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Les facteurs ayant causés le déclin de la palmeraie :

Paramétres Démographiques au 31/12/2014

13) Les facteurs ayant causés le déclin de la palmeraie :

La palmeraie de Laghouat a subit les effets du développement urbain de la ville à partir de 1974 après le déclin de l’activité agricole dans la palmeraie pour diverses raisons dont notamment :

13-1) La promotion administrative:

La promotion de Laghouat au rang de chef-lieu de wilaya après le découpage administratif de 1974 a relancé le marché local de l’emploi dans le secteur tertiaire après que diverses directions et services de la wilaya furent crées pour encadrer cette nouvelle structure administrative.

Cette situation a dévalorisé le travail de la terre dans la palmeraie pour des raisons pécuniaires et pour la notoriété étant donné que le salariat dans l’administration donne une certaine image de marque même pour les emplois les moins rénumératifs.

En plus, cette promotion administrative s’est accompagnée du lancement d’un important programme de construction de logements sociaux et d’équipements d’accompagnement ce qui a permet la création de postes d’emploi dans le secteur du bâtiment, de l’hydraulique et des travaux publics et qui ont attiré une grande population active locale.

13-2) L’exploitation du champ gazier de Hassi R’Mel :

Situé à cent vingt kilomètres au Sud de Laghouat, Hassi R’mel est le plus important gisement de gaz naturel en Algérie et constitue le centre national de commandement des gazoducs.

L’exploitation de ce champ gazier qui a commencé après sa découverte en 1956 a connu un rythme soutenu au début des années soixante-dix après la nationalisation des hydrocarbures et le lancement par l’état de gros investissements publics dans le domaine des hydrocarbures.

Hassi R’mel constitue un grand bassin d’emploi à l’échelle de l’ensemble du territoire national par les offres d’emplois variés qu’il offre, ce qui a relancé le marché de l’emploi par l’ouverture d’un grand nombre de poste d’emploi directs et indirects.

" l’oasis est aujourd’hui lourdement handicapées face à une économie de marché introduite par l’urbanisation et l’industrialisation" 151

Cette politique économique était encouragée à l’époque par la fluctuation des prix du pétrole ce qui a incité l’état à investir dans le domaine des hydrocarbures.

L’offre d’emploi affiché par les sociétés pétrolières dans la zone de Hassi R’Mel a suscité l’engouement des oasiens qui tournent le dos à l’activité agricole, qui en plus du l’aspect pécuniaire, ne donne pas une image de notoriété.

151 Dubost D. in" Le nomade, l’oasis et la ville" P134

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De ce fait, les jeunes se sont rués massivement vers les offres d’emplois affichés par les sociétés nationales et étrangères à la recherche d’un bon salaire leur permettant d’améliorer leur cadre de vie, laissant le travail de la terre entre les mains des vieillards, des femmes et des enfants ne disposant pas de la compétence pour un tel travail.

13-3) Les mutations sociales

La société algérienne a subi de profondes mutations dès le début des années soixante-dix suite à la politique économique du pays à cette époque qui a opté pour l’industrialisation par la création d’un grand nombre d’installations industrielles.

L’amélioration du revenu du citoyen et des conditions du travail devenues plus satisfaisantes, ont fait que ce citoyen évite le travail de la terre fatiguant et moins rémunérant.

Au Sud, la population oasienne est passée vers des activités extra-agricoles dans le secteur des hydrocarbures, et la population nomade s’est progressivement sédentarisée ce qui a affaiblit la relation entre le citadin et le nomade et affaibli l’ensemble du système oasien qui se trouve aujourd’hui disloqué.

…à vouloir sédentariser à tout prix ces nomades n’a-t-on pas du même coup procédé au gommage d’une forme de maitrise de l’espace dont on mesure bien tardivement l’intérêt. 152

13-4) L’inadaptation de la palmeraie : En plus des facteurs ci-dessus énumérés, le tarissement des palmiers a aussi favorisé

le déclin de la palmeraie qui n’est plus régénérée faisant que le rendement des palmiers notamment que le travail de la terre reste entre les mains des vieillards et des enfants ne disposant pas du savoir-faire nécessaire pour le faire après l’afflux de la population active oasienne vers les nouveaux postes d’emploi dans le secteur de l’industrie et de l’administration.

