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Historique de la ville de Laghouat :

Paramétres Démographiques au 31/12/2014

4- Historique de la ville de Laghouat :

Il est difficile, par manque de données historiques notifiées de déterminer avec précision, la date de création de la ville de Laghouat, mais des hypothèses parlent du XIème siècle comme période de création de la ville après l’invasion des Hilaliens.

" Les traces de l’occupation humaine se perdent dans la nuit des temps. Les premières précisions sont relatives au XIe siècle de notre ère, époque à laquelle Laghouat, alors dénommée Ben Bouta vit arriver des immigrants venus les uns des Ziban, les autres du Gourara." 122

Durant la période Romaine, la région de Laghouat faisait partie de la Gétulie au Sud de l’empire Numide localisée au nord de l’Afrique.

122 HIRTZ G. "L’Algérie nomade et ksourienne"

Fig.29 : Laghouat avant 1852

Source : Hirtz (L’Algérie nomade et ksourienne)

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Ethnologiquement, au VIIe siècle, les habitants de Laghouat étaient les Maghraoua, qui constituaient la principale confédération des Zenata.

" Les Laghouat, autre branche des Maghraouas habitaient la partie du désert qui sépare le Zab d’avec la montagne des Rached, ils y possédaient une bourgade qui porte leur nom" 123 Vers 653, après l’arrivée des Arabes dans la région de Laghouat, les maghraoua se sont vite reconvertis à l’Islam et deviennent de fervents partisans de cette nouvelle religion.

Les premières sédentarisations dans la région de Laghouat ont eu lieu sous forme de petits ksour sur une étendue de deux à trois kilomètres, le premier étant le ksar de Boumendala, suivi des ksour de : Sidi Mimoun, Bedlah et Kasbah Ben Fetouh érigés par les tribus chassées du Zab (Biskra) par les Hilaliens et c’est l’ensemble de ces ksour qui, après leur fusion donna naissance au ksar de Laghouat.

La fusion des ksour satellites était favorisée par l’arrivée à Laghouat au XVII siècle de Sidi El Hadj Aissa un homme Saint et d’une sagesse exemplaire, venu de Tlemcen qui a pu, par sa piété, gagner la sympathie des ksourien et les convaincre pour s’unir, et c’est cette fusion qui donna naissance au ksar de Laghouat tel qu’il est connu actuellement.

Avant l’arrivée des Français en 1852, la ville de Laghouat se présente sous forme d’un grand ksar constitué de deux quartiers à l’intérieur d’une fortification importante communiquant avec l’extérieur avec sept portes, quatre principales et trois secondaires.

Le ksar est érigé entre les deux palmeraies, la palmeraie Nord (Oasis nord) et la palmeraie Sud (Oasis sud).

" Le ksar de Laghouat, de son coté, qui avant 1830 était déjà le plus important de tout le pré Sahara central et occidental, n’a pas cessé d’affirmer sa vocation de capitale saharienne" 124

Les ksour sont des établissements humains érigés au Sahara, ils constituent, dans le désert des jalons pour les caravaniers qui y s’arrêtent pour se reposer et se recréer.

Le ksar est une forme urbaine traditionnelle qui représente dans les villes du sud le lieu de vie, de refuge, c’est aussi le lieu d’échanges sociaux des habitants, le ksar ne peut exister seul dans le désert, il est toujours attenant à une palmeraie et à un point d’eau ou à un oued.

Dans le ksar, les maisons sont mitoyennes sur pratiquement toutes leurs faces, ce qui en résulte une texture compacte, le rapprochement des constructions symbolise la cohésion sociale.

123 Keddache M. "L’Algérie médiévale"

124 Hirtz G. "L’Algérie nomade et ksourienne"

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" Et c’est la médina, source d’inspiration intarissable pour les écrivains, peintres, et autres artistes qui l’ont portraiturée, qui focalise tous les regards, y compris ceux des scientifiques" 125

Le ksar a constitué la première forme de sédentarisation de la population saharienne qui, voulant s’adapter au milieu, a mis en place une forme d’organisation spatiale adaptée à tous les niveaux ; social, culturel, et climatique.

Le ksar constitue l’ancrage de la ville saharienne actuelle qui, n’arrivant plus à le contenir dans sa nouvelle dynamique urbaine, se trouve aujourd’hui marginalisé.

Le ksar est structuré par un réseau de parcours hiérarchisés comme suit :

- Le parcours matrice : il est constitué de l’axe principal reliant les portes du ksar à la place principale, c’est un axe qui suit la topographie des lieux

- Le parcours d’implantation constitué des axes qui se greffent sur le parcours matrice ; - Le parcours de raccordement : ce sont les axes qui relient ceux du parcours d’implantation

entre eux ;

- Les impasses : ce sont des axes sans issue de moindre importance.

