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DE LA DIFFICULTÉ D’ÊTRE SO

2) Un itinéraire hors du commun

Que reste-t-il de la vie d’un homme lorsque l’on considère sa destinée plusieurs années après sa mort ? Que reste-t-il de l’homme Romain Gary, outre les trente-deux ouvrages qu’il a laissés à la postérité ? L’écrivain continue à vivre par ses livres, mais le reste ? Le reste lui aussi est digne d’intérêt, car sans lui l’œuvre n’aurait pas de sens. En effet, dans le cas de Romain Gary nous nous trouvons confrontés à une personne qui présente certains traits particuliers42. Le destin qui a été le sien en fait un être à part, notion que nous aurons souvent l’occasion de vérifier lors des analyses de ses différentes activités. Itinéraire pour le moins impressionnant d’un individu que rien ne prédestinait à devenir ce à quoi il est arrivé; non seulement un grand écrivain français, mais aussi un diplomate, un cinéaste, un héros de la France Libre. Comment ce jeune Juif russe, né au début du siècle trouva le chemin qui de Wilno à Varsovie en passant

41 André Malraux, entretien avec E. d’Astier de la Vigerie au moment de la sortie des Antimémoires, cité par Jean Lacouture, in André Malraux, Paris, Seuil, 1975, p. 413.

42 On peut bien sûr arguer de la particularité de chaque cas étudié dans le cadre d’une biographie, le propre du sujet de l’étude historique étant sa singularité. Par particularité nous entendons l’existence chez Romain Gary d’éléments ou de facteurs dont la combinaison présente un caractère peu commun, c’est à dire peu répandu.

par Nice, Londres et Los Angeles le mena à ces ”trois carrières bien remplies” que rappellent systématiquement les jaquettes de ses livres ? Telle est le but assigné à la présente tentative de reconstitution de son itinéraire qui va de ses premières années jusqu’à son suicide en 1980. Itinéraire dans le sens de trajectoire, entendu non seulement comme une succession de stations géographiques et d’événements, mais également compris comme une réflexion sur la force et les motivations qui conduisirent le dénommé Roman Kacew à devenir Romain Gary, écrivain à succès, gaulliste patenté, ex-diplomate mari d’une star de cinéma, auteur et acteur de la plus belle mystification littéraire de cette moitié du XXe siècle.

Des premières années énigmatiques

Il peut sembler surprenant qu’en plein XXe siècle les origines d’un écrivain de renom comme Romain Gary (ayant exercé qui plus est des fonctions officielles) restent toujours aussi floues et sujettes à informations aussi diverses et contradictoires. En premier lieu se pose de fait la question de sa date de naissance. Gary -de son vrai nom Roman Kacew- est né le 8 mai 1914, ceci est pratiquement une certitude. Cette date figure sur tous ses papiers officiels à une exception près. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, la date figurant sur sa carte d’identité n’est pas la même que celle mentionnée par son passeport : le 21 mai au lieu du 8 mai 1914... Comment une telle différence est-elle possible, alors que Gary déclare partout être né le 8 mai 1914 43 ? La seule explication possible est celle du décalage dû au passage du

calendrier Julien au calendrier Grégorien, la Russie n’ayant adopté notre calendrier qu’en 1923, c’est à dire neuf ans après la naissance du petit Roman Kacew44. La différence résulterait alors

de la transposition de la date de naissance, de son calendrier originel dans le nôtre. Ce qui tendrait par ailleurs à prouver que Gary est bien né en terre appliquant la tradition russe45, et contribuerait à éclaircir la deuxième interrogation qui est celle du mystère de son lieu de naissance : où Gary est-il né exactement ?

Wilno ou Moscou ?

43 Il essaya pourtant de se rajeunir lors de son engagement dans les F.A.F.L. en déclarant être né en 1915. Cette pratique était relativement courante dans de telles circonstances pour être certain d’être incorporé. Source: registre d’incorporation des Forces Aériennes de la France Libre, S.O Book 124 Stationary office, Archives F.A.F.L.

