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CARACTERISTIQUES BIOLOGIQUES

Dans le document Québec QC DE LA (Page 118-126)

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CARACTERISTIQUES BIOLOGIQUES

3.1. Croissance

3.1.1. Introduction

Le Cisco de lac se reproduit généralement l'automne, période de fraie caractéristique des Salmonidés. Toutefois, la découverte par Pariseau et al. (1983) d'une population frayant au mois de mai a apporté un élément inédit aux connaissances déjà acquises sur la biologie de cette espèce, laquelle est pourtant bien documentée surtout à cause de son exploitation commerciale jadis très répan-due. Lorsqu'ils ont signalé l'existence de cette population excep-tionnelle, Pariseau e£ a^. (1983) ont aussi présenté une brève description de sa biologie, notamment les tailles atteintes à la fin des trois premières années de vie. Cependant, leur échantillon était composé principalement d'individus capturés durant la période de fraie et il présentait un sex ratio favorisant fortemment les mâles. Il n'était pas alors possible à ces auteurs de décrire précisément les relations d'âge et de croissance, la longévité et l'âge à la maturité sexuelle chez cette population.

Le but de l'étude présentée ici est donc de décrire de façon plus approfondie la biologie de cette population. En effet, lors des travaux que nous avons effectués au lac des Ecorces en 1983 et 1984, nous avons eu l'occasion de constituer un échantillon beau-coup plus représentatif de la population. Les résultats obtenus complètent ainsi l'étude de Pariseau et al. (1983) et permettront de mieux cerner, s'il y a lieu, les implications biologiques d'un décalage important de la période de fraie chez le Cisco de lac.

3.1.2. Matériel et méthodes

Lors de la première année d'échantillonnage, en 1983, deux types d'engins de pêche ont été utilisés : le filet expérimental (mailles de 2,5, 3,7, 5, 6,7, 7,5 et 10 cm, mesure étirée, longueur totale 50 m ) auquel était attaché un filet à mailles de 5 cm (lon-gueur totale 30 m ) , ainsi que deux filets verticaux à mailles de 2,5 et 5 cm (hauteur de 30 m ) . En 1984, en plus des filets verti-caux, nous avons utilisé le filet maillant à mailles de 5 cm ainsi que des filets maillants à mailles de 6,7 cm munis de flotteurs.

En faisant varier la longueur des cordes reliant les flotteurs au filet, il nous était possible de suspendre ces filets en pleine eau à différentes profondeurs, soit en surface (0-3 m ) , à 10 m et à 20 m.

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Dès le retour au camp de terrain, les mesures suivantes étaient prises sur les spécimens capturés : longueurs totale et à la four-che (± o,5 m m ) , poids total, poids des gonades et du foie (± 0,05 g ) , sexe et stade de maturité sexuelle (selon Kesteven 1960). Les écailles servant à la détermination de l'âge étaient prélevées sur le côté gauche du poisson, entre la ligne latérale et l'extrémité postérieure de la base de la nageoire dorsale.

L'échantillon utilisé afin de déterminer les relations d'âge et de croissance est constitué de tous les spécimens capturés en 1983, à l'exception des mâles pris le 18 mai; les captures effectuées à cette occasion, en période de fraie, ont été trop abondantes pour qu'il soit possible de procéder aux mesures sur tous les spécimens frais. Par ailleurs, nous avons ajouté à l'échantillon les femel-les et quelques mâfemel-les de petite taille capturés en 1984 durant la période de fraie. En effet, nous avons déterminé leur âge dans le but d'utiliser ce paramètre dans l'étude de la fécondité et aussi afin d'obtenir un meilleur estimé de l'âge à la maturité sexuelle.

Suite à un nettoyage à la trypsine (Roy 1975), six à huit écail-les par spécimen ont été montées entre lames et observées au moyen d'un lecteur d'écaillés de marque Eberbach, à un grossissement de 80 X. Les annuli ont été identifiés selon les critères fournis par

Van Oosten (1929). Afin de s'assurer de la validité de cette méthode, nous avons tenté de déterminer l'âge de quelques spécimens à l'aide d'autres structures osseuses. Les rayons de la nageoire pectorale de quelques gros spécimens avaient été prélevés sur le terrain; ils ont été préparés selon la méthode décrite par Chilton et Beamish (1982) et montés dans le Permount. Toutefois, les résultats obtenus furent décevants, ces rayons étant de diamètre trop faible pour en faire une lecture ne laissant aucun doute sur sa validité. De plus, les deux premiers annuli se sont avérés difficiles à localiser.

C'est pourquoi des otolithes ont été prélevés au laboratoire sur quelques spécimens congelés. Suite au prélèvement, cette structure était brisée en deux parties, le plan de coupure passant par le noyau. Les deux moitiés étaient chauffées jusqu'à l'obtention d'une couleur brunâtre, puis examinées dans la glycérine sous une loupe binoculaire (méthode modifiée de Rudstam 1983). L'examen de ces otolithes a permis de mieux localiser les fausses marques, puisque celles-ci sont identifiées de façon plus certaine sur les otolithes que sur les écailles. Malheureusement, tout comme pour Rudstam (1983), les otolithes nous ont paru plus difficiles à lire que les écailles, notamment dans le cas de jeunes spécimens. Nous avons donc préféré établir les relations âge-croissance à partir des écailles. De plus, celles-ci étaient disponibles pour la

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grande majorité des poissons capturés. Nous considérons tout de même que les âges estimés sur cette structure sont minimaux; en effet, les âges de vieux spécimens évalués sur les otolithes ou les rayons de nageoire peuvent être plus élevés que ceux évalués sur les écailles (Aass 1972; Erickson 1979; Chilton et Beamish 1982), surtout si la croissance est très lente (Mills et Beamish 1980).

