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CONTEXTE DU VIH/SIDA DANS LE MONDE ET AU CONGO-BRAZZAVILLE

I.4. LES CONSEQUENCES DU VIH/SIDA

I.4.4. Impact sur l’économie

L’impact économique provoqué par une forte morbidité et mortalité du personnel d'entreprise s'est posé vis-à-vis des pays où la prévalence du VIH était inquiétante, en l'occurrence sur le continent africain. La problématique est rapidement élargie à la menace que représente l'épidémie sur le fonctionnement et la production des entreprises. (Irwin et al., 1991).

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L'intérêt des recherches en Afrique, outre les aspects médicaux et biologiques, porte sur les conséquences socio-économiques de l'infection à VIH. Dans des pays où le développement économique et social est une priorité, dans une zone du monde où est concentrée l'aide internationale, le VIH/sida semble provoquer des contraintes importantes. « L'impact socio-économique de l'épidémie fait l'objet de deux approches différentes mais complémentaires ; l'une concerne l’étude d’entreprises ou de secteurs économiques (établissements, agriculteurs ménages...) ; l’autre suggère une vision plus globale à partir d’agrégats macroéconomiques. La première approche alimente les réflexions de la seconde » (Aventin et Huard, 2000).

Soulignons qu’il n’y a pas assez d’études sur l’impact économique du sida dans les pays en développement. Par ailleurs, les quelques informations disponibles indiquent une dégradation des économies dans les pays les plus touchés par l’épidémie.

Couderc et al. (2006), indique qu’une réduction du taux de croissance du PIB d’environ 1 point de pourcentage est à prévoir pour des pays en développement très touchés par la pandémie en Afrique notamment. Ceci, compte tenu des difficultés que connaissent aujourd’hui ces pays, avec des taux de prévalence parfois supérieurs à 30 % chez les populations adultes, la faiblesse du coût économique estimé du VIH/SIDA peut apparaître étonnante (Couderc, Drouhin et Ventelou, 2006)(voir tableaux 12 et 13).

Dans le même contexte Samba (2014) estime qu’avec la baisse du revenu national brut qui est passé de 724,7 à 640 dollars entre 2000 et 2003 ; l’espérance de vie de 52 ans à 48 ans, la prévalence du VIH/sida de 6,5 % à 11,6 % , il est fort probable que cela soit compromettant pour le développement du Congo (département de l’évaluation des opérations de la Banque mondiale 2004) ; (Samba, 2014).

Tableau 12 : Taux de prévalence, croissance économique et espérance de vie

Sources (1) : R Bonnel (2000), (2) Calcul de Touzé et Ventelou (2002), tiré des données des US Bureau, Population Référence Bureau, et OMS. Bonnel fournit une estimation économétrique qui essaie de relier le taux de croissance aux taux de prévalence en isolant les autres facteurs explicatifs (environnement institutionnel, capital physique, capital humain). Ces estimations concernent les économies des pays africains à partir des données observées entre 1990 et 1997.

Taux de Prévalence Réduction de taux de croissance par tête (1)

Année perdue d’espérance de vie (2) 5 -0,6 4,7 10 -0,8 9,4 15 -1 14,1 20 -1,2 18,8 30 -1,4 28,2

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Tableau 13 : Réduction du PNB imputable au VIH/SIDA

Pays

Baisse moyenne du PNB (en point de croissance annuelle)

Période Source

30 pays africains SS [0,8 ; 1,4] 1990-2025 Over (1992)

Cameroun 2 1987-1991 Kambou et al (1992)

Zambie [1 ; 2] 1993-2000 Forgy (1993)

Tanzanie [0,8 ; 1,4] 1991-2010 Cuddington (1992)

Kenya 1,5 1996-2005 Hancock et al (1996)

Mozambique 1 1997-2020 Wils et al (2001)

Afrique du Sud [0,8 ; 1] 1997-2010 Arndt et Lewis (2000)

47 pays 0,7 1990-1997 Bonnel (2000)

Botswana 1 ; 1,5 2001-2015 Banque mondiale (2001)

Lesotho, Namibie

Sources : tiré de Sida et croissance économique : le risque d’une trappe épidémiologique, Nicolas Couderc, Nicolas Droulin et Bruno Ventelou, Revue d’économie politique, 2006/5 vol.116/ page 697 à 715. Les intervalles donnent l’amplitude de l’impact selon les scénarios étudiés.

Bell et al. (2003 et 2004) et Haacker (2002), ont mis l’accent sur le facteur travail. Pour ces auteurs, l’offre de travail, vue en termes de quantité ou de qualité (capital humain), est susceptible d’être affectée par l’épidémie. « Ces études se sont concentrées sur les conséquences du VIH/SIDA sur le facteur travail (plus précisément sur l’offre de travail, vue comme une « quantité »), alors que l’on estime aujourd’hui que la formation de capital, ou même le capital humain productif (la « qualité » de l’offre de travail), peuvent être affectées par la maladie » (Bell et al., 2003 et 2004, et Haacker, 2002, cités par Couderc et al., 2006, p. 698).

Barnett et Halswimer, cités par Aventin et Huard (2000) pensent que le faible rendement des producteurs agricoles dans certaines régions, est occasionné par une forte mortalité et morbidité de la population active. Aventin et Huard ont également élucidé certains coûts induits par le VIH/sida notamment, l’absentéisme au travail pour cause de maladie, les coûts liés aux soins, décès, organisation des funérailles, les recrutements des nouveaux employés, etc. (Barnett et al, 1995 cités par Aventin, et Huard, 2000, p. 55-82).

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Au Congo-Brazzaville, l’étude du PNUD auprès des entreprises de Brazzaville et Pointe-Noire (1999 et 2002), révèle que le budget alloué à la santé des travailleurs est en nette augmentation dont 73 % affectés aux malades du Sida.

À ces dépenses se greffent des coûts de divers ordres : absentéisme pour cause de maladie, obsèques et formation du personnel de remplacement. Samba (2014) constate que les arrêts de travail (ADT) de 1999 à 2000 sont restés constants, tandis que les absences temporaires au travail connaissent une nette progression. Ce qui a des implications sur la production et par voie de conséquence sur la performance des entreprises. La proportion moyenne des personnes ayant bénéficié d’au moins 5 arrêts de travail de 15 jours pour raison de maladie est de 55,3 % par année (Samba, 2014).

Le total des coûts supportés par les entreprises en faveur des personnes infectées par le sida entre 1999 et 2002 est en moyenne de 15 milliards de Francs CFA soit 2 286 725 €. L’augmentation de ces dépenses imputables au VIH est synonyme d’augmentation des coûts liés au personnel des entreprises. L’augmentation des coûts liés au personnel réduit le bénéfice et donc la rentabilité des entreprises : les ressources qu’elles affectent aux membres de leur personnel séropositif auraient pu être utilisées à d’autres fins si l’ensemble de leur personnel était bien portant.

Signalons également que les deux dernières années d’activités professionnelles d’un malade du sida sont perdues.

Aussi, le VIH/sida contraint 20 % des membres d’une famille à réduire leur offre de travail ou arrêter leurs études et 60 % du temps consacré aux activités domestiques pour s’occuper du malade (Steinberg et al. 2002 ; Morris et al. cité par Couderc et al., 2005).

En plus des dimensions biologiques et médicales, la formation des couples discordants passe aussi par les perceptions et représentions du VIH-Sida que nous présentons dans la section suivante.