44

Date de l’adoption du calendrier grégorien par l’église orthodoxe. Les soviets essayèrent d’imposer le nouveau calendrier pour les usages civils dès février 1918.

Il existe au sujet du lieu de naissance de Romain Gary un certain nombre de versions qui varient selon les sources auxquelles on se réfère. Ses papiers d’identité ainsi que tous ses documents officiels indiquent Wilno comme lieu de naissance. Seule l’orthographe varie selon que l’on considère le caractère polonais, lithuanien ou russe de la ville : Wilno, Vilnius, Vilna

46. La plupart des notices biographiques de Gary mentionnent également le nom de cette ville47.

Mais si on croit ce que le principal intéressé laisse entendre dans La promesse de l’aube, Gary serait né à Moscou où sa mère Nina Kacewa était comédienne48. Quant aux notices américaines, certaines affirment même que Gary aurait vu le jour à côté de Kiev, voire dans un train quelque part entre la Russie et la Pologne. On touche ici un des points fondamentaux de la ”mythologie garyenne”, le doute dans lequel Gary maintient (volontairement ?) son public, diffusant au gré des circonstances et des années des versions différentes, parfois même contradictoires. Toute trace de l’état civil original de Gary ayant disparu au fil des pérégrinations de la famille Kacew49, nous sommes forcés comme les différentes personnes qui ont connu Gary, de nous en tenir à ses dires. Seule sa mère ou peut être sa cousine Dinah aurait pu rétablir la vérité et aucune indication de leur part n’est malheureusement parvenue jusqu’à nous. Le flou artistique que Gary entretint au sujet de son lieu de naissance vient peut-être de la complexité de sa situation, et fut en tout cas facilité par l’absence de toute preuve ou papier d’origine. Gary fut jusqu’à sa naturalisation un apatride, arrivé en France avec pour seul document un passeport Nansen. Il fallait donc bien le croire sur parole. Ces incertitudes auront cependant leur importance pour la définition de l’identité nationale du personnage. Gary est-il polonais ou russe ? Ce qui est certain, c’est que le jeune Roman Kacew est né quelque part entre Moscou et Wilno, alors sous domination russe, d’une mère de nationalité russe et d’origine juive dont le nom de jeune fille est Owczinski 50. Romain ne connaîtra jamais son père, le nom qu’il porte lui ayant été donné

46 Nous utiliserons l’orthographe polonaise de la ville -Wilno- étant donné que c’est sous ce nom là que Romain Gary l’utilise principalement.

47 Une notice biographique établie par les éditions Calmann-Lévy pour la sortie de Tulipe en 1946 indique que Gary est né dans la campagne près de Koursk (NB: en fait le berceau de la famille du côté de sa mère) d’un père russe et d’une mère française, comédienne au théâtre français de Moscou. Ses parents seraient venus en France en 1920, puis repartis en Pologne pour s’installer définitivement à Nice en 1928. Aucune de ces indications n’étant vraie, se pose alors la question des raisons d’un mensonge aussi systématique Source: Dossier de presse Romain Gary, archives Calmann-Lévy.

48 Information reprise par certaines personnes comme Dominique Bona dans son livre Romain Gary, Paris : Mercure de France, 1987; ou Pierre Bayard dans la notice biographique qu’il consacre à Gary dans le Nouveau

dictionnaire des auteurs, tome II, Paris : Robert Laffont, 1994, p. 1195.

49 Les recherches que nous avons entreprises auprès des archives de l’état-civil de Moscou n’ont rien donné. 50 Toutes ces informations sont tirées de La promesse de l’Aube, de La nuit sera calme et de L’homme que

l’on croyait, témoignage sur l’affaire Ajar écrit par Paul Pavlowitch, neveu de Gary (pour les références

bibliographiques voir en annexe). Nous reviendrons en détail sur ces questions d’origines dans le chapitre suivant, p xxx.

par celui qui était le mari de sa mère au moment de sa naissance et dont elle se séparera peu après, père putatif donc, mais vraisemblablement pas génétique.

