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Inuence de l'OMD sur la capacité d'accueil du réseau de distribution

L'objectif de l'algorithme de réglage de tension développé est de réguler la puissance

réactive dans les réseaux de distribution an d'éviter l'apparition de surtensions et de

sous-tensions dues à la présence de productions décentralisées. Cet objectif moral est

dé-ni mathématiquement comme une contrainte dans l'algorithme OMD. L'objectif de

l'al-gorithme, au sens mathématique du terme, est la minimisation des pertes Joule dans le

réseau. Cet ojectif est, en quelque sorte, une conséquence de l'utilisation d'un algorithme

d'optimisation pour réaliser le réglage de tension. Cette conséquence est bénéque pour

le gestionnaire du réseau de distribution puisque les coûts d'exploitation du réseau sont

diminués.

Une autre conséquence du réglage optimal de tension est d'augmenter la capacité

d'ac-cueil des réseaux de distribution. Cette capacité est dénie comme étant le nombre de GED

qu'il est possible de connecter au réseau tout en respectant les critères d'exploitation du

réseau. Au delà d'un certain nombre de GED connectées, des phénomènes indésirables tels

que des surtensions, des sous-tensions, des dilatations thermiques importantes ou encore

des congestions, vont ainsi apparaître dans le réseau.

Le réglage optimal de la tension, permet de repousser la limite d'apparition de certains

de ces phénomènes et ainsi augmenter la capacité d'accueil d'un réseau de distribution, en

comparaison avec le réglage classique de la tension.

L'objectif de cette étude est donc de caractériser et d'évaluer l'inuence de l'OMD

sur la capacité d'accueil des réseaux de distribution. Deux études sont présentées ici :

une première, simple, permettant une première évaluation de l'inuence de l'OMD sur les

capacités d'accueil des réseaux de distribution et une seconde, plus complète, généralisant

la méthode permettant de déterminer la capacité d'accueil maximale.

IV.5.1 Hypothèses de simulation

Le réseau utilisé est identique à celui présenté dans le paragraphe IV.3.1. Le nombre

de GED connectées varie suivant les études. Il est précisé dans les paragraphes ci-après.

La charge est xée à une valeur faible an de placer le réseau dans la situation la plus

contraignante, c'est-à-dire pour laquelle sa capacité d'accueil est la plus faible : la puissance

produite par les GED est peu consommée localement.

An de ne pas complexier l'étude, les contraintes thermiques dans les lignes et les

câbles ne seront pas prises en compte dans la détermination de la limite de capacité

d'ac-cueil. Les contraintes thermiques correspondent au courant maximal que peut supporter

une ligne ou un câble. Le courant transitant depuis une GED vers le réseau, dépend de la

puissance active de la GED mais aussi de la puissance réactive injectée. Si le comportement

inductif ou capacitif de la GED correspond au sens de transit de la puissance réactive au

point de connexion alors le courant augmente. Dans le cas contraire le courant diminue.

Dans la présente étude, les lignes et câbles connectant les GED sont considérés comme

étant susamment dimensionnés pour respecter les contraintes thermiques. Seules les

contraintes de tension sont étudiées. Cette hypothèse est forte mais elle permet de

ca-ractériser plus facilement l'apport du réglage de tension.

Dans un cas réel de raccordement au réseau, le gestionnaire vériera que le producteur

peut respecter les contraintes thermiques du réseau, du point de vue de la puissance active

et de la puissance réactive.

La limite de capacité d'accueil sera donc considérée comme atteinte lorsque les contraintes

de tension dans le réseau dépasseront les limites admissibles.

IV.5.2 Évaluation simple de l'inuence de l'OMD sur la capacité

d'ac-cueil du réseau

Une première étude simple sur un cas de simulation déjà traité (c.f. IV.3) permet une

première caractérisation de l'inuence de l'OMD sur la capacité d'accueil du réseau. Une

puissance apparente identique est associée à chacune des 7 GED du réseau. Ces GED

sont situées à divers endroits du réseau (c.f. gure IV.12). La puissance des GED est

uniformément augmentée toutes les 100 s. La gure IV.26 donne la correspondance entre

le temps de simulation et la puissance totale.

0 100 200 300 400 500 600 0 10 20 30 40 50 60 Temps / s

Puissance totale / MVA

Figure IV.26 Inuence de l'OMD sur la capacité d'accueil du réseau : puissance apparente totale des

GED en fonction du temps.

Deux séries de simulation sont comparées : une simulation avec le réglage de tension

classique et une simulation avec le réglage optimal de tension.

L'étude de la gure IV.27 montre que le réglage de tension classique ne parvient pas à

empêcher l'apparition de contraintes de tension dès la première variation de puissance des

GED. Pour cette conguration, la capacité limite d'accueil du réseau, avec le réglage

clas-sique de tension, est comprise entre 4 MVA et 8 MVA (la valeur limite exacte est 5.6 MVA).

