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Introduction : les ressources au sein de l’environnement de l’enfant

l’organisation de l’ESMS autour des parcours scolaires

3.2. Questions du cadrage

3.4.1. Introduction : les ressources au sein de l’environnement de l’enfant

3.4.1.1. Dans le champ de la protection de l’enfance

En protection de l’enfance, la recherche et la littérature mettent en évidence les facteurs de risque accrus de difficultés, voire d’échec scolaire pour les enfants placés en établissement ou en famille d’accueil.

Dans un article publié en 2012, P.J. Pecora propose une synthèse de ces facteurs de risque (60) :

l’instabilité des parcours a bien souvent pour effet miroir une instabilité scolaire (42, 61) : freins à l’intégration d’un nouvel établissement scolaire liés aux pertes ou lenteurs pour constituer le dossier administratif, pour l’inscription, au délai préconisé par les professionnels avant d’inté-grer l’enfant dans sa nouvelle école ;

la posture des professionnels, en établissement et en milieu familial, dont le rapport négatif à l’école peut être plus ou moins fort et se répercute sur le parcours scolaire des enfants qu’ils accompagnent (représentations négatives de l’école, faibles attentes par rapport aux résultats scolaires, absence d’encouragements et d’accompagnement, etc.) (62) ;

les expériences de l’enfant (carences affectives, maltraitance, traumatismes…) et les spécifici-tés de la relation parents-enfants peuvent causer l’apparition de troubles émotionnels ou com-portementaux, qui nuisent aux capacités d’apprentissage de l’enfant. Malgré le placement qui permet d’écarter le danger, ces facteurs peuvent continuer à peser sur la disponibilité psychique et émotionnelle de l’enfant, nécessaire pour les apprentissages ;

le retard scolaire peut être un élément de stigmatisation pour l’enfant et constitue un challenge supplémentaire ;

la contrainte temporelle de la fin de prise en charge à 18 ou 21 ans, qui réduit les possibilités et les ambitions d’études secondaires pour ces enfants.

Globalement, les facteurs de risque sont donc nombreux et diffèrent d’un enfant à l’autre en fonction de sa situation (contexte familial, troubles éventuels, raisons du placement, précocité et configuration de l’accueil de l’enfant, etc.).

Plusieurs facteurs de protection au sein de l’environnement de l’enfant sont ensuite identifiés dans plusieurs travaux (60, 63) en réponse pour diminuer ces facteurs de risque : la continuité du parcours de l’enfant en protection de l’enfance, la posture des professionnels vis-à-vis de la scolarité, la mise en place de programmes de soutien, l’amélioration des diagnostics et la prise en charge des troubles de l’enfant, et enfin la mise en place d’indicateurs et de mesures de suivi de la réussite et du bien-être scolaire des enfants, par et pour les acteurs du système de protection de l’enfance. Tous ces facteurs sont analysés plus en détail à travers la littérature ci-après.

On retrouve par ailleurs dans la littérature le facteur de protection de la scolarité analysé en première partie de nos travaux : l’implication de l’enfant dans son projet. Dans une revue de littérature réalisée par le Department for Education britannique en 2018 (49), l’importance de l’implication des enfants et des jeunes dans les décisions qui les concernent est soulignée. Il apparaît en effet que les jeunes ont pleinement conscience des facteurs favorisant leur scolarité (64), dont il s’agit pour les professionnels de tenir compte afin d’adapter au mieux le soutien apporté.

Les auteurs mettent en avant le programme Attachment Aware Schools comme particulièrement inté-ressant dans cette démarche d’implication de l’enfant. Ce programme, développé au Royaume-Uni, s’appuie sur la formation des enseignants et assistants éducatifs à mieux comprendre et travailler sur la gestion des émotions et des comportements des enfants. La première évaluation du programme a montré des améliorations significatives des résultats scolaires et du bien-être des enfants (une

évaluation à plus grande échelle est en cours). Les auteurs s’appuient également sur l’accompagne-ment individualisé émotionnel pour les élèves (65).

3.4.1.2. Dans le champ du handicap

Dans le champ du handicap, les enfants rencontrent également plus d’obstacles que les autres à par-ticiper à des activités, structurées ou non, et un engagement moindre, voire inexistant, dans le monde scolaire au sens large. La recherche et la littérature nous permettent toutefois là aussi d’identifier des facteurs de protection, environnementaux et psychosociaux.

Dans une revue systématique de 2019 (17), plusieurs auteurs ont analysé 72 articles de recherche, permettant d’identifier des facteurs de protection pour les enfants en situation de handicap, de 4 à 12 ans, en faveur d’une bonne implication dans leur scolarité.

On entend ici par implication dans la scolarité la participation de l’élève à des activités actives et signi-ficatives, nécessaires ou désirées, pour remplir le rôle de l’élève dans ou autour du contexte scolaire.

L’implication dans la scolarité n’est pas seulement une activité en classe, un travail scolaire ou des performances. Il s’agit plus globalement de la participation de l’enfant aux évènements scolaires, voyages, équipes, clubs ; des relations de qualité engagées avec les adultes et des relations amicales avec leurs pairs. L’évaluation de cette implication s’appuie donc sur des aspects quantitatifs (fréquence des activités) et qualitatifs (type d’activités, expérience subjective de l’enfant).

Plusieurs facteurs de protection sont ainsi identifiés en faveur de cette implication de l’enfant dans sa scolarité. D’une part, il y a des facteurs psychosociaux, personnels, qui rejoignent ce qui a été analysé pour la première thématique (se reporter à la première partie de l’argumentaire « Participation de l’en-fant à son projet scolaire »).

Ensuite, les nombreuses recherches analysées permettent d’identifier des facteurs de protection en-vironnementaux, interdépendants entre eux, en faveur de l’implication de l’enfant en situation de han-dicap dans sa scolarité : la structure qui accueille l’enfant et son organisation, les compétences et la posture positive et encourageante des professionnels, ainsi que la mise en place d’actions de coaching pour le développement des compétences psychosociales (perception de soi, des rôles sociaux, appro-priation des routines…). L’attitude des pairs et enfin l’adaptation de l’espace et des objets ou matériels disponibles sont également des facteurs de protection ; ils seront analysés à travers la thématique suivante portant sur les facteurs liés au climat scolaire et à l’accessibilité universelle de la scolarité.

Finalement, plusieurs grandes catégories de facteurs environnementaux se dégagent en faveur de la scolarité de l’enfant, dans le champ de la protection de l’enfance comme dans celui du handicap :

l’organisation de la structure ;

la posture des professionnels ;

la mise en place de programmes spécifiques de soutien pour compenser les facteurs de risque rencontrés par ces enfants ;

la participation à des activités de loisirs (extrascolaires).

Ces différents facteurs sont présentés ci-après en détail, à travers la littérature analysée, après une présentation d’outils de questionnement permettant aux professionnels d’évaluer les ressources dis-ponibles à mobiliser et celles qu’il leur faudra compenser.

3.4.2. L’évaluation des facteurs de protection au sein de l’environnement

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