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3. La Chaussée des Géants (Irlande du Nord)

5.4. Modalités de gestion du public

3.4.4 Entrées payantes

La mise en service du nouveau centre d’accueil en 2012 a été l’occasion de voir resurgir un débat, voire une situation conflictuelle à plusieurs niveaux :

- sur l’accès au site et son caractère payant ; - sur le tarif du service fourni par le National Trust ; - sur l’interprétation patrimoniale.

Un débat encore vif sur le droit d’accès au site

Si le National Trust et l’ensemble du comité de gestion du WHS défendent la mission d’ouverture au public du site, la réalité est plus subtile :

And his objectives to protect those places but also to allow access for people who experience them as well as possible, and to look after the future generations, it’s in short… (Max Bryant, National Trust, 2 octobre 2015)

It has a wonderful strapline, what we call a strapline, which is « for ever, for everyone !(Patrick Casement, Council for Nature Conservation and the Countryside, 2 octobre 2015).

Avant 2012, finalement seul le parking était payant pour 6 £ environ. Avec la mise en service du nouveau centre de visiteurs, le National Trust applique un droit d’admission qui comprend l’accès au centre d’interprétation, le parking, une brochure d’information et d’orientation et le prêt d’un audio-guide. Précisés dans la figure suivante, les tarifs comprennent un droit d’admission standard, un droit d’admission avec un système de donation, un droit d’admission avantageux pour les visiteurs utilisant les transports publics ou les mobilités douces et un droit d’admission gratuit pour les membres du National Trust. Le service de navette, qui permet de relier le centre de visiteurs aux « pierres », est un service payant en plus.

Tarif adulte Tarif enfant Tarif famille

Entrée normale (standard admission) 9 £ 4,5 £ 22 £

Entrée liée à mobilité douce ou transport

public 7 £ 3,25 £ 18 £

Gift aid admission* 9 £ + don 4,5 £ + don 22 £ + don

Entrée adhérent au National Trust gratuit gratuit gratuit

Fig. 51 : tarifs d’entrée du National Trust au centre de visiteurs du Giant’s Causeway.

* Le système du Gift Aid Admission consiste pour le National Trust à mobiliser des donations des visiteurs en plus du prix d’entrée, arguant que 10% du tarif d’entrée en don (1£) lui permet de demander à l’État une Tax refund de 2,75 £.

Toute la signalétique dirige bien les visiteurs vers le centre d’accueil (fig. 52) pour que chacun puisse s’acquitter de son droit d’admission. Or la route qui joint le centre de visiteurs aux « pierres » est publique et d’une manière générale l’accès au site est libre. Une entrée est d’ailleurs ménagée depuis le parking à travers un petit tunnel vers cette route, même si les panneaux d’orientation indiquent le centre de visiteurs de manière privilégiée.

Fig. 52 : information sur l’accès à l’entrée du site (Photo : Xavier Michel, août 2015).

Le National Trust fait donc l’objet d’une double critique. D’abord, dès 2012, de nombreux visiteurs ont largement critiqué le tarif du droit d’admission jugé bien trop élevé au regard de la qualité de la prestation. Le site TripAdvisor se fait l’écho des réticences des visiteurs (https://www.tripadvisor.co.uk/ShowTopic-g186470-i491-k5401416-

Giant_s_Causeway_Visitor_Centre_Admission_Charges-Belfast_Northern_Ireland.html). De même, la presse relaie cette critique des visiteurs qui considèrent ce droit d’admission comme une véritable arnaque. Le Belfast Telegraph titre ainsi le 8 août 2012 « Giant rip-off? Visitors to Causeway center furious at ticket costs, A giant storm is brewing over Northern Ireland's newest tourist magnet after it was branded a «rip-off» by visitors ». Ensuite, le

National Trust est accusé d’être un peu malhonnête à ne pas communiquer sur la gratuité d’accès au site et à «forcer» le public à payer le droit d’accès par le centre de visiteurs. Par ailleurs, le National Trust a fait le choix dans un premier temps de ne pas proposer un tarif spécial ou la gratuité aux habitants, ce qui lui a été reproché. En même temps, la connaissance du site permet de s’affranchir du passage au centre de visiteurs.

Les locaux à l’époque ont dit « on n’est pas d’accord pour payer 35 £ ». Le National Trust a répondu : « si vous êtes membre, vous ne payerez rien ». C’est la même chose sur un autre site Castle Downhill, un assez bel endroit aussi. C’est pareil maintenant, ils font payer les locaux et ça crée des tensions. C’est pareil partout (…). Aujourd’hui les locaux paient, mais il y a aussi des moyens de ne pas payer. On paie le parking en passant par le visitor center. Si vous marchez le long de la rivière, si vous venez à vélo, ou si vous passez par-dessus le centre d’accueil, c’est gratuit (Maxime Sizaret, entretien du 28 septembre 2015).