Selon La promesse de l’aube, Nina et son fils auraient fui la Russie alors que Romain était âgé de sept ans, c’est à dire vers 1923. Ils auraient quitté Moscou en direction de la Pologne dans des wagons à bestiaux, pour s’arrêter à Wilno. En l’absence de preuves matérielles, deux démarches sont possibles pour essayer de rétablir la chronologie des déplacements de la famille Kacew avant son arrivée en France. L’une consiste à suivre fidèlement les indications fournies par les écrits de Gary, l’autre privilégie une approche tenant compte des événements survenus dans la région et comparant ceux-ci avec les dates qui figurent dans les diverses références dont nous disposons. Dans l’état actuel des choses, le plus approprié nous semble de croiser ces deux démarches pour déterminer ce qui est plausible. Dans La promesse de l’aube page 43, Gary dit qu’en 1919-1920, la réputation de sa mère semblait assez bien établie dans le milieu du théâtre russe. Cela veut dire qu’il a passé ses toutes premières années à Moscou. Page 42, il laisse entendre qu’à l’âge de 5-6 ans, il suivait sa mère dans ses tournées dans des usines où elle jouait pour les soviets51. Sans autre indication précise, on arrive à l’information donnée p. 83 selon laquelle le jeune Romain était âgé de près de neuf ans, lorsqu’il est tombé amoureux d’une dénommée Valentine qui habitait Wilno. Ce qui signifiait qu’il était déjà installé à Wilno avant mai 1923. De son côté Dominique Bona, auteur de la seule biographie de Gary publiée jusqu’à présent, fait remonter le départ de Moscou à mars 191752. Or, si Gary parle des soviets, il ne

peut s’agir que de la période après mars 1917, l’abdication du Tsar ayant lieu le 15 de ce mois. La date proposée par Dominique Bona est alors en contradiction avec le texte autobiographique. A moins que cet épisode n’ait été inventé afin d’édulcorer son récit. Mais pourquoi Nina aurait- elle choisi de quitter la Russie alors que la situation en 1917 était loin d’être dangereuse pour les personnes de sa condition ?

La question qui se pose est en effet de savoir à quel moment les Kacew étaient à Moscou et à quelle date ils sont arrivés à Wilno. La complexité du va-et-vient de l’Histoire à cette époque dans cette partie de l’Europe complique singulièrement les choses, mais les événements parlent en tout cas tous contre la thèse de l’arrivée à Wilno en 1917. Il se trouve en effet qu’en 1917,

51 En 1973, dans ses entretiens radiophoniques avec le journaliste Patrice Galbeau, il donne quelques précisions : il se souvient ainsi d’avoir vu jouer sa mère dans Le naufrage de l’espoir et dans une pièce de Chklovski. Jusqu’à l’âge de 7 ans il vécut dans des théâtres, car ils avaient l’avantage d’être chauffés.

52 Dominique Bona, Romain Gary, op. cit., p. 29. Dominique Bona donne cette date sans explication ni justification de sources.

Wilno est occupé par les troupes allemandes qui avaient pris la ville le 8 septembre 191553. Le

5 janvier 1919 seulement, la ville passera sous le contrôle de l’Armée Rouge avant d’être conquise le 19 avril par les corps-francs polonais de Zeligowski. Wilno est sous contrôle polonais. La guerre éclate alors entre la Russie et la Pologne, et le 14 juillet 1920 les troupes soviétiques font de nouveau leur entrée dans la ville. Elles se retirent fin août et cèdent Wilno à la Lituanie, mais la ville est aussitôt annexée par les troupes polonaises. La querelle polono- lithuanienne pour la possession de la ville trouvera son aboutissement le 15 mars 1923, date à laquelle la SDN tranche en faveur de la Pologne. De nombreux réfugiés peuplent la ville, fuyant la guerre civile en Russie et les conséquences de la révolution d’Octobre. On imagine mal que les Kacew aient pu arriver dans la ville avant la fin de 1918 ou le début de 1919, c’est-à-dire avant le départ des dernières troupes allemandes. En revanche les occupations soviétiques du printemps 1919 ou de juillet 1920 ont peut-être fourni l’occasion aux Kacew d’arriver à Wilno, dans l’hypothèse où ils résidaient bien auparavant à Moscou. Nina Kacewa aurait alors soit suivi les troupes russes dans le cadre par exemple, du théâtre aux armées, soit elle cherchait déjà à prendre la direction de l’ouest pour émigrer en France.

