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L’étude des relations internationale commande une approche plurielle qui rende raison, autant que faire se peut, de leur irréductible complexité. Renonçant à toute prétention à établir des vérités absolues, l’approche plurielle ne s’efforce pas moins de travailler à l’objectivation. A minima, l’enjeu de cette étude est d’atteindre, au moyen d’une démarche méthodologique, une certaine lisibilité, gage épistémologique de sa scientificité. Car, ainsi que l’écrit Jean-François REVEL, « […] si le jugement a donc rarement un caractère pleinement scientifique, en revanche l’attitude qui y conduit peut toujours avoir ce caractère »39. Et cette attitude est mesurable en fait dans l’imprégnation des énoncés ou des propositions par les méthodes d’analyse choisies. C’était déjà en ces mêmes termes que s’expliquait Roland BARTHES, dans son ouvrage Critique et Vérité40. Pour le père de la sémiologie français, l’objectivité critique est à rechercher, en effet, dans la capacité de marquer sa visibilité méthodologique dans le traitement de l’objet.

Cette conception de la scientificité dans les sciences anthropo-sociales institue le principe de la variabilité, où la vérité est toujours déjà partielle, probabilitaire, falsifiable et plurielle. C’est fort de la nécessité ontologique et épistémologique de

38 Cité par Dario BATTISTELLA, Théories des relations internationales, Paris, PNSP, 2003, p.p 280-281. 39 Jean-François REVEL, La connaissance inutile, coll. Pluriel, Paris, 1998, p. 17.

24 la pluralité qu’est menée cette étude de la politique étrangère qatarie, et de la diplomatie contemporaine en général.

Ainsi, l’approche retenue ici est celle d’une lecture « phénoménologique ou descriptive », telle que la saisit Jean-Marie DENQUIN41. Il ne s’agit pas d’une description du sens commun, où les préjugés entourent la réflexion, mais d’une analyse toujours plus fine du réel, appuyée sur des connaissances étendues, des méthodes rigoureuses et une élaboration conceptuelle sans a priori. La phénoménologie a pour objet ici, non de découvrir une réalité cachée, mais de manifester le donné. Elle ne saurait être une herméneutique ésotériste, c’est la démarche qui correspond aux critères modernes de la rationalité en science politique. Elle va, pour ce faire, s’appuyer sur un certain nombre de méthodes, à savoir :

L’approche systématique, fondée sur le système (ou la contextualité d’un phénomène), l’interaction, la causalité circulaire (jeu complexe d’implications mutuelles d’actions et de rétroactions) et le paradoxe (chaque phénomène suppose des rationalités asymétriques) ;

L’analyse situationnelle phénoménologique, où l’accent est mis non pas sur les causes qui font agir les acteurs, mais sur les problèmes qu’ils ont à résoudre, sur les défis qu’il leur faut relever pour se réaliser ou, tout simplement, continuer d’exister. Les traits caractéristiques d’une situation, pour tout sujet, sont les objectifs qui lui sont accessibles, les ressources (moyens d’action et d’influence) qui paraissent disponibles, les coûts et gratifications escomptables, étant entendu qu’à tous ces niveaux, il existe de l’explicite et du latent, du visible et du refoulé.

La méthode géopolitique de François THUAL,42 dont l’économie peut se résumer aux questions suivantes : qui veut quoi ? Avec qui ? Comment ? Et

41 Jean-Marie DENQUIN, Introduction à la science politique, 2ème éd, Hachette, coll. « Les

fondamentaux », Paris, 2001, p. 140.

42 François THUAL, Méthode de la géopolitique. Apprendre à déchiffrer l’actualité, Ellipses, Paris, 1996,

25 pourquoi ? Plus précisément, le spécialiste français construit sa « méthode géopolitique » en une trilogie : d’abord il y a l’identification des acteurs et des enjeux ; ensuite, l’analyse de ces enjeux et des motivations ou des ambitions des acteurs, enfin, la mise en perspective spatio-temporelle de tous ces comportements. Ce dernier élément relevant de la prospective ;