125 Jelidi Charlotte "Fès, la fabrication d’une ville nouvelle"

Porte

Canal

d’irrigation

Oued

Fig.30 : Le ksar de Laghouat avant 1852

Source : archives de l’agence du cadastre de Laghouat traitée par l’auteur

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" L’habitation se greffe donc sur cet environnement physique, socioéconomique et culturel, elle représente …l’interprétation et l’humanisation du territoire" 126

Le ksar de Laghouat, pour des raisons défensives, est érigé sur un piémont rocheux, il est constitué de deux parties habitée chacune par une tribu, la partie Est par les Ahlafs et la partie Ouest par les Ouled Serghine, c’est l’oued El Kheir qui sépare les deux composantes du ksar. Chaque partie du ksar dispose de sa propre mosquée, de son propre marché et de son propre cimetière.

" Le dar –Sfah partage la ville en deux parties à peu près égales, et sépare, ou plutôt commande à la fois deux quartiers jadis ennemis : à l’Est , les halaf ; à l’Ouest, les ouled-Serrin " 127

La maison occupe une part importante dans le ksar, elle est du type traditionnel, organisée d’une manière introvertie autour d’un patio, elle est construite en mitoyenneté sur deux niveaux.

La maison ksourienne fait partie d’un ensemble de maisons disposées d’une manière, qui à première vue parait anarchique, mais après analyse, fait preuve d’une intégration parfaite dans un système complexe qui intègre plusieurs aspects :

- Physique :

Les constructions sont très adaptées au site qui présente toujours une forte pente, elles sont construites sur des petites parcelles pour éviter les terrassements dans le sol rocheux sur

Le système constructif est très simple, il est constitué de murs porteurs épais en toub pour une bonne isolation, sur lesquels repose un plancher traditionnel confectionné par les troncs de palmier qui sont utilisés comme nervures pour le plancher, et ceci après l’abattage des palmiers qui n’était autorisé que pour les palmiers malades ou vieux, étant donné que le palmier était considéré comme arbre sacré.

" La vieille ville tire sa spécificité des fruits d’une adaptation séculaire à l’environnement naturel et culturel" 129

126 Guindani S " Architecture vernaculaire" P118

127 Fromentin E. "Un été au Sahara"

128 Chettih M. "La bataille de Laghouat-Le génocide" P27

129 Chaline C. "Les villes du monde arabe" P118

108 - Climatique :

L’usage des matériaux de construction locaux aussi bien pour les murs que pour la toiture augmente la résistance thermique et améliore le confort intérieur.

En plus, le ksar bénéfice continuellement d’un micro climat favorisé par sa situation en mitoyenneté à la palmeraie qui lui procure les échanges thermiques convectifs par l’air qui est rafraîchit par l’ombre des palmiers et des arbres ainsi que par l’eau d’irrigation.

La palmeraie de Laghouat jouait un rôle important dans la vie des habitants, elle était un élément fondamental dans l’équilibre de toute la société oasienne sur tous les plans : - Sur le plan social, la palmeraie représente un bassin d’emploi important pour les hommes, qui s’entraidaient pour exécuter les taches dures, ce qui a créé un climat de solidarité et une forte cohésion sociale ;

- Sur le plan économique, la palmeraie constituait pratiquement la seule source de vie pour les habitants, elle arrivait à subvenir à tous leurs besoins en matière de nourriture c’est le lieu de travail et de production, elle assure une économie de subsistance par la production de toutes les denrées alimentaires essentielles ainsi qu’à l’élevage ovin

- Sur le plan écologique, entre le ksar comme espace bâti, et la palmeraie comme espace non bâti, il y’avait un équilibre harmonieux.

Fig. 31 : Une maison ksourienne à Laghouat

Source : Prise par l’auteur

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Les habitants du ksar se nourrissaient de la palmeraie et en contrepartie, celle-ci consommait pratiquement tous leurs déchets sous forme d’engrais naturel pour l’agriculture, les habitants avaient un système de recyclage qui permettait une utilisation maximale et opportune de tous les déchets.

Les branchages du palmier servaient comme combustible pour les fours à chaux parfois et en hiver comme combustible domestique.

" Le palmier, a de tout temps, était considéré comme l’archétype de l’adaptation au climat désertique " 130

Le ksar, la palmeraie et de l’oued, c’est là une trilogie importante qui a fait que les Laghouatis étaient très attachés à la palmeraie.