• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : 1967 à 1991 Les discours sur Les parcs et les espaces verts marqués par la

4.3 De nouveaux types de parcs et d’espaces verts

4.3.5 Les grands projets d’espaces verts

Au courant de cette période, plusieurs grands projets d’espaces verts émergent, notamment, le Projet Archipel du MCLPQ et le Réseau vert récréo-touristique de la CUM. Le premier cherche davantage à créer un réseau de berges et d’îles accessibles par les résidents de la région métropolitaine, notamment, par voie de navigation. Le Projet Archipel du gouvernement provincial devait permettre la création du parc National de l’Archipel en 1984 (MLCPQ 1984; Ville de Montréal 1987). Bien que le projet Archipel ait été abandonné peu de temps après son esquisse, les acteurs concernés ont tout de même élaboré un plan pour former un réseau récréotouristique à Montréal.

Le deuxième grand projet, le Réseau vert récréo-touristique de la CUM (1989) résulte de la volonté des différents acteurs de créer un réseau d’espaces verts reliant les plus petits espaces dans les milieux urbains denses aux grands parcs urbains. Cette idée découle du Projet Archipel :

« La Ville de Montréal s'est engagée dans une révision globale de sa politique sur les parcs [qui] s'inspire du projet de politique régionale des parcs urbains élaborée par le MLCP en 1983, laquelle devait aboutir à la création du Parc National de l'Archipel en 1984. Cette révision entend toutefois adapter le projet de politique du MLCP au contexte municipal et aux besoins spécifiques de la population montréalaise. C'est dans cette suite d'idées que des discussions avec le ministre du MLCP […] pour relancer les programmes d'assistances élaborés par la direction du Parc National de l'Archipel sur le réseau vert

(réseau intermédiaire) et l'aménagement des berges (réseau bleu), en particulier » (Ville de Montréal 1987, 3).

Le projet de parc linéaire est étudié par les trois paliers de gouvernements (Ville de Montréal, CUM et Gouvernement du Québec). Ce nouveau projet de réseau d’espaces libres connaîtra différents vocables pour la CUM et la Ville de Montréal: Réseau vert récréotouristique (CUM 1989), Réseau des parcs régionaux, Système des espaces libres et Réseau intermédiaire métropolitain (Ville de Montréal 1987). Il permettra de mettre en place des parcs linéaires avec pistes cyclables par la Ville de Montréal pour relier les grands espaces verts de son territoire (Laberge 1988). Ensuite, un plan officiel du Réseau vert récréo-touristique est élaboré par la CUM en 1989.

Ces grands projets, parmi de nombreux autres entrepris au courant de la Révolution tranquille et des années subséquentes, symbolisent à leur tour la modernisation graduelle de l’État québécois. Plus spécifiquement, le projet du Réseau vert récréo-touristique est, en quelque sorte, l’étape finale des réflexions entreprises par les différents types d’acteurs au sujet des parcs urbains.

4.3.6 Conclusion

Les différentes catégories et définitions de parcs et d’espaces verts sont, entre autres, le résultat du processus de modernisation qui s’opère lors de cette deuxième période. Dans ce contexte, les discours à leur sujet offrent plusieurs constats.

Premièrement, l’utilisation des termes « espace libre » et « espace ouvert » permet de faire le lien entre les effets engendrés par le phénomène de métropolisation de Montréal et le contexte de crise urbaine des grandes villes états-uniennes. Bien que ces termes et leurs définitions permettent certaines précisions concernant les parcs et les espaces verts, ils soulignent, du même coup, l’ambiguïté qui accompagne la notion d’espace vert. En effet, malgré un effort évident de définir ces différents types de parcs et d’espaces verts, « la notion d'espace vert demeure une réalité difficile à cerner. La présence de végétation, qu'elle soit herbacée, arbustive ou arborée demeure par conséquent le critère de base à cette notion » (CCE 1980, 32).

Deuxièmement, les parcs urbains, en tant qu’espaces ouverts, sont représentés comme des outils de contrôle de la croissance urbaine. En ce sens, les différents acteurs représentent

les parcs et les espaces verts comme des lieux nécessaires dans la planification des espaces urbains en vertu de différentes fonctions (ou autres représentations) que nous présentons plus en détail à la section suivante.

Un dernier constat qui émane des différentes définitions des parcs et des espaces verts est que les acteurs semblent vouloir améliorer l’accessibilité aux parcs et aux espaces verts de manière générale. Cela s’observe plus particulièrement pour certains types d’espaces verts, notamment les mini-parcs, les parcs-écoles et les autres parcs de quartier ainsi que dans certains projets de verdissement comme Place au Soleil. L’aménagement de parc de quartier se fait, entre autres, avec une préoccupation pour les populations n’ayant pas facilement accès à de grands espaces de nature comme les personnes âgées et les enfants de famille de quartiers défavorisés. Ces préoccupations présentent la recherche d’une certaine forme d’équité compensatoire dans la distribution des parcs et des espaces verts dans les quartiers densément peuplés de Montréal. En ce qui concerne l’opération Place au Soleil, la Ville de Montréal met à disposition des moyens pour réaménager les ruelles en incitant la participation citoyenne des Montréalaises et Montréalais. On y observe une forme d’équité sous l’angle de demandes politiques ou économiques. Cependant, il est nécessaire de nuancer cette observation puisque ce projet devait probablement favoriser davantage la participation des propriétaires ou de personnes ayant le temps de s’impliquer dans leur voisinage. Ces observations étant prises en considération, on peut tout de même conclure que la priorité de la Ville de Montréal, à cette époque, paraît davantage être le contrôle des effets de la croissance urbaine que la recherche d’une distribution équitable des parcs et des espaces verts. La recherche de certaines formes d’équité dans la distribution des parcs et des espaces verts est exposée dans les discours de cette période. Toutefois, on ne peut conclure qu’il s’agit d’une préoccupation centrale ou d’un objectif prioritaire des acteurs politiques actifs dans la création de ces discours. Elle est plutôt corollaire aux préoccupations des acteurs concernant les effets de la croissance urbaine.

4.4 Les représentations des parcs et des espaces verts dans le contexte de