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Inventaire des sites archéologiques répertoriés sur le territoire de la Strandzha Pontique

Nécropoles tumulaires et tumuli isolés Il faut noter d’abord que le nombre des sites funéraires recensés dans les Monts Dervent est tout à fait conséquent : une trentaine

IV. Inventaire des sites archéologiques répertoriés sur le territoire de la Strandzha Pontique

Par le nom de « Strandzha Pontique » on désigne cette partie de la montagne, qui se situe entre le cours supérieur de la rivière Fakiiska et le littoral de la mer Noire. C’est aussi la région de Malko Turnovo, l’unique ville (3000 habitants) du secteur montagneux côté bulgare. Le réseau d’habitat actuel est très lâche et c’est pour cette raison qu’on y a inclus quelques communes côtières (de Lozenets à Rezovo) afin de couvrir l’ensemble du territoire situé au sud de la rivière Karaagach.

Cf. plus haut, chapitre III : Plan de situation des Monts Dervent et de la Strandzha

Pontique sur le fond d’une carte routière actuelle au 1 : 540 000e.

Cf. aussi PLANCHE 20 en fin de chapitre.

La part Rezovska de la montagne, dont le sommet le plus élevé de la Strandzha bulgare en fait partie (le Mont Goliamo gradishté, 710 mètres d’altitude) s’étend au sud-ouest sur le territoire turc. La part Bosna décrit un arc de cercle plus large depuis le Mont

Kervansaraï au sud-ouest jusqu’au Mont Papia au nord-est (502 mètres d’altitude). Les deux

lieux de passage de cette chaîne – celui de Bosna (commune de Biala voda) et de Gramatikovo, ont été empruntés dès l’Antiquité par des routes aménagées faisant partie du système des itinéraires romains cherchant à joindre le littoral de la mer Noire. Celles-ci desservaient en effet, au coeur de la montagne, les centres miniers et métallurgiques, qui ont connu un développement extraordinaire notamment à l’époque romaine.

Les bassins des fleuves Rezovska, de Veleka (147 km de longueur) et de Karaagach (36 km seulement) drainent les eaux superficielles de la Strandzha Pontique en se jetant dans la mer Noire. En juin 2006, la grande crue, qui s’est produite dans la Strandzha a sensiblement modifié le dessin des vallées de Rezovska et de Veleka.

La géologie de la région se distingue par la présence d’une importante zone de karst (au nord-ouest de Malko Turnovo en remontant jusqu’à Varovnik), des carrières de marbre (environ de Malko Turnovo), des gisements de cuivre et de fer (en particulier dans sa partie méridionale). On rencontre également des roches cristallines (granites, granito-gneiss, schistes), des roches volcaniques et des roches sédimentaires du Crétacé supérieur, tout comme des métagrès, des métapellites, des métavulcanites et des marbres du Trias inférieur.

A la différence des deux secteurs précédemment mis à l’examen – le massif du Sakar et les Monts Dervent, la région de la Strandzha Pontique malgré la faible densité de sa population s’est reconvertie depuis une dizaine d’années à ce qu’on appelle aujourd’hui le tourisme rural (la proximité avec la côte de la mer Noire, très visitée, y est sans doute pour quelque chose). On rencontrera donc ici un peu plus d’exemples de mise en valeur du patrimoine historique, ethnographique, mais aussi archéologique, visant le grand public.

Il est également à noter qu’un territoire de 1160 km2 (ce qui représente 1 % du territoire national) a été déclaré Parc naturel et a bénéficié de dispositifs appropriés pour la protection des milieux naturels et la bio-diversité. Son statut est aujourd’hui fragilisé en raison de la pression des investisseurs privés intéressés par la zone côtière tandis que l’Etat semble peut soucieux de sauvegarder l’intégrité du Parc39.

