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PARTIE 2 : ÉTUDE EMPIRIQUE

6.4. Instruments de recueil des données et construction des indicateurs de variables

6.4.2. L’identité sexuée du jeune enfant

L’identité sexuée des enfants est appréhendée lors de la passation orale d’un questionnaire organisé en en trois parties, chacune portant sur l’une des trois dimensions de cette variable (connaissances des rôles de sexe, adhésion aux rôles de sexe et acquisition de la constance de genre) (cf. annexe 1).

6.4.2.1. Les connaissances des rôles de sexe des enfants

 Présentation des outils utilisés

Les connaissances des rôles de sexe sont étudiées à travers la passation orale du P.S.A.I. et du B.S.R.I. (Tostain, 1993). Nous avons choisi d’utiliser ici les mêmes items que pour les représentations des rôles de sexe des adultes, cependant nous avons légèrement modifié leurs intitulés afin de les rendre plus compréhensibles pour les jeunes enfants. Contrairement à la version proposée aux adultes, nous leur demandons de se positionner sur une échelle de Likert en 3 points (« les filles » / « les filles et les garçons » / « les garçons ») en fonction du fait qu’ils pensent que ces items correspondent plus aux comportements des filles ou des garçons. Ici, comme pour les adultes, les 30 items (15 masculins et 15 féminins) peuvent être regroupés en trois sous-dimensions : les accessoires, les activités et les caractéristiques du jeune enfant (cf. annexe 3).

 Cotation des réponses et constitution des scores

L’objectif de cette question est de calculer un score de connaissance des rôles de sexe pour chaque enfant de notre échantillon. Dans un premier temps, nous obtenons des scores relatifs à chaque sous-échelle (CoAcc pour les accessoires, CoAct pour les activités et CoCar pour les caractéristiques) ainsi que des scores relatifs à l’ensemble des items masculins et des items féminins de ces trois sous-échelles (CoM et CoF). Nous attribuons un score d’item allant de 1 à 5 points en fonction du positionnement des participants sur l’échelle de Likert. Par exemple,

137 pour un item féminin la réponse de l’enfant est cotée 5 points si le participant a répondu « les filles », 3 points s’il a répondu « les deux » et enfin, 1 point s’il a répondu « uniquement aux garçons » ; pour un item masculin la cotation est inversée. Ainsi, pour les sous-échelles des items masculins (15 items) et féminins (15 items) nous obtenons un score brut théorique allant de 15 à 75 points. Nous pourrons ainsi appréhender le degré de connaissance des enfants vis- à-vis des rôles de sexe en étudiant de manière indépendante les réponses des participants à ces deux sous-échelles :

- CoM = Score aux items masculins concernant les trois sous-échelles (15 items) ; - CoF = Score aux items féminins concernant les trois sous-échelles (15 items).

Dans un deuxième temps, nous calculons le score global de connaissances des rôles de sexe (Co = degré de connaissances des rôles de sexe des enfants). Pour cela, nous additionnons les scores obtenus aux différentes sous-échelles. De fait, la valeur théorique du score global de connaissances des rôles de sexe est comprise entre 30 et 150, plus l’enfant obtient un score élevé plus il a un haut niveau de connaissances des rôles de sexe.

 Modification des sous-échelles

Suite à l’analyse auprès de notre échantillon de population de la validité interne des différentes sous-échelles de cet outil et des indices de corrélation inter-items (cf. annexe 3) nous avons été amené à modifier la liste des items originaux. Nous avons retiré un item masculin (« jeux de construction ») et un item féminin (« jouer avec des filles »). Ainsi, les sous-échelles ont des indices de fiabilité supérieurs au seuil d’acceptabilité, et les deux sous- échelles permettant de calculer le score global de stéréotypie (CoM et CoF) présentent chacune 14 items. Les scores théoriques de cet outil s’étalent dorénavant entre les valeurs 14 et 70 pour les sous-échelles (CoM et CoF) et entre 28 et 140 pour le score théorique de stéréotypie de la représentation des rôles de sexe (Co).

6.4.2.2. L’adhésion aux rôles de sexe des enfants

 Présentation des outils utilisés

L’adhésion aux rôles de sexe est appréhendée elle aussi à travers la passation orale du P.S.A.I. et du B.S.R.I. (Tostain, 1993). Nous avons choisi d’utiliser les mêmes items que pour les représentations des rôles de sexe des adultes et les connaissances des rôles de sexe des enfants. Cependant, nous avons modifié la consigne ainsi que les intitulés des items, afin de mesurer cette fois-ci l’adhésion des enfants à ces différents rôles de sexe. Nous leur

138 demandons ici de se positionner sur une échelle de Likert en 3 points (allant de « jamais » à « très souvent ») en fonction de la fréquence à laquelle ces différents items correspondent à leurs propres comportements. Les items utilisés sont regroupés selon les trois sous- dimensions envisagées précédemment : les accessoires, les activités et les caractéristiques du jeune enfant, et nous retrouvons 15 items masculins et 15 items féminins (cf. annexe 2).

