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Chapitre I. Les sources : connaissance et réception d'Albert Demangeon

B) L'hommage au disparu

Tous sont choqués par la mort d'Albert Demangeon (à soixante-sept ans) qui crée une perte, un vide ; de ce point de vue, l'hommage d'un collègue estonien réfugié en Suède, Edgar Kant, est particulièrement significatif. André Meynier parle "d'un vide qui ne pourra être comblé" et Maurice Zimmermann de "perte irréparable" ; Daniel Faucher écrit "qu'une place est vide dans la géographie française qui ne sera pas de sitôt occupée." Pour Lucien Febvre, c'est une "disparition cruelle" et, selon Emmanuel de Martonne, il n'y a pas eu, "depuis Vidal de la Blache, (...) de perte plus cruelle que celle d'Albert Demangeon." Celui-ci ajoute : "La trace laissée par A. Demangeon est celle d'un maître dont la disparition crée un vide bien difficile à combler." Le mot maître revient en effet souvent non seulement de la part de ses élèves (André Meynier, Jean Gottmann qui écrit "le Maître" avec une majuscule), mais aussi

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Ayant montré que cette notice doit plus à Jean GOTTMANN qu'à Pierre GOUROU, nous nous permettrons de ne citer que le premier auteur.

de celle de son collègue Emmanuel de Martonne ou d'un élève de Raoul Blanchard, Daniel Faucher. Si ce dernier voit en lui un maître en géographie économique, Emmanuel de Martonne, Lucien Febvre et André Meynier parlent d'un maître en géographie humaine, alors que, selon Raoul Blanchard60, "il était vraiment parmi nous le chef de la géographie humaine,

et a vigoureusement formé une brillante escouade d'élèves, qui sont déjà des maîtres." Jean Gottmann, si l'on en juge par le plan de sa notice61, le considère comme un maître en

géographie régionale et en géographie humaine ; il y a là une incertitude voire une ambiguïté sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir.

Jean Gottmann ajoute au mot maître celui de "chef d'école", et, selon Lucien Febvre62,

si "personne, moins que lui, n'a jamais posé au chef d'école", il fut "le chef véritable et comme l'incarnation [de] ce mouvement géographique (...) après Vidal de la Blache." De son côté André Meynier préfère le terme de symbole : "Aux yeux de trente générations de professeurs, il restera surtout comme le symbole de la géographie humaine. Jean Brunhes et Vidal de la Blache avaient ouvert la voie. C'est A. Demangeon qui fixa les limites et les méthodes de cette science nouvelle, qui en montra les fécondes possibilités." Enfin, Emmanuel de Martonne le considère comme un pionnier quand il note : "Dans toutes les directions qu'il a explorées, il a montré et éclairé la bonne route."

De toute façon, tous sont frappés par l'ampleur et la diversité de l'oeuvre d'Albert Demangeon. Lucien Febvre parle d'un "esprit complet" (qu'il oppose à Jules Sion, "ce pénétrant esprit"), Maurice Zimmermann d'un "esprit d'une rare lucidité, aussi apte aux larges vues synthétiques qu'à l'analyse critique la plus aiguë, affamé de précision", et, selon André Meynier, "jamais Demangeon ne se cantonna dans une étroite spécialisation. (...) Il fut toujours le premier à démontrer, au besoin par la méthode directe, qu'il n'y a pas de géographie humaine sans liens étroits avec d'autres disciplines." Tous s'accordent pour voir en lui un grand travailleur ; Lucien Febvre parle "d'un labeur qui, souvent, nous effrayait pour lui" et Emmanuel de Martonne d'un "labeur joyeux, ordonné et fécond" en regrettant d'ailleurs qu'Albert Demangeon ait été "peu disposé à des déplacements assez lointains pour interrompre ses travaux." Certains font un lien avec son origine paysanne comme Emmanuel de Martonne : "A cette forte souche paysanne, il a dû peut-être quelque chose d'un

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BLANCHARD Raoul, Chronique de l'Institut de géographie alpine. Second semestre 1939-1940, Revue de

géographie alpine, tome 28, fascicule 4, 1940, p. 593-594.

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Plan de la notice : I La carrière scientifique. II Le chef d'école. III Le géographe régionaliste. IV L'oeuvre de géographie humaine.

