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Le pôle « identité pour soi » des formateurs ELEGIA : les éléments biographiques Nous avons vu que l'identité pour soi a une réalité subjective, réflexive et ressentie Pour accéder à

III. A la recherche de l'identité professionnelle des formateurs ELEGIA

3. Le pôle « identité pour soi » des formateurs ELEGIA : les éléments biographiques Nous avons vu que l'identité pour soi a une réalité subjective, réflexive et ressentie Pour accéder à

des éléments constitutifs de l'identité pour soi il est nécessaire de passer par une médiation : réflexions, prises de position ou affirmation exprimées à travers des verbatim ou encore bribes de récit de vie, parcours professionnels tels qu'ils peuvent apparaître au cours des échanges ou à la lecture d'un CV, et ce bien naturellement dans les limites définies un peu plus haut. Processus en mouvement, l'identité pour soi se construit, en concordance ou discordance avec les identités héritées. Elle a une éminemment une dimension biographique à travers laquelle un sens identificatoire va progressivement se construire. L'élément de généralisation ou « mêmeté » qui rassemble les parcours des formateurs ELEGIA tout en les distinguant des parcours d'autres professions est celui d'une certaine « atypie persistante » (Monbaron, 2009). Cette atypie se manifeste par un cycle de transitions professionnelles donnant l'impression d'un cursus mené par a- coups, avec de régulières réorientations.

Les parcours professionnels des formateurs ELEGIA impliqués dans la licence peuvent ainsi être modélisés : Personne 1 Formation initiale (niv.2) ? Formation univers. (niv.1) Expérience prof. 1 Expérience prof. 2 Formation prof. certifiante * Expérience

prof. 3** Expérience prof. 4**

Formateur ELEGIA 1 Personne 2 Formation initiale (niv.1)

Expérience prof. 1 Expérience prof. 2 Expérience prof. 3** Formation prof. certifiante Formateur ELEGIA 2 Personne 3 Formation initilae (niv.2) Expérience prof. 1 Formation prof. certifiante * Expérience

prof. 2** Expérience prof. 3**

Formateur ELEGIA 3 Personne 4 Formation initiale (niv.1) Expérience prof. 1 Expérience prof. 2 Expérience prof. 3 Formation univers. (niv.1)

Expérience prof. 4 Expérience prof. 5**

Formateur ELEGIA 4 Personne 5 Formation initiale

(niv.1) Expérience prof. 1** Expérience prof. 2** Expérience prof. 3

Formateur ELEGIA 5 Personne 6 Formation initiale (niv.2) Expérience

prof. 1 Expérience prof. 2

Formation univers.

(niv.1)

Expérience

prof. 3 Expérience prof. 4**

Formateur ELEGIA 6 Personne 7 Formation initiale (niv.2)

Expérience prof. 1 Formation univers. (niv.1)*

Expérience prof. 2* Expérience prof. 3**

Formateur ELEGIA

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été menée. J'ai noté d'un astérisque l'expérience professionnelle qui comporte une activité qui n'est pas de la formation mais qui y conduit. Il s'agit notamment des activités liées à l'accompagnement ou au conseil. J'ai voulu manifester, en doublant l’astérisque d'une activité directement liée à la formation (animation, création de stage, etc.) que celle-ci soit exercée à temps complet ou partiel. Naturellement, il s'agit d'une modélisation et les transitions de parcours ne sont pas aussi nettes que le figure le tableau : la reprise de formation par exemple n'implique pas forcément l'abandon de l'expérience professionnelle précédente et la suivante a pu être entamée avant la fin de ladite formation. Le passage d'une expérience professionnelle à une autre est tantôt brutal tantôt progressif : la ligne de démarcation entre deux expériences peut être estompée ou encore être nettement affichée. La reprise d'une formation, quelle soit universitaire (entendue comme délivrant un titre homologué par l'état) ou certifiante (formation délivrant un titre qui n'est pas forcément reconnu par l’État) ne concerne jamais directement le métier de formateur. Il s'agit de formations venant approfondir des thèmes traités lors de la formation initiale (formateurs n°2, 4 et 6) où visant à l'acquisition de nouvelles compétences notamment relationnelles (formateurs n°1, 3 et 7) : un mastère de consultant en développement personnel ou un MBA dans un cas et des formations certifiantes en management et développement personnel dans l'autre (analyse transactionnelle, TMS, certification en coaching). On notera dans ce dernier cas qu'à la formation succède directement à une expérience professionnelle liée à l'accompagnement ou à la formation, ce qui tend à démontrer que celle-ci a pu débuter simultanément au cursus ou même la précéder. La formation étant alors vécue comme le lieu de validation ou d'enrichissement de connaissances plus que de l'acquisition.

