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2. Recension des écrits 15 

2.2   État des connaissances sur l’implication des différents acteurs dans la mise en œuvre

2.2.3   Implication de l’infirmière 27

L’infirmière est aussi impliquée dans des processus de réconciliations médicamenteuses ayant fait l’objet de certaines études (Pronovost et al., 2003; Murphy et al., 2009; Varkey et al., 2007; Rozich et al., 2004; Scwarz et Wyskiel, 2006). Dans un processus de BCM, l’infirmière doit bien connaître son implication par rapport au médecin et au pharmacien principalement impliqués dans la mise en œuvre du BCM. L’infirmière doit être prête à collaborer avec le médecin et le pharmacien (Young, 2008). Les infirmières ont de nombreux contacts avec les patients et prodiguent des soins, des traitements et des services aux patients (Anderson, 2007). Les actions des infirmières ont des impacts directs sur la sécurité et la qualité des soins offerts par l’organisation de soins de santé (Anderson, 2007).

En ce qui a trait à la mise en œuvre du BCM, l’infirmière soignante doit comprendre cette procédure et comprendre son rôle à l’intérieur de celle-ci (Young, 2008). Les infirmières doivent jouer un rôle actif dans le développement, l’implantation et la mise en œuvre du BCM (Anderson, 2007). Comme les infirmières ont un rôle dans la surveillance et l’observation des patients, elles sont bien placées pour assurer la sécurité du patient. Comme défini par Agrément Canada (2011), l’établissement du meilleur schéma thérapeutique possible à l’admission, ainsi que la comparaison avec les prescriptions d’admission, est un incontournable. Dans les écrits, on reconnaît que l’infirmière peut être impliquée sur ce plan. Selon l’avis d’experts de Sullivan et al. (2005), les infirmières exercent un rôle intégrateur dans la diminution et l’évitement des erreurs de médicaments en obtenant, en temps opportun, une histoire médicamenteuse précise et en effectuant la comparaison de l’histoire médicamenteuse avec les prescriptions. Il est vrai que les infirmières sont des professionnelles très bien positionnées pour évaluer la médication des patients, car elles sont généralement les premières à interagir avec le patient à l’admission (Sullivan et al., 2005).

Dans plusieurs milieux de soins qui ont implanté le BCM, l’infirmière effectue la collecte des données auprès des patients, de la famille et de la pharmacie du secteur privé pour établir la liste de médicaments pris à la maison (Rozich et al., 2004; Schwarz & Wyskiel, 2006; Young, 2008). D’ailleurs, dans l’étude descriptive de Walker-Cillo and Fowler

(2008), un sondage a été effectué auprès d’infirmières (N = 296) participant à une conférence de l’Association des infirmières d’urgence du New Jersey. Pour 58 % des répondantes, l’histoire médicamenteuse était commencée par l’infirmière au triage (Walker- Cillo & Fowler, 2008).

Alemanni, Atkinson, Sauvé, and Bussière (2010) ont, quant à eux, mené une étude afin de décrire l’implantation du BCM à l’urgence dans un centre hospitalier universitaire québécois pour enfants. Lors de l’implantation, le formulaire utilisé était rempli par le patient de plus de 14 ans ou par son responsable. Une fois rempli, le formulaire devait être vérifié ou paraphé par une infirmière du triage qui le plaçait ensuite au dossier du patient. À la salle d’observation, le formulaire était rempli par l’infirmière qui questionnait l’enfant ou le parent. Cette étude a été effectuée dans un service d’urgence ayant une organisation de soins différente d’une unité d’hospitalisation.

Au moment de comparer la médication prise à domicile avec celle prescrite à l’admission, l’infirmière a la responsabilité de s’assurer que le processus soit effectué et doit le faciliter. Il faut s’assurer de comparer la liste de la médication prise à domicile par le patient avec les nouvelles prescriptions à l’admission (ISMP, 2011). Cette comparaison devrait être la responsabilité du médecin qui a l’autorité d’effectuer des prescriptions. Cependant, l’infirmière a l’obligation de s’assurer que le processus a été complété et elle doit le faciliter au besoin (Young, 2008). On retrouve ici des éléments de l’implication attendue de l’infirmière. La présente étude permettra de décrire l’implication effective de l’infirmière qui pourra servir à d’autres études voulant en détailler les impacts.

Rozich and Resar (2001) décrivent une approche mise en place lors d’un changement de culture visant à améliorer la sécurité des patients en lien avec la médication. Dans cette étude descriptive, il est noté que l’infirmière travaille en collaboration avec le médecin et le pharmacien afin d’effectuer une revue rigoureuse de la médication prise à domicile par le patient afin d’établir le MSTP et effectuer la réconciliation médicamenteuse. L’infirmière à l’admission collecte l’information auprès du patient et de sa famille. Si le patient ou sa

famille n’est pas en mesure de répondre, celle-ci communique avec la pharmacie du secteur privé.

Les infirmières sont aussi impliquées dans l’éducation des patients en lien avec les nouvelles prescriptions (Sullivan et al., 2005). Des 700 infirmières interrogées dans l’étude de Walker-Cillo and Fowler (2008) sur leur rôle au départ du patient, 34 % ont répondu avoir transmis l’information des nouvelles prescriptions faites à l’urgence. La communication, au départ du patient, de la liste au prochain prestataire de soins n’est pas typiquement le rôle de l’infirmière. L’infirmière qui s’occupe du congé effectue souvent cette tâche et revoit la médication avec le patient, donne l’enseignement et documente les divergences (Young, 2008). Dans le rapport d’implantation du BCM de Murphy et al. (2009), l’infirmière s’occupe d’imprimer le BCM de congé. Par la suite, le médecin remplit les ordonnances de congé sur le BCM de congé. L’infirmière peut ensuite effectuer la comparaison des ordonnances et contacter le médecin en cas de divergences. Cette tâche peut également être accomplie par le pharmacien qui communiquera lui aussi avec le médecin au besoin ou avec l’infirmière. De plus, l’infirmière donne l’enseignement sur la médication du patient au départ. Dans l’étude de Pronovost et al. (2003) démontrant l’efficacité du BCM, l’infirmière revoit la médication de départ et identifie les divergences avec ce que le patient prend habituellement et effectue la comparaison avec les prescriptions de départ. En cas de divergences, l’infirmière s’informe auprès du prescripteur s’il avait l’intention de changer la médication. Dans l’article de Rodehaver (2005), au congé, le médecin devait effectuer la réconciliation médicamenteuse. Si cette réconciliation médicamenteuse n’était pas effectuée par le médecin, alors l’infirmière s’occupait de lui téléphoner. Ces résultats ne tiennent pas compte du contexte de soins québécois. La présente étude permettra quant à elle de décrire l’implication de l’infirmière en contexte de soins québécois auprès d’une clientèle de cardiologie, ce qui pourra être utile pour d’autres établissements québécois.

2.3 Récapitulatif de l’état des connaissances sur le bilan