La prospective qualitative ou la futurologie compréhensive, qui n’a pas pour objet le futur au sens étroit du terme, amis le présent dans ses aspects dynamiques ; autrement, elle se confondrait dangereusement au prophétisme. Elle se défend de donner une vision de l’avenir univoque et s’appuie sur la notion de futuribles. Et les futuribles ne sont pas une infinité de possibles à venir, mais seulement ceux que les certitudes structurales de développement n’excluent pas a priori. Ces certitudes sont relatives à l’échéance (court, moyen, long terme), fondées sur des faits sociotechnique (ressources, innovations technologiques, marchés, etc.), et sur des constructions culturelles (lois, morale, principes, etc.). En général, l’hypothèse d’un changement radical est exclue, mais des degrés de probabilités peuvent indiquer l’éventualité du changement. Le concept de tendance lourde est central dans la futurologie compréhensive. Il sert à qualifier une évolution qui non seulement paraît centrale dans le développement des sociétés, mais aussi semble douée d’une grande inertie. Des autres Américains (B. BARBER et G. RITZER) ont de manière imagée rendu compte de cette dialectique par l’opposition entre une tendance « Mac Donald » et une tendance Jihad ».

Il faut préciser que l’ensemble des investigations nécessaires à ce travail s’inscrit dans l’approche contemporanéiste. Il a pour objectif non point de récuser systématiquement l’histoire, mais de ne la retenir que pour autant qu’elle est vivante et opératoire dans l’élucidation des objets concernés.

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III. « Politique étrangère » ou « diplomatie » :

Approche de la définition

« L’empressement à définir entraîne à sa suite des disputes infinies qui détournent l’attention de l’objet même étudié »43. Il faudra tâcher d’échapper à ce

risque mentionné par Bertrand De JOUVENEL. Ainsi, il sera pertinent de faire l’économie d’un exposé génétique et diachronique, pour approcher plus synchroniquement la diplomatie telle qu’elle se laisse percevoir aujourd’hui. C’est- à-dire dans l’espace des relations internationales contemporaines délimité dans ce travail.

Il est intéressant d’aborder ce projet par l’examen d’une controverse : celle du rapport entre diplomatie et politique extérieure ou étrangère selon semble-t-il que l’on privilégie ou non l’influence de la politique intérieure44. Les deux épithètes sont souvent indifféremment utilisées. Quant à l’influence du contexte intérieur sur l’orientation ou les comportements diplomatiques, il faudra la mesurer au fil des situations soulevées tout au long de ce travail, évitant ainsi une réponse par trop théorique.

Cela dit, nombre de voix se sont appliquées à distinguer la politique extérieure ou étrangère de la diplomatie. « Le rôle de la diplomatie n’est pas de définir le contenu de la politique extérieure d’un Etat, mais seulement de mettre en œuvre ce qui aura été déterminé par l’organe Constitutionnellement compétent pour diriger les affaire du pays […] »45.

43 Bertrand De JOUVENEL, Du principat, Hachette, Paris, 1972, p. 133. 44 Josephe LAROCHE, Politique internationale, L.G.D.J., Paris, 1998, p.18.

27 En effet, « il est possible de distinguer politique étrangère et diplomatie, la première étant le choix des buts et des grandes lignes directrices qu’un Etat va suivre à l’égard d’un autre Etat, la seconde étant la mise en œuvre de ces lignes directrices »46.

Ainsi, politique extérieure et diplomatie se distingueraient rigoureusement par leur attribut respectifs : conception / définition pour l’une, mise en œuvre / exécution pour l’autre. Cette lecture paraît pour le moins insuffisante. Sans doute était-elle plus pertinente à une époque des relations « non planétarisées », « non globalisées », et où l’Etat-Nation jouissait encore de la presque plénitude de sa souveraineté à l’intérieur de ses frontières comme vis-à-vis de L’extérieur. Les diplomates n’étaient alors que des agents exécutants (tout de même hommes de confiance) du Prince, lequel était « producteur » quasi exclusif de la politique tout court. A plus d’un titre, cette conception n’est plus guère opératoire. En tant que démarche intellectuelle et scientifique, elle apparaît simplificatrice, voire caricaturale. Au mieux, elle pourrait avoir une vertu pédagogique (faciliter l’appréhension morphologique ou anatomique de l’action internationale de l’Etat) ou encore un intérêt simplement théorique (la théorie comme fin ou la théorie pour elle-même).

