• Aucun résultat trouvé

Epoque protobyzantine

II. Inventaire des sites archéologiques répertoriés sur le territoire de la Sakar planina

1. HISTORIQUE DES RECHERCHES

A la fin XIXème et début XXème siècle, le massif du Sakar avait suscité l’intérêt des archéologiques chèques Karel et H. Skorpil20, qui s’étaient posés comme but, entre autres projets de recherche, de répertorier tous les sites archéologiques en Roumélie orientale et de la province turque avoisinante. Durant cette même période, un autre chercheur, le Bulgare Guéorgui Bonchev21 a entrepris, de son côté, dans la même région une observation systématique du terrain à la recherche de vestiges archéologiques.

Carte représentant la région du Sakar sur le fond d’une carte historique de la fin du XIXe siècle. Les premiers chercheurs ont sillonné la région du Sakar au moment où la frontière entre la Roumélie orientale et la Turquie passait au nord du massif du Sakar.

20 Notamment Skorpil 1888, Skorpil 1896, Skorpil 1898, Skorpil 1912/ 13 et Skorpil 1925. 21

Sans avoir une prédilection pour telle ou telle période, les frères Skorpil et G. Bonchev ont pu observer principalement des structures funéraires et des sites fortifiés, ancrés dans le paysage forestier du massif du Sakar. Les premières se présentent comme des anomalies du terrain si elles sont intactes (le tertre funéraire, le tumulus a une forme compacte et il est facilement reconnaissable parmi les formations naturelles du relief) ou se repèrent grâce à des structures ou éléments de construction mégalithiques (dolmens). Quand aux sites fortifiés, ils sont à chercher sur les hauteurs et leur identification est faite principalement à partir des vestiges du système de défense (murs d’enceinte, tours et portes d’entrée, axes de circulation

intra muros).

L’on doit aujourd’hui, aux deux initiatives citées plus haut, une documentation, qui pourrait être comparée à un « instantané d’époque ». En effet, la collecte de données et leur publication reflètent une réalité, qui a fortement changé depuis.

Une autre recherche de terrain a eu lieu 50 ans plus tard. Dans les années 1970, a été décidée par les autorités bulgares en place22 une campagne de prospection systématique dans le massif du Sakar. Les archéologues espéraient d’une part identifier sur place les sites mentionnés par les frères Skorpil et G. Bonchev et d’une autre part enrichir l’inventaire dressé par les chercheurs pionniers avec de nouveaux documents. Or, en un demi siècle le potentiel archéologique de la région a été bouleversé irréparablement. Les chiffres publiés sont assez éloquents23 : 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 Total Sakar Sakartsi Oriahovo Bonchev Skorpil Expédition années 1970

22 Plusieurs programmes de recherche pluriannuels ont eu lieu dans les années 1970 et 1980 en Bulgarie du Sud-

est : les expéditions « Apollonia – Strandzha » et « Strandzha – Sakar » sont parmi les plus importantes.

23

G. Bonchev a observé pas moins de 474 structures mégalithiques dans le massif du Sakar. Les frères Skorpil en dénombrent un peu moins – 116 dolmens sakariotes qu’ils aient pu visiter, mais le chiffre reste néanmoins conséquent. Le catalogue des 57 structures funéraires de l’expédition des années 1970 peut paraître dérisoire déjà d’un point de vue purement quantitatif. Ce qui est encore plus regrettable, c’est qu’on constate que l’état des monuments encore en place s’est terriblement dégradé au cours du XXème siècle. Et qu’il s’agit en effet des survivants de cinquante années de pillage systématique. Parmi d’autres, les quelques grandes concentrations de structures mégalithiques sur les communes de Bulgarska poliana, Sakartsi, Hliabovo et Oriahovo semblent avoir perdu leur valeur extrinsèque de jalons culturels tant au point de vue socioculturel que démographique.

Entre les visites de G. Bonchev et des frères Skorpil de la région du Sakar et l’opération programmée des années 1970, quelques autres auteurs ont cherché à répertorier les sites archéologiques sakariotes. Bien évidemment, l’attention des chercheurs a été attirée essentiellement par les vestiges de structures mégalithiques24. L’on doit à Vassil Mikov notamment, dans les années 1930, l’élaboration d’une carte archéologique du Sakar et l’identification de 78 structures mégalithiques inédites sur la seule commune de Mladinovo.