La lecture de ce tableau fait apparaître qu'à chaque formateur correspond un parcours original, qui reflète ses propres motivations, ressorts et valeurs. Ils partagent cependant un certain nombre d'éléments de « mêmeté » :

− une formation initiale de niveau 1 (Master et équivalent) ou 2 (licence ou maîtrise) ;

− une formation initiale qui n'est pas liée à la formation professionnelle ;

− une première expérience professionnelle qui n'est pas non plus liée à la formation (à l'exception du formateur n°5). L'activité liée à la formation apparaît, en moyenne, au cours de la troisième expérience professionnelle ;

− la reprise d'une formation certifiante ou diplômante (toujours à l'exception du formateur n°5) à un certain moment du parcours professionnel ;

− l'absence de formation de formateurs ;

− un nombre important de réorientations ou de changements de structures au cours du cursus professionnel : au moins quatre (formateur n°5), au plus huit (formateur n°1), 5 ou 6 pour la majorité.

Ces points communs interdisent toute idée d'aléas dans la construction des parcours : ils suivent, à l'exception notable du formateur n°5, la même logique :

formation initiale → expérience(s) professionnelle(s) → reprise d'une formation → nouvelle(s) expérience(s) professionnelle(s) → formateur

Les trois premiers éléments de « mêmeté », la formation initiale et une expérience professionnelle construites hors du champ de la formation, restent cependant à relativiser car ils sont indissociablement liés aux critères de recrutement (une expertise technique bâtie à travers une reconnaissance sociale et un parcours professionnel), ce qui expliquerait qu'ils soient largement partagés par l'ensemble des formateurs. De même, le recrutement dans certains domaines, comme le management ou le développement personnel, peut tendre à privilégier les parcours denses, fondés sur la diversité des postes occupés ou le nombre d'entreprises affichées dans le curriculum vitae et donc le nombre important de réorientation et de changements de structures.

Cependant les trois derniers éléments restent indépendants des prérequis de recrutement et suffisent largement à représenter l'atypie des parcours professionnels des formateurs. Quant à la diversité des champs d'expertise des formateurs de la licence (droit de l'entreprise, management, comptabilité, gestion financière, etc.), interdit de réduire la forte convergence des éléments liés aux changements de parcours aux spécificités de recrutement d'un domaine.

Cette diversité, cette richesse des parcours qui semble malgré tout se sertir dans une logique rythmée conduit à penser que le projet de devenir formateur s'est élaboré peu-à-peu, au fur-et-à- mesure que l'histoire de chacun s'écrit et en fonction des attentes et désirs qui la sous-tendent ou qu'elle manifeste. C'est donc un sens qui prend progressivement forme et qui amène à penser que « les formateurs créent de la permanence à partir de leur parcours composites, et trouvent peu à

peu les articulations qui les amènent à construire un projet de vie à leur mesure et à la mesure de leur aspiration » (Monbaron, 2009). Les transitions professionnelles seraient alors autant de

moments qui incarnent une réflexion de l'individu-sujet sur son propre parcours et qui l'amène à repenser puis à réorienter son désir jusqu'à ce que, parfois, s'impose la fonction de formateur.