 Cotation des réponses et constitution des scores

L’objectif de cette question est de calculer un score de masculinité / féminité pour chaque enfant de notre échantillon. Dans un premier temps, nous obtenons des scores relatifs à chaque sous-échelle (AdAcc pour les accessoires, AdAct pour les activités et AdCar pour les caractéristiques) ainsi que des scores relatifs à l’ensemble des items masculins et des items féminins de ces trois sous-échelles (AdM et AdF). Nous attribuons un score d’item allant de 1 à 5 points en fonction du positionnement des participants sur l’échelle de Likert. Par exemple, pour un item féminin la réponse de l’enfant est cotée 5 points si le participant a répondu « les filles », 3 points s’il a répondu « les deux » et enfin, 1 point s’il a répondu « uniquement aux garçons » ; pour un item masculin la cotation est inversée. Ainsi, pour les sous-échelles des items masculins (15 items) et féminins (15 items) nous obtenons un score brut théorique allant de 15 à 75 points. Nous pourrons ainsi appréhender le degré d’adhésion aux rôles de sexe des enfants en étudiant de manière indépendante les réponses des participants à ces deux sous- échelles :

- AdM = Score aux items masculins concernant les trois sous-échelles (15 items) ; - AdF = Score aux items féminins concernant les trois sous-échelles (15 items).

Dans un deuxième temps, nous calculons le score de global de masculinité / féminité (Ad = Degré de masculinité / féminité des enfants dans leur adhésion aux rôles de sexe). Pour cela, au score relatif aux items stéréotypiques du groupe de sexe du sujet nous retranchons celui relatif à l’autre groupe de sexe (par exemple, pour une fille Ad = AdF – AdM ; inversement pour un garçon). Ainsi, plus l’enfant a un score élevé plus il a une forte adhésion aux rôles de sexe ; un score proche de zéro témoigne d’une adhésion aux rôles de sexe stéréotypée, un score négatif indique une adhésion contre-stéréotypée aux rôles de sexe. Ce score théorique sera compris entre -30 et 30.

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 Modification des sous-échelles

Suite à l’analyse auprès de notre échantillon de population de la validité interne des différentes sous-échelles de cet outil et des indices de corrélation inter-items (cf. annexe 3) nous avons été amené à modifier la liste des items originaux. Nous avons retiré de cette liste un item masculin (« confiance ») et un item féminin (« enfantin »). Ainsi, toutes les sous- échelles ont des indices de fiabilité supérieurs au seuil d’acceptabilité, et les deux sous- échelles permettant de calculer le score global de stéréotypie (AdM et AdF) présentent chacune 14 items. Les scores théoriques de cet outil s’étalent dorénavant entre les valeurs 14 et 70 pour les sous-échelles (AdM et AdF) et entre 28 et 140 pour le score théorique d’adhésion aux rôles de sexe (Ad).

6.4.2.3. Le développement de la constance de genre : le test de la constance de genre

 Présentation de l’outil utilisé

Le développement de la constance de genre est étudié chez les enfants à partir du Test de la constance de genre. Ce test a été élaboré par Slaby et Frey (1978) et a fait l’objet de plusieurs recherches en psychologie du développement. Dafflon Novelle (2010) a proposé une version adaptée de cet outil afin de pallier aux différentes critiques ayant été faites à propos des précédentes versions. Nous avons choisi de reprendre cette dernière version française du test de la constance de genre dans notre recherche. La seule différence avec la version de Dafflon Novelle (2010) concerne le matériel utilisé lors de la passation, ce ne sont pas des photographies d’enfants nus mais des dessins d’enfants que nous présentons lors de cette passation. Exceptée cette modification, le matériel ainsi que la passation du test restent similaires à la version de Dafflon Novelle (2010).

 Le matériel utilisé

Le matériel utilisé lors de la passation est constitué de six vignettes illustrées (cf. annexe 1) présentant chacune le dessin d’un enfant (une fille ou un garçon). Dans ces vignettes apparaissent deux personnages, Kim et Nikki (leurs noms ont étés choisis afin de ne pas donner d’indice à propos de leur sexe), dans trois tenues différentes : une fois nus, une fois avec une tenue connotée masculine et une fois avec une tenue connotée féminine. Cette mise en scène permet de présenter chaque enfant dessiné sous trois conditions différentes : l’enfant nu sans accessoire, l’enfant dans une tenue consistante (la fille dans des vêtements féminins avec des accessoires féminins et le garçon dans des vêtements masculins avec des accessoires masculins) et l’enfant dans une tenue inconsistante (la fille dans des vêtements masculins avec

140 des accessoires masculins et le garçon dans des vêtements féminins avec des accessoires féminins).

