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Intégration du genre et organisation des femmes

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7.1 Qu'est-ce que l'intégration systématique du genre ?

Le Conseil Économique et Social des Nations Unies définissait ainsi l'intégration du genre (ECOSOC) en 1997 :

"L'intégration des questions de genre consiste à évaluer les implications des femmes et des hommes dans toute action planifiée comprenant la législation, les procédures ou les programmes dans tous les domaines et à tous les niveaux.

Cette stratégie permet d'intégrer les préoccupations et les expériences des femmes et des hommes à la conception, à la mise en œuvre, au contrôle et à l'évaluation des procédures et des

programmes dans toutes les sphères politiques, économiques et sociétales pour qu'ils en bénéficient de manière égale et que l'inégalité actuelle ne soit pas perpétuée".

L'intégration vise donc principalement à obtenir l'égalité des genres (PNUD 2002: 8).

Les approches sous l'angle des droits et de la sécurité, abordées en terme de genre, doivent servir de base à l'élargissement des définitions existantes des droits humains. Intégrer systématiquement le genre à ces approches nous permettrait de dépasser les caractérisations passives de "groupes vulnérables" et de "victimes" qui nient cette évidence que les hommes sont aussi des victimes et les femmes des agresseurs tant au cours quà l'issue des conflits armés. Comme nous le verrons plus loin dans ce chapitre, les organisations de femmes ont déjà entamé ce processus en faisant pression sur les corps et gouvernements nationaux et internationaux pour qu'ils reconnaissent les contributions actives des femmes dans les efforts de construction de la paix.

7.2 Comment systématiser la prise en compte du genre dans les interventions au cours

et à l'issue des conflits ?

La définition de l'intégration du genre de l'ECOSOC est reprise par un certain nombre de guides, manuels et fiches de conseils commandés par diverses ONG internationales et organisations multilatérales

comme les Nations Unies, sur tous les aspects des conflits armés, y compris les interventions humanitaires, les programmes de DDR et le maintien de la paix.

Ces publications fournissent des listes de pointage, des tableaux et des formulaires qui guident les praticiens dans l'organisation d'interventions soucieuses de la problèmatique hommes-femmes, au cours comme au terme du conflit. Les conseils et les problèmes soulevés sont souvent assez généraux mais ils

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constituent néanmoins un bon point de départ pour tenter d'institutionnaliser une sensibilité intégrale à la notion de genre.

Les interventions doivent prendre en considération le contexte politique, social, économique et culturel. Elles doivent prêter attention à un certain nombre de questions comme : la répartition du pouvoir et des moyens au sein du ménage ; les rôles culturels/religieuxs des femmes et des hommes ; la représentation des femmes au sein des instituions publiques et privées ; l'accès à l'éducation des garçons et des filles ; les modalités d'accès différentes des hommes et des femmes aux possibilités d'insertion économique.

L'identification des ressources, infrastructures, organisations locales susceptibles de faciliter l'intervention par une implication directe ou l'apport d'une expertise est également vitale pour le succès de

l'intervention. Une mention particulière est fréquemment accordée à la parité des sexes dans les groupes impliqués et à la distribution des pouvoirs entre eux. L'accent est mis sur l'importance d'entretenir, soutenir et consulter l'expertise locale sous la forme d'organisations de femmes comme les conférences de presse, tables rondes et réunions strictement féminines.

La formation du personnel à la notion de genre dans l'organisation des programmes est également fondamentale pour garantir que le personnel local et international soit sensibilisé aux problèmes sexo-spécifiques des périodes de reconstruction — accès à la santé, à la nourriture, à l'eau et d'autres ressources, aux possibilités d'insertion économique jusqu'à l'implication des femmes à des fonctions exécutives dirigeantes. Les programmes doivent renforcer les domaines non-stéréoptypiques de la construction de la paix, comme, par exemple, la formation des femmes à des savoir-faire non traditionnels et l'orientation des hommes sur les problèmes de violence physique et sexuelle

Ce résumé n'est en aucun cas exhaustif mais constitue une amorce de réflexion sur la manière dont certains aspects spécifiques des interventions dans les conflits armés peuvent incorporer des approches soucieuses de la problèmatique hommes-femmes.

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L'histoire se répète

On a beaucoup écrit sur l'importance d'inclure les femmes à toutes les étapes de la construction de la paix et sur les problèmes qui ont pu se présenter, du fait précisément de l'exclusion des femmes, comme au Kosovo et en Afghanistan. Pourtant, sur 250 délégués présents aux conférences sur l'avenir

constitutionnel de l'Irak après la guerre en Avril 2003, six seulement étaient des femmes.