La gure IV.28 montre que les contraintes de tension apparaissent au niveau de GED

si-tuées en bout de départ. La gure IV.27 montre aussi qu'une stratégie simple telle que le

contrôle des prises du transformateur régleur en charge à partir de mesures de tension en

diérents points du réseau, mais sans contrôle des GED, ne peut fonctionner au delà d'un

certain taux d'insertion des GED. Jusqu'àt= 200 s, il est ainsi possible de ramener la

ten-sion dans les limites en abaissant les prises du transformateur régleur en charge. Au delà,

l'écart entre la tension minimale et maximale est trop important : cette stratégie devient

inopérante car il est impossible de maintenir tout le plan de tension entre les limites.

Avec le réglage optimal de tension, la capacité d'accueil du réseau est sensiblement

augmentée. L'algorithme OMD parvient à calculer une solution satisfaisant aux contraintes

de tension pour une valeur de puissance totale des GED comprise entre 16 MVA et 24 MVA

(la valeur limite exacte est 17.6 MVA). Les courbes de la gure IV.27 montrent que la

marge de man÷uvre de l'algorithme se réduit au fur et à mesure que la puissance des

GED augmente : la tension minimale du réseau se décale progressivement vers la limite

inférieure. Au delà de la puissance limite, l'algorithme ne parvient plus à converger. Les

résultats obtenus ne sont alors plus signicatif car la consigne de puissance réactive des

GED est xée, par défaut, à une valeur nulle.

0 100 200 300 400 500 600 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2 1.25 1.3 1.35 1.4 Temps / s Tension / p.u.

Tensions maximales et minimales du réseau Tension maximale Tension minimale 0 100 200 300 400 500 600 0.9 0.95 1 1.05 1.1 1.15 1.2 1.25 1.3 1.35 1.4 Temps / s Tension / p.u.

Tensions maximales et minimales du réseau Tension maximale

Tension minimale

Figure IV.27 Inuence de l'OMD sur la capacité d'accueil du réseau : tensions minimales et maximales

avec et sans OMD. Le graphique de gauche correspond aux résultats obtenus avec OMD.

L'algorithme OMD permet donc, dans cet exemple précis, de multiplier la capacité

d'accueil du réseau par un facteur 3 environ. Ce résultat est intéressant car il conrme

l'intérêt que peut avoir l'utilisation d'un réglage optimal de tension pour favoriser l'insertion

de production décentralisée dans les réseaux de distribution. Cette étude tend aussi à

montrer que le réglage de tension est un réglage assez robuste, peu sensible à la position

des GED sur le réseau : le contrôle coordonné de la puissance réactive des GED et des

transformateurs régleurs en charge permet à l'algorithme de calculer une solution sans

contraintes de tension pour des congurations sensibles où les GED sont par exemple

connectées vers l'extrémité de départs.

Tension sur le réseau

0.95 p.u. 1 p.u. 1.0501 p.u.

Tension sur le réseau

0.95 p.u. 1 p.u. 1.0501 p.u.

Figure IV.28 Inuence de l'OMD sur la capacité d'accueil du réseau : comparaison des plans de

tension topologiques avec et sans OMD, pour Ptotale = 8 MVA. Le graphique de gauche correspond aux

résultats obtenus avec OMD.

IV.5.3 Étude mixte de l'inuence de l'OMD sur la capacité d'accueil du

réseau : tirages aléatoires

Les résultats obtenus dans l'étude précédente correspondent à une situation précise du

réseau. L'étude menée au paragraphe précédent a montré que la position des GED sur le

réseau a une inuence importante sur la puissance maximale acceptable par le réseau au

point de connexion. De même, la présence ou l'absence d'autres GED et de consommateurs

aux alentours du point de connexion a aussi une inuence sur la puissance maximale

acceptable. Il est donc dicile de généraliser la valeur du facteur obtenue à d'autres études.

Pour tenter de surmonter cette diculté et de parvenir à mieux caractériser l'apport

du réglage optimal de tension pour la capacité d'accueil des réseaux de distribution, une

série de simulations avec tirages aléatoires est réalisée.

Le principe de cette étude est de simuler à plusieurs reprises un accroissement de la

pro-duction décentralisée. Pour chaque pas d'accroissement de la puissance, le réglage optimal

et le réglage classique de tension sont exécutés. L'accroissement de puissance est stoppé

lorsque les capacités d'accueil limites respectives sont atteintes. Pour chaque pas, le nombre

de GED, la position et la puissance apparente de chaque GED sont tirés aléatoirement.

Finalement, les résultats obtenus avec le réglage optimal de tension et ceux obtenus avec

le réglage classique sont comparés et analysés.

Cette étude avec tirage aléatoire permet de simuler diérents scénarios d'accroissement

de la production décentralisée sur un réseau de distribution sans que, ni la position, ni la

puissance individuelle des GED ne biaisent l'étude. Les résultats obtenus sont donc plus

facilement généralisables.

Le réseau simulé est celui utilisé dans l'étude précédente, à faible charge et sans GED

ini-tialement. La puissance apparente de chaque GED est comprise entre 250 kVA et 1 000 kVA.