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tempérament de travailleur dur à la peine." Et André Varagnac résume : "Albert Demangeon était un terrien devenu savant."

Naturellement, ses principales oeuvres sont évoquées. Trois sont considérées comme des modèles : d'abord sa thèse, modèle de monographie régionale (Maurice Zimmermann préfère parler de "prototype magistral"), puis son article sur le relief du Limousin, mise en application des théories de William Morris Davis, "la plus lumineuse démonstration de la succession des cycles d'érosion" selon Emmanuel de Martonne, et enfin ses deux livres, "Iles Britanniques" et "Belgique, Pays-Bas, Luxembourg", inaugurant la Géographie universelle "qui ne pouvait souhaiter plus brillant début" selon Jean Gottmann, "les deux volumes les plus réussis de toute la collection" selon Emmanuel de Martonne. Trois oeuvres modèles, cela fait beaucoup et, à notre connaissance, peu de géographes ont été ainsi glorifiés après leur décès. Cela montre aussi qu'Albert Demangeon est perçu comme un précurseur. C'est particulièrement intéressant dans le cas de l'article sur le relief du Limousin puisqu'il s'agit de géographie physique sur laquelle, on le sait, il ne reviendra plus. Les auteurs des notices évoquent également les ouvrages en prise sur l'actualité, "Le déclin de l'Europe", "L'Empire britannique. Etude de géographie coloniale", les articles de géographie économique, de géographie politique, les enquêtes... Ses travaux de géographie rurale ne sont pas oubliés. Seul un livre est rarement mentionné : son dictionnaire de géographie (et quand Paul Marres en parle, il se trompe sur la date de parution...). Enfin, son oeuvre pédagogique est soulignée dans nombre de notices.

La plupart des auteurs soulignent la clarté d'Albert Demangeon. Maurice Zimmermann loue son "style ferme, élégant et pourtant simple, digne d'un véritable écrivain" et Emmanuel de Martonne écrit : "Il semble que le cachet le plus original de toute son activité soit l'effort conscient et victorieux vers la clarté." Pour Jean Gottmann, "la clarté de l'exposé fut sa passion" tandis que Paul Marres remarque : "Il avait le don de simplifier, de résumer dans une analyse sobre mais pourtant fidèle les caractères essentiels d'une question." Selon Maurice Grandazzi63, "d'autres [professeurs] entraînent aussi, par la vigueur de leur pensée, l'adhésion

profonde des intelligences les plus attirées par la vocation géographique, mais lui avait plus particulièrement le don de séduire tous les esprits par la lumineuse clarté de ses exposés." Plus préoccupé que les autres auteurs par les problèmes théoriques et méthodologiques, Lucien Febvre, apparaît bien isolé quand il émet quelques réserves, quelque peu agacé par cet esprit simplificateur. Après avoir signalé qu'Albert Demangeon était peu théoricien et que

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GRANDAZZI Maurice, Un hommage à la mémoire d'Albert Demangeon : les "Problèmes de géographie humaine", Annales de géographie, tome 51, n°288, octobre-décembre 1942, p. 301-304.

"l'inquiétude méthodologique n'était pas de son fait", il ajoute : "On croit toujours l'entendre dire, en prenant la plume pour trancher un débat : "C'est bien simple !" Et, de fait, sous sa plume, tout devenait très simple. La clarté de son esprit semblait lui masquer les difficultés - et en tout cas chassait les ombres et les obscurités."

Cette clarté va de pair avec les qualités d'enseignant reconnues par tous les auteurs. Pour Emmanuel de Martonne, "Albert Demangeon a été dès le début un maître incomparable", pour Maurice Zimmermann "il fut un grand professeur" et, pour Paul Marres, "Albert Demangeon a été un professeur remarquable." Jean Gottmann précise : "Il enseignait ainsi, suivant la tradition classique, que l'élégance de l'exposé est faite de clarté et de simplicité." Il insiste longuement sur la disponibilité d'Albert Demangeon auprès de ses élèves : il répond à leurs questions après les cours, les reçoit longuement, essaie de soulager leurs difficultés (ce qui n'était apparemment pas le cas de tous ses collègues). S'il n'en sélectionne qu'un petit nombre, ceux-ci peuvent compter sur lui. Paul Marres résume ainsi l'attitude d'Albert Demangeon vis-à-vis des étudiants : "Sans réticences, il signalait les erreurs et les défauts, louait les qualités mais sans appuyer, soucieux aussi bien de ne pas décourager l'étudiant ou le chercheur que de ne pas lui inspirer une confiance exagérée." Et Lucien Febvre signale : "Quand il était dur, d'une dureté saine, salubre et nécessaire - Demangeon n'était jamais méchant, jamais perfide, jamais machiavélique." Enfin, Jean Gottmann explique que "le Maître cherchait à développer chez ses élèves quatre qualités : la curiosité d'esprit, l'honnêteté envers les faits et envers soi-même dans la recherche, la précision dans l'observation, la clarté dans l'exposition." Ces qualités sont indéniablement celles d'Albert Demangeon.

