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Les indicateurs économiques et financiers des entreprises issus des comptes de résultat

L’analyse des documents comptables légaux, contenus dans les DSF (Déclarations Statistiques et Fiscales) conservées à la DGE-DGI (Direction des Grandes Entreprises - Direction générale des Impôts) indiquent une situation de santé économique et financières mitigée des principales entreprises du secteur. Du fait des changements de base comptable avec l’adoption des définitions de l’OHADA en 2003, la comparaison n’est pertinente que sur les 3 derniers exercices (2003, 2004 et 2006). Quelques indicateurs ont été relevés sur la période 2002, quand les données étaient disponibles.

L'Excédent Brut d'Exploitation (EBE) est la ressource dégagée au cours d'une période par l'activité principale de l’entreprise. L'EBE représente un résultat économique de l'entreprise qui ne tient compte ni de la manière dont l'entreprise est financée, ni de sa politique d’amortissement, ni des éléments exceptionnels de son activité (au contraire du Résultat Net). L'EBE est la part de la valeur ajoutée revenant à l'entreprise elle-même. C’est donc est un indicateur important de la performance industrielle et commerciale de l'entreprise.

Sur 107 chiffres d’EBE recensés sur la période 2002 – 2005, un peu moins de la moitié (49) sont négatifs (46%). En 2004, année pour laquelle on dispose des données les plus complètes, 48 % des EBE sont négatifs. Par ailleurs, sur les 38 entreprises analysées, seules 4 parviennent à conserver un EBE positif pendant 3 années de suite. La plupart des entreprises ont un EBE positif une année, négatif l’année suivante, dénotant une situation apparente de fragilité, et de rentabilité incertaine (« sur le fil du rasoir »). Cette impression est confirmée par l’analyse des Résultats Nets sur la même période : sur 121 chiffres recensés, 64 sont négatifs. Certaines entreprises, avec une orientation marquée dans la transformation, cumulent des pertes importantes sur 3 exercices successifs. Deux des principaux groupes installés au Cameroun, combinant exploitation et transformation, présentent des profils de rentabilité globalement positifs, sans que les indicateurs économiques et financiers qu’ils affichent ne soient élevés. Une certaine corrélation apparaît entre le niveau du chiffre d’affaires et le signe positif de l’EBE et du Résultat Net, ce qui tendrait à conforter l’idée que les firmes adossées à des grands groupes et à des sociétés de négoce internationaux parviennent à mieux tirer leur épingle du jeu, tandis que les sociétés moins insérées dans ces réseaux internationaux ont des difficultés à rester rentables dans les conditions actuelles de marché et d’organisation de la filière.

Le groupe des entreprises très orientées sur la transformation, et qui sont parfois venues tardivement à l'exploitation forestière faute de pouvoir s’approvisionner sur un marché intérieur cloisonné (relations de dépendance des fournisseurs vis-à-vis des acheteurs), ont des résultats contrastés : certains ont des résultats (faiblement) positifs, d’autres semblent dans une situation difficile.

Les investissements dans le secteur ont été faibles depuis 2000-2001 et la fin de la vague de construction d’usines de transformation, réalisées essentiellement pour s’adapter au flux limité d’exportation de grumes après 1999.

Une analyse plus détaillée des indicateurs économiques et financiers issus de l’analyse des DSF est proposée dans le rapport d’appui de l’INS (Annexe 8).

I. Évolution des prix et coûts relatifs

Analyser les prix et les coûts relatifs consiste à examiner les variations de prix des produits et ceux des facteurs de production. Les prix en grumes (souvent corrélé avec le prix des sciages, non disponibles à ce stade) des 3 essences parmi les plus exploitées du Cameroun font apparaître des évolutions contrastées. Si l’ayous a vu ses cours se raffermir, le niveau des prix du sapelli et de l’iroko est, sur la période, inférieur à ce qu’il était en 2000. Il est difficile de parler d’une évolution significative des prix

sur la période, mais la période 2001-2003 a été difficile au niveau des prix, comme l’atteste le graphique ci-dessous :

Figure 7 : Cours international des grumes africaines– qualité B (source : OIBT/MIS)

Il n’est pas inutile de rappeler que, contrairement à la plupart des matières premières, le prix du bois sur moyenne période connaît une évolution décevante. Les deux graphiques ci-dessous sont extraits d’un document de l’OIBT (Rapport annuel sur l’état des marchés, 2006) et montrent l’évolution des cours d’une qu’exporte le Cameroun, le sapelli. Le trait normal représente l’évolution des prix courants grumes sur le marché britannique de 1999 à 2004, tandis que le trait gras représente la même évolution mais en monnaie constante.

Figure 8 : Évolution des cours du m3 de grumes de sapelli sur le marché britannique depuis 1989, en monnaie courante et constante

On voit que sur moyenne période, les cours en monnaie constante se sont effrités, alors que ceux en monnaie courante retrouvent en 2004 leur niveau du début des années 1990, après une baisse prolongée entre 1998 et fin 2003.

Des charges en sensible augmentation

Pendant que les prix baissaient ou stagnaient, les charges de fonctionnement ont augmenté :

- le prix du carburant, utilisé pour le fonctionnement des engins d’exploitation et de débardage, pour le transport du bois, et pour le fonctionnement des unités de transformation dans les zones où le courant électrique n’est pas disponible de manière assez fiable pour alimenter les moteurs ; Le prix du gasoil, à l’Est est de 589 FCFA/l, auquel il faut retrancher 40 F de TVA récupérable. Le prix du carburant a pratiquement doublé en 3 ans.

- Les prix de l’électricité : il a augmenté d’environ 1/3 sur la période 2000-2005

- Le prix du transport du bois par le rail : augmentation de 3,5 % en 2005, augmentation à venir de 4% au 1er juillet 2006.

Sapelli/Sapele (Entandrophragma cylindricum ) 80 cm plus - UK Market

100 150 200 250 300 350 400 12/89 12/90 12/91 12/92 12/93 12/94 12/95 12/96 12/97 12/98 12/99 12/00 12/01 12/02 12/03 12/04 0 50 100 150 200 250 300 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Euros/m3 Ayous Sapelli Iroko

- Le prix du transport par la route. Les transporteurs répercutent, d’une part, l’augmentation du prix du carburant, d’autre part, la hausse du prix unitaire de transport lié aux récentes limitations de tonnage imposées par le ministère des transports sur les routes : limitation à 50 tonnes de chargement total (contre 70 t auparavant), assortie d’une limite stricte de poids à l’essieu. Les transporteurs estiment que l’évolution du prix du carburant a augmenté de 20 à 28 % le prix de revient du transport. Toutefois, ces hausses n’ont pas été entièrement répercutées aux forestiers.

Au total , (i) les prix des bois ont évolué de manière irrégulière entre 2000 et 2006, avec plutôt une tendance à la baisse, à l’exception des grumes d’ayous dont le cours s’est affermi depuis 2002, (ii) plusieurs postes de charge importants ont vu leur coût s’accroître, parfois très significativement. En conclusion, on peut dire que les entreprises ont dû faire face à une évolution négative de ces prix relatifs sur la période, ce qui – toutes choses égales par ailleurs – indique une dégradation de leur situation économique relative.

IV. La fiscalité forestière