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2. Recension des écrits 15 

2.1   Les fondements conceptuels 15

2.1.1   Concept de réconciliation médicamenteuse 15

La réconciliation médicamenteuse sert d’assise conceptuelle à la pratique organisationnelle requise nommée Bilan comparatif des médicaments par Agrément Canada. La réconciliation médicamenteuse se définit comme « la vérification systématique de l’histoire médicamenteuse et des ordonnances aux différents points de transition tels l’admission, le transfert et le congé qui sont des moments à risque d’erreurs » (Sullivan et al., 2005). Schwarz & Wyskiel (2006) utilisent une définition similaire. Murphy et al. (2009) amènent la notion de communication dans leur définition de réconciliation médicamenteuse : « La réconciliation médicamenteuse consiste à vérifier et à communiquer la médication d’un patient aux points de transition de soins à partir de l’histoire médicamenteuse du patient obtenue à l’admission. » (traduction libre, p. 2126) L’Institute for Healthcare Improvement insiste sur l’établissement et le maintien d’une liste complète de médicaments utilisés par le patient et la comparaison de cette liste avec les prescriptions du médecin à l’admission, au transfert et au congé (Berwick, Calkins, McCannon, & Hackbarth, 2006). Les erreurs

pouvant être évitées par la réconciliation médicamenteuse sont les erreurs d’omission, de duplication et de mauvais médicaments ou dosages (Berwick et al., 2006). Finalement, Rozich et al. (2004) mettent l’accent sur l’importance de corriger ou d’annoter les erreurs ou divergences médicamenteuses au dossier médical du patient.

2.1.1.1 Définition opérationnelle de la réconciliation médicamenteuse

La réconciliation médicamenteuse est le concept qui sous-tend la pratique organisationnelle requise d’Agrément Canada qu’est le BCM. Afin de bien comprendre la portée de la réconciliation médicamenteuse, soit le BCM, voici quelques définitions opérationnelles retenues s’y rattachant et recensées dans les écrits.

Selon Agrément Canada (2013), la pratique organisationnelle du BCM se définit ainsi : « Le BCM est un processus structuré et partagé dans le cadre duquel l’équipe de soins : 1. Collabore avec le patient, la famille et les soignants (selon le cas) et au moins une autre

source d’information pour produire le meilleur schéma thérapeutique possible (MSTP). Un MSTP est une liste de tous les médicaments d’ordonnance et en vente libre, les remèdes traditionnels, holistiques et à base de plantes médicinales, les vitamines et les suppléments;

2. Décèle et clarifie les différences (écarts) entre le MSTP et les médicaments prescrits aux points de transition;

3. Consigne des renseignements à jour sur les médicaments des patients et leur communique cette information (ainsi que le nom du prochain prestataire de services s’il y a lieu). »

L’ISMP (2011) y va avec une définition semblable en ajoutant la notion de gestion des médicaments et de moyens de communication : « Il s’agit d’un processus formel au cours duquel les professionnels de la santé travaillent de concert avec les patients, leur famille et les autres prestataires de soins de santé dans le but de s’assurer que les renseignements précis et exhaustifs sur les médicaments soient systématiquement communiqués à travers les interfaces de soins. Le BCM nécessite une analyse systématique et exhaustive de tous les médicaments pris par le patient pour s’assurer que les médicaments ajoutés, modifiés ou cessés soient évalués attentivement. Il représente une des composantes de la gestion des médicaments et permettra de fournir les renseignements permettant aux prescripteurs de prendre des décisions adéquates pour le patient (p.6). »