Les relations internationales contemporaines bouleversent effectivement cette confortable lecture par leur complexification. La dichotomie conception / mise en œuvre est fortement remise en question. En effet, le domaine de la conception, qui est par ailleurs celui de la décision, n’est plus l’apanage du seul Prince : il est de plus en plus investi par les « metteurs en oeuvre », c’est-à-dire les diplomaties. De fait, cette intrusion ou greffe fonctionnelle trouve précisément son accomplissement et sa justesse dans la complexité des relations internationales contemporaines. Car si le volontarisme et le charisme du Prince sont toujours nécessaires à la conduite de l’action internationale, la technicité et l’expertise sont de plus en plus requises.

28 Il en ressort dès lors sinon une délégation, du moins un partage des compétences entre les politiques (concepteurs originaux) et les diplomates (exécutants traditionnels).

Inversement, la mise en œuvre de l’action internationale de l’Etat n’est plus réservée aux seuls diplomates. Les politiques aussi investissent remarquablement ce champ. C’est ainsi que se multiplient et s’institutionnalisent des réunions ou des conférences au sommet,47 c’est-à-dire des rencontres des plus hautes autorités des Etats et/ou des gouvernements. C’est une nouvelle forme de diplomatie dite « diplomatie itinérante ou sommitale ». Cette situation est d’autant plus plausible que la décision politique doit souvent répondre à des délais dans un espace-temps raccourci par la fulgurance des nouvelles technologies de l’information et de la communication, dont se servent du reste divers acteurs non étatiques qui sont des « forces sub-nationales et transnationales »48.

Par ailleurs, l’axe politico militaire n’étant plus une thématique structurante exclusive de l’action internationale, et à la faveur de la mondialisation de l’économie et du marché, des pans entiers des activités d’intérêt public sont animés par des personnels, des techniciens autres que ceux des institutions traditionnelles de l’actions diplomatique. Il en est ainsi des questions de commerce international, de la finance ou même du sport, de l’art, etc. Il faut convenir que dans tous ces domaines, la distinction conception / mise en œuvre serait proprement fantaisiste et hasardeuse. Il n’est plus rare de voir ces personnels « techniques » à la tête des missions diplomatiques, des représentations permanentes et des missions spéciales ou ad hoc. La tendance ne date pas d’ailleurs de la fin de la guerre froide, elle lui préexiste largement.

47 Guillaume PAMBOU TCHIVOUNDA, La conférence au sommet, L.G.D.J., Paris, 1980, 452 p. 48 Marcel MERLE, Bilan des relations internationales contemporaines, op. cit. p.p. 22-26.

29 Mais c’est une tendance nouvelle, amplifiée et contemporaine des relations diplomatiques dans leur ensemble. L’enjeu ici, pour les acteurs classiques de l’action internationale (politique et diplomatique), sera davantage de canaliser de concert, en vertu des exigences de cohérence et d’efficacité nationale, ces initiatives concurrentes. Cette cohérence et cette efficacité ne sauraient s’entendre en contradiction irréductible avec la communauté internationale dans son ensemble.

Finalement, il apparaît possible que la notion de diplomatie puisse se concevoir plus largement. On la définirait ainsi comme un processus, une démarche sérielle, qui part de la formulation d’une politique pour aller vers l’exécution d’une décision. Le tout concourant à l’élaboration d’un sens global qui, tout en intéressant l’espace national, se porte au-delà des frontières extérieures. Que ce processus soit segmenté c’est un fait. Mais ces segments qui remplissent des rôles spécifiques sont aussi fondamentalement liés, ce qui confère un minimum de cohérence à l’ensemble du processus. La diplomatie, ou politique étrangère, implique un va-et-vient incessant entre la base et le sommet de l’hiérarchie.

D’un point de vue plus philosophique, il semble pertinent d’affirmer que la diplomatie ou la politique étrangère d’un Etat se caractérisent par l’interrogation et la réponse méthodiques, qu’il formule à l’épreuve des relations internationales dans le but ultime de conduire son destin. Qu’elle soit de signes ou de structures (même si de plus en plus ceux-là supplantent celles-ci), la diplomatie demeure une quête de l’idée du bonheur politique, c’est-à-dire de la conviction, du plaisir et de l’intérêt de vivre ensemble. Dissertant sur le rapport diplomatique de signes / diplomatie de structures, Marc BONNEFOUS49 considère que : « […] l’influence des concepts reposant sur la notion de structure a cédé le pas à ceux qui s’inspirent des signes […].