Les dessins présentent les enfants dans des positions similaires, tous deux avec les cheveux mi-longs et avec la même expression faciale. La tenue masculine est constituée par une casquette bleue, un t-shirt bleu, un short jaune, des baskets jaunes et un ballon de football ; la tenue féminine est constituée par un chapeau jaune, une robe rose et blanche, des ballerines grises et un sac à main orange. Par ailleurs, les traits physiques ne permettent pas à eux seuls de déterminer le sexe de l’enfant (mis à part dans les dessins laissant apparaître leurs organes génitaux). Nous avons toutefois vérifié auprès d’une population test d’enfants et d’adultes que le garçon ainsi que la fille présentés dans la tenue masculine sont pris pour des garçons et que ces deux enfants présentés dans la tenue féminine sont perçus comme des filles.

 La procédure du test de la constance de genre

La procédure expérimentale est contrôlée, les mêmes énoncés sont proposés à tous les enfants, de plus l’ordre de la présentation des dessins est inversé pour la moitié de la population, la moitié des participants commence par les dessins de la fille alors que l’autre moitié par les dessins du garçon (cf. annexe 2). Pour introduire ce test on explique aux enfants que l’on va leur montrer des dessins de deux enfants, Kim et Nikki. On leur dit qu’il s’agit d’une fille et d’un garçon qui sont jumeaux et qui, pour s’amuser, se sont prêtés leurs affaires pour qu’on ne puisse pas les reconnaître. Puis, on leur explique que l’on va leur poser des questions à propos de ces dessins pour qu’ils nous aident à retrouver qui est Kim et qui est Nikki.

On commence la passation en leur montrant le dessin d’un enfant nu (soit la fille soit le garçon) et on leur pose deux questions : « Regarde bien ce dessin de Kim. Kim c’est un garçon ou c’est une fille ? » ; « Comment tu sais que Kim est un garçon / une fille ? ». Si l’enfant n’a pas justifié clairement sa première réponse on lui demande de nous montrer sur le dessin l’indice qui a motivé son choix.

Puis, on lui présente le deuxième dessin, celui du même enfant dans une tenue inconsistante et on lui pose alors trois questions : « Tu vois sur le dessin c’est toujours Kim, mais cette fois-ci Kim a pris les affaires de Nikki. Kim ressemble à qui sur ce dessin, à un garçon ou à une fille ? » ; « Kim, pour de vrai, c’est un garçon ou une fille ? » ; « Comment tu sais que Kim est un garçon / une fille ? ».

141 Enfin, le troisième dessin de l’enfant est présenté au participant, celui en tenue consistante, et l’on pose à nouveau trois questions à l’enfant : « Tu vois sur le dessin c’est toujours Kim, mais cette fois-ci Kim a repris ses affaires. Kim ressemble à qui sur ce dessin, à un garçon ou à une fille ? » ; « Kim, pour de vrai, c’est un garçon ou une fille ? » ; « Comment tu sais que Kim est un garçon / une fille ? ».

Une fois cette première série de dessins présentée aux enfants on peut leur montrer les dessins relatifs à l’autre personnage. La même procédure expérimentale est alors réalisée avec l’autre série de trois dessins où l’on pose les mêmes questions aux participants.

 Cotation des réponses et constitution des scores

Ce test permet de partager les participants en deux groupes : ceux qui ont atteint la constance de genre et ceux qui ne l’ont pas encore atteinte. Seuls les enfants qui répondent correctement à l’ensemble des questions relatives à chaque planche illustrée sont considérés comme ayant atteint le stade de la constance de genre (Const = Acquisition de la constance de genre chez l’enfant). Dans les différentes versions de ce test les enfants qui donnent une ou plusieurs réponses incorrectes sont déclarés comme n’ayant pas acquis la constance de genre. Ainsi, pour que l’on considère que les enfants ont acquis la constance de genre, les participants doivent être capables de déterminer le sexe d’un individu sur la base de son appareil génital (dessin d’enfant nu), mais ils doivent aussi être capables de faire la distinction entre « ressembler à » et « être pour de vrai » un enfant d’un sexe donné et ce, indépendamment du fait de porter une tenue consistante ou inconsistante.

6.4.2.4. Construction des indicateurs de l’identité sexuée du jeune enfant

Les indicateurs de cette variable sont les scores relatifs aux trois dimensions de l’identité sexuée (degré de connaissance des rôles de sexe, degré de masculinité / féminité et acquisition de la constance de genre). L’objectif, ici, sera d’intégrer ces indicateurs dans nos analyses inférentielles afin d’étudier le rôle médiateur joué par l’identité sexuée du jeune enfant dans la relation d’influence entre les socialisations de genre familiale et scolaire et l’expérience scolaire de ces derniers.