3. La Chaussée des Géants (Irlande du Nord)
3.3. Système de visite touristes/résidents secondaires / habitants
3.3.4. Typologie des visiteurs
5.3.4.2 Les habitants partisans ne contestant pas l’aménagement actuel du site
L’habitante n° 2 va plus loin, elle énonce un véritable conflit d’usage identitaire, spatialisé avec les barrières : « us people are left here and aren’t allowed to do anything because they block
out», et avec les contraintes d’aménagement posées par les critères du World Heritage Site:
« This is not our home because they tell you what to do. You aren’t allowed to paint the colour
you want; you can’t do any renovations because of that World Heritage Site ».
En résumé, ces habitants ont une formule forte pour exprimer leur défiance vis-à-vis du National Trust, de ses aménagements et stratégies de protection : « I think that’s the National
no Trust…that’s how we call it up here. » (HAB. 2).
5.3.4.2 Les habitants partisans ne contestant pas l’aménagement actuel du site
Une autre partie des habitants enquêtés (ils sont plus jeunes) ne conteste pas et va même jusqu’à approuver les choix d’aménagement du National Trust.
La reconnaissance des éléments pittoresques du site et de sa valeur internationale
Ils insistent sur la description du site en phase avec la promotion touristique : « you have to
say about Finn MacCool or myth things and… the giant trying to build a bridge to Scotland and he didn’t quite get it finish so it’s like the remains of unfinished bridge really, and there are hexagonal cones and there are lots of features like stones and different things like an organ
and a chimney » (HAB. 5). Leurs cartes mentales du site représentent bien ces éléments : la
chaussée avec ses pierres hexagonales, le pied du géant, la cheminée, les orgues… Les lieux d’équipement touristique : visitor centre, bus, parking, sont aussi davantage dessinés et surtout nommés (fig. 34 et 35).
Fig. 34 : carte mentale et parcours de l’habitant n°4.
Fig. 35 : carte mentale et parcours de l’habitant n°5.
L’habitant n° 4 relate le jour où le nouveau centre des visiteurs a été ouvert et la promenade qu’il a faite sur le site ce jour-là : « I’ve got a trail one time to try it when it was opened that
new center and that was very good, very good to get it for the walk ». Et, en général, le but de
La perception du site réfère à une émotion d’émerveillement : « it’s so amazing, it’s you know
it’s so beautiful » (HAB. 5). Contrairement aux habitants retraités qui semblaient blasés, peut-
être parce qu’ils rejettent la nouvelle organisation du site, ces habitants se rattachent à l’engouement touristique pour le site. La perception sensorielle est importante : « seeing and
smelling, you could smell the sea when you walk down ». L’habitant n° 5 opère un
rapprochement entre ce site et une pratique balnéaire : « when I’ve been there in my own
walk it made me want to go to the beach ‘cause when I see the sea I think hum… it might be nice to go for a walk in the beach ».
L’habitant n° 4, qui est agriculteur, déclare aimer le site, et en retirer une fierté lorsqu’il en parle à l’extérieur de son espace vécu : « Just when I’m away I’m saying I’m from the Giant’s
Causeway and they say this is nice you know ». La Giants Causeway lui fait penser aux Cliffs of
Moher, qui est aussi un site de visite de grandes falaises, mais plus hautes.
La relativisation de la régulation d’accès et les pratiques d’évitement
L’habitant n° 4 ne dénie pas le dispositif restrictif imposé par le nouvel aménagement, mais il n’y voit pas d’inconvénient majeur et il n’en fait pas une vraie critique : « it’s a bit restrictive
you know. It’s not as free as it used to be. So go at 5 in the morning is the nicest to do ». Il
indique, comme l’habitante n° 1, la solution de parcourir le site très tôt le matin pour apprécier le calme. En fait, il aime la liberté de pouvoir parcourir le site comme il le souhaite, sans risque d’être guidé, canalisé ou interpellé par les agents du site : « I’d like the freedom to be
maintained ». Du fait de sa position d’agriculteur, il trace sur la carte de l’itinéraire une
habitude de pratique du site depuis un chemin agricole et non depuis l’accès principal. Sa boucle habituelle de parcours du site est décalée.
L’habitant n° 5 a une représentation positive de l’espace du site : il fait un rapprochement entre la vaste étendue du site et la capacité d’accueil suffisante : « It’s big enough to take all
of the people. There is not just the walk to the stones, you’ve got the walk all around ». Cela
justifie pour lui une stratégie de développement du tourisme.
L’adhésion au développement touristique…par des représentations partielles de la question
L’habitant n° 5 fréquente le site pendant la saison touristique ; il ne se place pas dans une démarche d’évitement du tourisme. Il est dans une logique de faire payer le visiteur au niveau du parking : « I think if they have to charge, they should have a car park service on machine
and you just pay for how long you’ve been there, one hour, two hours ». Il se représente alors
un simple paiement du stationnement, et imagine un accès gratuit au centre, en rejoignant les critiques qui y ont été portées : « I don’t like it. No I don’t like the center but everything else
and I know… I think that the center is very expensive from all that is in it, that there is a shop and the toilets and there is like the DVD that you watch but I don’t think it’s very good. They, they have… there has been articles on facebook but a lot of people have been like tricked when they go into the Giant’s Causeway and think that the only way that they can view the Causeway it’s to go through the visitor center and you don’t have to do that. They don’t make it very clear ».
De façon différente, l’habitant n° 4 prône un stationnement gratuit du site : « I would like to
see free car park ». Il apprécie les visiteurs et comprend leur choix lorsqu’ils se garent sur la
park on the road ». Il pense le rapport entre le stationnement sur la route et le stationnement
sur le parking seulement: « that’s why I would like the car park free because they could park
on the car park and then there is no restriction on the road. » Il ne pense pas à ce que pourrait
être la conséquence d’un parking gratuit en termes d’évolution de la fréquentation, parce qu’il n’énonce pas de raisonnement au sujet du niveau de fréquentation du centre des visiteurs.
L’appréciation de la zone tampon
En tant qu’agriculteur, l’habitant n° 4 apprécie l’existence de la zone tampon, avec l’action de protection des abords du site par le National Trust : « I mean they are good at that, they’re
not letting anybody building here anything ». C’est la restriction d’aménagement dans la zone
tampon qui est en fait appréciée, peut-être en lien avec sa position d’agriculteur, plus que la restriction d’accès au site. Le plus grand risque pour lui est la trop forte fréquentation : « so
many people. I would say it’s the biggest threat », qu’il identifie en partie parce qu’il a déjà
constaté des intrusions de promeneurs sur certaines de ses parcelles qui se trouvent en haut de la falaise. Donc il existe pour lui des intérêts communs de protection avec le National Trust, alors que d’autres habitants perçoivent les mesures de protection comme des contraintes pour opérer tout travail de rénovation ou changement dans le paysage.
5.3.4.3 Les résidents secondaires : un rapport au site en marge du conflit