• Aucun résultat trouvé

Incidence du travail pauvre selon différentes catégories liées au marché du travail

3. Profil des travailleurs pauvres dans la région de Montréal

3.1 Évolution du travail pauvre entre 2001 et 2006 et incidence du phénomène

3.1.5 Incidence du travail pauvre selon différentes catégories liées au marché du travail

L’incidence du travail pauvre peut varier d’une catégorie à l’autre liée au marché du travail. Pour décrire ces variations, les catégories du niveau d’éducation, de la profession et du temps de travail ont été reprises dans le tableau 11.

Tout comme pour le tableau décrivant l’incidence du travail pauvre selon différentes catégories sociodémographiques, celui-ci reprend le taux de travailleurs pauvres en 2001 et 2006, les rapports de cotes en 2006 et les informations permettant d’estimer l’intensité de la relation entre chaque catégorie et le travail pauvre.

Tableau 11.

Incidence du travail pauvre selon différentes catégories liées au marché du travail, 2001 et 2006 Catégories (pseudo-R2 / Log %) Tx. de travailleurs pauvres

Rapport de cotes (2006)

2001 2006

Total 7,2 8,3

Niveau d'éducation (0,023 / 1,76)

Aucun diplôme secondaire 12,7 14,8 2,855

Diplôme secondaire 7,7 9,6 1,733 Supérieur non-universitaire 5,6 6,4 1,125 Universitaire 4,1 5,8 Réf. Profession (0,0542 / 4,18) Information manquante 20,8 17,3 5,375 Gestion 4,5 4,9 1,329

Affaires, finance et administration 4,6 5,4 1,462 Sciences naturelles et appliquées et prof. apparentées 3,3 3,7 Réf.

Secteur de la santé 4,5 4,8 1,302

Sciences sociales, enseignement, administration publique et religion 3,3 4,9 1,315

Art, culture, sports et loisirs 9,2 12,2 3,565

Vente et services 12,2 15,5 4,719

Métiers, transport et machinerie 8,3 9,0 2,546

Secteur primaire 14,3 18,2 5,729

Transformation, fabrication et services d'utilité publique 11,2 12,0 3,516

Bénéficiaire d'une allocation 10,0 11,2 -

Temps de travail (0,0443 / 3,40)

Information manquante 20,5 19,1 3,293

Temps plein 5,9 6,7 Réf.

Temps partiel 16,6 19,9 3,481

Note : le pseudo-R2 est obtenu par l’entremise d’un modèle logistique simple où la probabilité d’être un travailleur pauvre est estimée

en introduisant une seule variable indépendante en commençant par le niveau d’éducation et ainsi de suite; le Log % correspond à la réduction du log de vraisemblance lorsque la variable indépendante est introduite dans le modèle en comparaison au log de vraisemblance du modèle vide; Réf. correspond à la catégorie de référence des différentes variables, par souci de facilité, nous avons retenu celle pour laquelle le taux de travailleurs pauvres est le plus faible (tous les rapports de cotes sont donc égaux ou supérieurs à 1).

Le tableau 11 permet de formuler les observations qui suivent :

 les détenteurs d’un diplôme universitaire continuent à être les moins à risque face au travail pauvre, malgré l’accroissement significatif de leur nombre entre 2001 et 2006; les personnes n’ayant pas pu décrocher un diplôme du secondaire sont celles qui continuent à être les plus à risque;

 la profession est la catégorie qui, dans l’ensemble, influe le plus sur le travail pauvre, devant le temps de travail et le niveau d’éducation;

 les personnes employées dans le secteur primaire (taux de travail pauvre de 18 %), pour lesquelles l’information sur la profession est manquante (taux de travail pauvre de 17 %) et employées dans les services et la vente (taux de travail pauvre de 15 %) sont les plus à risque d’être en situation de travail pauvre; dans ces trois cas, les rapports de cotes se situent autour ou au-dessus de cinq (en comparaison avec le secteur où l’incidence du travail pauvre est la plus faible);

 le secteur des arts, de la culture, des loisirs et des sports (taux de travail pauvre de 12 %), ainsi que les professions liées aux secteurs secondaires (industries, transport, machinerie, construction, services d’utilité publique et transformation – taux de travailleurs pauvres de 9 % et 12 %) sont aussi significativement plus à risque avec des rapports de cotes oscillant entre deux et trois et demi;

 un temps de travail difficile à estimer ou à temps partiel est un autre facteur augmentant le risque d’être un travailleur pauvre, les rapports de cotes étant supérieurs à trois dans les deux cas.

Les constats précédents mettent en évidence l’existence de professions et secteurs d’activités potentiellement plus fragiles face au risque de travail pauvre, le secteur primaire et celui des services et de la vente étant les deux qui se démarquent particulièrement à ce sujet. Il s’agit de deux secteurs où les marges bénéficiaires sont en moyenne plus réduites et les qualifications exigées des travailleurs souvent plus faibles que dans d’autres (comme les services supérieurs ou le secteur de la santé, par exemple). Ce sont aussi des secteurs soumis plus fortement que les autres aux aléas cycliques de l’économie, par l’entremise des variations dans la demande en matière première ou de la consommation des ménages. Par ailleurs, les hausses importantes du travail pauvre dans certaines professions ne se sont pas encore traduites en 2006 par une inversion de la hiérarchie des professions, les services qualifiés continuant à avoir une incidence moindre du travail pauvre. La même remarque peut être faite pour le niveau d’éducation.

Le temps de travail semble par contre jouer un rôle, les personnes travaillant à temps partiel ayant un risque plus élevé d’être en situation de travail pauvre. Cette observation s’écarte des conclusions d’autres études et que nous avions rappelées plus haut, lesquelles indiquaient que les travailleurs

pauvres prestaient souvent autant d’heures que les travailleurs non pauvres. Notons toutefois que cet écart est sans doute en partie la conséquence des critères retenus pour désigner la population des travailleurs dans les différentes enquêtes. Les travaux canadiens sur le sujet ont souvent tendance à prendre comme référence la norme de l’assurance-emploi, laquelle suppose que pour qu’une personne soit admissible, elle ait au moins accumulé l’équivalent d’un mi-temps au cours des 12 derniers mois. Alors que dans notre cas, une personne est considérée comme un travailleur si elle a accumulé un revenu minimum de 3000 $, ce qui signifie que notre définition couvre des situations de travail à temps partiel inférieures à un emploi à mi-temps. Une fois cette différence rappelée, il semble bien que le travail à temps partiel constitue un facteur de risque face au travail pauvre et que l’accès à un nombre insuffisant d’heures de travail (sous-emploi) constitue une difficulté pour un ensemble de travailleurs.