Le déclin de la palmeraie qui autrefois constituait un véritable terroir pour les villes sahariennes a privé les villes sahariennes de leur ceinture verte qui est remplacée aujourd’hui par de grands ensembles d’habitat sans caractère.

" En revanche, en construisant les cités modernes aujourd’hui, les créateurs des espaces urbains ignorent la culture des habitants, ils réalisent des espaces qui se répètent à l’infini dans tous les continents du monde avec des normes et des codes internationaux, sans se préoccuper des diversités territoriales." 153

La détérioration du réseau des "seguias" assurant autrefois l’irrigation de tous les jardins de la palmeraie sans aucun pompage a aussi favorisé le tarissement de la palmeraie, du moins pour les jardins restant encore productifs.

152 Bisson J. in" Le nomade, l’oasis et la ville" P7

153 Bourbia F. et Youcefi F. "Appropriation de l’espace urbain-Qualité d’usage et enjeux socio-spatiales" P9

140 14) Les atouts et les handicaps du territoire :

La ville de Laghouat présente des atouts et des handicaps qui se résument comme suit : 14-1) Les atouts :

- Situation géographique au croisement de deux routes nationales importantes, la RN 1 et la RN 23 ayant un grand trafic routier ;

- Potentialités naturelles importantes, aussi bien pour le tourisme que pour l’industrie grâce aux produits naturels tels que l’argile, le sable, la chaux, la pierre ;

- Réseau routier de qualité, permettant de se déplacer aisément à travers l’ensemble du territoire de la commune ;

- Le niveau d’équipement appréciable en réseaux de viabilité et en infrastructures dans les différents secteurs

- Ville universitaire avec une université de plus de trente mille étudiants et disposant de spécialités dans des formations intéressantes, attirant des étudiants en provenance de plusieurs wilayas environnantes et parfois même des wilayas du nord, cette université qui peut devenir un pôle d’excellence dans le domaine de la technologie.

- Le cadre de vie faisant de la ville de Laghouat l’une des villes les plus sécurisées d’Algérie.

- La notoriété d’image due à l’héritage historique de la ville et des faits ayant marqué son histoire.

14-2) Les handicaps :

- Tricéphalisme prononcé constitué par les villes de Laghouat, Aflou et Hassi R’mel qui abritent la moitié de la population de la wilaya

- Ville étalée avec un tissu urbain fragmentée

- Manque de liaisons ferroviaires et aériennes, qui constitue un handicap pour le développement qui reste tributaire du transport terrestre comme seul moyen de transport.

- Développement linéaire du tissu urbain engendrant un faisceau unidirectionnel créant de vives tensions sur le noyau central

- Présence de contraintes d’urbanisation, naturelles et juridiques qui, avec la superficie réduite de la commune, constituent une entrave à l’extension de la ville au-delà du long terme

- Importance du parc logement vétuste dont une partie se situe dans le ksar de Laghouat qui, malgré les actions de réhabilitation timides dans le cadre des aides de l’état, nécessite une prise en charge sérieuse notamment après son classement.

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Conclusion

Depuis la découverte des hydrocarbures au Sahara à la moitié du siècle passé, les villes sahariennes ont connus de profondes mutations faisant que l’harmonie entre le ksar comme espace bâti et lieu de résidence et la palmeraie comme espace non bâti et lieu de travail soit interrompue.

L’apparition de nouveaux emplois dans le secteur des hydrocarbures a influencé négativement la palmeraie du fait qu’elle ne constitue plus une source de revenu pour la population oasienne qui a trouvé d’autres emplois plus rénumératifs, notables, et moins fatiguant faisant que le système oasien soit disloqué et l’équilibre entre l’homme et son milieu naturel rompu.

Laghouat, ville oasienne aux portes du Sahara n’a pas échappé à cette logique, sa promotion administrative comme chef-lieu de wilaya au milieu des années soixante-dix et le lancement de grands investissements dans le champ gazier de Hassi R’Mel à la même époque, ont fait que son développement urbain soit accéléré sans qu’il soit convenablement encadré par les instruments d’urbanisme mis en œuvre à l’époque.

En plus, l’absence d’une politique pour la ville a fait que les collectivités locales n’ont pu maitriser le développement urbain de la ville qui leur échappait totalement.

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ELEMENTS D’APPROCHE