Suite aux tensions avec les populations locales sur l’absence de gratuité, le National Trust a infléchi ses positions et une alternative été mise en place pour la gratuité des locaux (sur demande, en fonction du code postal de leur résidence), mais peu de personnes se sont manifestés. Cela permet au National Trust de dire que c’était beaucoup de bruit pour rien ! :

Now actually, for people living in the post code area (PT 57) here, they can actually get a free pass to come in and park. I think when we made that offer available to the people, given how many people live in that, I think 15-20 people took it up. So the noise about the charge is much more than the reality of the problem (Max Bryant, NT, Entretien multi-acteurs, oct. 2015). Le National Trust estime qu’environ 30 % des visiteurs ne passent pas par le centre et ne se garent pas au parking attenant.

We don’t, we know how many go to through the visitors centre on very accurate but the business plan was done through… was based on 30% of people not using the visitors centre, 30% leakage (…)we have no way of measuring that leakage effectively. So that’s why we take the 30% of people do not pay to use the site. (Max Bryant, NT, entretien multi-acteurs, oct. 2015).

Les gestionnaires précisent que le prix de l’entrée offre d’une part, la possibilité du stationnement mais surtout une expérience de visite. Ils sont à l’aise avec le caractère ouvert et sur l’accessibilité gratuite du site pour tous : « Nous ne pouvons pas supprimer l’accès public de la Chaussée des Géants, mais surtout nous ne le voulons pas» précise Max Bryant du National Trust Les « open space properties» du National Trust sont donc traditionnellement gratuites même si le droit de stationnement est lui payant.

It’s a public right of way to the stones, we could not stop that. So the charge that people are charged to visit the causeway it’s an experience charge which includes parking on site, entrance to the visitor centre and an audio guide or a guided tour and that’s what people pay for. So if they use any of these facilities of that charge, if they park they should go through the visitors centre but anybody can come and walk onto the site and just walk down or whatever else it might be, the road is public. (Max Bryant, NT, entretien multi-acteurs, oct. 2015)

Le conflit sur les tarifs est évoqué mais minimisé par les gestionnaires du site :

I mean people think that there is a charge for going to what they think of as an open space property and it’s caused a little bit of, a little bit of problems perhaps but not too serious because they do recognize, most people, that they are getting something one way or another for their money (Patrick Casement, entretien collectif, oct. 2015).

Ils reconnaissent pourtant qu’il y a effectivement bien eu des frictions, mais il s’agit pour eux d’un conflit ancré dans le territoire local. Ils répondent aux attaques sur le coût de l’entrée par des arguments économiques (création d’emplois locaux) ainsi que la mission caritative du National Trust en expliquant que les fonds servent avant tout à la conservation des sites4.

Leur mea culpa tient surtout au fait d’avoir mal su faire passer ce message auprès des habitants et de certains visiteurs.

In terms of complaints it’s less than half percent of complaints about the visitor experience’s charge and they tend to be very very heavily weighed to local people who would make that complaint. Most of our overseas visitors or visitors from outside states don’t have an issue with that. In fact, they see it as a very good value for money so, it’s something we agonized about and had a real worry about. But you now, it’s hopefully calmed down and does to some extinct go against the NT but you know the number of people we employed has going up of about an hundred since we have that, you know the benefit to the local economy, the experience of people are getting as I said is much high, you know all that sort of things. And there is a conservation charity; the money that comes in is employed back into conservation around the world, some other places that we don’t charge for. So there is a real interesting balance to be

4L’exemple cité concerne Whitepark Bay, site proche de la Chaussée des géants (40 000 pounds /ans de dépenses pour le National Trust) sans contrepartie (entrées payantes). Le déficit du NT en Irlande du Nord est rappelé.

ad there and we perhaps are not good as getting out that message as we could be sometimes (Max Bryant, NT, entretiens multi-acteurs, oct. 2015).

Le parking appartient en réalité au Council de Moyle qui n’en est pas le gestionnaire. Le Council loue l’espace du parking au National Trust apparemment pour un montant équivalent à leurs anciennes recettes. Les gestionnaires expliquent les plaintes initiales des locaux par une réticence au changement quasi inévitable.

Les gestionnaires ne remettent absolument pas en cause leur gestion et s’enorgueillissent même de servir de modèle pour d’autres sites patrimoniaux du National Trust.

It’s public property but it’s interesting that actually what the NT has done here with the charge at the Giant’s Causeway have made them rethink the way they deal with a lot of open space property, not just here but across the all of the UK (Patrick Casement, Idem).