Justice spatiale et problématique de liberté d’accès au site

3.4.9.1. Le regard des gestionnaires sur l’accès au site : une liberté sous contrôle

Le National Trust a eu dans un premier temps pour philosophie de ne pas amplifier le nombre de visiteurs sur le site de la Chaussée des Géants et donc de refuser l’idée d’un marketing territorial agressif. Cette posture a changé, à partir des années 2010, avec un accueil moderne et ambitieux plus à même d’accueillir des publics venant du monde entier et des flux plus importants. À partir de 2012, la présence d’un nouvel acteur, soit le CCGHT, modifie parallèlement les modes de gouvernance et de promotion : il se fait plus inclusif quant au territoire périphérique.

L’accélération de la reconnaissance patrimoniale du site et l’ouverture d’un premier centre de visiteurs, dans les années 1980, sont donc les prémisses d’une politique de plus grande ouverture au public. Dans le même temps, les derniers aménagements réalisés et inaugurés

Modèle Modèle québécois : mise en valeur du métier d’artisan auprès des visiteurs

Modèle du Géopark (Stonnehammer, New Brunswick), virtual learning (Magma Geopark)

Réseau Artisans at work. Economusée

international Drifting apart (Northern periphery and Arctic program) Initiateur Causeway Coast and Glens Heritage

Trust Causeway Coast and Glens Heritage Trust

Application et

localisation

Broighter Gold Rapeseed Oil

ÉCONOMUSÉE® Limavady Ballade en bateau à l’étude Scullion Hurls ÉCONOMUSÉE®

Ballymena

Steensons ÉCONOMUSÉE® Glenarm Autres pays

partenaires Canada, Groenland, îles Féroé, Irlande, Royaume-Uni, Islande, Norvège, Suède

Norvège (Magma Park), Canada, Islande, Irlande, Russie, Ecosse

en 2012 (centre de visiteurs et parking attenant) organisent une canalisation des flux vers le centre d’interprétation et tendent à « verrouiller » officieusement les accès au site. La liberté d’entrer sur le site autrement que par le centre de visiteurs et d’éviter le paiement ne sont pas indiqués même si les gestionnaires ne le reconnaissent que partiellement. Avec près d’un million de visiteurs à l’horizon 2020, le National Trust semble maîtriser la fréquentation touristique du site et son pic estival, sans chercher à augmenter le nombre de visiteurs, mais plutôt en diversifiant ses cibles, notamment en tournant vers le public asiatique.

L’encadrement des touristes reste discret et la liberté de choisir (gratuitement après avoir payé l’entrée) une visite guidée en anglais ou un audioguide dans la langue des touristes est laissée à la discrétion des visiteurs qui peuvent tout aussi bien partir seuls à la découverte du site. Si le National trust estime, lors des entretiens, que la part des visiteurs qui ne passent pas par le centre de visiteurs est de 30 %, les chiffres restent à caution en raison de la difficulté du comptage.

3.4.9.2 Le regard des visiteurs sur l’accès au site : entre acceptation des règles du national Trust et critique d’une mise sous contrôle du patrimoine

Le sentiment de liberté de mouvement et de déplacement sur le site de la Chaussée des Géants est largement partagé par plus de 92 % des personnes interrogées (fig. 68). Ainsi le passage par le centre de visiteurs, le paiement du parking et les sentiers balisés ne font pas baisser ce sentiment de liberté et de satisfaction des visiteurs face à un site exceptionnel de beauté et représentant la nature dans ses expressions les plus majestueuses. Les règles du National Trust, cette liberté sous contrôle, semble donc suffisamment discrète pour ne pas faire naître chez les visiteurs un sentiment d’oppression ou de contrainte dans les déplacements.

Lors de l’analyse des rapports aux aménagements et à la gestion du site, nous notons une bonne acceptation du coût de l’entrée et du parking : 58% et 46 % des personnes interrogées trouvent normal de payer pour l’accès au site et pour le parking. Il en est de même pour la satisfaction de la signalétique du site (78% de taux de satisfaction) et des sentiers balisés (84 % de taux de satisfaction). Les visiteurs ne se sentent donc pas perdus sur le site même s’ils peuvent déambuler sur les « pierres » et le long des sentiers littoraux à leur guise. L’opinion des visiteurs quant à la signalétique est donc bon, car 56 % d’entre eux la trouve suffisante et 30 % utile. Seul 8 % d’entre eux l’estime insuffisante (Fig. 67). Le contenu des informations est également bien évalué, car seulement 2% le trouve compliqué.

Fig. 68: Opinion des visiteurs sur la signalétique et son contenu à la Chaussée des Géants (n=50). 56%

30% 8% 6%

Opinion of the respondents

about the signage

Useful Insufficient Complicated Non-existent No-idea 56% 28% 2% 4%10%

Opinion of the respondents

about the delivered

informations

Par contre, cette analyse doit être nuancée par les réponses données lors des entretiens qualitatifs puisqu’un certain nombre de visiteurs, au premier rang desquels on trouve les habitants et les voisins qui ont un regard extrêmement critique sur la gestion du National Trust et expriment à l’occasion une nostalgie des temps anciens. Le « National Mistrust », appelé parfois également « National No Trust », est pointé du doigt et accusé d’entraver la liberté d’accès au site. Sans revenir sur les propos analysés plus avant, il est important de noter cette réticence des plus anciens habitants, ayant connu les aménagements plus anarchiques des années 1950-1960, mais qu’ils trouvaient plus conviviaux et où les populations locales semblaient plus impliquées. La critique d’un National Trust omniprésent et mettant le site sous sa coupe et son contrôle est ici un sentiment prégnant parmi la population locale. Le National Trust communique pourtant largement sur la possibilité de devenir membre donateur, dont la carte payée à l’année donne la gratuité d’accès aux sites dont il est propriétaire, et un peu moins sur la gratuité d’accès pour les habitants qui pourraient justifier d’une adresse dans le district, mesure dont très peu d’habitants semblent au courant. Il communique également pour justifier le coût d’accès par la qualité de la médiation offerte par le centre de visiteurs et par le professionnalisme des guides, en somme de l’expérience de visite qu’il entend offrir. Malgré cela, parmi les visiteurs interrogés, 52 % déclarent ne pas savoir à quoi l’argent récolté par le droit d’entrée au site et à son parking pourrait être utilisé. La sensibilisation du public reste donc, même ici, un chantier encore à développer.

3.4.9.3 Le regard des visiteurs sur la gouvernance du site

A la question de la gouvernance sur le site, la plupart des visiteurs (68%) ne se sentent pas investis ou légitimes dans cette mission. Ils répondent « non » à la question qui est de savoir s’ils souhaiteraient donner leur opinion quant à la gestion du site, que ce soit pour sa protection ou pour des projets de développement, touristiques ou autres.

Fig. 69: L’implication des visiteurs dans la gouvernance du site de la Chaussée des Géants (n=50). 15

34

Yes No

Respondents who would like to give their

opinion about the spot's protection or