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Chapitre 2 Méthode de recherche

2.3 Instruments de collecte de données

spécifiquement dans la vie professionnelle de la chercheure. Étant donné que le déroulement de la recherche découle ici directement de l’utilisation de ces instruments de collecte de données, ceux-ci sont présentés dans un premier temps afin que la description des différentes étapes du déroulement de la recherche puisse ensuite être bien comprise.

Le journal de recherche est décrit par plusieurs auteurs comme un moyen privilégié pour garder une trace quotidienne de la démarche de recherche et d’exploration. C’est un outil qui permet de suivre pas à pas l’évolution de la pensée et qui encourage la créativité de par sa nature ouverte et non-structurée (Lahire, 2008). Il est également reconnu comme un outil particulièrement adapté pour acquérir une certaine maîtrise réflexive sur soi (Lahire, 2008). Selon Hess (1998), le journal est essentiel pour un chercheur qualitatif qui souhaite comprendre sa pratique, la réfléchir et l’organiser. Selon lui, l’écriture dans l’ici et maintenant permet d’identifier les situations répétitives, les structures de la pensée, du vécu et de l’action. Concrètement, la procédure consiste à rassembler au jour le jour, dans un cahier, ses observations, descriptions de situations vécues, lectures, réflexions, analyses, impressions, etc. L’objectif est de mieux comprendre la subjectivité de la trajectoire de recherche et de garder une trace de toutes les phases de la transformation de soi à travers un processus créateur (Lahire, 2008). L’écriture diariste, telle que proposée par Hess (1998), permet au chercheur d’organiser et de garder en mémoire ses observations et les réflexions qui se forment au fil du processus de recherche. Selon lui, l’écriture dans l’ici et maintenant permet d’identifier les situations répétitives, les structures de la pensée, du vécu et de l’action.

Même si la méthode de recherche heuristique ne suppose pas nécessairement l’écriture d’un journal de parcours, les qualités essentielles pour la découverte heuristique sont décrites comme étant l’ouverture à sa propre expérience, avec une conscience de ses propres connaissances telles que démontrées à travers un dialogue avec la partie de soi-même vivant le phénomène à l’étude (Moustakas, 1990). Le journal de recherche peut en ce sens permettre de créer un espace où les découvertes personnelles et une compréhension approfondie du vécu subjectif peuvent se faire puisqu’il permet d’installer un dialogue libre et exploratoire avec soi-même. De plus, l’utilisation d’un journal de recherche, écrit tout au long de la démarche, accompagne nécessairement une exploration du processus créateur (Lahire, 2008) tel que la méthodologie heuristique le suggère.

Dans le cadre de cette étude, le journal de recherche est l’outil privilégié pour guider ce dialogue interne et accompagner de près le processus de développement de la créativité relationnelle de la chercheure-participante. L’objectif et les questions de recherche ont été gardés comme page titre du journal de recherche afin de maintenir un fil conducteur et un cadre à l’écriture quotidienne. Certains exemples décrits par Leitner et Faidley (1999) qui permettent le développement de la créativité y sont aussi inscrits à titre indicatif (voir Appendice A).

L'entretien d'explicitation (EdE) est un entretien qui vise à évoquer et décrire de façon aussi détaillée que possible une situation passée telle que vécue par le participant, afin d'élucider comment il s'y est pris pour effectuer une action donnée. Le but de cette démarche est non seulement d’explorer l’évènement comme tel, mais également de favoriser une prise de conscience à travers l’appropriation de l’expérience (Vermersch, 1996). L’EdE permet de verbaliser l’opacité de l’action puisque, tel que décrit par Vermersch (2014), dans toute action il y a toujours une part de connaissance qui n’est pas consciente. L’EdE aide ainsi à prendre conscience de l’écart entre ses intentions et ses actions à travers la description d’un moment spécifique. Par exemple, plutôt que de demander « pourquoi as-tu fait telle chose? », l’intervieweur demande « comment fais-tu telle chose? ». Ce faisant, plutôt que de faire porter la charge au sujet d’une explication qu’il ne sait pas encore qu’il connaît, l’intervieweur découvre en même temps que son interviewé les actions et les détails précis de son vécu. De plus, l’intervieweur guide l’évocation de l’action en suscitant une parole incarnée plutôt que de faire verbaliser à l’interviewé les étapes qu’il a réalisées dans le passé. Essentiellement, ceci implique une prise de parole conjuguée au présent pour évoquer le sentiment de revivre la situation (Vermersch, 1996). L'entretien d'explicitation permet donc, à travers la description détaillée de l’action et la verbalisation en temps réel de ce qui est implicite, de faire des prises de conscience progressives par le sujet qui se fait guider (Vermersch, 2014).

Compte tenu des limites de la recherche, notamment en ce qui concerne la participation subjective de la chercheure, l’entretien d’explicitation tel que proposé par Vermersch (2014) est un outil préconisé pour renforcer la validité de l’étude puisqu’il a comme fonction d’aider

la chercheure à reconnaître ses résistances et les éléments implicites de son action (Vermersch, 2014).

Dans la présente étude, ces entretiens ont été assurés par Marie-Hélène Forget, chargée de cours à l’Université du Québec à Montréal au département de didactique des langues et formée à l’entretien d’explicitation de Vermersch (2014). Le contenu ciblé a inclus les pensées, les actions, les sentiments tels que vécus par la chercheure-participante en lien avec les impasses relationnelles vécues subjectivement lors d’interactions en milieu de travail.

Cette section vise à contextualiser la démarche de la collecte des données de la présente étude. Les procédures entourant la collecte de données seront d’abord décrites, suivies d’une description du déroulement de la méthode HSSI telle que survenue spécifiquement dans la présente étude.

Le journal de recherche utilisé dans la présente étude a été transcrit au fur et à mesure du déroulement de la recherche (pour un total de 65 pages à simple interligne), sauvegardé sur une clé USB et encrypté par un mot de passe, permettant d’accompagner la chercheure dans ses activités quotidiennes. Les données recueillies dans ce journal incluaient principalement des données au niveau personnel telles que des références aux lectures faites, les réflexions, les sentiments, le vécu lors de certaines situations relationnelles (p. ex. lors de