Une autre possibilité serait que les Kacew aient fait leur arrivée en mars 1923 au moment de l’attribution définitive de Wilno à la Pologne. Cette hypothèse aurait l’avantage d’être compatible avec les indications données par Gary dans La promesse de l’aube ; mais on voit mal comment une mère seule avec son fils auraient pu quitter l’Union Soviétique dont les frontières s’étaient entre temps refermées. Une dernière hypothèse permettrait de résoudre tous les problèmes de date et de passage de frontières. Elle consiste à renverser le problème et à croire l’indication la plus répandue, c’est à dire la naissance à Wilno. Sa naissance à Moscou n’est pas explicitement mentionnée dans la Promesse de l’aube, seule son enfance l’est. Il se peut alors fort bien que Gary soit né à Wilno, mais seulement par hasard. En mai 1914, Wilno était sous occupation tsariste. Nina, la mère de Gary était peut-être de passage dans la ville au moment de sa naissance, à l’occasion par exemple d’une tournée théâtrale. Une fois son fils mis au monde, elle serait retournée à Moscou. Deux éléments concordants viennent appuyer cette hypothèse : une allusion faite par Gary au cours d’un entretien radiophonique54, et les

confidences qu’il aurait faites à un journaliste polonais et que celui-ci publia à sa mort dans un

53 Chronologie établie à partir du livre d’Henri Minczeles, Vilna, Wilno, Vilnius, la Jérusalem de Lituanie. Préface de Léon Poliakov. Paris: La découverte, 1993; ainsi que de l’article ”Vilna” du Dictionnaire historique Mourre.

article qu’il lui consacra55. Dans cet article, il est dit que Nina Kacewa qui était actrice à Moscou

voulait que l’enfant qu’elle portait vit le jour en France. Elle n’en eut apparemment pas le temps et le petit Romain naquit à Wilno. Toujours d’après le texte, petit enfant, celui-ci aurait vécu à Moscou, puis de nouveau à Wilno et ensuite à Varsovie où il serait allé à l’école primaire.

Cette hypothèse a le mérite d’accorder les différents éléments biographiques dont nous disposons, tout en étant parfaitement compatible avec les bouleversements survenus dans la région. Le retour à Moscou doit seulement être intervenu avant le déclenchement des hostilités en 1914. Quant au départ de Russie et au nouveau séjour à Wilno, ils ont dû s’effectuer dans le créneau délimité ci-dessus, à savoir entre juillet 1920 et mars 192356. Ce va-et-vient assez déroutant expliquerait par ailleurs le besoin ressenti par Gary de simplifier cette partie de son état civil lorsqu’il avait à donner quelques éclaircissements sur la période de sa naissance. Il choisissait selon le cas de mettre l’accent sur le côté accidentel de sa naissance à Wilno -à ce moment-là il disait être né à Moscou- ou alors de dire son lieu de naissance exact -Wilno- en le liant avec le séjour prolongé qu’il y fit quelques années plus tard. Cette solution a également le mérite de présenter une grande logique interne puisqu’elle montre la persistance et l’ancienneté de la volonté de Nina Kacewa de faire de son fils un français. Nous ne savons rien des circonstances qui l’ont empêchée d’accoucher en France : naissance prématurée, tournée théâtrale annulée ou visa refusé. Son intention était cependant très claire, s’établir en France, ou du moins, donner à Romain la possibilité de devenir un jour français et donc de réussir. La guerre, puis la révolution bolchevique, de même que les difficultés économiques auraient en quelque sorte entravé ses projets.

