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Géographie : cartographie thématique et autres méthodes

2. Méthodologie de l’étude : définitions, données et méthodes d’analyse

2.4 Géographie : cartographie thématique et autres méthodes

Un autre objectif poursuivi par cette étude est de décrire la distribution spatiale des travailleurs pauvres. En effet, nous verrons que le phénomène est inégalement distribué à l’échelle intra- urbaine. Les chiffres obtenus pour l’ensemble de la RMR, par exemple en ce qui a trait au taux de travailleurs pauvres, décrivent ainsi mal les réalités observées pour certains quartiers ou certaines municipalités.

Pour décrire la géographie du travail pauvre à Montréal, les unités territoriales retenues sont de différentes natures. Le choix de ce découpage répond à la nécessité d’avoir un nombre suffisant d’observations par unité. Le découpage est donc relativement large. Il se compose de municipalités et villes, d’arrondissements et, finalement, de quartiers tels que délimités par le partenaire principal de la recherche, Centraide du Grand Montréal10.

Le traitement de ces données spatiales se fera principalement par l’entremise d’un ensemble de cartes thématiques. Elles auront pour principal objectif de représenter le phénomène dans l’espace en tenant compte de sa distribution inégale entre les différentes unités territoriales.

La cartographie thématique sera complétée par l’étude d’un ensemble d’indicateurs décrivant les unités territoriales selon le taux de travail pauvre qui y est observé. Cet exercice permettra de tracer des profils des unités territoriales; il mettra ainsi en évidence des relations plus ou moins fortes

10 L’annexe 1 présente l’ensemble des unités territoriales qui seront utilisées dans la présente étude. L’annexe 2 fournit le taux de travailleurs pauvres pour les territoires d’intervention de Centraide du Grand Montréal, lesquels couvrent Laval, l’île de Montréal et une partie de la Rive-Sud.

entre le phénomène du travail pauvre et d’autres caractéristiques des unités territoriales, comme l’immigration, la profession ou le niveau d’instruction. Cette description se fera pour 2006 et à partir des données issues de l’Agence de revenu du Canada (les données fiscales sont compilées par Statistique Canada et nous disposons de tableaux décrivant le travail pauvre en 2006 et 2012). Ces données présentent l’avantage d’être disponibles à l’échelle des Secteurs de recensement (SR), un découpage territorial plus fin et normalisé (les SR présentent entre autres un poids démographique plus stable que les unités territoriales plus larges auxquelles nous aurons principalement recours).

Enfin, pour décrire le niveau d’inégale répartition du phénomène dans l’espace, nous aurons recours à des analyses complémentaires qui seront décrites au fur et à mesure de leur présentation dans la section des résultats.

2.5 Synthèse

Cette section avait pour objectif de présenter les outils méthodologiques qui seront mobilisés dans la démarche d’analyse.

Le premier point important est celui qui concerne la définition du travail pauvre. Nous avons souligné que cette définition revêt, du fait même de sa nature, une dimension évaluative, en plus d’avoir une dimension descriptive. Nous avons aussi souligné le caractère relatif de cette définition. Il a été indiqué qu’en fonction des critères retenus, l’extension du phénomène du travail pauvre pouvait varier. Cette variation dépend essentiellement de la définition retenue afin de distinguer une personne en tant que travailleur.

Dans la présente étude, les critères pour être comptabilisé en tant que travailleur pauvre sont les suivants :

 la personne doit avoir gagné au moins 3000 $ sur une base annuelle;  la personne est âgée entre 18 et 64 ans;

 la personne vit sur une base autonome;

 la personne n’est pas étudiante à temps plein ou temps partiel;

 la personne appartient à un ménage sous le seuil de la Mesure de faible revenu (MFR).

La principale conséquence liée à cette définition est de restreindre la catégorie des travailleurs aux personnes qui ont occupé un emploi durant une période de deux à trois mois (sur la base d’un équivalent temps plein) pour l’année précédant le recensement. Ce critère situe notre définition

entre les définitions « extensives » visant à saisir les situations de travail particulièrement précaires couvrant aussi peu qu’un mois de travail à temps plein et les définitions « restrictives » ciblant l’occupation d’un travail équivalent à un mi-temps pendant une année. Les résultats qui seront présentés concernent donc des travailleuses et travailleurs qui sont en situation de précarité « modérée » sur le marché du travail, mais qui ne parviennent pas à assurer un temps de travail suffisant ou un salaire horaire suffisamment élevé pour les faire sortir de la pauvreté.

L’autre conséquence de notre définition est qu’elle mesure le statut de pauvreté à l’échelle des ménages. Elle masque de la sorte des disparités qui peuvent exister à l’intérieur des couples et des ménages. Une personne peut en effet ne pas travailler ou occuper un emploi mal rémunéré, mais ne pas apparaître dans notre décompte des travailleurs pauvres, parce que le revenu du ménage se situe au-dessus de la MFR. Cette caractéristique de notre définition réduit potentiellement les inégalités entre les différents membres d’un même ménage et, en particulier, les écarts qui peuvent exister entre les femmes et les hommes à ce niveau.

Rappelons enfin que la principale base de données sur laquelle nous nous appuyons provient des recensements de 2001 et 2006. Elle consiste en une série de trois tableaux croisés obtenus auprès de Statistique Canada par l’entremise d’une commande spéciale. Le format des tableaux limite les analyses multivariées qu’il est possible de mener.

Un autre point au sujet des données concerne la période d’observation. Les données de 2001 et 2006 apparaissent relativement anciennes et elles ne couvrent pas la période correspondant à la dernière récession économique mondiale (celle de 2007-08 ayant suivi la crise financière). Pour remédier à cette limite, des données provenant de l’Agence du revenu du Canada seront mobilisées. Elles sont disponibles pour 2006 et 2012. Toutefois, comme il s’agit de données administratives provenant des déclarations de revenus, elles sont beaucoup moins détaillées que celles issues des recensements. Nous les utiliserons donc pour suivre l’évolution globale du phénomène du travail pauvre entre 2006 et 2012. Elle comporte par contre l’avantage d’être présentée à une échelle géographique plus fine, celle des Secteurs de recensement (SR). Nous pourrons dès lors en tirer avantage lors de l’analyse de la distribution spatiale du phénomène dans la RMR de Montréal. En ce qui a trait aux analyses, les outils suivants seront utilisés :

 le taux de travailleurs pauvres permettra de décrire l’incidence du phénomène dans le temps, au sein de différentes catégories et à l’échelle de différentes unités territoriales; il s’obtient en divisant le nombre de travailleurs pauvres par le nombre de personnes en emploi;

 les taux de croissance absolu et relatif permettront de suivre l’évolution du phénomène dans le temps et à différentes échelles géographiques;

 les rapports de cotes et la régression logistique permettront de mesurer l’importance des différentes variables en lien avec la probabilité d’être un travailleur pauvre et voir les effets combinés de différentes variables sur le phénomène;

 la cartographie thématique et d’autres méthodes d’analyse seront mobilisées afin de représenter et d’interpréter la distribution du phénomène dans l’espace de la RMR de Montréal.

Ces différentes analyses sont présentées dans les deux sections qui suivent. La première est consacrée à la présentation d’un portrait détaillé du travail pauvre à l’échelle de la RMR de Montréal. La seconde expose les différentes analyses permettant de décrire et analyser la distribution spatiale du phénomène.