L’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (2009) ajoute la notion d’adhésion du patient au traitement médicamenteux lors de l’établissement du meilleur schéma thérapeutique possible : « Le BCM consiste, dans un premier temps, en un processus formel de comparaison entre la liste des médicaments/produits (médicaments prescrits, ceux en vente libre et produits naturels) pris par le patient avant son admission dans l’établissement de santé et les ordonnances émises ainsi que celles valides au moment critique évalué d’un épisode de soins (admission, transfert, congé), et ce, en lien avec l’adhésion thérapeutique du patient. Dans un deuxième temps, ce processus permet d’identifier les divergences existantes entre les ordonnances de ces deux (2) listes afin que les interventions soient effectuées en vue d’éviter des erreurs de prescription (p. 11). »

2.1.1.2 Distinction entre la revue des médicaments et la réconciliation médicamenteuse

Il est important de bien distinguer la réconciliation médicamenteuse de la revue médicamenteuse. Le concept de la revue de la médication, en anglais la medication review, se définit « comme l’évaluation systématique de la pharmacothérapie d’un individu ayant pour but d’évaluer et d’optimiser la médication du patient par le changement ou la recommandation d’un changement dans les prescriptions » (Christensen & Lundh, 2013) (traduction libre, p. 1). Selon Christensen et Lundh (2013), c’est un concept qui implique « d’évaluer l’effet thérapeutique et la dangerosité de la médication tout en faisant le lien avec la condition clinique du patient. D’autres questions telles que l’adhérence, les interactions, le monitorage et la compréhension que le patient a de sa condition et de son traitement sont à inclure lorsque nécessaires » (traduction libre, p. 1). Le relevé des médicaments se veut aussi un élément important pour améliorer la qualité des prescriptions afin de prévenir la survenance d’évènements.

2.1.1.3 Composante de la réconciliation médicamenteuse : MSTP

Dans le cadre de la présente recherche, le meilleur schéma thérapeutique possible (MSTP), une composante de la réconciliation médicamenteuse, est la liste complète des médicaments constituée « de tous les médicaments d’ordonnance et en vente libre, des remèdes

traditionnels, holistiques et à base de plantes médicinales ainsi que la liste de toutes les vitamines et de tous les suppléments que le patient prend actuellement. Il indique également le nom, la dose, la fréquence et la voie d’administration de chacun d’entre eux » (Agrément Canada, 2014, p. 11). De plus, on retrouve quelques définitions dans les écrits. Penformis et al. (2012) mentionnent que le BCM « englobe la production d’une liste complète de tous les médicaments que le patient prenait avant l’admission, c’est-à-dire le meilleur schéma thérapeutique possible. Cette liste est établie grâce à diverses sources et comprend des renseignements sur les médicaments d’ordonnance, les médicaments en vente libre, les vitamines, les suppléments, ainsi que le nom du médicament, la dose, la fréquence et la voie d’administration » (p. 216). Cependant, la définition de l’ISMP (2015) est plus précise et comprend 1) les sources de renseignements utilisées pour indiquer tous les antécédents; 2) les renseignements complets sur chaque médicament; 2) l’indication selon laquelle la prise effective correspond à l’usage prescrit; 3) le nom et le numéro de la pharmacie communautaire; 4) les détails sur la gestion des médicaments à la maison et 5) l’utilisation de plaquettes calendriers.

Le MSTP ne comprend pas la notion d’évaluation des médicaments avec la condition clinique telle que présentée dans le concept de revue des médicaments, mais comprend l’établissement de la liste exhaustive des médicaments d’un patient qui est nécessaire pour effectuer la réconciliation médicamenteuse aux points de transition, c’est-à-dire qu’il inclut la comparaison de médicaments pris par le patient à l’admission, au transfert et au congé.

Cependant, l’établissement du meilleur schéma thérapeutique possible comporte des éléments qui rejoignent le concept de revue de la médication principalement pour Phan-Dang et Poulin (2009), pour qui la réalisation du BCM n’est pas terminée avec l’obtention de la liste des médicaments. À cette étape, la liste obtenue est examinée pour l’identification des problèmes associés à la pharmacothérapie et l’établissement d’un traitement pharmacologique optimal pour le patient.