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DES DONNEES

1 C REATION DES INDICES , CALCULS DIVERS

1.3 Indice synthétique du niveau de vie

Du point de vue économique, les différents terrains d’étude ne sont pas comparables directement et de façon absolue puisque les biens n’ont pas les mêmes prix { Bamako qu’en France par exemple, et que les préférences pour ces biens ne sont pas identiques. Chaque échantillon a donc été analysé séparément. Les items reflétant le mieux les divers degrés de niveau économique ont été sélectionnés parmi les descripteurs indirects relevés, en fonction des contextes spécifiques, afin de construire une échelle relative des niveaux de vie des personnes enquêtées qui soit propre à chaque terrain. Les variables retenues correspondent à des questions qui ont été bien comprises et dont les réponses ne sont pas identiques pour tous, puisqu’elles doivent permettre de distinguer les personnes les unes des autres.

Pour l’échantillon des personnes interrogées { Bamako, les variables retenues dans la construction de l’indice synthétique de niveau de vie sont les suivantes : « type de logement », « activité du chef de ménage », « mode d’évacuation des eaux », « type de WC », « source d’eau de boisson », « possession de réfrigérateur / congélateur / micro-ondes / climatiseur / ordinateur/ moto / voiture », « nombre de personnes par chambre ». Les variables « possession de lave-linge » et « possession de lave-vaisselle », utilisées pour les enquêtes en Ile de France, ont été supprimées pour celles menées au Mali car elles ne concernaient personne dans ces deux

151 échantillons. Enfin, la question qui portait sur le « statut vis-à-vis du logement » (propriétaire, locataire, etc.) n’a pas été conservée car des doutes existaient sur sa bonne compréhension : certaines personnes ont répondu au nom du ménage entier quand d’autres ont parlé pour elles seules, rendant impossible toute interprétation des réponses en termes de niveau de vie individuel.

Pour l’échantillon des personnes interrogées dans la région de Kayes, l’indice composite de niveau de vie a été construit à partir des variables : « type de logement », « activité du chef de ménage », « type de WC », « source d’eau de boisson », « possession de réfrigérateur / congélateur / moto / voiture », « nombre de personnes par chambre » et d’une variable dont la contribution dans le niveau de vie matériel des ménages de cette région est considérée comme significative, à savoir le « nombre de personnes de la famille vivant { l’étranger ». Les variables « statut vis-à-vis du logement », « mode d’évacuation des eaux », « possession de lave-linge/lave-vaisselle/micro-ondes/climatiseur/ordinateur » n’ont pas été retenues car elles ne semblaient pas pertinentes ou que les questions n’avaient pas été bien comprises pour cette zone d’enquête. Enfin, pour l’échantillon des migrants maliens interrogés en Ile de France, la construction de l’indice de niveau de vie a été réalisée { partir des variables : « type de logement », « source d’eau de boisson », « nombre de personnes par chambre », « statut vis-à-vis du logement », « activité du chef de ménage », « possession de congélateur / micro-ondes / linge / lave-vaisselle / climatiseur / ordinateur / moto / voiture ».

Pour chaque échantillon d’étude, les descripteurs retenus ont ensuite été combinés en un indice économique synthétique permettant d’apprécier, de façon relative, l’aisance économique des individus les uns par rapport aux autres (Traissac et al., 1997). L’estimation du poids des variables dans l’agrégation est le résultat d’une analyse factorielle des correspondances (AFC), réalisée sous SPSS pour évaluer la structure des relations existantes entre les variables sélectionnées. Le premier axe de l’analyse factorielle correspond { la combinaison linéaire des variables qui distingue le plus les individus les uns par rapport aux autres. Il peut donc être utilisé comme un gradient sur lequel les personnes sont positionnées en fonction de leur niveau d’aisance matérielle. Le « score » des personnes sur cet axe, retenu comme un indicateur unidimensionnel synthétique, caractérise leur niveau de vie économique (Filmer et Pritchett, 2001).

152 La vérification des résultats obtenus et la confirmation de la pertinence des indices synthétiques ainsi construits ont ensuite été réalisées par des validations internes et externes104 des indicateurs. Ces différents tests permettent aussi de déterminer si l’échelle obtenue correspond à un gradient de richesse, comme c’est le cas pour les échantillons de Bamako ou de la région de Kayes, ou au contraire, { un gradient de pauvreté, comme c’est le cas pour l’échantillon des migrants maliens interrogés en Ile de France.

L’utilisation de ce type d’indices économiques est aujourd’hui très répandue dans l’analyse des changements et des déterminants de la pauvreté. Une littérature abondante prouve leur validité en tant que proxy pour le revenu ou les dépenses quand aucune autre donnée sur les conditions de vie n’existe (Filmer et Scott, 2008). Certains considèrent même que l’indice de biens possédés est finalement plus apte à identifier les ménages les plus pauvres que les revenus annuels car il est moins dépendant des fluctuations dans le temps et reflète donc mieux les conditions de vie sur le long terme (Harttgen et Klasen, 2011).

La seule limite importante de ces index de niveau de vie réside dans le fait que la distribution des biens ou des caractéristiques du ménage qu’ils comprennent est moins variable que la distribution des revenus qu’ils sont censés approximer (Harttgen et Klasen, 2011). Le but de la présente étude n’étant pas de caractériser de façon très précise le niveau de pauvreté des personnes interrogées mais plutôt de pouvoir isoler l’influence de leur niveau de vie sur leur alimentation au sens large, ce type d’indicateur s’avère cependant suffisant.

Dans l’analyse des résultats de l’enquête, nous avons soit utilisé directement les « scores » individuels sur le gradient créé pour chaque échantillon, soit construit des quintiles à partir des scores des personnes interrogées. Le premier quintile correspond dans ce cas aux 20% des personnes interrogées les plus pauvres de notre échantillon et le cinquième quintile, aux 20% les plus aisées économiquement. Pour simplifier la lecture des résultats, nous parlerons parfois directement des « pauvres », des « moyens » ou des « riches » mais nous garderons toujours bien { l’esprit qu’il s’agit l{ d’indications relatives105, propres aux échantillons particuliers des personnes que nous avons sélectionnées et que les résultats avancés ne sont nullement représentatifs des populations vivant dans les zones concernées par notre enquête.

104 La validation interne consiste { croiser les variables utilisées pour la construction de l’indice avec l’indice construit tandis que la validation externe vérifie les corrélations entre l’indice construit et un certain nombre de variables pour lesquelles on a des hypothèses de comportement déjà connues.

105 Les personnes identifiées comme « pauvres » au sein de notre échantillon des enquêtés à Bamako, par exemple, sont certainement « plus riches » que les véritables « pauvres » de la population de la ville puisqu’elles ont déj{, selon nos critères de sélection, au moins un logement fixe.

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2 TRAITEMENTS DES QUESTIONS « OUVERTES »

2.1 Regroupement des modalités de réponses en