30 La diplomatie de signes sous-entend l’existence d’une trilogie opérationnelle se rapportant aux changements : les repérer, les mesurer et réagir […] ; il s’agit de comprendre le changement par l’observation des indices déterminants, soit pour en

annuler les effets, soit pour en tirer parti […]. Nous voilà loin de la rédaction des textes et de la casuistique qui, elles, sont l’apanage de la diplomatie de structures ».

La pratique diplomatique est sans doute plus nuancée. Il est vrai qu’à la faveur du déferlement du système médiatique et des opinions publiques, l’attention aux signes connaît un intérêt grandissant. Le mérite est alors de répondre aux situations urgentes ou spontanées, de gérer l’instant et l’immédiateté. Pour autant les structures restent nécessaires : elles garantissent le long terme raisonnable, dessinent l’horizon, atténuent l’angoisse de l’incertitude ou de l’inconnu. La diplomatie, entendue comme gestion des relations internationales dans leur irréductible complexité, sera donc à la fois faite de signes et de structures ou ne sera pas.

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IV. Présentation du champ d’étude : le Qatar

Une présentation trop importante du Qatar a déjà été réalisée par d’autres publications spécialisées50. Ce travail s’est efforcer de relever dans la géographie humaine et économique, ainsi que dans l’histoire politique, des données qui puissent aider à l’approche du fait diplomatique et stratégique qatarie dans les relations internationales contemporaines.

Eléments de géographie humaine et économique

Situé sur le 25e parallèle nord, Le Qatar est constitué d’une étroite péninsule calcaire disposée selon un axe nord-sud le long des rivages occidentaux du golf, ainsi que d’un certain nombre d’îles. D’une superficie de 11 437 kilomètres carrés (à titre de comparaison, il faut rappeler que celle de la France est de 550 000 kilomètres carrés), le Qatar mesure 160 kilomètres du nord au sud et 80 kilomètres au maximum d’est en ouest. L’altitude moyenne y est de 40 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Selon les dernières statistiques établies par le Bureau de statistique du Qatar en septembre 2009, l’émirat compte au total 1 623 724 habitants, dont 1 248 668 hommes, soit 75,7 % de la population et 375 056 femmes, soit 24,3 % de la population, avec un taux d’immigrés équivalant à 84 % de la population totale. Les Qatarie originaires du pays sont en grande partie des musulmans sunnites d'obédience wahhabite. La population prise dans son ensemble demeure sunnite à plus de 90 %.

50 A titre d’exemple: SHALAQ (A) akil (m), al abdallah (y), L’évolution politique du Qatar : de

l’émergence de l’émirat à l’indépendance de l’Etat, 4ème édition, Nouvelle Rinod, Doha (Qatar), 2009,

32 En ce qui concerne le niveau de vie au Qatar, l’époque actuelle constitue une étape exceptionnelle dans l’histoire qui se caractérise par une croissance soutenue dans tous les secteurs. Celle-ci est globale, voire accélérée, à tel point que le pays affiche des taux de croissance économique − plus de 20 % en 2010 − et une expansion qu’il n’avait encore jamais connus, et ces taux devraient continuer d’augmenter dans l’avenir. À cela s’ajoute une augmentation de l’ensemble des dépenses publiques, le budget de l’État ayant dépassé les 72 465 720 000 Riyals qataris en 2008, contre 56 901 800 000 Riyals qataris en 2007, soit une augmentation de 23,6 %. En outre, le Qatar compte parmi les pays où le niveau de vie est l’un des plus élevés du monde. Il se situe au trente-troisième rang dans le classement du Rapport mondial sur le développement humain de 2009 publié par le Programme des Nations Unies pour le développement.