Ainsi ces notices nécrologiques montrent d'abord le choc des géographes quand ils apprennent la mort d'Albert Demangeon. Elles analysent plus longuement que les lettres les qualités de l'homme, du professeur et du géographe. Enfin, elles tentent de rendre compte de travaux souvent ressentis comme des modèles dans une oeuvre aussi immense et variée.

IV Les "Problèmes de géographie humaine".

En 1941, un "Comité de patronage" est créé pour honorer la mémoire d'Albert Demangeon64 ; vingt-huit personnes en font partie : les professeurs de géographie de toutes les

universités françaises, du collège de France et de l'Ecole des Hautes études commerciales65. Il

est présidé par Emmanuel de Martonne, Raoul Blanchard étant vice-président, André Cholley trésorier ; enfin le secrétariat est assuré par Georges Chabot66. Il s'agit donc bien de

l'hommage de l'ensemble de la communauté des géographes français. Il est d'ailleurs intéressant de constater que, en de telles circonstances, Emmanuel de Martonne et Raoul Blanchard qui ne s'entendaient guère, ont pu faire oeuvre commune. Cependant il faudrait connaître le rôle exact joué par Raoul Blanchard ; faute de documents, nous ne pouvons le préciser. La collaboration entre les deux géographes n'a sans doute pas été très poussée et le rôle de Raoul Blanchard minime, d'autant plus que Grenoble était en zone "libre" alors que Dijon et Paris étaient en zone occupée... L'essentiel du travail semble avoir été fait par Emmanuel de Martonne et Georges Chabot.

Ce Comité de patronage décide de faire un livre ; Armand Colin accepte de l'éditer comme il l'avait fait pour presque tous les ouvrages d'Albert Demangeon. Cet éditeur ne prend pas un grand risque et le livre sera effectivement réédité plusieurs fois pour faire face à la demande67. De son côté, le Comité de patronage collecte des fonds. Trois cent soixante

souscripteurs répondent à cet appel68 : trois cents particuliers (dont beaucoup de professeurs)

ainsi que des universités, des bibliothèques, des laboratoires, des instituts et des sociétés de géographie mais aussi de géologie, d'histoire ou de commerce... Au vu des circonstances, le nombre de souscripteurs semble élevé. Le livre paraît en 1942 sous le titre de "Problèmes de géographie humaine." Le Comité de patronage se propose de reproduire69 "l'introduction à un

manuel de géographie humaine, destiné au grand public, dont la rédaction n'avait été qu'ébauchée" et les articles les plus significatifs de l'oeuvre d'Albert Demangeon, "permettant ainsi de suivre l'évolution de sa pensée sur les problèmes les plus importants de la géographie humaine." Pour comprendre comment Albert Demangeon est perçu à cette époque, il est donc instructif de voir quels sont les articles sélectionnés.

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Sur l'origine et la composition du Comité de patronage, voir Document 3.

65

René OZOUF, vice-président de la Société des études historiques et géographiques de la région parisienne, en fait également partie.

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Emmanuel de MARTONNE et André CHOLLEY sont professeurs à la Sorbonne, Raoul BLANCHARD à Grenoble et Georges CHABOT à Dijon.

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Rééditions du livre Problèmes de géographie humaine en 1943, 1947 et 1952.

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La liste des souscripteurs, indiquée dans le premier tirage, n'est plus mentionnée par la suite.

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Tableau 14.

Plan du livre "Problèmes de géographie humaine". Première partie. Géographie générale.

- Une définition de la géographie humaine. - La question du surpeuplement.

- Problèmes économiques :

- Les aspects actuels de l'économie internationale. - Aspects nouveaux de l'économie internationale. - Le rail et la route.