Le nombre de GED connectées à chaque itération est compris entre 1 et 10. La distribution

utilisée pour générer des valeurs aléatoires est une distribution normale. Ce choix est justié

par l'absence de connaissance sur les statistiques des paramètres pris en compte. L'objectif

est en eet ici de donner une méthode permettant de quantier objectivement la capacité

d'accueil limite d'un réseau en fonction du réglage de tension utilisé. Le but n'est pas de

calculer exactement cette capacité d'accueil pour le réseau utilisé dans cette étude. Pour

eectuer ce calcul il serait en eet indispensable d'avoir une connaissance plus précise sur la

statistique des variables aléatoires mises en jeu. Le nombre de tirages aléatoires nécessaires

pour mener une telle étude devrait aussi être beaucoup plus important an d'obtenir des

résultats statistiquement signicatifs (loi des grands nombres). Dans cette étude le nombre

de tirages est xé à 100.

Les résultats obtenus sont présentés dans la gure IV.29. Le graphique de gauche

per-met de représenter dans un plan les résultats des diérents tirages, tandis que le graphique

de droite, appelé boîtes à moustaches, permet de représenter le prol des deux séries

sta-tistiques obtenues. Les valeurs associées sont présentées dans les tableaux IV.1.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 0 5 10 15 20 25 30

Capacité d’accueil limite en puissance / MVA

Capacité d’accueil limite en nombre de GED OMD Réglage classique 0 5 10 15 20 25 1 2 1: OMD 2: Réglage classique

Capacité limite d’accueil en puissance / MVA

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 1 2 1: OMD 2: Réglage classique

Capacité limite d’accueil en nombre de GED

Figure IV.29 Inuence de l'OMD sur la capacité d'accueil du réseau : résultats obtenus après tirages

aléatoires ; répartition des données et boites à moustache.

OMD Réglage classique

Limite basse 14 0

1er quartile 19 0

Médiane 21 9

Moyenne 21 8

3eme quartile 23 16

Limite haute 28 23

OMD Réglage classique

Limite basse 46 0

1er quartile 60 0

Médiane 66 28

Moyenne 65 26

3eme quartile 71 50

Limite haute 82 74

Table IV.1 Valeurs associées aux résultats de la gure IV.29 : respectivement, de gauche à droite,

capacité limite d'accueil en puissance (MVA) et en nombre de GED.

Ces résultats tendent à montrer que le réglage de tension classique est très sensible à

la position des GED sur le réseau. En eet, pour le réglage classique, la série de valeurs

obtenue est plus dispersée que pour l'OMD et le premier quartile est égal à la valeur basse

extrème, soit zéro. Il existe donc de nombreuses congurations où les contraintes de tension

ne sont pas solvables par le réglage classique. Ces congurations sont celles où les GED sont

situées aux extrémités des départs. Les valeurs les plus hautes correspondent à des tirages

où les GED sont connectées majoritairement près du poste source. Ce résultat conrme

la faiblesse principale du réglage classique de tension, à savoir, l'absence de mesure et de

contrôle possible des GED, ce qui limite leur intégration, d'autant plus si celles-ci sont

éloignées du poste source.

À l'inverse, les résultats obtenus avec le réglage optimal de tension, l'OMD, sont

beau-coup moins dispersés. La position des GED est moins inuente sur la capacité limite

d'ac-cueil du réseau. L'OMD permet de connecter un plus grand nombre de GED et une plus

grande puissance totale des GED. Cette étude conrme que l'OMD est un réglage de

ten-sion robuste.

Le rapport entre les deux médianes et les deux moyennes des séries de données est

d'environ 2,5. Cette valeur est proche de celle obtenue dans l'étude précédente (rapport

de 3). Le nombre de tirages réalisés pour cette étude permet une première évaluation des

gains du réglage optimal de tension par rapport au réglage classique.

Cette étude statistique avec tirage aléatoire tend donc à conrmer la robustesse de

l'OMD et sa plus grande ecacité en comparaison avec le réglage classique : l'intégration

des GED est facilitée. Dans le cas d'une étude technico-économique, en vue d'évaluer les

bénéces techniques et économiques du réglage de tension dans un réseau de distribution,

ce type d'études statistiques peut constituer un outil d'aide à la décision performant. Il

im-porte alors cependant de mieux connaître la distribution des diérentes variables aléatoires

et de réaliser un très grand nombre de tirages an d'obtenir des résultats statistiquement

ables.

IV.5.4 Conclusions

Les deux études menées ici tendent donc à montrer que le réglage optimal de tension

permet d'améliorer signicativement la capacité d'accueil des réseaux de distribution. Ce

résultat, observé tout d'abord sur un cas particulier, c'est-à-dire pour une conguration

donnée des GED sur le réseau, est conrmé par une étude statistique simple. Ces deux

études révèlent aussi la robustesse de l'OMD.

Par ailleurs, ce type d'étude, à condition d'avoir une meilleure connaissance statistique

des données et de réaliser un nombre susant de tirages, constitue un outil ecace et

able d'aide à la décision pour les gestionnaires de réseaux de distribution. Ils peuvent

ainsi déterminer, suivant les scénarios d'accroissement de la production décentralisée, les

bénéces technico-économiques possibles, ainsi que les limites du réglage classique et du

réglage optimal de tension.