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Adaptation du questionnaire quantitatif ALIMI aux différents échantillons d’étude différents échantillons d’étude

P ROBLEMATIQUE DE THESE PAR RAPPORT AU CONTEXTE MALIEN ET HYPOTHESES SPECIFIQUES

1 E LEMENTS DE METHODOLOGIE DE L ’ ENQUETE ALIMI

1.2 Adaptation du questionnaire quantitatif ALIMI aux différents échantillons d’étude différents échantillons d’étude

Le questionnaire quantitatif du projet ALIMI, commun dans les grandes lignes à tous les terrains d’étude, a nécessité une adaptation aux spécificités de chaque contexte. C’est en particulier le cas pour les modalités de réponse, souvent propres aux différents terrains (exemple des produits consommés la veille), et pour les échelles de mesure, dont la signification n’est pas partagée de façon universelle. La part la plus importante de l’adaptation aux différents échantillons d’étude a résidé dans la traduction du questionnaire.

1.2.1 Traduction du questionnaire

Les questionnaires administrés aux différents échantillons maliens de l’enquête ALIMI ont été traduits en deux langues du Mali – bambara et soninké – selon des processus parallèles entre, d’un côté, l’Ile de France et, de l’autre, le Mali. Le bambara est la langue la plus communément comprise au Mali, elle sert de langue véhiculaire à Bamako et sur la majorité du territoire. Le soninké est la langue parlée par les personnes de l’ethnie du même nom, qui sont majoritaires dans la région de Kayes retenue pour l’enquête et parmi les migrants – même si l’origine des migrants maliens en France tend aujourd’hui { se diversifier. Le choix de la traduction en soninké – en plus du bambara – était justifié par le fait que certaines personnes isolées de la région de Kayes ne parlaient pas du tout le bambara, ou ne maîtrisaient pas suffisamment la langue pour être capables de discuter avec aisance de ce qui touchait à la « cuisine » ou à leur propre « alimentation » (produits, pratiques, représentations).

Quel que soit le terrain d’enquête, le travail de traduction du questionnaire ALIMI s’est fait en plusieurs étapes. Il est le fruit de la participation de nombreux acteurs (traducteurs, enquêteurs), de la confrontation de différentes versions et de l’adaptation des traductions aux

121 contextes et populations spécifiques, ce qui permettait de s’assurer de la robustesse des versions finalement adoptées.

Pour les personnes interrogées à Bamako, le questionnaire était disponible en français et en bambara. Pour la passation du questionnaire dans la zone de Kayes, la traduction en soninké a ensuite été ajoutée à la version français/bambara préparée pour Bamako. Pour les deux enquêtes au Mali, la première traduction écrite en bambara a d’abord été réalisée par un professeur de linguistique à Bamako et enregistrée sur un support audio pour une rétrotraduction. La rétrotraduction ayant mis en lumière le caractère trop littéraire de cette première version traduite, un certain nombre de modifications ont été apportées pour obtenir une seconde version. Cette seconde version a elle-même ensuite été reprise et modifiée, assez largement, au moment de la semaine de formation des enquêteurs qui précédait le démarrage effectif de l’enquête { Bamako, en octobre 2010. Il s’agissait alors, non seulement de mieux adapter la formulation des questions et le choix du vocabulaire aux populations à enquêter, mais aussi de s’assurer de la bonne compréhension de certains concepts délicats par les enquêteurs (comme par exemple la « satisfaction alimentaire vécue »), et surtout de disposer d’une traduction lisible pour tous, c'est-à-dire en bambara phonétique.

Le même travail a été réalisé quelques mois plus tard, en mars 2011, au moment de la formation des enquêteurs recrutés pour la passation du questionnaire dans la zone de Kayes, pour la traduction en soninké venue s’ajouter { la version en bambara pour cette région.

Parallèlement à ce processus, en Ile de France, les traductions en bambara et en soninké ont été réfléchies et discutées collectivement, question après question, lors de la session de formation d’octobre 2010 avec les enquêteurs. Elles ont été retravaillées ensuite par certains des enquêteurs recrutés, en thèse de doctorat et familiarisés avec le travail de traduction. A l’issue d’un travail de confrontation des traductions et de finalisation, les enquêteurs ont enfin produit un support écrit dans chaque langue, accompagné d’un enregistrement audio fourni { tous les enquêteurs d’Ile de France de manière à assurer une relative homogénéité des traductions utilisées.

1.2.2 Adaptation de la méthode de mesure

Lors du test des questionnaires en Ile de France, il n’a pas été relevé de difficultés majeures, pour les personnes interrogées, à attribuer une note de satisfaction/bien-être selon l’échelle de mesure de smileys proposée (Fig.7). L’échelle était expliquée avant chaque utilisation par l’enquêteur { l’enquêté, et son interprétation a semblé relativement homogène.

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Figure 7 : Echelle de smileys présentée pour l’évaluation des niveaux de satisfaction

Pour les enquêtes au Mali en revanche, la formation des enquêteurs à Bamako a révélé une compréhension « aléatoire » de cette échelle de smileys, utilisée pour faire noter les niveaux de satisfaction individuelle. Un « décalage » dans la discussion entre le discours d’un enquêteur, qui se déclarait « très satisfait », et son choix de smileys pour exprimer ce niveau : smiley n°3 (milieu de l’échelle) nous a tout d’abord interpellés. Une discussion plus approfondie, ainsi que la réalisation d’un test auprès d’une quinzaine de personnes prises au hasard ont ensuite mis en évidence les limites de cette échelle : si pour nous, cette représentation sous forme de smileys avait du sens, ces codes iconographiques n’étaient visiblement pas partagés par tous au Mali et ils étaient donc sujets à interprétation ou compris différemment selon les individus. Certaines personnes voyaient ainsi, par exemple, le smiley n°5 (le plus à droite) – le « plus satisfait » selon nos représentations – comme « indifférent », son grand sourire et ses sourcils levés exprimant, selon elles, le fait qu’il ne se sentait pas concerné par la question. Au total, sur les 15 personnes ayant participé au test de compréhension de l’échelle de smileys94, seules 4 d’entre elles ont finalement bien déclaré l’ordre que nous présupposions jusque l{ « évident » et « universel ». Les incertitudes quant { l’interprétation de l’échelle de smileys pour les personnes interrogées au Mali nous ont donc incités { supprimer cette méthode d’évaluation au profit d’un diagramme présentant cinq niveaux ou intensités différent(e)s (Fig.8).

94 Une description détaillée du test complémentaire (méthode, résultats) est disponible en annexe (Annexe B).

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Figure 8 : Diagramme utilisé au Mali pour l’évaluation des niveaux de satisfaction

pas du tout satisfait plutôt pas satisfait ni satisfait, ni insatisfait

plutôt satisfait très satisfait