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Introduc t ion

Dans le document Québec QC DE LA (Page 30-34)

DESIGNATION DU STATUT TAXONOMIQUE

1.1. Introduc t ion

La découverte d'une population de Cisco de lac en fraie au printemps au lac des Ecorces constituait la première mention d'une population [à l'extérieur des Grands Lacs] possédant cette caracté-ristique en Amérique du Nord (Pariseau et^ al^ 1983). En effet, la présence de Coregonus artedii en fraie au printemps dans le Lac Supérieur a déjà été signalée par Todd (1981). L'existence de ces populations a soulevé quelques interrogations sur leur origine. En effet, on peut considérer la première comme un reliquat de l'époque pré-glaciaire, étant située dans une zone où l'occurence d'espèces glacio-marines est forte; on peut aussi supposer que cette popula-tion est au début d'un phénomène de spéciapopula-tion (Pariseau et al.

1983).

En Europe, un phénomène semblable existe chez le Corégone blanc (C_. albula) , espèce frayant l'automne dont on connaît quatre populations frayant au printemps en Suède (Svârdson 1957) et deux en Finlande (Airaksinen 1968). En se basant sur les voies de dispersion post-glaciaires possibles, Svârdson (1979) a émis

l'hypothèse que ces populations étaient d'origine monophylétique, découlant d'un ancêtre commun ayant été isolé durant la période interglaciaire de Eem, et a désigné ces populations comme représen-tantes d'une espèce distincte, C_. trybomi SvMrdson. Toutefois, Vuorinen e£ al^. (1981) croient plutôt que les populations finlan-daises frayant au printemps sont d'origine polyphylétique, puisque les différences génétiques détectables par électrophorèse entre ciscos de printemps et d'automne sont très faibles, tout en n'étant pas uniformes d'une population à une autre. Les caractères morpho-logiques semblant être de meilleurs descripteurs de stocks de ciscos que les caractères biochimiques (Todd 1981), ces résultats appuient ceux de Todd et Smith (1980), lesquels montraient que les différences morphologiques entre les stocks de C.zenithicus isolés par leur période de reproduction au Lac Supérieur (allochroniques) n'étaient pas plus importantes que celles observées entre des stocks isolés geographiquement (allopatriques). Ryman et^ al.

(1984) ont aussi observé que les variations électrophorêtiques entre stocks de Hareng (Clupea harengus) frayant au printemps et à l'automne n'étaient pas plus grandes que celles présentes à l'intérieur même de ces stocks. Par conséquent, il ne serait pas opportun de considérer un stock montrant un décalage de la période de fraie comme une espèce distincte (Todd et Smith 1980; Todd 1981;

Vuorinen et al. 1981; Ryman et al. 1984; Savvaitova 1984).

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Puisque la population frayant au printemps au lac des Ecorces constitue la seule mention, à notre connaissance, de l'existence de ce phénomène pour cette espèce à l'extérieur du bassin des Grands Lacs, nous avons voulu vérifier dans quelle mesure les résultats et conclusions cités plus haut pouvaient s'appliquer à cette dernière.

Nous avons donc effectué un survol electrophoretique de divers isozymes présents dans le muscle blanc et une étude des caractères morphometriques et mêristiques de quelques stocks de ciscos.

Afin de décrire la forme des poissons, nous avons utilisé deux systèmes de mesures morphometriques. Le premier, tradition-nellement utilisé depuis plusieurs décennies, consiste en la mesure de différentes parties de l'anatomie externe du poisson. Malgré l'utilisation très répandue de ces caractères en taxonomie numéri-que, Strauss et Bookstein (1982) ont relevé plusieurs biais ou faiblesses de ce système de mesures dont nous rappelons ici les principaux. La plupart des caractères tendent en effet à être alignés dans l'axe longitudinal du poisson. Plusieurs données sont donc répétitives, alors que les variations présentes dans d'autres axes (e_«g_. obliques) ne sont pas mesurées. La couverture de la forme du corps est inégale, la répartition des mesures étant dense sur certaines parties du corps, et éparses sur d'autres. Quelques structures morphologiques, comme le bout du museau, sont utilisées de façon abusive. Plusieurs mesures sont "extrêmes" plutôt

qu'"anatomiques"; une mesure anatomique est définie par Moyers et Bookstein (1979) comme étant la distance entre deux points identi-fiés par une propriété anatomique spécifique (£_.§_• base de la nageoire dorsale) alors qu'une mesure extrême est plutôt définie en termes de distance minimale ou maximale (e_.g_. hauteur du pédoncule caudal). Cette distinction typologique implique que l'emplacement exact d'une mesure n'est probablement pas identique d'un spécimen à l'autre. Pour combler ces lacunes du système conventionnel, le système en réseau ("truss network") proposé par Strauss et Book-stein (1982) a été employé. Le système conventionnel nous permet de comparer nos données avec celles de la littérature. Les mesures en réseau comportent l'avantage de pouvoir détecter systémati-quement des différences de forme tant horizontales et verticales qu'obliques.

Par ailleurs, nous tenterons de statuer à l'aide de ces résul-tats sur l'allopatrie ou la sympatrie de la population frayant au printemps, les quelques ciscos d'automne capturés au lac des Ecorces pouvant provenir des plans d'eau situés en amont (Pariseau et al^1983). La détermination du caractère allopatrique ou sympa-trique de ce stock pourrait aider à la formulation d'hypothèses relatives aux facteurs responsables du décalage de la période de fraie, ceux-ci étant complètement inconnus jusqu'à maintenant

(Smith et Todd 1984).

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Les stocks de ciscos échantillonnés proviennent de plans d'eau du bassin hydrographique de la rivière Kiamika, soit les lacs des Ecorces ( 4 6 O3 2' N , 75O25'0), Petit Kiamika (46°39'N, 75°14'O) et Marquis (46°40'N, 75°14'O). Les ciscos de printemps ont été capturés exclusivement dans le premier, alors que des ciscos d'automne ont été capturés dans ces trois plans d'eau. Les deux derniers lacs sont reliés au premier par le biais de la rivière Kiamika (fig. 1). Ce cours d'eau est de faible profondeur, environ 5 m, et pourrait permettre l'immigration de poissons dans le lac des Ecorces. Celle-ci serait cependant limitée dans le cas du cisco, à cause des températures chaudes de l'eau atteintes durant l'été et aussi par la présence de chutes et de rapides entre ces plans d'eau.

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