• Aucun résultat trouvé

d'après l'imposition sur les hotelleries de

A) Informations statistiques sur les femmes tenancières de débits

Les données pouvant être rassemblées à ce propos sont de deux ordres : la place des femmes en tant que tenancières de débits en Dauphiné par rapport aux hommes, et la nature de cette place par la suite.

Les femmes tenaient donc des cabarets, des auberges et des débits de boissons en Dauphiné, nos sources sont claires. L’imposition sur les hôtelleries, auberges et chambres

120 Godineau (Dominique), Les femmes dans la société française, 16ème-18ème siècle, Armand Colin, Paris, 2003,

garnies en Dauphiné en 1693 nous permet ainsi de constater leur place et leur importance. Si les listes sont complètes pour l’ensemble de la province en ce qui concerne l’imposition, le sexe des tenanciers n’est détaillé que pour l’élection de Grenoble. Difficile de déterminer pour quelles raisons, si ce n’est subodorer un zèle plus important des magistrats chargés de l’œuvre dans l’élection de la capitale de la province. Les données sont cependant probablement représentatives du reste de la province, dans la mesure, où comme nous l’avons vu précédemment, bien d’autres objets d’études présentent des similitudes importantes entre les élections (taille des auberges, imposition…).

Au sein de l’élection de Grenoble nous disposons donc d’informations pertinentes quant à la représentativité féminine dans cette profession. Ces listes nous permettent donc de dresser plusieurs graphiques, au premier desquels, celui-ci :

Répartition par sexe des cabarets, auberges et autres débits de l'élection de Grenoble, d'après l'imposition sur les hôtelleries de 1693

15%

85%

femmes hommes

Sur l’ensemble des tenanciers de l’élection de Grenoble, soit 870 individus, 131 sont des femmes. Elles représentent donc 15% des tenanciers. Il s’agit d’une part peu importante, mais néanmoins non négligeable dans le cadre d’une étude historique.

Cette proportion est-elle applicable à l’ensemble du Dauphiné ? Nous pouvons le supposer. Néanmoins, notre autre source principale, à savoir les procédures judiciaires d’appel au parlement de Grenoble, peut nous donner des éléments de recoupement pertinents, appuyant notre thèse.

Les femmes propriétaires sont ainsi nommées dans les procédures et il est donc possible d’en effectuer une liste. Ces informations vont s’appliquer à l’ensemble de la province, et si leur représentativité est limitée par le contenu aléatoire de ce type de document, les informations qu’elles donnent vont se révéler intéressantes. En témoigne le graphique suivant :

Part des femmes tenant débits de boissons en Dauphiné, répertoriée au sein des procédures judiciaires d'appel au parlement de Grenoble

21%

79%

femmes hommes

Il faut noter d’emblée la similitude entre ce schéma et le précédent, construit d’après les données de l’imposition de l’élection Grenobloise. Bien que légèrement supérieure, la part des femmes est sensiblement identique, dépassant a peine les 20%. Il est utile de savoir que l’échantillon est composé de 75 tenanciers, dont 16 se révèlent être des femmes. Sa représentativité est limitée, mais il permet néanmoins de corroborer notre thèse et de situer avec plus d’exactitude la place des femmes tenancières de débits en Dauphiné.

Ces deux sources permettent également de visualiser plus précisément la situation des tenancières féminines Dauphinoises.

Les listes d’imposition pour l’élection de Grenoble donnent ainsi plus de précisions quant à la fonction des tenancières. Il est ainsi précisé, après chaque nom de tenancière si celle-ci est veuve ou non. Ce qui nous permet de dresser le graphique « camembert » suivant :

Representativité des veuves, sur l'ensemble des femmes tenancières de débits de boissons, dans l'élection de Grenoble, d'après l'imposition sur les

hôtelleries, auberges et chambres garnies de 1693

43%

57%

veuves autres

On observe ainsi que sur 131 femmes tenant débit de boissons dans l’élection Grenobloise en 1693, 43% d’entre elles (soit 56 tenancières) étaient identifiées comme veuves. On remarque ainsi que la femme est reconnue selon sa situation familiale. En effet sous l’Ancien Régime, la famille est présentée comme une petite société naturelle à l’origine de toute organisation politique121. Or la famille est dirigée par l’homme, la femme est définie par rapport à lui.

Ce constat se retrouve dans les informations que nous pouvons également dégager des listes de tenanciers effectuées grâce aux procédures d’appel au parlement de Grenoble. Les femmes tenancières y sont également citées, et leur situation est présentée avec plus d’exactitude que dans les relevés d’imposition. En témoigne le schéma suivant :

Répartition des femmes tenant débits de boissons d'après les procèdures d'appel au parlement de Grenoble

31% 31% 38% femmes mariées veuves propriétaires

Les tenancières sont nommées dans les procédures en fonction de leur situation familiale. Il est de plus consigné cette fois-ci si elles sont mariées. On constate que les proportions sont sensiblement les mêmes que précédemment, même si les données ne peuvent être, une fois de plus, considérées comme pleinement représentatives. On distingue ainsi trois « types » de tenancières, représentant chacune globalement un tiers du total : celles dont le nom est simplement écrit, soulignant possiblement leur indépendance, d’autres signalées comme mariées, et donc travaillant de concert avec leur mari, et les veuves.

Ces trois « catégories » définissant les tenancières de débits vont nous permettre de mettre en exergue, grâce notamment aux détails plus concrets des procédures, la situation effective des femmes tenancières de cabarets, d’auberges et d’autres débits de boissons en Dauphiné au XVIIIème siècle.

121