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Les grands modes de tenure foncière au Sénégal. Extrait de Precht, 2003

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En plus des terres non classées dans le domaine public et des terres non immatriculées, appartiennent au domaine national les terres dont la propriété n’a pas été transcrite à la conservation des hypothèques.

C’est l’Etat qui est détenteur des terres du domaine national et en assure l’utilisation et la mise en valeur conformément aux Plans Locaux d’Urbanisme (PLD) et aux programmes d’aménagement. C’est donc au nom de l’Etat que ces terres peuvent être immatriculées. Par la suite, elles peuvent être concédées par l’Etat, sous forme de bail ou de titre foncier, à une personne physique ou morale (société ou collectivité locale) qui accède ainsi à la propriété sur ces terres (http://www. muat.gouv.sn/Services.php ?id=100).

Dans la catégorie des terres classées en « zones urbaines » à laquelle nous nous intéressons particulièrement dans notre étude, cette loi n’évoque l’usage agricole des terres que de façon accessoire, secondaire.

En effet, selon Cissé (2004 : 83) « avant la colonisation, les lois coutumières liées à l’exploitation des terres ne favorisent pas la masse des exploitants. Cette situation allait perdurer au lendemain de l’Indépendance, car le colonisateur, en acceptant l’existence du droit coutumier, encourageait la forme d’usage des terres telle qu’il l’avait trouvée. Il s’agissait des lois domaniales coutumières qui tiraient leur contenu : du droit de hache, du droit de sabot, du droit de feu, du droit de sarax (aumône) ».

Cela montre la précarité des espaces agricoles dans ces zones car les modes d’accès à la terre et les problèmes de gestion de cette ressource donnent l’avantage à la production de logements et autres établissements humains à cause de la rente foncière et des retombées financières pour les communes et les particuliers qui vendent leurs parcelles.

Pour indication, dans la zone de la Niaye de Pikine, le prix du mètre carré de terre dépasse aujourd’hui les 25000 F/CFA (UICN, 2002 : 18).

II.3 L’approvisionnement en eau et le système d’assainissement des eaux usées urbaines

Dans les Niayes, l’eau douce affleure de la nappe phréatique sous-jacente, de 1 à 3 mètres de la surface, pendant la saison pluvieuse (Fall et Fall, 2001).

Le système hydrographique des Niayes, constitué de « petits ruisseaux » permettait, vers 1900, d’approvisionner la ville en eau douce à partir de Cambérène et de Thiaroye (Delcourt, 1984 : 27).

Aujourd’hui, avec la croissance démographique et la pression urbaine sur ces zones, l’eau de boisson de Dakar provient non plus de sa banlieue proche mais du lac de Guiers (dans la région de Saint-Louis). C’est aussi cette eau de source lointaine qui permet l’irrigation moderne dans les moyennes et grandes exploitations agricoles de l’agglomération dakaroise.

La compétition entre la ville et l’agriculture sur l’eau et l’insuffisance du système d’assainissement ont conduit les agricultures des zones urbaines de Dakar à utiliser les eaux usées urbaines pour l’irrigation des cultures.

Cela a commencé en 1987, suite à la rupture accidentelle d’une canalisation dans le site de Ouakam : les maraîchers ont constaté les effets bénéfiques de ces eaux sur les spéculations cultivées et la production des parcelles maraîchères qui avaient été inondées.

Ensuite, cet usage a été repris sur des sites où arrivaient des eaux usées : Pikine, Patte d’Oie, Centre de Captage, notamment.

Mais deux projets pilotes d’épuration des eaux usées urbaines pour leur réutilisation par l’agriculture urbaine ont été mis en place à Pikine et à Rufisque. Cependant, ce problème des eaux usées urbaines a aussi préoccupé les autorités politiques dans les prémisses du PASDUNE : proposition d’utiliser les eaux usées épurées dans la floriculture depuis plus d’une décennie, en vain. Un début de solution a été mis en place par la société civile et les chercheurs à travers un projet d’épuration des eaux usées urbaines pour leur réutilisation dans l’agriculture sur les sites de Pikine et de Rufisque (Gaye et Niang, 2002).

Les problèmes liés à l’urbanisation de Dakar montrent l’urgence d’une politique environnementale et de gestion urbaine durable d’où le questionnement que nous faisons sur les rôles possibles de l’agriculture, notamment dans le cadre du PASDUNE. Ces problèmes montrent aussi la pertinence de centrer la définition de l’agriculture urbaine, dans notre cas, non sur une seule délimitation géographique (intra ou péri) très instable car très évolutive, mais plus sur la notion de partage des ressources : foncier, eau, main d’œuvre, principalement.

III. Le PASDUNE : une volonté étatique affichée de sauvegarder les Niayes et espaces verts de Dakar

III.1 Présentation des Niayes

III.1.1 Les Niayes : zones humides

De Dakar à Saint-Louis, sur 260 km, toute la côte nord du Sénégal est longée par une bande de Niayes large de 5 à 35 km. Au total, leur superficie est de 2759 km².

A Dakar, les Niayes couvrent une superficie de 4800 ha (UICN, 2002 : 2).

Une Niaye est un écosystème remarquable à caractère humide, avec une faune diversifiée comme nous le verrons dans le paragraphe suivant. Ces espaces sont parsemés par six lacs que sont le lac Rose, le lac de Thiaroye, le lac Wouye, le lac Warouwaye, le lac Thiouroure et le lac Guénou Mbaw du Technopôle.

Hormis les eaux des lacs Rose et Ngenou Mbaw caractérisées par une forte salinité, celles des autres lacs sont aptes à l’agriculture. La carte 12, la photo 1 et la figure 1 ci-dessous montrent la situation de ces lacs de la zone des Niayes sur la grande côte sénégalaise (carte 12), l’exploitation du sel sur le lac Rose (Photo 1) et une schématisation de ces écosystèmes de Niayes (figure 1).

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