- L'habitat rural :

- De l'influence des régimes agraires sur les modes d'habitat dans l'Europe occidentale. - La géographie de l'habitat rural.

- Economie agricole et peuplement rural. - Essai d'une classification des maisons rurales.

Deuxième partie. Géographie régionale.

- La Montagne dans le Limousin. Etude de géographie humaine.

- L'habitation rurale en France. Essai de classification des principaux types. - Types de peuplement rural en France.

- Les relations de la France du Nord avec l'Amérique. Esquisse de géographie commerciale. - Duluth. Les mines de fer et l'essor de la ville.

- Problèmes actuels et aspects nouveaux de la vie rurale en Egypte. - Pêcheries et ports de pêche de la mer du Nord .

- La colonisation indigène et les travaux de bonification dans la vallée du Niger (Afrique occidentale française).

Seize articles, écrits entre 1911 et 1939, ont été choisis pour composer l'essentiel du livre "Problèmes de géographie humaine70" édité par Armand Colin. Ils sont reproduits sans

les photographies, sans doute par souci d'économie. Douze proviennent des Annales de

géographie, revue publiée par le même éditeur et quatre de périodiques ou d'ouvrages plus

difficilement accessibles71 comme la communication d'Albert Demangeon au congrès Volta à

Rome en 1938, aujourd'hui introuvable en France ailleurs que dans ce livre.

Le plan du livre, non chronologique72, en deux parties (géographie générale puis

géographie régionale), reprend, en quelque sorte, celui des Annales de géographie ou de la

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Voir Tableau 15.

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Dans son compte rendu du livre Problèmes de géographie humaine, Maurice GRANDAZZI donne des détails sur ces quatre articles (GRANDAZZI Maurice, Un hommage à la mémoire d'Albert Demangeon : les "Problèmes de géographie humaine", opus cité).

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Bibliographie géographique internationale. Mais les articles de géographie rurale

apparaissent au sein des deux parties ; ainsi les deux articles sur la classification des maisons rurales sont séparés, celui de 1938 étant avant celui de 1920, inséré dans la "géographie régionale" ! Est-ce parce que les exemples donnés sont tous choisis en France ? Dans la partie "géographie régionale", figurent tous les articles qui ne sont pas à l'échelle mondiale (qui eux, sont dans la géographie générale) et, contrairement à ce que l'on pourrait croire, il ne s'agit pas de monographies régionales. Certes, quelques articles s'en approchent, tout en se limitant à la géographie humaine, notamment les plus anciens (ceux sur la Montagne dans le Limousin et sur Duluth). D'ailleurs, après 1911, comme le remarque Emmanuel de Martonne dans sa notice nécrologique du Bulletin de l'Association de géographes français, si Albert Demangeon écrit des livres que l'on peut qualifier de géographie régionale, il ne rédige plus d'articles sur de "petites" régions comme auparavant.

Les membres du Comité de patronage se limitent dans leur choix aux articles scientifiques (au détriment des articles pédagogiques par exemple). Ils écartent aussi l'article de géographie physique sur le relief du Limousin qui avait pourtant eu un succès considérable73, limitant ainsi l'oeuvre d'Albert Demangeon à la géographie humaine (cf. le

titre du livre). On peut penser qu'Emmanuel de Martonne n'a pas tenu à le reproduire, soit parce qu'il le trouvait dépassé, soit parce qu'il estimait que la géographie physique était, à la Sorbonne, son domaine réservé ; ce qui ne l'empêche pas d'en dire le plus grand bien dans une notice nécrologique74... Enfin, si le livre contient les deux articles sur les aspects de

l'économie internationale de 1929 et 1932, il n'y a aucun article de géographie politique et notamment pas celui de 1932 où Albert Demangeon critique la Geopolitik de Karl Haushofer75

; ceci n'aurait certainement pas plu aux autorités d'occupation...

Les membres du Comité de patronage choisissent de mettre l'accent sur la géographie rurale ; sept articles sur seize, soit presque la moitié, lui sont consacrés. Dans la première partie consacrée à la géographie générale, quatre articles sur sept concernent l'habitat rural76.

Sous le terme générique d'"habitat rural", il existe en fait deux thèmes, le peuplement rural et les maisons rurales, également traités dans les articles de la première partie et de la seconde.