Enfin, les travaux de compilation et de synthèse Monuments thraces. Les mégalithes

en Thraces, publiés entre 1976 et 1982, ont contribué eux aussi à la construction de l’image

identitaire de la région du Sakar, comme le « pays des dolmens » en Bulgarie.

Les premiers chercheurs ont tenté de répondre à la question quand les dolmens ont été construits et par qui ?25 Leur fonction de structures funéraires, quoi que non attestée directement par du matériel archéologique, se traduit par la disposition, le plan, les formes et les dimensions de l’ensemble architectural ‘tumulus-dolmen’.

Les frères Skorpil écrivaient que les dolmens sakariotes ont été élevés par une population celte. Ce raisonnement était fondé sur deux points mis en relation : d’une part, les parallèles que l’on pouvait établir avec les structures mégalithiques de l’Europe de l’Ouest et d’une autre part, la présence d’une diaspora celte au Sud-est des Balkans durant le Second âge du Fer. Pour V. Mikov, les dolmens étaient l’œuvre de la population locale, les Odrysses, qui faisaient partie de la grande famille thrace.

En l’état actuel des recherches, en se basant sur l’analyse de la typologie céramique et des quelques rares artefacts métalliques (en bronze et en fer) mis au jour dans les dolmens et

24 Cf. par exemple Velkov 1926/ 31, Mikov 1933 et Velkov 1938 b). 25

dans leur environnement immédiat, il est communément admis que le Premier âge du Fer (XII – VI siècles avant n.è.) est l’âge des dolmens de la Bulgarie du Sud-est.

Par ailleurs, il semblerait que les régions du Balkan central et oriental (quelques rares spécimens), du Sakar (cf. PLANCHE 3), de la Strandzha jusqu’au golfe de Bourgas et des Rhodopes orientales (en Bulgarie, en Grèce et en Turquie actuelles) forment une zone de diffusion d’un seul et unique groupe de structures funéraires mégalithiques aux caractéristiques similaires.

Carte de diffusion des structures mégalithiques funéraires au sud-est de la péninsule balkanique.

Comme on l’a déjà constaté, les dernières recherches dans le Sakar datent des années 1970. Or, à l’époque actuelle, un délai de trente ans change considérablement la donne sur terrain. La visite effectuée en mars 2007 dans le secteur Bulgarska poliana – Hliabovo –

Sakartsi a cependant montré que les sites archéologiques situés à l’écart des zones d’habitat actuelles ont peu souffert malgré qu’ils sont exposés aux vicissitudes des temps modernes.

L’inventaire, qui suit, a été organisé en plusieurs étapes. D’abord, un texte d’orientation pour situer l’unité archéologique selon quelques descripteurs spatiaux et repères : le nom de la commune, le nom du lieu-dit, le village actuel comme point de repère, la direction et la distance à parcourir (sur le terrain, c’est bien plus compliqué que cela ne paraisse). De manière générale, deux autres détails sont soulignés : l’axe d’orientation de la structure mégalithique et les dimensions du tumulus. De cette manière, on a cherché à individualiser une structure au sein d’un groupe de mégalithes.

Il est apparu judicieux de présenter également sous forme de fiches techniques, accompagnées de plans et coupes, un nombre restreint de spécimens, plutôt bien conservés, afin de pouvoir commenter ensuite les caractéristiques de cette architecture mégalithique relativement peu étudiée et peu connue.

Bien évidemment, on s’arrête brièvement sur les autres catégories de sites archéologiques signalés dans l’inventaire.

En fin du chapitre, quelques clichés photographiques récents illustrent, à leur façon, les particularités des sites archéologiques et leur environnement immédiat.

Enfin, tous les toponymes rencontrés ont été repris sur un tableau annexe et traduits en français dans le but d’éclaircir leur signification.

2. INVENTAIRE DES SITES ARCHEOLOGIQUES