Le Dr. Shatha Beserani, médecin irakienne vivant à Londres et fondatrice de la Campagne des femmes irakiennes pour la paix et la démocratie racontait sur le portail de la BBC News Online que la participation des femmes n'a jamais été élevé au rang de priorité : "Lors des conférences à Londres, nous avons essayé d'aborder cette question mais les hommes ont dit qu'ils voulaient se concentrer sur les grands problèmes. Elle est perçue comme secondaire. Mais si nous ne la posons pas là, ce sera difficile de le faire plus tard".

Elisabeth Rehn, une consultante et l'auteure d'un rapport extensif sur les femmes, la guerre et la paix pour les Nations Unions s'est déclarée choquée de l'absence de considération pour les résolutions de l'ONU qui protègent et encouragent le rôle des femmes dans la reconstruction des conflits (adapté de Westcott 2003).

Toutefois, une focalisation exclusive sur les femmes, en tant qu'animatrices ou destinataires de programmes ne doit pas être confondue avec "l'intégration systématique" du genre. L'implication des femmes ne peut générer à elle seule la sensibilité au genre.

Intégrer le genre ne signifie pas seulement inclure les femmes !

De Alwis et Hyndman (2002: 13) soulignent qu'au Sri Lanka, de nombreuses organisations humanitaires se sont alarmées du manque d'attention portée aux questions relatives au bien-être des femmes. Leurs efforts de sensibilisation ont mené à la nomination de femmes aux fonctions de coordinatrices en charge des problèmes sexospécifiques. Or, contre toute attente, cette initiative s'est traduite par une plus grande

insensibilité à la problématique du genre, faute d'une formation pour ces coordinatrices. Une telle

formation fut décrétée inutile sur la présomption que les coordinatrices étant des femmes, elles étaient naturellement plus sensibles aux questions de genre. Pour cette même raison, les coordinateurs du genre ne travaillaient qu'avec des groupes de femmes ou sur des projets en direction des femmes. Elles s'occupaient rarement des hommes et n'avaient guère la possibilité d'éveiller les hommes à la nécessité de faire évoluer le rapport inégal des sexes.

7.3 Exemples d'intégration du genre dans les structures de l'après-guerre

Parmi les approches conceptuelles existantes, certaines, associées à des directives, résolutions, déclarations et pratiques institutionnelles réalistes ont pu remporté quelques succès dans les situations de reconstruction. C'est le cas notamment du travail de la Division des Questions Sexospécifiques mise

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en place par les Nations Unies dans le cadre de la reconstruction du Timor oriental. Le relatif succès de ce bureau dans l'intégration du genre tout au long du processus de construction de la paix prouve qu'une réponse adaptée en terme de genre est réalisable en pratique.

La Division des questions sexospécifiques dans le Timor Oriental de l'après-guerre

La division des questions sexospécifiques au Timor oriental fut instaurée par l'administration provisoire des Nations Unies au Timor oriental (UNTAET). La division mettait principalement l'accent sur

l'autonomisation et la sensibilisation au lien entre égalité des sexes et développement durable, ainsi que sur la nécessité de mener des actions positives en faveur de l'égalité des sexes. Le bureau dirigea des ateliers et des séances de formation et établit des réseaux pour intégrer la prise en compte du genre au sein de l'UNTAET et plus largement dans la société timoraise orientale. Les objectifs pour l'intégration du genre et les stratégies de mise en œuvre étaient basées sur les expériences et les priorités rencontrées au contact des femmes et des groupes de femmes locaux (ONU 2002: 81).

L'administration du Rwanda après le génocide s'est également révélé un bon exemple concret

d'intégration du genre. Des efforts continus ont été déployés pour faire pénétrer le genre dans toutes les politiques et domaines de priorité. De plus, tous les ministères doivent rendre compte du traitement égalitaire des genres dans leurs programmes et de la conception de budgets sensibles à la

problématique hommes-femmes.

Genre et justice au Rwanda, après le génocide

Le gacaca est un système judiciaire communal, traditionnel, qui fut réintroduit pour soulager les tribunaux nationaux. Il nomme 19 juges ou personnes respectées au niveau du village pour juger les affaires. En 2002, plus de 115 000 accusés inculpés de crimes en relation avec le génocide furent transférés au

gacaca.

Les problèmes de l'égalité des sexes se sont particulièrement illustrés dans le rétablissement de ces tribunaux de village, dominés depuis toujours par les hommes. Si les femmes n'avaient pas le droit de témoigner dans le gacaca traditionnel, elles peuvent désormais y participer à part entière. Elles sont également encouragées à y entrer en tant que juges, avec 27 % des postes de gacaca réservés aux femmes. Grâce à l'aide de la Commission pour l'Unité Nationale et la Réconciliation (CUNR) et le soutien de l'UNIFEM, ces femmes juges ont pu bénéficier d'une formation. Des donateurs bilatéraux comme la Belgique et le Canada soutiennent également des efforts accrus pour impliquer les femmes dans le processus judiciaire du gacaca (UNIFEM 2002).

