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B.7 L E LESBIANISME OU HOMOSEXUALITÉ FÉMININE

B.7.3 Le coming-out

Définition

Le mot anglais « coming-out » vient de l’expression « coming-out of the closet » qui signifie littéralement « sortir du placard ». Cette dernière évoque donc le fait de révéler son homosexualité.

L’« outing », quant à lui, définit l’annonce publique de l’homosexualité d’une personne sans que cette dernière n’ait donné son accord.

Le processus infini du coming-out

La démarche d’annoncer son homosexualité est précédée d’une période plus ou moins longue de découverte de son homosexualité puis d’acceptation de cette dernière. Le coming-out ne se pratique pas une bonne fois pour toutes mais tout au long de la vie, il s’agit bien d’un éternel processus. En effet, à chaque rencontre, la personne homosexuelle et présupposée d’emblée hétérosexuelle par la société actuelle (Castañeda, 1999), se posera la question de laisser croire ou non à cet état de fait :

« la dissimulation de leur orientation sexuelle permet (…) aux lesbiennes de se protéger (…) de la lesbophobie alors que son affirmation les expose à un risque de stigmatisation et de rejet social. » (Chamberland, 2007, p.27). D’autre part, le coming-out peut être qualifié de « partiel » s’il est fait uniquement auprès de quelques personnes comme la famille ou les amis et non pas à certaines connaissances comme les collègues de travail. Valentine (1992) a choisi de rédiger un article sur la façon dont les lesbiennes négocient et gèrent, au quotidien, différentes identités sexuelles ainsi que

B-29 sur les stratégies utilisées dans le temps et dans l’espace pour éviter toute discrimination ou hostilité et pour gérer les conflits intérieurs consécutifs à l’adoption de diverses identités. Il explique que, selon les endroits et les moments de la journée, comme par exemple au travail ou au club de sport, les lesbiennes doivent constamment décider si elles vont ou non révéler leur orientation sexuelle.

Négation de l’homosexualité après un coming-out

Le coming-out n’implique pas obligatoirement la reconnaissance de l’homosexualité par l’entourage puisque celui-ci peut encore se trouver dans la situation de déni. Par exemple, des parents pourront omettre d’inviter la compagne de leur fille lesbienne à la fête de Noël ou des collègues de travail n’inviteront pas la conjointe de leur collaboratrice lesbienne. Selon Castañeda (1999, p.84), « Cette cécité, plus ou moins consciente, plus ou moins délibérée, de la part de la société, fait que l’homosexuel reste enfermé dans la clandestinité à bien des égards, même s’il ne le souhaite pas. Ainsi, le fameux placard ne sert pas seulement à se cacher, mais aussi à cacher ce que la société refuse de voir. ».

Absence de coming-out et conséquences possibles

Au contraire, le fait de ne pas annoncer clairement son orientation sexuelle peut générer de lourdes conséquences pour la personne homosexuelle. Ainsi, « Alterner la sincérité et la dissimulation implique une vigilance continuelle et une dépense d’énergie psychique très grande – même si la personne s’assume parfaitement. » et « Nombre d’études ont montré que les homosexuels sont en meilleure santé tant physique que mentale, dans la mesure où ils sortent de la clandestinité. » (Castañeda, 1999, p.87).

Valentine (1993), dans son étude sur la façon dont les lesbiennes négocient et gèrent de multiples identités sexuelles dans le temps et en fonction des lieux, a trouvé que 50 % des femmes interviewées ont peur des conséquences si leur sexualité est découverte par leur employeur.

Puisque, selon les normes habituelles, les femmes sont supposées être féminines et réservées, certaines des employées lesbiennes interrogées ont affirmé porter des jupes, se maquiller ou encore adopter un comportement discret sur leur lieu de travail afin de projeter une image hétérosexuelle.

D’autres disent se créer une identité asexuée en niant toute relation sexuelle ou une identité sexuelle ambiguë lorsqu’elles évitent d’aborder le sujet de leur vie privée. D’autres encore révèlent

B-30 propager une identité hétérosexuelle fictive soit en s’inventant un compagnon imaginaire soit en masculinisant, dans leurs propos, leur compagne. Elles jouent ainsi un rôle en n’étant plus elles-mêmes sur leur lieu de travail, ce qui les oblige à être, à tout instant, vigilantes concernant leurs attitudes et leurs paroles. Par ailleurs, le coming out pourra avoir été fait à certains endroits (par exemple auprès de la famille ou des amis) et pas à d’autres (par exemple au travail), ce qui pourra engendrer le sentiment de ne pas pouvoir se sentir totalement soi partout et en tout temps.

Valentine (1993), dans la même étude, met en avant la façon dont certaines femmes lesbiennes useront de différentes stratégies pour arriver à séparer leurs différentes sphères d’activités afin de préserver secrète leur identité sexuelle qu’elles ne manifesteront que dans certains lieux privilégiés et à des moments bien spécifiques. Par exemple, elles choisiront d’habiter loin de leur lieu de travail et de ne se montrer en couple que dans des boîtes « gay-friendly »5 ou de se tenir la main dans la rue uniquement le soir ou la nuit. L’auteur affirme qu’une telle gestion de son identité sexuelle est stressante.

Griffith & Hebl (2002) ont mené une étude sur la difficulté, pour les personnes gays et lesbiennes, de faire leur coming out sur leur lieu de travail. Les auteurs citent, dans leur introduction, des études ayant montré que le fait de rester « dans le placard » engendre un niveau de bien-être psychologique et de satisfaction dans la vie plus bas que pour les personnes ayant fait leur coming-out (Garnets & Kimmel, 1993 ; Lane & Wegner, 1993 ; Savin-Williams & Rodriquez, 1993, cités par Griffith

& Hebl, 2002). De plus, ce dilemme permanent entre « le dire » ou « ne pas le dire » augmenterait les risques pour la santé (Cole, Kemeny, Taylor & Visscher, 1996 ; Kalichman & Nachimson, 1999 ; cité par Griffith & Hebl, 2002) et aurait un coût énergétique lié au maintien du secret de leur orientation sexuelle (Ellis & Riggle, 1996 ; cité par Griffith & Hebl, 2002).

Ainsi, le choix de ne pas faire son coming-out sur le lieu de travail semble avoir des répercussions non négligeables en terme de stress, de santé et de qualité de vie en général.

5Wiktionnaire, définition de « gay-friendly » : (Anglicisme) Qui est tolérant et bienveillant envers les homosexuels, sans y être directement lié, solidaire ou militant. (http://fr.wiktionary.org/wiki/gay-friendly) (consulté le 4.6.2011)

B-31 Journée internationale du coming-out

Pour marquer l’importance de cet acte dans la lutte contre l’invisibilité des personnes homosexuelles et afin d’espérer modifier les mentalités en augmentant l’acceptation de la réalité homosexuelle, le 11 octobre est devenu la journée internationale du coming-out depuis 1988.