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Chapitre III : Synthèse des microsphères d’oxyde d’uranium (UO 2 )

III. Étude multiparamétrique de la conversion hydrothermale

III. 2. Impact du temps de traitement thermique

par PERALS [16] pour quantifier la concentration d’uranium restant en solution et déterminer le rendement de la synthèse (Tableau 5). Le rendement de précipitation augmente rapidement durant les premières heures de traitement pour atteindre 99% à partir de 24 heures. En se basant sur ces résultats, il est possible de supposer que les 6 premières heures de traitement hydrothermal correspondent à la décomposition de l’aspartate d’U(IV) suivie d’une hydrolyse partielle de l’uranium tétravalent en solution. Cette hypothèse est confirmée par les données reportées par Faisal et al. sur la décomposition de l’acide aspartique en conditions hydrothermales [20]. Les auteurs présentent la décomposition de cet acide comme étant une réaction de déamination irréversible formant de l’acide maléique, qui par la suite se transformerait en acide pyruvique et en acide lactique par une étape de décarboxylation, comme le montre l’équation (1) :

C2H3(NH2)(COOH)2 ⎯⎯ C2H3(OH)(COOH)2 ⎯⎯ CH3(CO)(COOH) ⎯⎯ C2H4(OH)(COOH) (1) Acide aspartique Acide Maléique AcidePyruvique Acide Lactique

En se basant sur l’énergie d’activation de la réaction de décomposition présentée précédemment (EA = 144 kJ.mol-1), il est possible d’estimer le temps nécessaire pour décomposer 99%

de l’acide aspartique initial à environ 5h30 à 160°C. Cette valeur constitue donc la durée minimale à considérer dans le cas où l’on souhaite récupérer quantitativement l’uranium(IV) provenant de la décomposition du précurseur aspartate. Ceci est en accord avec les résultats obtenus lors de cette étude (Tableau 5) puisqu’un rendement de précipitation de 99% est atteint après 24h de traitement hydrothermal.

Tableau 5 : Evolution du rendement de précipitation de l’uranium (IV) en fonction du temps de traitement hydrothermal.

Temps de traitement (heures) Rendement (%)

1 87 ± 2

3 93 ± 2

6 96 ± 1

24 99 ± 2

30 99 ± 2

L’allongement de la durée de traitement hydrothermal s’accompagne en outre d’une modification significative de la morphologie (Figure 40). Après 1 heure (Figure 40. c.), on ne note en effet que peu ou pas de modification en comparaison avec le précipité initial (Figure 40. a. et b.). Pour des temps de traitement hydrothermal compris entre 6 et 24 heures, le précipité amorphe est toujours présent, mais les premiers objets sphériques sont observés (Figure 40. b. et c.). Après 30 heures de traitement, la morphologie des objets synthétisés est radicalement différente : la poudre obtenue est exclusivement constituée de particules sphériques avec des tailles variables comprises entre 200 nm et 1 µm (Figure 40 d.). En prenant ces observations en compte, le temps de traitement hydrothermal retenu pour la suite des expériences a donc été fixé à 30 heures à une température de 160°C.

Figure 40 : Images MEB enregistrées sur les composés obtenus lors de synthèses réalisées à différents temps de traitement hydrothermal a. et b. précipité initial, c. = 1 heure ; d. = 6 heures, e. = 24 heures et f. = 30 heures (160°C, U/AA = 3, rpm = 0 et

pH = 2).

Pour les différentes durées de traitement hydrothermal étudiées, les poudres obtenues ont par la suite été caractérisées par DRX. Il est possible de noter que dans tous les cas, les diffractogrammes de rayons X obtenus présentent des pics larges faiblement intenses, caractéristiques d’un échantillon mal cristallisé et/ou constitué de cristallites nanométriques (Figure 41), ce qui est en accord avec les observations MEB réalisées précédemment. Néanmoins, il est possible de noter une évolution de la structure en fonction du temps de traitement. Dans le cas des échantillons traités entre 1 et 3 heures, les diffractogrammes enregistrés présentent des similitudes avec celui reporté pour l’aspartate de thorium dans l’étude de Clavier et al. [14]. Ce résultat confirme ainsi que pour des temps de traitement courts (typiquement inférieurs à 6 heures à 160°C), le composé initial n’est pas encore totalement décomposé en oxyde, et l’on peut même observer une cristallisation partielle de l’aspartate d’uranium (IV). Pour des temps de traitement hydrothermal supérieurs ou égaux à 6 heures, les diffractogrammes de rayons X enregistrés montrent les pics caractéristiques de la structure de type fluorine de UO2 et il n’est plus possible d’observer les pics du précurseur aspartate. Cela

confirme qu’il y a une conversion complète du précurseur en oxyde dès 6 heures de traitement. En outre, les diffractogrammes des produits obtenus au-delà de 6 heures de traitement hydrothermal ne présentent pas de différences significatives. La taille des cristallites n’évolue donc plus au cours du temps. Celle-ci a été déterminée par affinement du profil de raies, à l’aide du logiciel FullProf, sur le diffractogramme obtenu après 30 heures de traitement atteint 3,6 ± 0,3 nm. Après 30 heures de traitement hydrothermal, les microsphères observées présentent donc une structure multi-échelle, composée d’agrégats de cristallites nanométriques élémentaires, tel que cela a été reporté

Figure 41 : Diffractogrammes de rayons X enregistrés sur les poudres obtenues après différents temps de traitement hydrothermal. Pour comparaison en rouge les pics de diffraction de l'aspartate de thorium [14] et en noir UO2 (ICDD 01-071-

4823). * Représente le signal de diffusion dû à l’utilisation d’un dôme anticontamination.

Figure 42 : Spectre FTIR enregistré sur les microsphères de UO2 obtenues après conversion hydrothermale de l'aspartate

d'uranium (IV) (160°C, 30 heures) comparé aux spectres de l'acide aspartique et de l'aspartate de thorium d’après Clavier et al. [14].

Le produit obtenu après 30 heures de traitement hydrothermal a été analysé par spectroscopie FTIR. Le spectre enregistré montre des bandes de vibrations à 1550 et 1350 cm-1 qui mettent en

évidence la présence de résidus organiques à la surface ou dans les particules de UO2 (Figure 42). En

outre, le spectre enregistré apparaît similaire à celui de l’aspartate de thorium [14]. Ainsi, les bandes de vibrations aux environs de 1475 et 3120 cm-1, observées sur le spectre de l’acide aspartique pur et

caractéristiques de la fonction amine [21] sont absentes. Cette observation est en accord avec les mécanismes de décomposition de l’acide aspartique en conditions hydrothermales présentés par Faisal et al. [20], majoritairement basés sur la déamination. La partie organique demeurant au sein des microsphères de UO2 serait donc un acide dicarboxylique, sous-produit de la décomposition de l’acide

aspartique. Cette hypothèse semble être confirmée par la présence des bandes de vibration aux environs de 1400 et 1600 cm-1, qui peuvent être attribuées aux vibrations d’élongation des

groupements carboxylate. Dans le même temps, le spectre de RMN du 13C enregistré sur le même

composé ne montre aucun signal significatif (Figure 38). La quantité de résidus organiques subsistant dans l’échantillon après conversion hydrothermale de l’aspartate d’uranium (IV) reste dont très faible.