Le partenariat entre les organisations de femme et le gouvernement a créé de fortes attentes quant à ce que les organisations de femmes peuvent faire aboutir collectivement mais cette reconnaissance n'est pas suivie, à ce jour, d'une augmentation du financement ou d'autres moyens. En conséquence, il est de

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plus en plus difficile pour ces organisations de continuer à avancer au même rythme (ONU 2002). L'expérience rwandaise démontre qu'il conviendrait de consacrer un financement et des moyens supérieurs à la promotion de partenariats avec les organisations de femmes, qui ne pourvoient pas seulement à certains besoins fondamentaux d'une société au sortir d'un conflit mais participent également au développement de structures politiques et judiciaires sensibles à la problématique du genre.

Des organisations indépendantes comme Oxfam ont aussi à leur actif quelques expériences réussies d'intégration du genre dans la pratique institutionnelle d'organisations de simples citoyens.

Intégrer la prise en compte du genre : les leçons du bureau d'Oxfam en Sierra Leone

Un récent compte-rendu des interventions humanitaires à long-terme d'Oxfam, dans le cadre de l'après-guerre en Sierra Leone , suggère que l'intégration du genre est un processus long mais continu qui requiert un engagement de l'ensemble des membres de l'organisation.

Au terme d'un programme de genre très ambitieux, l'équipe engagée sur le terrain s'est rendu compte qu'il était temps, en fait, de "revenir à des choses plus élémentaires" et de former l'ensemble des

personnels à la problématique du genre. L'apport d'une formation de base aux questions sexospécifiques a aidé à forger une compréhension commune de l'importance de faire participer aussi bien les hommes que les femmes. Elle a également mis en lumière l'effet pernicieux des stéréotypes et la valeur du travail d'équipe.

Si la compréhension et l'acceptation de ces principes sont encore variables, les intervenants locaux ont généralement constaté des évolutions positives dans les attitudes, les croyances et les pratiques des membres de la communauté. Ainsi, l'implication des femmes dans les évaluations et les consultations locales, en compagnie des hommes ou séparément, semble aujourd'hui aller de soi. On note également un enthousiasme croissant pour les objectifs de l'égalité des sexes au sein des équipes locales.

Le programme de la Sierra Leone a identifié quatre moyens fondamentaux d'instaurer l'égalité des genres dans un programme humanitaire : formation à la problématique hommes-femmes, engagement des entités administratives/dirigeantes envers l'égalité des genres, instauration de techniques de recrutement égalitaires intégrant, entre autres, la formation des femmes aux rôles non traditionnels, et développement de la capacité des agences partenaires extérieures à mettre en œuvre et faire respecter les objectifs de l'égalité des genres (adapté de Williams 2003).

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7.4 L'organisation des femmes

La résolution 1325 avance clairement la nécessité de protéger les droits des femmes et de soutenir le travail des organisations de femmes en faveur de la construction de la paix. En dépit de ces

engagements, les modes sexospécifiques dont hommes et femmes, mais particulièrement les femmes, s'engagent activement et sont victimisées dans les conflits armés et les périodes de reconstruction sont ignorés de certaines analyses des conflits et de leurs prolongements, qui restent hermétiques à la notion de genre. Les organisations de femme continuent à dénoncer ces injustices aux niveaux local, national et international. Ces efforts continus ont jeté les bases d'une intégration plus effective du genre dans les institutions qui régissent les périodes de conflits armés et de reconstruction. Reconnaître la relative inégalité dont les femmes sont victimes au cours et à l'issue des conflits armés constitue un pas

important en direction de l'intégration du genre. Ce n'est qu'alors que les répercussions sur les femmes et les relations de genre seront replacées dans leur contexte.

L'importance de soutenir les efforts d'organisation des femmes est reconnue au point 15 de la résolution 1325, qui reprend officiellement la nécessité de promouvoir l'égalité des sexes en consultant les ONG locales et internationales dans les processus de reconstruction de l'après-guerre (ONU 2000).

La poésie comme force de ralliement

Dans les périodes de conflit, la poésie n'est pas seulement utilisée comme un moyen d'exprimer le chagrin mais comme une force capable d'entraîner les femmes à résister activement au conflit et à l'oppression. Grâce aux contributions de poètes et de militants en Afghanistan et dans le monde entier, l'Association Révolutionnaire des Femmes d'Afghanistan (RAWA) utilise ce médium pour dire ce qu'est la vie dans un état oppresseur. Les poèmes rassemblés par RAWA reconnaissent l'engagement actif des femmes en tant qu'opposantes à ces violations, et l'inspirent. Un extrait d'un poème de Meena, la fondatrice de RAWA, assassinée par les services secrets afghans en 1987 est reproduit ci-après :

Je ne reviendrai jamais

Je suis la femme qui s'est éveillée

Je me suis levée et me suis changée en tempête balayant les cendres de mes enfants brûlés Je me suis levée des ruisseaux formés par le sang de mon frère

La colère de mon peuple m'a donné la force

Mes villages ruinés et incendiés m'ont rempli de haine pour l'ennemi.

