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C MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE

C.2 C HOIX DE L ’ OUTIL D ’ OBSERVATION

Le but de notre recherche est d’étudier la qualité des relations que les assistantes sociales hétérosexuelles d’une part, et homosexuelles d’autre part, entretiennent avec leurs collègues et avec les usagers. L’objectif de notre recherche étant de se questionner sur la manière dont les relations professionnelles se vivent, se subissent, s’expriment, se construisent au quotidien pour six assistantes sociales, nous avons écarté la possibilité d’utiliser la méthode du questionnaire à visée plus représentative et quantitative. En plus de ne pas correspondre avec les finalités de notre recherche, nous ne pensons pas que, dans le cadre de notre Travail de Bachelor, il eut été possible de recruter un nombre suffisant de participantes permettant d’établir des analyses statistiques significatives.

Nous en avons déduit que le guide d’entretien est donc l’outil le plus approprié pour traduire méthodologiquement le sens donné à notre travail de bachelor. Ainsi, comme le disent Blanchet & Gotman (2001), « Le questionnaire provoque une réponse, l’entretien fait construire un discours. L’enquête par entretien fait apparaître les processus et les « comment ». ».

C-70 De plus, toujours dans le but de saisir ce qui encourage et retient certaines assistantes sociales à investir d’une manière plutôt que d’une autre leurs relations professionnelles en fonction de leur orientation sexuelle, nous avons pensé qu’il était judicieux d’utiliser l’entretien semi-directif. D’une part, ce dernier donne l’impression à la personne interviewée de maîtriser le déroulement de l’entretien puisqu’elle y tient la place centrale, les interviewers n’intervenant que ponctuellement pour rebondir ou pour réorienter la discussion en cas de digression. Dans la réalité, en ayant précédemment intégré la grille d’entretien, les chercheurs se « contentent » de vérifier, en fonction des propos tenus par les participantes, que tous les points aient été abordés. Cette particularité de l’entretien permet aux participantes de répondre sans se rendre compte, sans être nécessairement interrompues et cadrées, à l’ensemble des interrogations de ceux qui mènent la recherche : « Une

dose massive d’interrogations perturbe le déroulement de l’entretien de recherche » (Blanchet & Gotman, 2001). L’un des avantages de l’entretien semi-directif est donc de favoriser la

discussion alors qu’un entretien directif cadre l’interview sur le modèle « une question-une réponse ». D’autre part, l’ouverture et la souplesse de l’entretien semi-directif ne sont pas dénuées d’intérêt pour les interviewers puisque ces derniers peuvent accéder, avec les propos tenus par les personnes interviewées à des éléments et à des questionnements inattendus, supplémentaires et complémentaires au travail envisagé.

Pratiquement, nous avons construit deux grilles d’entretien. Ces dernières sont liées aux orientations sexuelles des participantes : la première grille est destinée aux assistantes sociales se désignant homosexuelles et la seconde aux assistantes sociales hétérosexuelles. Nous avons choisi de les composer avec les mêmes thématiques regroupant chacune les mêmes questions, en ajoutant à la grille des assistantes sociales se désignant homosexuelles une thématique supplémentaire décrite ci-après. L’utilisation de deux grilles d’entretien sensiblement identiques pour des personnes aux orientations sexuelles différentes nous permettra ainsi de comparer ce qui diverge et converge dans les proximités professionnelles des assistantes sociales se désignant homosexuelles d’une part et hétérosexuelles d’autre part.

Pour renforcer la compréhension de ce qui est mentionné ci-dessus, il paraît indispensable de parcourir les thématiques de nos grilles d’entretien.

Ces dernières commencent toutes les deux avec une partie nommée « Introduction » dans laquelle des questions d’ordre général du type « Depuis combien de temps travaillez-vous dans le social ? »,

« Quelle est la taille de l’institution dans laquelle vous travaillez ? » sont posées. Les objectifs de cette thématique sont premièrement, de pouvoir situer très largement la personne interviewée dans son

C-71 contexte professionnel actuel en connaissant succinctement ce qui l’a précédemment amenée jusqu’ici et deuxièmement, de créer un climat de confiance en ne débutant pas l’entretien par des questions trop précises et peut-être plus déstabilisantes.

Le second thème intitulé « Au quotidien avec les usagers » est davantage en lien avec le style propre à l’assistante sociale pour entrer en relation avec les bénéficiaires. Il serait possible de résumer l’intention sous-tendue par cette partie des grilles en évoquant le « Comment créer alliance avec les bénéficiaires pour collaborer ? ». Afin de nous rapprocher des colorations professionnelles de nos participantes, nous avons volontairement, pour l’ensemble des questions des grilles, interrogé le quotidien des assistantes sociales en privilégiant la compréhension de leurs réalités de travail à celle de leurs idéaux. Pour ce faire, nous avons majoritairement utilisé des questions ouvertes, formulées très simplement et au premier abord insignifiantes, concrètes et factuelles. A titre d’exemple dans cette deuxième thématique, différentes questions sont répertoriées dont « Comment accueillez-vous un usager ? » ou bien « Comment vous présentez-vous ? » pour ne citer qu’elles.

La troisième et avant dernière thématique de la grille destinée aux assistantes sociales se désignant homosexuelles correspondant à la troisième et dernière thématique de la grille destinée aux assistantes sociales hétérosexuelles titré « Au quotidien avec les collègues » regroupe des questions permettant de comprendre la proximité des participantes avec leurs pairs. Sur le même modèle que la deuxième thématique, dans la troisième des questions type « Comment démarre une journée de travail ? », « Comment prenez-vous vos pauses de travail ? » ou encore « Organisez-vous des sorties (restaurants, cinéma, week-end…) avec des collègues de travail ? » se suivent.

Pour finir, seule la grille des assistantes sociales se désignant homosexuelles comporte une quatrième partie nommée « homosexualité » dans laquelle est plus spécifiquement abordée la question de l’orientation sexuelle dans le contexte professionnel des assistantes sociales (coming-out, relations avec les collègues, homophobie…). Les questions formulées dans cette thématique visent d’une part, à comprendre le niveau de visibilité des assistantes sociales lesbiennes à leur travail et d’autre part, à rendre compte des possibles conséquences ou non de la révélation de leur orientation sexuelle sur leurs pratiques professionnelles avec les usagers et avec les collègues.

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