Afin d'estimer le degré de fidélité des lectures d'âge, celles-ci ont été effectuées par deux lecteurs indépendants, et ce, sans référence à la longueur du poisson. Les positions du foyer et des annuli subséquents étaient notées sur des bandes de papier et les distances entre ceux-ci ont été enregistrées grâce au progiciel DISBCAL (Frie 1982).

Afin d'estimer la longueur du poisson lors de la formation de l'écaillé, nous avons utilisé un échantillon composé de spécimens dont la longueur totale était inférieure à 175 mm (n=30). Cet échantillon comprenait 15 jeunes de l'année recueillis en décembre 1983 dans le système d'alimentation en eau de la pisciculture du lac des Ecorces, dont la longueur a été corrigée par un facteur de 1,023 pour compenser le rétrécissement dû à la formaline (Hogman 1968), ainsi que 15 spécimens de 1+ capturés à l'aide de filets maillants à mailles de 2,5 cm. Ces spécimens n'ont toutefois pas

été utilisés dans les rétrocalculs, puisque leur taille ne laissait aucun équivoque sur leur âge.

Afin de juger du type de croissance de l'écaillé, nous avons comparé les coefficients de corrélation obtenus en utilisant les valeurs arithmétiques et logarithmiques du rayon de l'écaillé et de la longueur totale du poisson. L'échantillon se composait ici de l'ensemble des spécimens pour lesquels les écailles étaient dispo-nibles (n=394). Nous en avons conclu que la relation décrivant le mieux la croissance du corps en fonction du rayon antérieur de l'écaillé est de type exponentiel. Lorsque calculée par la régres-sion fonctionnelle GM (Ricker 1980), cette relation est exprimée par la formule suivante:

LT = 106,99 E 0,7233 ( r = 0 > 9 7 6 )

où LT est la longueur totale du poisson et E le rayon antérieur de l'écaillé. Nous avons utilisé cette relation pour les rétrocal-culs, lesquels ont été effectués à l'aide du programme AGECRO (Réjean Fortin, Université du Québec à Montréal, non publié). Les longueurs ont d'abord été rétrocalculées séparément pour les mâles et les femelles capturées en 1983 ou en 1984. Afin d'obtenir de meilleurs points de comparaison avec la littérature, les échantil-lons ont par la suite été regroupés, les différences inter-annuel-les étant très peu marquées, voire même inexistantes.

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3.1.3. Résultats

En utilisant l'échantillon comprenant les jeunes de l'année et les juvéniles (1+) afin d'estimer la longueur du poisson à la formation de l'écaillé, on obtient une ordonnée à l'origine de 25,6 mm (régression G M ) . Cette façon de procéder sous-estime cependant la longueur du poisson à ce stade de développement, puisque Hogman (1970) a montré qu'il existait dans cette relation une nette infle-xion survenant à une longueur totale de 43,5 mm. Puisque le plus petit spécimen de notre échantillon montre une longueur totale de 51 mm, il n'est pas possible de juger du moment de cette inflexion chez les ciscos de printemps. Toutefois, cet auteur mentionne que l'ordonnée à l'origine obtenue sans tenir compte de l'inflexion et à partir de spécimens dont les longueurs sont comprises entre 44 et 94 mm est de 26 mm. Cette valeur est très semblable à celle que nous obtenons, soit 25,6 mm. Bien que nous ne puissions identifier le moment précis de la formation de l'écaillé chez la population du lac des Ecorces, cet inconvénient est de moindre importance puisque cette information n'est pas essentielle aux rétrocalculs effectués en tenant compte de l'allométrie de croissance de l'écaillé par rapport à la croissance du corps.

Les âges lus par deux personnes indépendantes ont été les mêmes dans 82,4% des cas, avec une fréquence de divergence augmentant avec l'âge estimé (tableau 10). Ceci peut avoir été causé par des différences entre les deux lecteurs au niveau de la reconnaissance des faux annuli. Lors des rétrocalculs, les âges estimés par l'expérimentateur no. 1, auteur de ces lignes, ont été retenus.

Les longueurs retrocalculees aux différents annuli sont présentées au tableau 11. Nous avons regroupé les mâles et les femelles, puisqu'on n'observe des différences significatives (P > 0,05) qu'à quelques entrées du tableau. Ces différences sont de plus très faibles, de l'ordre de quelques millimètres, sauf au deuxième annulus du groupe d'âge 8, où les femelles montrent une longueur rétrocalculée moyenne supérieure de 13 mm à celle des mâles, i.e.

des longueurs totales respectives de 157 et 144 mm.

Nous n'observons pas le phénomène de Lee chez cette population, les longueurs à la formation des différents annuli chez les indivi-dus plus longévifs étant semblables à celles retrocalculees chez les spécimens plus jeunes (tableau 1 1 ) . Les femelles semblent toutefois posséder une longévité légèrement plus élevée que les mâles, puisque trois femelles de notre échantillon ont un âge égal ou supérieur à neuf ans, contre deux mâles. De plus, l'âge maximal observé est de 11 ans chez les femelles et de 10 ans chez les mâles.

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Tableau 10 : Comparaison entre les âges donnés aux ciscos de

printemps du lac des Ecorces d'après l ' o b s e r v a t i o n des

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