ses difficultés à l’oral et à l’écrit à travers l’utilisation de ce support ?

142 Nadine Decourt, Rayand Michelle, Contes et diversité des cultures : Le jeu du même et de l’autre, CRPD de l’académie de Lyon, 1999, p.34.

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Chapitre 3 :

L’apport du conte dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture

Nous allons nous intéresser, tout au long de ce chapitre, à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture par le biais du conte. Les notions de la lecture et de l’écriture semblent être la clé de l’apprentissage d’une langue étrangère notamment la langue française, nous commencerons donc par définir ces notions. Nous verrons, ensuite, comment améliorer la compétence orale et écrite des élèves pour qu’ils puissent accéder à la compréhension et du fonctionnement de la langue française. Et enfin, nous parlerons des différentes stratégies d’apprentissages de la lecture et de l’écriture que requiert l’utilisation du conte

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