1. HISTORIQUE DES RECHERCHES

Comme pour le secteur ouest de la Strandzha bulgare précédemment décrit, les frères Skorpil et Gueorgui pop Aianov sont chronologiquement les premières références en ce qui concerne la connaissance des vestiges archéologiques. Dans les années 1950, le musée de Bourgas a organisé des recherches de terrain sporadiques40, suivies des études et des expéditions programmées pluriannuelles dans les années 1970 – 198041. Une communication préliminaire est présentée déjà en 1980, mais le bilan final des résultats des recherches sur l’occupation du sol dans la Strandzha bulgare voit le jour dix ans plus tard, en 199042.

Les travaux les plus récents se sont surtout concentrés sur l’étude des nécropoles tumulaires43. Comme cela a été évoqué plus haut, les sites funéraires à tumuli sont facilement repérables dans le paysage, mais leur datation ne peut être obtenue que par la fouille. Les recherches ont souvent montré que les sites du Premier âge du Fer ont été réutilisés à des

39 L’affaire remonte à 2005, mais est ressortie récemment lors du procès judiciaire opposant la société Crash

2000 (investisseur dans l’immobilier) et la municipalité de Tsarevo à l’Association des Parcs naturels de

Bulgarie. Le tribunal a fait savoir sa décision le 29 juin 2007 : la commission des juges estimait que lors de la création du Parc « Strandzha » en 1995 peu de documents administratifs avaient été remplis ! Pour exprimer leur désaccord avec la décision du tribunal, des manifestations spontanées ont eu lieu à Sofia, Plovdiv, Stara Zagora, Iambol, Bourgas et Varna. Pour plus de détails, cf. par exemple sur www.youtube.com (mot-clé « strandzha » ou « strandja ») ou les archives des quotidiens bulgares Dnevnik, Troud, Standart, 24 chasa entre autres.

40

Cf. notamment Gulubov 1957 a) et Gulubov 1957 b).

41 Cf. entre autres Peev 1974, Delev 1975, Katincherov 1975 ainsi que Mégalithes I 1976, pp. 157 – 159 et

Mégalithes III/ 2 1982, pp. 341 – 388.

42 Cf. notamment Delev 1984 et Strandzha 1990, pp. 145 – 165. 43

époques plus tardives et ceci, jusqu’à la fin de l’époque romaine. Il a été également démontré que les aménagements funéraires sous tumulus sont très diversifiés et se repartissent en plusieurs catégories.

Les sites fortifiés, autre sujet de recherche de prédilection, ont été répertoriés, mais rarement étudiés dans le détail44. La majorité des fortifications dateraient de l’époque préromaine, mais seraient réoccupées, avec ou sans continuité, jusqu’à la période protobyzantine. Par ailleurs, une étude complète, qui a eu lieu au nord du territoire de la Strandzha Pontique sur le site de Malkoto kalé (commune de Ravadinovo), sert dorénavant de référence et de modèle de reconstitution de ce type de sites archéologiques du Premier âge du Fer, c’est-à-dire contemporains aux dolmens de la Strandzha45. Tandis que sur la commune de Mladezhko, le site de Goliamoto kalé, fondé au IV siècle de n.è., a fourni des informations relatives au fonctionnement d’un centre de production métallurgique de l’Antiquité tardive46.

D’une autre part, certains auteurs se sont intéressés à la fondation et à l’évolution des colonies grecques sur le littoral ouest pontique dont fait partie l’agglomération d’Aulaiouteichos/ Agathopolis (auj. Ahtopol) incluse dans l’inventaire47.

Des études spécialisées ont eu également lieu, notamment sur les ressources minières et leur extraction dans l’Antiquité48, sur les inscriptions lapidaires en langue grecque49, les structures mégalithiques du Premier âge du Fer50, les tombes monumentales thraces51, entre autres. Enfin, des recherches interdisciplinaires innovantes (en paléobotanique) ont été effectuées sur des sites du littoral de la mer Noire depuis le Néolithique à l’époque de la colonisation grecque52.

44

Cf. par exemple dans : Mégalithes III/ 2 1982, pp. 378 – 388 ou encore Guide Strandzha 2007, p. 134.

