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Chapitre 5 : 1992 à 2002 Les parcs et les espaces verts montréalais sous les principes du

5.1 Le développement durable et viable

Le concept de développement durable apparait concrètement lors de la publication du rapport Brundtland (1987) commandé par l’Organisation des Nations Unies. Cette commande est faite au courant des années 1980 à la suite de réflexions menées par cette organisation internationale dès la fin des années 1960 (Ville de Montréal 2005). Le concept de développement durable apparaît, du point de vue de l’histoire des sciences, comme un nouveau paradigme et est désigné par de nombreux vocables : développement soutenu, développement soutenable, développement viable, développement solidaire, etc. (Gagnon 2005, 199). Au troisième Sommet des grandes villes du monde de 1991, la Ville de Montréal s’engage à appliquer le concept de « sustainable development » connu aujourd’hui sous le terme « développement durable » en français (Ville de Montréal 1992b11). Dans une courte introduction au document Montréal : the sustainable development option (Ville de Montréal 1992b) publié à la suite de ce sommet, Jean Doré, maire de Montréal à l’époque, déclare sa volonté d’introduire le développement durable comme principe directeur de son administration de la métropole : « If, as public administrators, we do not have

unlimited responsibility and power, we must make a clear choice for sustainable development. Montréal has made that choice possible » (Ville de Montréal 1992b).

Les principes du développement durable ont des répercussions sur les économies et les politiques du monde entier. Le Québec n’y échappe pas. Une série d’actions se rapportant au développement durable ont été entreprises par le gouvernement provincial. Parmi ces actions, on compte, entre autres, le Forum québécois sur le développement durable et la préparation d’un plan d’action sur le développement durable du Québec en 1989, la création du Comité interministériel du développement durable en 1991, la réalisation du plan d’action : Le Québec et le développement durable – les orientations issues d’ÉcoSommet en 1996, la Création du Fonds d’action québécois pour le développement durable en 2000. Le ministère de l’Environnement du Québec a également intégré le concept de développement durable dans son nom de 2005 à 2018. Ce concept, comme nous l’observerons dans les prochaines lignes, a eu aussi une influence importante sur les interventions de la Ville de Montréal concernant les parcs et les espaces verts.

5.1.1 Le pilier culturel du développement durable

Initialement, le concept de développement durable s’articule autour de trois piliers centraux soit l’économie, la société et l’environnement. Quelques années plus tard, en préparation du Sommet de Rio en 1992, un quatrième pilier sera proposé et inclus aux trois premiers. En effet, la culture sera davantage développée et intégrée au concept quelques années après la conception originale de Brundtland. Le Québec a fait partie des auteurs de la proposition conjointe d’inclure la culture dans la définition du développement durable :

« Nous estimons qu’une préoccupation en faveur du développement durable doit faire une place importante à la promotion et à la transmission des cultures et des traditions aux générations futures, et cela en vue de préserver la diversité culturelle sur la planète » (Déclaration commune des régions partenaires (Bavière, Haute-Autriche, Québec, Shandong, Cap-Occidental) en faveur du développement durable 2002 (Ville de Montréal 2005, 8). La Ville de Montréal intègre alors les quatre piliers dans ces documents d’aménagement. Les prochains paragraphes mettent en lumière l’application de ce concept dans les discours concernant les parcs et les espaces verts.

5.1.2 La vision de l’administration montréalaise

Le vocable « durable » comporte un élément temporel tandis que le vocable « viable » comporte un autre élément particulier et important dans le contexte montréalais de l’époque : « [il] rend[s] compte explicitement des notions d’équité et de qualité de vie » (Gagnon 2005, 201). C’est ce dernier vocable qui sera introduit dans le premier plan d’urbanisme de la Ville de Montréal et dans les plans d’arrondissements l’accompagnant. Dans ces documents, il est clairement établi que le développement viable est la nouvelle norme de base des interventions de la Ville de Montréal en urbanisme : « Le principe du développement viable impose au Plan d'urbanisme de conserver et d'améliorer les acquis et de permettre le développement optimal des potentiels » (Ville de Montréal 1993a, 20). Plus particulièrement, pour la Ville de Montréal, les plans directeurs d’urbanisme des différents arrondissements doivent suivre différentes orientations liées au développement viable : « respect de l'ensemble des collectivités et de leurs besoins, respect de la nature et des écosystèmes » (Ville de Montréal 1993a, 20). Sous cette perspective, en plus du pilier culturel, la Ville intègre les trois piliers du concept « intégrateur qui permet de conjuguer des objectifs économiques, sociaux et environnementaux » (Ville de Montréal 1993a, 20).

Si le premier plan d’urbanisme intègre davantage le vocable « viable », le Compte rendu du Sommet de Montréal de 2002, dans le cadre de la fusion des municipalités de l’île de Montréal, intègre pour sa part le vocable « durable ». Un des cinq grands thèmes abordés lors du Sommet est « Montréal, métropole de développement durable » (Ville de Montréal 2002, 18). La Ville de Montréal stipule qu’ « une ville responsable se doit de miser sur le développement durable. Il apparaît donc de première importance de poser les jalons d’un développement durable et responsable à la base d’une ville de qualité » (Ville de Montréal 2002, 18). Cependant, rien dans ce dernier document n’indique la raison menant la Ville à utiliser le vocable durable plutôt que viable. Cela ne change en rien la volonté de la Ville de Montréal d’inscrire ces interventions sous les principes qui sont les mêmes d’un vocable à un autre.