J'ai appris le chant de la liberté dans les derniers soupirs, dans les vagues de sang et dans la victoire Oh compatriote, Oh frère, ne me considère plus comme faible et incapable

Je suis de toute force avec toi, sur le chemin de la libération de mon pays Ma voix s'est mêlée à celle de milliers d'autres femmes qui se sont levées Mes poings se serrent avec les poings de milliers de compatriotes

Avec toi, j'ai pris le chemin de mon pays,

Pour briser toutes ces souffrances et tous ces fers, Oh compatriote, Oh frère, je ne suis plus celle que j'étais Je suis la femme qui s'est éveillée

J'ai trouvé mon chemin et je ne reviendrai jamais.

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Il y a une distinction entre l'engagement réel des femmes dans la construction de la paix et l'intégration des droits des femmes dans le processus de paix. Rien n'empêche, après tout, de faire respecter les lois et conventions internationales qui protègent les femmes contre les violences sexospécifiques et

reconnaissent la position désavantagée des femmes au cours et à l'issue d'un conflit armé, sans les engager activement dans le processus politique. Bien qu'importante en soi, une telle reconnaissance refuserait aux femmes la possibilité de travailler aux côtés des hommes dans l'élaboration de processus de résolution de conflit plus équitables. Une paix à long terme qui établisse l'égalité des sexes ne doit pas se contenter de protéger les femmes tout en les excluant mais impliquer activement les femmes dans les structures décisionnelles qui régissent la paix elle-même.

Le travail des femmes en faveur de la construction de la paix capitalise surtout dans le domaine des interprétations stéréotypiques des rôles sexospécifiques car, typiquement, ce n'est qu'en tant qu'épouses et mères que les femmes attirent l'attention des soldats et des politiciens. La présence des femmes dans le processus de paix officiel reste marginale et la négociation de relations de pouvoir tenant compte du genre dans le cadre d'un conflit armé demeure un objectif à atteindre.

Un message des femmes du Kosovo aux femmes d'Irak

Juste après la "fin" du conflit en Iraq, le Réseau des femmes du Kosovo fit circuler par e-mail en avril 2OO3 une lettre intitulée "Une mise en garde des femmes Kosovar aux femmes d'Irak qui sortent de la

guerre ". Des extraits sont présentés ci-dessous :

"Nous avons une histoire très courte mais très compliquée à raconter aux femmes d'Iraq.

Nous avons accueilli avec joie la décision de placer le Kosovo sous administration des Nations Unies. L'ONU était à nos yeux une organisation internationale révérée qui élaborait et diffusait des documents fondamentaux, stipulant les droits des femmes et défendant leur intégration à tous les niveaux de prise de décision. Mais, en rentrant chez nous, nous avons malheureusement été déçues par la mission de l'ONU au Kosovo (MINUK). Nous étions impatientes de travailler avec les organisations internationales pour mettre sur pied des stratégies de réponses efficaces aux besoins urgents des femmes kosovars mais la plupart des agents ne reconnaissaient pas notre existence et refusaient souvent d'écouter ce que nous avions à dire sur certaines décisions qui affectaient nos vie et notre avenir.

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Une partie du personnel international venait au Kosovo avec l'image d'une société extrêmement

patriarcale où aucun mouvement de femmes ne pouvait s'épanouir. Il y avait aussi ceux qui voulaient que nous fassions tout le travail de terrain pour eux, [comme] trouver du personnel et des locaux, organiser des réunions et servir d'interprètes mais qui n'avaient que faire de nous écouter. Ils avaient leurs plans et leurs idées fixes, et des programmes tout faits qu'ils avaient testé dans d'autres pays et ils n'avaient pas l'intention de modifier leurs plans pour répondre à la réalité de nos vies.

Au lieu de consacrer tous nos efforts à aider les femmes et leurs familles à reconstruire leurs vies disloquées par la guerre, nous avons dépensé une partie de notre énergie à nous battre pour être entendues et prouver à la MINUK que nous savions ce qui était le mieux pour nous, que les femmes du Kosovo n'étaient pas uniquement des victimes attendant d'être secourues, qu'elles étaient capables de se prendre en charge, comme elles l'ont fait dans le passé, et pouvaient travailler efficacement à la construction de leur propre avenir.

Nous n'avons pas baissé les bras. Nous avons rencontré des officiels des Nations Unies, écrit des lettres, nous sommes allées à des réunions pour présenter nos idées, nos savoir-faire et notre expertise. Nous avons discuté avec les donateurs et noué des alliances avec les organisations internationales au Kosovo

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