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2. Outil méthodologique : l’étude de cas

2.2. La grille d’observation

La construction de cette grille (voir annexes) a été largement inspirée par la thèse de Lederlé (2009), orthophoniste et Docteure en sciences du langage. Cette professionnelle et chercheuse a montré que l’enfant devenait plus acteur de ses troubles dyslexiques en fonction des stratégies d’étayage spécifique qu’elle a instaurées (voir chapitre 4, partie théorique). Comme pour les enfants, il s’agit donc, pour l’orthophoniste, d’aller à la rencontre du parent dans un cadre social défini, celui des séances d’intervention orthophonique, pour développer et asseoir des connaissances dans le domaine du langage écrit, chez le parent de son jeune patient. Pour répondre à ses objectifs et à ses hypothèses, Lederlé (2009) a choisi, au sein de l’interaction qu’elle entretient avec son jeune patient, d’instaurer des stratégies d’étayages soutenues par la place importante accordée au métalangage (confère chapitre 4, partie théorique). Ce sera également le cas, ici.

L’objectif de cette grille est d’observer les stratégies que l’orthophoniste met en place pour intégrer et faire participer le parent, aux séances d’intervention orthophonique, de son enfant ayant des troubles dyslexiques. Ces stratégies étaient initialement et exclusivement destinées aux enfants, le but, ici, est de constater si elles peuvent être aussi fonctionnelles pour les parents (Lederlé, 2009). Dans cette démarche, il s’agit donc pour l’orthophoniste, à partir du discours du parent, de le questionner, de faire émerger et se développer chez lui des verbalisations métaprocédurales, afin qu’il prenne conscience du fonctionnement de son enfant en matière d’écrit. Lors de nos premières prises de notes, nous nous sommes rendue compte que certaines techniques d’étayages ne pouvaient pas être applicables telles quelles. C’est pourquoi, il a fallu les adapter

45 2.2.1. La stratégie de proximité ou d’établissement d’une confiance partagée (histoire conversationnelle)

Si le terme de proximité convient parfaitement à des familles suivies depuis longtemps puisque l’histoire interactionnelle (voir sous- chapitre 4.2, partie théorique) est établie et continue à se construire, en revanche ce n’est pas le cas pour des interventions orthophoniques récentes. C’est pourquoi, il a été préférable de renommer cette stratégie. En effet, l’histoire interactionnelle entre le parent et l’orthophoniste commence seulement. Les partenaires de l’échange s’apprivoisent, mutuellement, pour établir une relation de confiance. Dans cette stratégie, l’orthophoniste sollicite le parent afin de faire émerger ses représentations concernant son enfant et son comportement à son égard. Pour amener le parent à s’exprimer, elle s’appuie sur les techniques utilisées à la base pour les enfants (voir 4.2, partie théorique), c’est-à-dire la remise en question de l’orthophoniste ou alors elle incite le parent à se remémorer des souvenirs communs partagés.

Cette stratégie conditionnera les suivantes, d’une part, parce qu’elle installe le respect et la confiance mutuelle nécessaires à toute bonne relation, d’autre part, parce que c’est à partir des croyances familiales, que l’orthophoniste va adapter, fonder ses séances d’intervention.

2.2.2. La stratégie de réassurance et de dédramatisation

Cet étayage a pu être conservé sans modification parce qu’il s’agit de rassurer le parent sur sa compréhension du trouble, en dédramatisant des comportements antérieurs qu’il aurait pu avoir à l’égard de son enfant. De plus, cette stratégie permet avant tout de le rassurer, sur les compétences de son enfant et de combattre les préjugés dont ce dernier peut être victime à l’école et à la maison (voir sous-chapitres 2.2.4 et 2.3, partie théorique). Effectivement, l’enfant commet des erreurs, mais ces dernières sont souvent explicables, d’où l’intérêt, pour l’orthophoniste d’expliquer leur nature, la raison qui a poussé l’enfant à lire ou à écrire le mot de telle ou telle façon.

46 2.2.3. La stratégie d’adaptation au langage enfantin et de désignation progressive ou stratégie d’adaptation au lexique parental

Cette stratégie ne pourra rester dans l’état. D’une part, le terme enfantin ne convient pas puisque l’orthophoniste s’adresse à des adultes. D’autre part, il ne s’agit pas de s’adapter au langage du parent, mais d’adapter seulement son lexique, de se l’approprier. L’orthophoniste n’hésite pas elle-même à poser des questions et à reprendre les mots employés par le parent, pour s’assurer d’avoir compris ce que son interlocuteur lui explique. C’est pourquoi cette stratégie sera renommée : La stratégie d’adaptation au lexique parental.

Cette technique d’étayage est intrinsèquement liée à toutes les autres stratégies. Effectivement, pour approcher au plus près des représentations parentales, pour rassurer le parent, le laisser s’exprimer et le valoriser, il faut que l’orthophoniste s’assure non seulement d’avoir compris, mais aussi d’être comprise.

2.2.4. La stratégie de faire-dire et de laisser-dire

Le but est de faire verbaliser le parent sur les troubles dyslexiques de son enfant, afin qu’il prenne conscience des difficultés mais aussi des capacités de ce dernier, en matière de langage écrit (voir chapitre 4.2, partie théorique). Par des relances, des questions, des reformulations, l’orthophoniste peut demander au parent comment il expliquerait l’erreur de son enfant, quels sont les mécanismes sous-jacents à cette erreur.

Cette stratégie conduit également le parent à interroger l’orthophoniste sur certains points. L’orthophoniste les laisse s’exprimer, prendre des initiatives. Ainsi, cet espace de parole permet au parent de se confier sur ce qu’il éprouve au quotidien. L’intérêt de la stratégie qui suit est, justement, de valoriser ces conduites, ces comportements.

2.2.5. La stratégie de valorisation : approbations, encouragements, compliments, félicitations, marques de respect et de politesse

Comme pour l’enfant (voir 4.2, partie théorique), l’objectif est d’assurer le parent sur ses compétences à pouvoir aider son enfant à surmonter ses difficultés. Il peut se sentir démuni, responsable, coupable, et remettre en question l’éducation qu’il a essayé de transmettre à son enfant (voir 2.2.3., partie théorique).

47 Toutes ces stratégies devraient permettre de modifier le comportement du parent et son attitude langagière vis-à-vis de son enfant ayant des troubles dyslexiques, en limitant l’impact de ces derniers sur la vie quotidienne familiale.