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Impact d’un espace linguistique sur l’économie via les flux humains

1.2 Lien entre économie et espace linguistique

1.2.3 Impact d’un espace linguistique sur l’économie via les flux humains

1.2.3.1 Impact d’un espace linguistique sur les flux humains

Certaines études ont mis en avant le fait que la distance culturelle, et plus particulièrement la barrière linguistique, accroît le coût (social et économique) de la migration (Pedersen et al., 2008). Selon Belot et al. (2012), les barrières culturelles (dont la distance linguistique, religieuse, etc.) expliquent davantage les flux migratoires que les variables économiques

18 Cet effet positif s’explique par un accroissement du volume d’investissement (et/ou de la productivité). Dans la fonction de production néoclassique, le produit total repose sur le capital et le travail, or les IDE peuvent influencer ces deux arguments : en augmentant le niveau de capital mais aussi en améliorant la productivité des facteurs et via le transfert de technologies.

traditionnelles. A partir d’une étude en panel(1985-2006) portant sur les flux d’immigration et le stock de migrants de 27 pays de l’OCDE, et 130 pays d’origine, Adsera et Pytlikova (2012) analysent le rôle de la langue dans les flux migratoires en distinguant différentes dimensions linguistiques : la proximité linguistique entre la langue du migrant et la langue du pays de destination et la diversité linguistique au sein des pays d’accueil et d’origine. Les auteurs montrent ainsi l’existence d’une corrélation positive et statistiquement significative entre le taux d’émigration et la proximité linguistique. En revanche, un pays d’accueil ayant une importante diversité linguistique attire moins de migrants, tandis que la diversité linguistique encourage la migration lorsqu’elle concerne le pays d’origine.

1.2.3.2 Impact des flux humain sur le PIB par tête et l’emploi

L’approche traditionnelle utilisée afin de mesurer l’impact de la migration sur l’économie du pays d’accueil est la technique « du surplus de l’immigration » proposé par Borjas (1995), qui consiste à estimer le gain en termes de revenu suite à la croissance de la main d’œuvre engendrée par l’afflux d’immigrés. En appliquant cette méthode, Borjas montre que l’effet de l’immigration sur le revenu est relativement faible et porte davantage sur la répartition des richesses au sein du pays d’accueil (au profit des détenteurs du capital) que sur le niveau de revenu total.

Bien qu’il soit admis que la migration a des implications économiques et sociales dans les pays d’origine, les rapatriements de fonds des migrants représentent le lien le plus tangible et exploitable pour estimer ces effets (Ratha, 2007). Néanmoins, la relation entre les rapatriements de fonds et le revenu du pays recevant ces transferts n’est pas établie empiriquement : Spatafora (2005) montre qu’il n’y a pas de lien direct entre la croissance du PIB par tête et les rapatriements de fonds, tandis que Chami et al. (2005) trouvent un impact négatif en se fondant sur une analyse en panel des pays en développement. Singh et al.

(2009) établissent l’existence d’une relation négative entre la croissance du PIB par tête et les envois de fonds en Afrique Sub-Saharienne : les effets négatifs résultant de l’émigration (fuite des cerveaux, appréciation du taux de change réel, moindre participation sur le marché du travail) dépassent les effets positifs des rapatriements de fonds.

La question de l’influence de l’immigration sur le marché du travail du pays d’accueil est un sujet particulièrement sensible au niveau politique. Néanmoins, la plupart des études empiriques sur le sujet ont montré que l’influence de l’immigration sur le niveau de l’emploi et des salaires du pays d’accueil n’est que très marginale. A l’aide d’une méta-analyse19, Longhi et al. (2006) résument les 165 élasticités estimées dans la littérature, comprises entre -0,39 à 0,62, et concluent qu’une hausse de 1 % de la part des immigrés dans la population active se traduit par une diminution de l’emploi des citoyens du pays d’accueil de l’ordre de 0,024 %. Bien que cette estimation indique l’existence d’une corrélation statistiquement significative, l’effet de l’immigration sur l’emploi apparaît négligeable. Longhi et al. (2005) ont appliqué une analyse similaire à la question de l’influence de l’immigration sur les

19 Une analyse vise à synthétiser différentes études statistiques portant sur une même question. La méta-analyse permet de tirer des conclusions générales en tenant compte des différents éléments pouvant expliquer la différence entre les résultats obtenus (l’échantillon, la source des données, la technique d’estimation, la publication, etc.). Longhi et al. (2006) s’appuient sur un échantillon de 165 estimations, dont 117 concernent les pays européens et Israël, et 48 les Etats-Unis. Dans le cadre de leur méta-analyse, les auteurs tiennent compte des éléments suivants : le(s) pays concerné(s), la taille de l’échantillon, la définition du marché du travail, le genre et le niveau de qualification des individus, la nature des données (transversales ou en panel), la pondération, l’utilisation d’un instrument et le biais de publication.

salaires et ont montré que l’accroissement d’un point de pourcentage de la part des immigrés dans la population active se traduit par une réduction des salaires de 0,119 %.

Suivant ces différentes analyses, il apparaît donc difficile d’estimer l’influence de la francophonie sur l’économie à travers les flux financiers ou les flux migratoires. Selon les études empiriques existantes, seul le commerce semble être un canal de transmission robuste entre l’appartenance à un espace linguistique et le revenu ou l’emploi. Ce lien via le taux d’ouverture commercial sera donc privilégié dans la seconde partie de cette étude.

PARTIE 1–IMPORTANCE ECONOMIQUE DE LESPACE FRANCOPHONE DANS LE MONDE : QUELQUES FAITS STYLISES

Rappel de la définition de l’EF utilisée dans cette étude : l’Algérie, la Belgique, le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Canada, la République Centrafricaine, les Comores, le Congo, la Côte d'Ivoire, Djibouti, la France, le Gabon, la Guinée, la Guinée équatoriale, Haïti, Israël, le Liban, Luxembourg, Madagascar, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, Maurice, le Niger, la RDC, le Rwanda, le Sénégal, la Suisse, le Tchad, le Togo et la Tunisie.

Les sources et définitions des données utilisées dans cette première partie sont reportées en annexe dans le Tableau 20.

2 POIDS DE LESPACE FRANCOPHONE DANS LA RICHESSE MONDIALE