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DEMANGEON Albert, Le relief du Limousin, Annales de géographie, tome 19, n°104, 15 mars 1910, p. 120- 149.

74

Emmanuel de MARTONNE écrit qu'Albert DEMANGEON analyse le relief du Limousin et son évolution "avec une clairvoyance et une précision telles qu'on peut regretter" son abandon de la géographie physique (MARTONNE Emmanuel de, Albert Demangeon (1872-1940), Annales de géographie, tome 49, n°280, octobre-décembre 1940, p. 161-169).

75

DEMANGEON Albert, Géographie politique, Annales de géographie, tome 41, n°229, 15 janvier 1932, p. 22- 31.

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Tableau 15.

Articles reproduits dans le livre "Problèmes de géographie humaine".

Dates Titres des articles in... reproduits

pages... 1911 La Montagne dans le Limousin. Etude

de géographie humaine

Annales de géographie, p. 316-

337

p. 239-260 1913 Duluth. Les mines de fer et l'essor de la

ville

Annales de géographie, p. 120-

133

p. 331-346 1913 Les relations de la France du Nord avec

l'Amérique. Esquisse de géographie commerciale

Annales de géographie, p. 227-

244

p. 311-330

1920 L'habitation rurale en France. Essai de classification des principaux types

Annales de géographie, p. 352-

375

p. 261-287 1925 De l'influence des régimes agraires sur

les modes d'habitat dans l'Europe occidentale

"Congrès international de géographie", Le Caire, compte rendu publié par le Secrétaire général du Congrès, tome 4, p. 92-97

p. 153-158

1926 Problèmes actuels et aspects nouveaux de la vie rurale en Egypte

Annales de géographie, p. 155-

173

p. 347-368 1926 Pêcheries et ports de pêche de la mer du

Nord

Revue économique

internationale, p. 472-505

p. 369-393 1927 La géographie de l'habitat rural Annales de géographie, p. 1-23

et p. 97-114

p. 159-205 1929 Les aspects actuels de l'économie

internationale

Annales de géographie, p. 10-25

et p. 97-112

p. 53-88 1930 Le rail et la route Annales de géographie, p. 113-

132

p. 131-152 1932 Aspects nouveaux de l'économie

internationale

Annales de géographie, p. 1-21

et p. 113-130

p. 89-130 1934 Economie agricole et peuplement rural Annales de géographie, p. 1-21 p. 206-229 1938 Essai d'une classification des maisons

rurales

"Travaux du premier congrès international de folklore tenu à Paris du 23 au 28 août 1937 à l'Ecole du Louvre", Publications du département et du Musée national des arts et traditions populaires, Arrault et Cie, Tours, p. 44-48

p. 230-235

1938 La question du surpeuplement Annales de géographie, p. 113-

127

p. 35-51 1938 La colonisation indigène et les travaux

de bonification dans la vallée du Niger (Afrique occidentale française)

Reale Accademia d'Italia, Fondazione Alessandro Volta, VIII Convegno Volta, Roma

p. 395-405

Dans les deux cas, Albert Demangeon est surtout préoccupé par la taxinomie. Il y a enfin un troisième thème : les problèmes liés à l'agriculture. Un seul article est véritablement à l'échelle mondiale ("Economie agricole et peuplement rural"). Un autre est consacré à la vie rurale en Egypte et, dans cinq articles, les exemples sont tous pris en Europe. Quoiqu'il en soit, Albert Demangeon est donc bien perçu comme le géographe rural par excellence.

Ce n'est cependant pas à ce seul titre qu'il est présenté dans le livre. Le premier article porte sur la question du surpeuplement qui préoccupe alors les géographes (une commission ad hoc, créée au treizième congrès international de géographie de Paris en 1931, avait remis un rapport au congrès suivant, à Varsovie, en 1934). Les trois suivants sont consacrés à des problèmes économiques. C'est une manière de rappeler qu'Albert Demangeon a occupé une chaire de géographie économique à la Sorbonne et que les questions économiques et démographiques, étudiées à l'échelle mondiale, n'ont cessé de mobiliser son intérêt. Enfin, en publiant des articles où les problèmes sont examinés à l'échelle régionale (sur le Limousin, Duluth, l'Egypte et l'AOF), ils tendent à prouver qu'Albert Demangeon était un géographe humain "complet."

V Les témoignages.