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Impact de la francophonie sur le taux d’ouverture en 2006 : méthode

Maintenant que nous avons établi l’impact moyen sur la période 1995-2006 de l’EF sur le commerce bilatéral, nous extrapolons cet impact à la part du commerce intra-EF et au taux d’ouverture. Cela nous permettra dans un second temps de tirer quelques conclusions en termes de PIB par tête et d’emploi (via le taux d’ouverture).

A l’aide de l’estimation du coefficient associé à la variable indicatrice « Espace Francophone », il nous est donc possible de calculer le supplément moyen de commerce et donc de taux d’ouverture induit par l’existence de l’EF pour l’année 200652 pour chaque pays de l’espace francophone. L’idée est la suivante : nous comparons la situation observée en 2006, donc avec existence de l’EF, à une situation ou tout serait identique à l’exception de cet EF (contrefactuel « absence d’un EF »).53 Nous raisonnons donc toutes choses égales par ailleurs, la seule modification supposée dans le modèle de gravité étant la variable indicatrice EFij.

50 L’impact en 2004 est significativement inférieur à l’impact de l’EF en 1995 au seuil de 10 %.

51 Ainsi, l’impact en 2009 apparaît significativement supérieur à l’impact de l’EF en 2004 au seuil de 10%.

52 Nous choisissons l’année 2006 afin d’avoir comme référence une année pré-crise.

53 Comme nous l’expliquons plus tard, les résultats par pays de cette section peuvent être interprétés comme l’impact sur le commerce et le taux d’ouverture de la « non existence » de l’EF ou de la simple « sortie » du pays de cet espace.

Nous procédons en 3 étapes :

1. Il s’agit tout d’abord d’évaluer la perte moyenne de commerce bilatéral qui serait associée à la « disparition » de l’EF, perte de commerce notée ∆ pour le couple de pays i et j.

Pour cela, nous appliquons à chaque paire de pays de l’espace francophone la formule suivante :

∆X= X . !exp 0,2 ∗ ∆ EF − 1,

-. est le flux de commerce bilatéral (exportation ou importation) entre le pays i et le pays j (tous deux appartenant à l’EF)54 en 2006, ∆/0 = −1 correspondant à la simulation de la « disparition » de l’EF (variation de la variable indicatrice de 1 à 0) et 0.2 est le coefficient estimé de l’EF (cf. Tableau 10 - colonne 1). Par conséquent, le nouveau montant des échanges du pays i avec les pays de l’EF en l’absence de l’EF est donné par :

-.1111 = 2X+ ∆X3 + 2X4+ ∆X53

4∈-.

∈-.

2. Nous reconstituons ensuite, pour chaque pays, la part du commerce entre les pays de l’EF si l’EF n’existait plus, notée 78-. , pour le pays i en situation simulée en 2006 « sans EF », selon la formule suivante :

78-. = 9/01111

;∉/02X9;20063+=∉/0 X=92006+ 9/01111

Ce ratio est reporté, pour chaque pays de l’espace francophone, dans le Tableau 11, la colonne « % simulé du commerce intra-EF en l’absence d’un EF».

3. Il est alors possible de mesurer la variation du taux d’ouverture du pays (en %), notée

∆TO, induite par l’existence de l’EF de la façon suivante :

∆TO =AB− TOC TOC

Où TO est le taux d’ouverture observé en 2006 et TOC le taux d’ouverture estimé du pays i en situation « sans EF en 2006 », calculé de la façon suivante :55

TOC=∉-.2X3 + ∑4∉-.2X43+ -.1111

PIB

54 En effet la disparition de l’EF n’aura d’impact que sur les flux de commerce au sein des paires de pays de l’EF

55 Nous faisons ici l’hypothèse que le PIB ne serait pas modifié par cette « non existence » de l’EF. Cette hypothèse est évidemment erronée à long-terme (voir section suivante) : il est probable que le commerce

« manquant » entraîne un PIB plus faible, l’impact final sur le taux d’ouverture étant alors difficile à appréhender.

Avant de commenter les résultats reportés dans le Tableau 11, deux remarques sont à formuler concernant la simulation des flux de commerce en l’absence d’un espace francophone. Tout d’abord, nous comparons la situation observée en 2006, donc avec existence de l’EF, à une situation ou tout serait identique à l’exception de cet EF. Nous raisonnons donc toutes choses égales par ailleurs, la seule modification supposée dans le modèle de gravité étant la variable indicatrice EFij. Or, comme nous l’avons expliqué précédemment, la « non existence » de l’EF ou la simple « sortie » d’un pays de cet espace modifie également le terme de résistance multilatérale (c.-à-d. l’impact indirect de l’EF), noté MREFijt dans l’équation de gravité. Or le coefficient associé à ce terme est non significativement différent de zéro : il n’y a donc pas d’effet indirect lié à l’EF via la diminution des termes de résistance multilatérale pour les pays concernés. Autrement dit, si un pays « sort » de l’EF (du fait pas exemple d’une baisse de sa population francophone en-dessous du seuil de 20%) alors les autres pays de l’EF n’en seront affectés que via le commerce bilatéral direct avec ce pays. 56 Outre pour le calcul (on ne prend pas en compte dans les calculs d’impact des effets via les variations de MREFijt) cela a une autre implication importante en termes d’interprétation: tous les résultats par pays proposé dans cette section peuvent être interprétés comme l’impact sur le commerce et le taux d’ouverture de la « non existence » de l’EF ou de la simple « sortie » du pays de cet espace.

Un deuxième point concerne l’éventualité d’un détournement de commerce. En effet, le partage d’une langue commune entre deux pays pourrait avoir pour effet non pas de créer du commerce supplémentaire mais de détourner un flux existant d’un pays non francophone vers un pays francophone. Ainsi, lors des simulations, la sortie d’un pays de l’EF pourrait l’amener à réorienter une partie de son commerce vers des pays hors de l’EF, atténuant ainsi (voir annulant) les effets sur le taux d’ouverture. Afin de vérifier ce point nous avons introduit une nouvelle variable indicatrice dans l’équation de gravité qui prend la valeur 1 si seulement un des 2 pays (i ou j) appartient à l’EF. Ainsi, en plus d’estimer le commerce intra-EF avec notre variable intra-EFij, nous capturons les variations du commerce avec les pays en dehors de l’EF. Le résultat ne révèle aucun détournement de commerce. Ainsi, il semblerait que le partage de la langue française permet de diminuer les coûts fixes à l’exportation et de créer ainsi de nouveaux flux sans nuire au commerce bilatéral avec les pays non-francophones.

56 Nous avons vu que cela n’est pas le cas par exemple pour le partage d’un accord préférentiel de commerce. Si un pays signe un nouvel accord cela va affecter directement son commerce bilatéral avec son nouveau partenaire (via ARijt) mais également indirectement son commerce avec tous ses anciens partenaires – via MRARijt.