D’après ce rapport, l’État du Qatar a accompli un progrès de plus sur le plan international en parvenant à cette nouvelle position qui reflète l’ampleur du développement et les avancées considérables et régulières que connaît le pays en matière de développement humain. Le rapport a également précisé que l’indice de développement humain du Qatar, qui rend compte du développement réalisé localement en ce qui concerne l’enseignement, la santé et le PIB, est passé de 0,875 en 2008 à 0,910 en 2009. Dans le domaine de l’enseignement, le rapport fait état d’une baisse du taux d’analphabétisme, ramené à 6,9 %, et d’une augmentation du taux de scolarisation, qui atteint 80,4 %, contre 77,7 % en 2008. Il met également en exergue les progrès considérables accomplis par l’État du Qatar, notamment le fait que le revenu par habitant ait atteint 119 500 dollars en 2009.

L’émirat du Qatar produit du pétrole et du gaz. Concernant le pétrole, outre la région de Dukhan, trois gisements offshores ont été découverts dans les années 1950 à l’est du territoire. La production de ces différents gisements était de 570 000 barils par jour en 1973 et de 900 000 barils par jour en 2007. Le Qatar est également producteur de gaz, et dispose de la plus grande réserve de gaz naturel du monde, celle du gisement offshore de Norh Dome (6000 km²) dont l’exploitation

33 en fait le premier exportateur mondial de gaz liquéfié. Les deux sociétés, Qatargas et Rasgas, produisent 49 milliards de m³ de gaz naturel liquéfié en 2006 (contre 24 milliards de m³ en 2000).

L’Etat du Qatar se diversifie également dès les années 1970 dans l’activité industrielle. Dans le complexe industriel d’Umm Saïd au sud de Doha, plusieurs usines sont ouvertes51 : une usine d’engrais azotés, une aciérie et un complexe pétrochimique. Dans la zone industrielle de Messaied, une fonderie d’aluminium est construite et mis en œuvre en 2010, ainsi qu’une usine de production d’ammoniac et d’urée sera construite courant 201152.

Dans le domaine des infrastructures, plusieurs projets sont en cours de réalisation : nouvel aéroport en 2012, construction d’un port et d’une zone franche en 2010, construction d’un pont de 40 km reliant Qatar et Bahreïn dont la mise en service est prévue pour 2013.

Eléments d’histoire politique

L’histoire récente du Qatar aura surtout mis en exergue l’aspiration à la pleine indépendance politique du pays. Une tendance par laquelle il reste bien loin de se singulariser, l’ensemble de ses homologues arabes du Golfe étant pour chacun d’entre eux attachés au développement de perspectives faisant de la défense de leurs intérêts nationaux la pierre angulaire de leurs choix diplomatiques. Cependant, l’inscription du Qatar dans une perspective historique plus longue confirme le fait que ce pays a finalement été de longues années durant, soumis à un grand ensemble de dominations étrangères.

51 Qatar, Magasine de l’ambassade du Qatar à Paris, printemps 2009.

52 Wakalat Al Anbaâ Al Qatariya QANA (L’Agence de l’Information Qatarie), publié le 25 mars 2010:

34 Bien avant son accession à l’indépendance le 3 septembre 1971, le Qatar a ainsi vu dans un premier temps la puissance portugaise investir son territoire en 1517. Cette présence fut néanmoins éphémère, puisqu’elle ne tarda pas à être supplantée par les Ottomans en 1538. Ceux-ci régnèrent sur le pays jusqu’au début du XXe siècle. Leur affaiblissement, au Qatar comme sur l’ensemble de la Péninsule arabique, n’est cependant pas dû à un quelconque sursaut révolutionnaire de la part des Qataris, le pays étant d’ailleurs lui-même devenu une division administrative ottomane officielle en 1871. C’est l’ascendant régional britannique, caractérisé de surcroît, dans le cas du Qatar, par la consécration par la Couronne du Sheikh Mohammed bin THANI avec le traité de paix de 1868, qui permit à la puissance commerciale, militaire et maritime britannique de s’affirmer aux dépens des Ottomans. Le premier aboutissement conséquent de cette logique intervient en 1916 quand le Qatar, craintif devant les projets expansionnistes de la famille Al Saoud, décide de contracter un traité de protectorat avec la Grande-Bretagne53.

Les relations qataro-britanniques inaugurent ainsi une tendance qu’imiteront à leur tour, vingt-neuf ans plus tard les Saoudiens dans leur approche de l’acteur américain : celui de l’établissement d’une équation de type « pétrole contre