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Chapitre 4 : 1967 à 1991 Les discours sur Les parcs et les espaces verts marqués par la

4.1 Un nombre croissant d’acteurs actifs dans la création de discours sur les parcs et les

4.1.1 Le Gouvernement du Québec et la Communauté urbaine de Montréal

À partir de 1968, le Gouvernement du Québec met en place de nouveaux ministères, adopte de nouvelles lois et crée de nouvelles organisations pour relever les défis que posent notamment la croissance démographique, l’étalement urbain et l’augmentation du temps libre. Ces phénomènes sont tous liés à la métropolisation de Montréal et, plus largement, à la Révolution tranquille. Le premier acteur provincial actif dans la production de discours est la Commission provinciale d’urbanisme. Elle publie le Rapport de la Commission provinciale d’urbanisme (Rapport La Haye) en 1968 (CPU et La Haye 1968a). Dans ce rapport, elle conseille notamment d’adopter une loi sur l’urbanisme pour, entre autres, coordonner la croissance de la métropole et des autres milieux urbanisés québécois. Concernant les espaces verts, le Rapport suggère :

« [qu’] un conseil municipal devrait pouvoir [...] ordonner la préparation d’un plan des équipements d’une portée de quatre ou cinq années. Les équipements urbains comprennent, de manière non limitative, les habitations subventionnées, les parcs, les terrains de jeux, les centres récréatifs, les centres sportifs, les centres communautaires [...] etc. » (CPU et La Haye 1968c, 42).

Suivant la publication de ce rapport, le gouvernement crée plusieurs structures administratives et adopte des lois qui auront un impact sur les discours au sujet des parcs et des espaces verts au courant de cette période. Parmi les structures administratives créées, on compte le Haut- Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports du Québec (HCJLSQ), le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche du Québec (MLCPQ), la Communauté urbaine de Montréal (CUM), le Conseil consultatif de l’environnement (CCE) et le ministère de l’Environnement du Québec (MENVIQ).

4.1.1.1 Haut-commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports du Québec et ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche du Québec

Les changements dans le domaine du travail au Québec mènent à une augmentation du temps libre et de loisir. L’étude de Cinq-Mars (1986) expose en quelque sorte, la genèse de la création du Haut-commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports du Québec (HCJLSQ) dans ce contexte de changement :

« Ce terme [espace vert] n'apparaît dans les journaux qu'à partir de 1971. Dans cette première phase (1966-1969), la problématique des espaces libres urbains semble englobée par celle des loisirs. Celle-ci fait l'objet d'un débat portant sur la nécessité de planifier les loisirs au Québec (Le Devoir), qui aboutira à la création, dans un premier temps, du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports et par la suite du Ministère des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche MLCP). » (Cinq-Mars 1986, 13)

Ainsi, le Gouvernement du Québec crée le HCJLSQ en 1968 qui devient, en 1979, le ministère du Loisirs, de la Chasse et de la Pêche du Québec (MLCPQ) (Bellefleur 1997). Le HCJLSQ dépose un Livre vert Prendre notre temps en 1977 et un Livre blanc On a un monde à récréer en 1979. Le premier « présente l'évolution du loisir de 1960 à 1977, dresse un portrait de la situation [au courant des] années 1970 et propose des pistes à venir » (Regroupement Loisir et Sport du Québec 2014). Pour sa part, le Livre blanc revient sur les réflexions du Gouvernement du Québec concernant le loisir et « l'esprit et les orientations de la politique du loisir et les propositions de structures pour la mise en œuvre de la politique » (Regroupement Loisir et Sport du Québec 2014). Dans ces deux documents, le HCJLSQ établit un lien évident entre les parcs, les espaces verts, le loisir et les besoins des jeunes. Ceci représente une continuité avec la période précédente puisque ce lien était également présent dans les discours de Claude Robillard. Ultérieurement, le MLCPQ est également actif dans la production de discours concernant ces espaces urbains. C’est donc dans un objectif de planification du loisir, et corollairement des parcs et des espaces verts, que ces acteurs sont créés.

4.1.1.2 Communauté urbaine de Montréal

Au cours des années 1950 et 1960, un mouvement de réforme institutionnelle se déploie en Amérique-du-Nord au sein de certains ensembles métropolitains et Montréal n’y fait pas exception (Collin et Bherer 2012, 939). Le Gouvernement du Québec crée la Communauté urbaine de Montréal (CUM) en 1969 afin, entre autres, de remplacer la Corporation du Montréal Métropolitain et de déployer certains services dans l’ensemble de la région métropolitaine (Bherer et Collin 2012). Cette nouvelle « agence de planification » (Bherer et Collin 2012, 942) a pour mission, entre autres, de planifier de manière concertée le territoire et le développement économique de l’île de Montréal et de gérer certains services incluant les parcs régionaux (CUM 1987). La CUM détient un pouvoir somme toute limité qui ne lui permet pas d’intervenir dans les décisions concernant de plus petits parcs ou des espaces verts qui s’étendent sur plus d’une municipalité, à moins que cet espace soit désigné légalement comme un parc régional (CUM 1973, 49). Néanmoins, elle est active dans la création du discours sur les parcs et les espaces verts dans le nouveau contexte métropolitain de l’époque. Elle tient principalement des discours au sujet des parcs régionaux et leurs fonctions sur le territoire de l’île de Montréal.

4.1.1.3 Le Conseil consultatif de l’Environnement et le ministère de l’Environnement du Québec.

Toujours dans le contexte de modernisation de la société québécoise, le Gouvernement adopte la Loi sur la qualité de l’environnement en 1972. Cette loi crée le Conseil consultatif de l’environnement (CCE), un organisme parapublic indépendant chargé de conseiller le Ministère de l’Environnement du Québec (MENVIQ) qui sera créé, pour sa part, en 1979. Le CCE nomme spécialement le phénomène de « banlieusardisation » comme l’un des phénomènes mettant à risque de disparition plusieurs espaces verts des régions urbanisées du Québec (CCE 1980, 145). Le CCE, dans une proposition de politique québécoise de l’environnement, recommande que le MENVIQ soit mandaté, entre autres, de créer des outils législatifs et administratifs permettant aux intervenants concernés des milieux urbains de protéger et conserver les espaces verts. Mandaté par le CCE, les chercheurs du Groupe Dryade, dans le document Problématique sur les espaces verts naturels au Québec (1979) conseille au MENVIQ d’établir des rôles précis concernant l’environnement soit des rôles directs (législation, acquisition, expropriation, gestion

et réglementation des espaces verts et naturels) et indirects (réglementation, encouragements fiscaux, guides, inventaires, information) (Groupe Dryade 1979, 134).