Une expérience précoce de l’errance

Plus que la précision des dates ou l’exactitude du lieu de naissance, ce qu’il est important de retenir, c’est que Gary fut plongé dès sa naissance dans la grande tourmente qui secoue l’Europe; celle des combats de la première guerre mondiale, des empires qui s’effondrent et des bouleversements de frontières, de la révolution russe et de ces centaines de milliers de réfugiés jetés sur les routes dans des conditions matérielles et économiques catastrophiques. Ces

55 Cf. l’article de Leszek Kolodzcyczyk, Smutek, po Romain Gary. Paru dans l’hebdomadaire polonais

Przekray n°2008, 4 grudnia 1983. p.16-17. Archives Diego Gary.

56 La notice biographique de l’édition des Racines du ciel dans le Livre de Poche mentionne 1921 comme l’année de son départ de Moscou.

événements laisseront des traces. On imagine aisément ce qu’a dû être la situation de cette mère seule avec un enfant en bas âge et exerçant une profession des plus précaires. L’idée fixe de Nina Kacewa comme quoi son avenir et celui de son enfant se trouvait à l’ouest -et en France plus précisément- ne put qu’en être renforcée. Pour Gary cependant, fils d’une comédienne habituée à la vie ambulante des tournées théâtrales, l’errance ne fait alors que commencer et les conduit tout d’abord à Wilno. Si un doute plane sur Wilno comme le lieu exact de sa naissance, il est en revanche certain que Romain Gary a bien habité enfant dans cette ville; au minimum trois ans d’après son récit, plus si on considère l’ampleur des souvenirs qu’il en a gardé. Cette première étape fut importante. La composition multiculturelle et pluriethnique de la ville étant ce qu’elle était, il y a fort à parier qu’elle ne fut pas sans influence sur le développement de la personnalité du jeune Romain. A Wilno, en effet, il grandit dans une ville où l’on ne parlait pas moins de quatre ou cinq langues, y compris le yiddish puisqu’en 1916 on y dénombrait une communauté juive aux traditions plusieurs fois centenaires forte de quelques 80 000 individus pour près de 300 000 habitants au total57. L’annexion de la ville à la Pologne fut suivie d’une intense polonisation des institutions et de la culture. Gary qui parlait russe avec sa mère dut fréquenter l’école polonaise et donc s’ouvrir, encore très jeune, à une nouvelle culture58.

A Wilno au début des années vingt, la vie n’est pas facile. Les Kacew habitent dans le centre, au 16 de la rue Grande Pohulanka dans un immeuble populaire. Nina Kacewa entreprend toute sorte de petits métiers pour gagner quelque argent. Ils ne sont là que ”de passage”, comme elle se plaît à le rappeler. D’après La promesse de l’aube, elle finit par monter un salon de ”haute couture parisienne” où elle copiait des modèles de chapeaux et de robes de Poiret pour la clientèle de la bonne société de la ville. Leur situation matérielle s’améliora. Avec l’attribution de la ville à la Pologne commencèrent en effet quelques années de prospérité. Le petit commerce des Kacew pourrait bien avoir profité de cette prospérité générale. Changement important, Nina Kacewa commence à pouvoir donner à Romain l’éducation européenne dont elle rêve pour lui 59. Malheureusement, cette situation ne durera guère. A la suite d’une maladie de Romain, un peu avant l’âge de dix ans, Nina perd beaucoup d’argent. Ils sont couverts de

57 D’après Henri Minczeles, Vilna, Wilno, Vilnius, la Jérusalem de Lituanie, op. cit., p.130. En 1931, la ville ne compte plus que 195.000 habitants, dont 54.000 parlent le yiddish-hébreux, et 7400 le russe. Les Juifs de Wilno