45 Cf. dans : Mégalithes III/ 2 1982, pp. 131 – 155.

46 Cf. le bilan des fouilles dans : Mégalithes I 1976, pp. 378 – 388. 47 Cf. par exemple De Boer 2002.

48

Cf. Chernih 1978 et Gueorguiev 1987.

49 Cf. Inscriptiones graecae I 1970 et Gorova 1984.

50 Cf. en particulier l’auteur Petur Delev: Delev 1978, Delev 1984, Delev 1982 b) et Delev 1985. 51 Cf. en particulier l’auteur Malvina ROUSSEVA : Rousseva 1984 et Rousseva 2002.

52

2. INVENTAIRE DES SITES ARCHEOLOGIQUES

Ahtopol

326. Emporion grec.

Sous l’actuelle ville, en particulier dans le quartier situé sur la presqu’île. L’emporion

Aulaiouteichos fut fondé très probablement

par Apollonia au plus tard aux V – IV siècles avant n.è. L’agglomération est de type urbain et avait sa propre administration comme témoignent deux décrets officiels (cf. N° 7 et 8). Découvertes fortuites de pièces de monnaies des ateliers d’Apollonia,

Messambria, Odessos, Maronée et des rois

thraces (Strandzha 1990, p. 145 ;

Iuroukova 1994, pp. 261/ 262).

Cf. PLANCHE 21.

327. Agglomération fortifiée de l’époque romaine.

A l’emplacement et dans la continuité de N° 326. Dans le Periple du Pont Euxin d’Arrien (II siècle de n.è.) est indiqué que le port Aulaiouteichos se trouvait à 250

stades au sud de la ville d’Apollonia ce qui

correspond à la distance de 52 km entre les villes actuelles de Sozopol et Ahtopol. Mur d’enceinte construit ou réparé sous Marc Aurèle. Le rempart couvre un périmètre de 800 mètres environ.

Matériaux utilisés : pierre locale grossièrement taillée et deux rangées de briques à des espaces réguliers avec remplissage de « béton romain » (épaisseur : 1,5 – 2 mètres). Hauteur supposée entre 7 et 10 mètres. Traces de deux tours côté sud-ouest où se situe également l’entrée principale. Autres entrées supposées : vers le port côté sud et vers une terrasse naturelle de 300 m2 côté nord-ouest. Découvertes fortuites de chapiteaux, tegulae, céramique, monnaies (Gulubov 1957 a), pp. 67/ 68 ;

Strandzha 1990, p. 145).

Tronçon du rempart de l’agglomération romaine d’Agathopolis mis au jour lors d’une opération de sauvetage en 2003.

328. Agglomération protobyzantine. A l’emplacement et dans la continuité de N° 326 et de N° 327. Attestée par la découverte fortuite de monnaies protobyzantines et mentionnée dans une inscription lapidaire en grec de 812 (la « colonne de Pliska », Musée de Sofia) sous le nom d’Agathopolis (Strandzha

1990, p. 145).

329. Tumuli.

En périphérie de la ville (Aianov 1938, p. 143, note 1 ; Strandzha 1990, p. 145).

330. Ex-voto.

Plaque de marbre en forme de trapèze avec inscription en grec et représentation du cavalier thrace galopant. Conservé au Musée de Bourgas (Inscriptiones graecae

I 1970, p. 402, n° 474).

331. Stèle funéraire.

Plaque de marbre avec inscription en grec effacée et représentation sur deux registres d’un banquet funéraire et d’un cavalier thrace. Emmurée dans la fontaine en face de l’ancien port – n’est pas visible aujourd’hui (Inscriptiones graecae I

1970, pp. 402/ 403, n° 475).

332. Décret officiel.

Mis au jour dans la ville. Fragment d’inscription lapidaire en grec renseignant que l’ecclésia de la ville (son nom n’est

pas mentionné) a envoyé des délégués à

Odessos. Lieu de conservation non indiqué

(Iuroukova 1994, p. 262).

333. Décret officiel.

Mis au jour dans la ville. Fragment d’inscription lapidaire en grec indiquant une délégation de la ville. Lieu de conservation non indiqué (Iuroukova

1994, pp. 261/ 262).